Chapitre 6:
Elle nageait dans la mer de nuage, et quand elle traversa un cumulonimbus, elle sentit le léger picotement de l'électricité qui se faufilait entre ses écailles. Sous l'effet du plaisir que cela lui procura, elle laissa échapper de sa gorge un gargouillement semblable à un ronronnement.
Elle sortit du nuage en virevoltant, des gouttelettes ruisselant sur son corps musclé.
Ses immenses ailes fouettaient le vent avec énergie.
Elle lâcha un hurlement époustouflant pour exprimer sa joie à ses congénères, qui volaient toujours dans la tempête d'éclairs. Son groupe émergea peu après en une vague, déferlant sur le ciel en partageant avec elle leur bonheur.
Ils régnaient en maître sur les cieux des six mondes, et sur terre ils étaient les plus redoutés. On les appelait les « fléaux célestes ».
Elle piqua soudain vers le sol, repliant ses membres ailés vers son corps et elle ne tarda pas à prendre de la vitesse. Très vite, l'adrénaline afflua en elle et les battements de son cœur puissant s'accélérèrent.
Juste avant qu'elle ne heurte un ilot flottant, caractéristique principale du monde des Anges ; le Paradis, elle déploya ses ailes, et l'air, s'engouffrant violemment dans ses membres volants, freina sa chute. Elle atterrit alors délicatement sur l'île céleste et s'allongea doucement sur la terre ferme, les rayons du soleil caressant sa peau écaillée.
Elle allait pouvoir entamer sa sieste et ainsi profiter d'un repos récupérateur en laisser libre court à ses pensées le temps que ses compagnons arrivent.
C'était sans compter sans lui.
Comme à l'accoutumé, elle ne se rendait compte de sa présence qu'au dernier moment. Et quelque chose lui disait qu'elle ne le sentait près d'elle que seulement parce qu'il le voulait. Après tout, il pouvait se faufiler et disparaitre comme une ombre ...
A côté de lui, elle ne se sentait jamais complétement à l'aise. De toute sa vie, elle n'avait jamais rencontré une personne aussi mystérieuse et enveloppée de secrets.
Désormais elle était bien consciente et elle se releva.
L'homme s'avança alors prudemment vers elle. Il n'avait aucune épée à son flanc et une capuche était rabattue sur son visage.
Elle le regarda avec amusement et une certaine méfiance. Même s'il n'avait aucune arme avec lui, elle avait la fâcheuse impression qu'il n'en aurait pas eu besoin si elle avait à l'affronter. Et elle avait cette impression à chaque fois qu'elle le voyait. Mais sa curiosité était toujours plus forte et elle devait avouer qu'elle affectionnait particulièrement cet homme. Leur étrange amitié les liait depuis longtemps à présent et il était une des rares créatures en dehors de son peuple qu'elle pouvait supporter.
« Nous avons un énorme problème.», annonça-t-il gravement, alors qu'il se tenait devant elle.
Elle sentit dans sa voix une détresse qu'elle ne lui avait jamais connue, et elle s'empressa de lui demander :
- Que se passe-t-il ?
-C'est Onyx. J'ai peur que les Anges ne lui fassent quelque chose d'irrémédiable.
La tension qui l'avait envahie disparut et ce fut avec un air railleur qu'elle lui répondit :
- Ils n'oseraient jamais... Ils nous idolâtrent trop pour cela !
-Regarde-moi !
Il baissa sa capuche. Ses cheveux sombres comme la nuit la plus noire tombaient sur ses yeux et étaient agités par le vent. Mais ce furent ses yeux bleus énigmatiques qui attirèrent son attention. Ils reflétaient une grande inquiétude.
« Je suis sérieux. »
En effet, il l'était.
∞
Drakaïs se réveilla en sursaut. Elle ne pouvait calmer les battements affolés de son cœur. Son rêve l'avait laissée plus déstabilisée que jamais : elle tremblait de peur. Mais ce n'était pas une peur comme les autres... C'était celle de perdre un être cher. Celle-là, elle ne la connaissait que trop bien...
Un nom résonna dans son esprit : « Onyx... ». Qui était-il ? Aucune idée.
Mais plus important encore, c'était cet homme. L'homme aux yeux bleus. Car c'était bien lui qu'elle avait vu. La perturbait-il tellement qu'elle en venait à rêver de lui ? Non ... Drakaïs était certaine que c'était plus que cela.
Elle ne pouvait pas se l'expliquer mais elle avait la conviction d'être liée à cette personne.
Elle poussa un soupir de frustration. Qu'est ce qui n'allait pas avec elle ? Pourquoi ne faisait-elle que revoir ses souvenirs à chaque fois qu'elle dormait, depuis qu'elle avait quitté les Enfants de Gaïa ? Et maintenant cet étrange songe, où elle volait, alors que cela lui était impossible ! Sans oublier cet Onyx, dont elle ne connaissait rien. Mais ce qui la perturbait le plus, c'était l'homme aux yeux bleus. Quelque chose en Drakaïs lui soufflait que c'était lui la clé du mystère. Elle fouilla son esprit pour tenter de trouver des réponses. En vain.
A nouveau, la douleur se faufila dans son esprit. La voix devenue familière s'éleva dans l'air :
-Tu es idiote, ou tu le fait exprès ?
Une silhouette émergea des ténèbres de la pièce, la couleur bleue de ses yeux perçante dans l'obscurité.
« Toi ! s'écria la Draconique en se redressant.
- Oui, moi. Qu'est-ce qu'il y a ? Je me serais transformé en centaure depuis la dernière fois ? Arrête de me regarder comme ça, petit Dragon. C'est ennuyeux. », fit-il d'une voix blanche.
Drakaïs tremblait de tout son corps. Etait-il revenu pour la tuer cette fois-ci ?
« J'ai ma réponse : tu es idiote. Ecoute, petit Dragon, si j'avais voulu te tuer, tu serais déjà morte dans la forêt. De plus, ce n'est pas pour toi que je suis venu à l'origine. Tu ne le sais pas, mais toi et moi, nous avons un ami commun. C'est d'ailleurs lui qui m'a prévenu de ton état. Et il avait raison de s'inquiéter. », expliqua-t-il avec une pointe d'ennui dans la voix.
Drakaïs se figea. L'homme semblait exactement savoir ce qu'elle pensait. Mais plus important : un ami commun ?
Il continua, toujours sur un ton ennuyé :
- Mais entre nous, petit Dragon, si tu ne fouillais pas autant, tu ne te ferais pas aussi mal.
Drakaïs et lui se dévisagèrent un moment. Puis, elle prit son courage à deux mains et lui demanda, d'une toute petite voix :
- Qui es-tu ?
Comme il restait silencieux, elle crut qu'il n'allait pas lui répondre. Pourtant, il finit par parler :
-On m'appelle Seth. D'autres noms me suivent, mais Seth est celui que j'ai choisi de porter.
Etrangement, il semblait être enclin à la discussion, et elle comptait bien en profiter pour en apprendre davantage sur lui. Elle continua de l'interroger :
- Que veux-tu ?
- Malgré ce que j'ai pu montrer dans la forêt, je ne te veux aucun mal. Au contraire, je ne veux que ton bien. Cette petite mise en scène, ce n'était que pour vérifier quelque chose.
Elle n'aurait pas qualifié de « petite mise en scène » ce qu'il s'était passé entre eux dans la forêt, mais elle s'abstint de le lui faire remarquer.
- Quelle chose ? fit-elle en fronçant les sourcils.
- Rien que tu n'aies besoin de savoir pour le moment.
La Draconique eut du mal à cacher sa déception. Mais elle aurait dû s'y attendre. Elle ne pouvait pas avoir immédiatement toutes les réponses qu'elle cherchait.
Drakaïs inspira profondément avant de lui poser sa prochaine question:
- Je t'ai déjà vu, n'est-ce pas ? Avant la forêt, je veux dire.
La jeune fille avait le regard tenace, et ce fut en scrutant ses yeux qu'il lui répondit :
- C'est plus une affirmation qu'une question, non ? Si tu en arrives à ces conclusions par toi-même, c'est signe que tout commence à revenir." Il sourit mystérieusement, l'émotion étrange sur son visage habituellement lisse de toute expression. "Mais un conseil petit Dragon, arrête de te poser toutes ces questions. Ou tu risques de te faire du mal pour rien. Tout finira pas s'éclaircir...bientôt.
A ces derniers mots, il se retourna, mettant fin à leur conversation, et disparut dans l'obscurité aussi silencieusement qu'il était venu.
« Enfin parti ... murmura-t-elle.
- Alors maintenant, on parle toute seule, partenaire ? », demanda Drakayn d'un ton amusé.
Drakaïs sursauta. Il avait parlé sur sa droite et elle se retourna brusquement.
Le Draconiaque était là, assis à côté d'elle, son sourire sournois habituel au coin des lèvres. Ce pourrait-il qu'il ait été là depuis le début et qu'elle ne l'ait pas vu ?
« Tu es là depuis longtemps ? hoqueta-t-elle, les yeux immenses
- Oui, bien avant que tu ne te réveilles. », répondit-il, un sourcil haussé.
Impossible... Elle ne s'était même pas rendu compte de sa présence !
« C'est une manie chez toi, d'être toujours à mes côtés à mon réveil ? », le railla-t-elle pour cacher son embarras.
Les yeux du démon pétillèrent d'amusement.
« Il semblerait... », souffla-t-il, le menton appuyé sur sa main.
Il y eut un court silence que le Démon brisa en lui demandant comment elle allait. Elle hésita avant de lui répondre. Pouvait-elle vraiment dire qu'elle allait bien ? Non, pas vraiment. Mais qui répondait non à cette question banale ? Peu de personne, même si c'était le cas. Et hélas, elle n'en faisait pas partie. Drakayn l'examina minutieusement après sa réponse puis soupira bruyamment.
« Et donc, à qui étais-tu en train de parler ? insista-t-il.
- A personne, bégaya-t-elle en concentrant son attention autre part.
- Si tu le dis ... », déclara-t-il, peu convaincu.
Drakayn n'avait pas vu l'homme aux yeux bleus. Devenait-elle folle ? Etait-elle tant obsédée par lui qu'elle en avait des hallucinations ?
« Encore dans tes pensées, partenaire ? »
La Draconique ne réagit pas. Elle qui levait toujours les yeux au ciel quand il l'appelait de cette manière ... Qu'est-ce qui pouvait la perturber autant ? Drakayn soupira.
« Tu peux me dire ce qui te préoccupe, tu sais ..., reprit-il, agacé.
Elle le regarda avec embarras, les larmes aux yeux. Il fronça les sourcils. C'était si grave que cela ?
« Je crois que je deviens folle... », lui avoua-t-elle en baissant la tête.
A ces mots, le Démon explosa de rire.
« Je suis sérieuse ! protesta-t-elle, vexée.
- Qu'est-ce qui te fait penser une chose pareille ? », l'interrogea-t-il après avoir repris son calme.
Elle hésita avant de lui répondre.
« La personne à qui je parlais... C'était l'homme aux yeux bleus... Et si tu ne l'as pas vu... »
Drakaïs s'attendait à ce que Drakayn rie de nouveau, mais au lieu de cela, il soupira de plus belle :
- Drakaïs... Cela ne veut rien dire. Tu viens de te réveiller après six jours d'inconscience...
- Si longtemps ? s'exclama-t-elle.
- Oui, ton état était assez inquiétant, marmonna-t-il.
Elle était restée aussi longtemps endormie ? Elle avait perdu six jours de sa vie, comme cela, disparus, sans qu'elle ne s'en rende compte ?
« Mais... Et l'homme aux yeux bleus ? fit-elle en fronçant les sourcils.
-Sûrement la fatigue. Ou bien, un de ses pouvoirs. Je ne sais pas, Drakaïs... On ne sait rien de lui et parler à une personne sans être aperçue par d'autres pourrait être une de ses capacités... En tout cas, je suis sûr d'une chose : tu n'es pas folle." Il rit encore à cette idée." Par les Six ! Je sais bien que certains entendent des voix, mais n'oublie pas que la magie peut expliquer bien des choses ! »
Drakaïs croisa ses bras et réfléchit à ses paroles. Son explication tenait la route. Le soulagement l'envahit, et ce fut avec moins d'inquiétude qu'elle regarda en souriant Drakayn.
La raison qui les avait fait venir ici ressurgit soudainement dans son esprit.
« Tu as commencé les négociations ?
- Non, j'ai préféré attendre ton réveil. »
Drakaïs s'apprêtait à le remercier quand soudain, Lya débarqua en trombe dans la pièce et se jeta sur elle.
« Fais attention, elle doit encore se sentir faible ! », la réprimanda Drakayn en l'observant sévèrement. Pour toute réponse, Lya lui fit la grimace.
Du coin de l'œil, la Draconique examinait le Démon. Il avait les cheveux en bataille et des cernes sous les yeux.
« Tu es à mon chevet depuis combien de temps ? lui demanda Drakaïs avec sur ses genoux Lya qui les observait.
- Depuis que l'on t'a amené ici. »
Drakaïs écarquilla ses yeux. Pas étonnant qu'il semble si épuisé !
« Merci... », lui dit-elle en lui souriant doucement.
Drakayn détourna le regard.
« Tu n'as pas à me remercier pour cela ... », grommela le Démon.
Lya, qui avait été témoin de toute la scène afficha un air sournois. Mais qu'avait-on là ?
« Dites-moi, vous avez l'air super proches tous les deux..., avança-t-elle d'une voix pleine de sous-entendus.
Drakayn ignora sa remarque. Il se leva et s'appuya sur le rebord d'une fenêtre, contemplant alors nonchalamment l'extérieur par la fenêtre. Mais Drakaïs, elle, cligna plusieurs fois des yeux et répondit en bafouillant :
- Je suppose...
- C'est sûr ! Tu l'aurais vu quand tu t'es évanouie ! Il était complètement paniqué ! rétorqua Lya en observant malicieusement le Démon, qui, le dos tourné, se figea en entendant ces paroles.
- Tu parles trop, stupide cabot ! grogna Drakayn en se tournant vers elle.
Son air menaçant signifiait clairement à Lya de mettre un terme à ses insinuations.
Mais Lya l'ignora et continua sur sa lancée :
- J'ai trouvé ça plutôt mignon... Si tu réagis de cette manière, c'est qu'il y a vraiment quelque chose là-dessous !
Drakaïs écoutait l'échange, les joues rougissantes d'embarras. Quelle bêtise...
« Ça n'avait rien de « mignon ». Cet événement m'a rappelé de très mauvais souvenirs... grogna le Démon. Alors oublie tes idées de romance et ferme-la.
- Ah ? Quel genre de souvenirs ? », minauda la jeune louve, ignorant sa dernière réplique..
Drakaïs grogna et plongea son visage entre ses mains. Drakayn, quant à lui, la regarda avec fureur et s'apprêtait à lui répondre que cela ne la concernait pas quand Cerbère l'en empêcha en parlant avant :
- Tu es indiscrète, Lya.
Plongée dans leur échange, aucun des trois n'avaient senti arriver le loup blanc.
« Pff... Si je n'ai même plus le droit d'enquêter sur leur histoire... fit Lya en se tournant lentement vers son alpha, un air boudeur sur le visage.
- Mais il n'y a pas d'histoire ! », s'écrièrent les deux concernés en la regardant avec exaspération.
Cela fit davantage rire Lya, qui s'exclama en les montrant du doigt :
- Regarde-les, Cerbère ! Ils essayent de nier !
Le loup blanc ne répondit pas et se contenta de poser ses yeux sur Drakaïs et Drakayn. Drakaïs toussota, agacée.
« C'est de l'amitié Lya... Et encore... On ne se connaît que depuis une semaine.», souffla la Draconique en roulant des yeux.
Et alors que la jeune louve allait s'engager dans un débat, Cerbère décida que la situation avait assez durée.
« Cela suffit. », les interrompit-il.
Lya fit la moue mais ne dit rien. Drakaïs et Drakayn, quant à eux, soupirèrent de soulagement.
« Il est temps d'aller demander à l'arbre mère ce pour quoi vous êtes venus, déclara Cerbère.
- L'arbre mère ? demanda Drakaïs, surprise.
Les trois autres hochèrent la tête. La Draconique prit alors le temps d'examiner attentivement la pièce dans laquelle ils étaient.
La chambre était spacieuse et entièrement en bois. Des feuilles et des fleurs de toutes sortes poussaient de-ci de-là ; sur les murs, le sol et les meubles. Partout. Une odeur merveilleuse régnait dans la pièce.
Pas de doute possible, elle était bien chez des Enfants de Gaïa. Mais pas chez n'importe lesquels. Drakaïs et Drakayn se trouvaient dans la cité de l'Arbre Mère, cité sacrée et originelle de leurs hôtes. Séjourner dans cette ville était un privilège réservé aux personnes les plus honorables et les plus importantes aux yeux des Enfants de Gaïa. Drakaïs n'y était allée qu'à quelques rares occasions ; trois fois tout au plus.
S'adresser à l'Arbre Mère... Cela revenait à s'adresser à un dieu. Seul les plus hauts dignitaires de la forêt originelle pouvaient se vanter d'avoir eu droit à cet honneur. Drakaïs avait toujours pensé que Drakayn et elle allaient négocier avec les chefs de la cité, et non avec leur divinité.
« Pourquoi l'Arbre Mère en personne prendrait-elle le temps de s'entretenir avec nous ? », voulu savoir Drakaïs.
Le regard sage de Cerbère se posa sur Drakaïs.
« Tout simplement parce qu'elle l'a jugé nécessaire. Ne t'inquiète pas Drakaïs, tu n'auras normalement pas à parler directement avec elle. Tout passera par mon intermédiaire.
La tension disparut des épaules de la jeune fille. Elle était soulagée que cette tâche ne repose pas sur elle.
Drakayn, lui, l'observait, les sourcils froncés. Il revoyait la Draconique, durant son sommeil. Elle s'était agitée, semblant être prise dans un tourment inexpliqué. Et sa vision de l'homme aux yeux bleus avait soulevé de nouvelles questions. Le mystère entourant la jeune fille s'épaississait... Que se cachait-il là-dessous ?
Mais le Démon n'eut pas plus de temps pour réfléchir. Cerbère n'était pas prêt à les attendre davantage et sortit dans l'air pur, le reste du groupe à sa suite.
Une fois dehors, Drakaïs prit une grande inspiration. Ils étaient bien au centre de la forêt. Elle ne pouvait confondre ces arbres gigantesques qui touchaient le ciel et leurs végétations qui n'avaient de pareil dans le monde.
Le centre de la forêt était rassurant et apaisant. L'atmosphère était propre à ce lieu enchanté et Drakaïs n'en avait jamais connu de semblable autre part. Drakayn se plaça à ses côtés et observa le panorama.
La cité s'étendait à leurs pieds, animée par une énergie que la Draconique connaissait bien. On lui avait souvent vanté la sérénité et la beauté de cet endroit, mais les mots n'étaient pas suffisants pour décrire la ville. C'était une chose qu'il fallait voir de ses yeux pour en comprendre toute la splendeur.
Les arbres s'élevaient à des centaines de mètres, et Drakaïs savait que leurs troncs abritaient les habitations des Enfants de Gaïa. Ici, la végétation était la maîtresse des lieux. Drakaïs s'imprégna de l'odeur qu'elle avait sentie plus tôt. Une douce et délicieuse flagrance fruitée, mélangée à celle si particulière des Harmonieuses, fleurs qui ne poussaient qu'ici.
Lorsqu'ils furent descendus, Drakaïs remarqua que les Enfants de Gaïa inclinaient respectueusement la tête sur le passage de Cerbère, au contraire de Drakayn qu'ils regardaient avec suspicion. De mémoire, jamais Drakaïs n'avait entendu parler d'un étranger accueilli en cet endroit sacré. Cerbère avait dû user de tous ses pouvoirs pour rendre possible une telle chose.
L'arbre immense de Gaïa s'imposa alors devant eux. On prétendait que Gaïa elle-même habitait ce chêne, mais Drakaïs n'avait, pour le moment, jamais pu vérifier cette rumeur.
L'obscurité aurait dû régner, mais des champignons phosphorescents peuplaient la clairière, éclairant de-ci-de-là d'une couleur bleuté le tronc majestueux.
La troupe s'arrêta. Un pas de plus, et ils pénétreraient dans le lieu le plus saint des Enfants de Gaïa.
« Tu t'arrêtes ici Lya, dit Cerbère à l'intéressée.
- Mais... », commença la jeune fille.
Au regard sévère et dur que lui lança le loup, elle comprit qu'il n'était pas question de négocier.
« Les enfants doivent rester ici ! », jeta Drakayn en rigolant avec ironie.
Lya grogna et se retourna, croisant les bras sur son torse et faisant la moue.
« Une vraie gamine... », souffla le Démon à Drakaïs.
La Draconique l'observa longuement.
« De vous deux, je ne sais pas qui est l'enfant. », murmura-t-elle finalement.
Drakayn rit doucement.
« Qui sait... », lui chuchota-t-il à son tour.
La tête haute, le loup blanc s'avança dans les ténèbres bleutées. Drakaïs se détourna du Draconiaque pour lancer un dernier sourire réconfortant à Lya.
Le silence qui planait autour du groupe tandis qu'ils avançaient était empreint d'harmonie et personne n'osait le briser. Cela aurait semblé irrespectueux.
Les racines extraordinaires de l'arbre jaillissaient de la terre et étaient si grandes et grosses qu'ils n'avaient d'autres choix que de les escalader et de marcher dessus pour atteindre leur but.
La taille du chêne était trompeuse. On aurait pu croire que seules quelques minutes suffiraient pour arriver à la base du tronc, mais il n'en était rien. Une bonne demie-heure serait nécessaire pour cela.
Ils marchaient en file indiennes : Cerbère en tête, Drakayn à sa suite et enfin, Drakaïs.
Elle contemplait les alentours. Quelques Enfants de Gaïa descendaient les racines en courant. Ils devaient certainement être allés demander conseil à l'Arbre Mère ou lui accorder une prière. La plupart saluèrent Cerbère qui leur répondit par un bref hochement de tête, et d'autres encore firent de même avec Drakaïs. La Draconique se sentit touchée par ce geste. Il était vrai qu'elle était assez connue dans les parages, mais le fait que les habitants lui montrent un certain niveau de respect l'amenait à penser qu'elle avait été en quelque sorte acceptée. Et cela, alors que les Enfants de Gaïa étaient connus comme un peuple n'acceptant pas facilement les étrangers.
Ici, le temps semblait comme suspendu et il était impossible de savoir depuis quand ils marchaient. Drakaïs se perdit dans la contemplation des lieux, se coupant alors du monde.
Lorsqu'ils arrivèrent au pied de l'arbre, Drakaïs sentit l'adrénaline affluer dans ses veines. Drakayn se positionna à ses côtés, et la Draconique sentit clairement son excitation.
« Bien. Je m'adresserai à l'arbre mère. Quand à vous deux, vous parlerez seulement quand cela vous sera permis, pas avant. Tenez-vous tranquilles en sa présence et tout devrait bien se passer ».
Le loup s'était exprimé à eux deux, mais Drakaïs ne se sentait absolument pas concernée et jeta un bref regard à Drakayn. « Espérons qu'il ne fera rien de stupide... », pensa-t-elle. Après tout, tout était possible avec lui...
Le loup s'avança davantage vers le chêne, d'une démarche fluide et calme. Jamais la jeune fille ne l'avait vu aussi sérieux. Soudain, une onde de choc déferla de l'arbre, faisant trembler la terre. Le tronc s'anima et une figure humanoïde sortit, suivie de près par son corps. La créature était semblable à l'arbre. Sa peau n'était qu'un entrelacs de racines, ses cheveux des branches feuillues et ses yeux de la couleur de la sève la plus pure. Du lierre et des fleurs entouraient sa tête, et formaient une couronne d'une incroyable beauté. Quant à ses oreilles, Drakaïs n'en avait jamais vu de telles de toute sa vie. Longues et pointues, elles devaient bien mesurer une vingtaine de centimètres. Gaïa, car c'était elle, correspondait exactement aux descriptions qu'on avait faite à Drakaïs des plus vieux Enfants de Gaïa.
« Cela fait longtemps que nous ne nous sommes plus vus, mon vieil ami, souffla la créature à Cerbère.
- Et je regrette de ne pas vous voir plus souvent, votre sainteté. »
Elle rigola, et son rire fut tel le bruissement des feuilles en pleines tempête.
« Voyons, ne soit pas si formel ! Il fut un temps où tu t'adressais à moi d'égal à égal. Je ne vois pas pourquoi cela changerait !
- Soit, Gaïa.
- Je préfère cela. », fit-elle avec chaleur. Elle posa ses yeux sur les deux Dragons restés en arrière. Drakaïs en eut le souffle coupé.
« Je vois que cette fois, tu es en différente compagnie. Tes frères ne sont plus avec toi à présent ? »
Le loup se raidit. L'esprit de Drakaïs fonctionna à toute allure. Cerbère, des frères ?
« Pour le moment, ils ont d'autres occupations... lui répondit-il mal à l'aise.
- Je pense que tu n'es pas venu ici pour me parler du passé. Quel est le but de ta visite, cette fois-ci ? Je devine que cela à un rapport avec les jeunes gens derrière toi. »
Enfin, le moment était venu. Ils allaient enfin savoir si les Enfants de Gaïa seraient leurs alliés durant la guerre contre l'Empire.
« En effet. Voici Drakayn, un Draconiaque et_»
Gaïa lui coupa la parole.
« Je sais qui ils sont. Inutile de me présenter la jeune Drakaïs. Depuis le temps qu'elle séjourne ici, son identité ne m'est plus inconnue. Quant à Drakayn, les actes qu'il a commis amènent au même résultat. »
Drakaïs observa le Démon à la dérobée et fut surprise de voir qu'il se tenait à carreau. Elle qui avait cru qu'il ne pourrait pas s'empêcher de lâcher une remarque sarcastique... Etrangement, les conseils d'Idras et Cerbère semblaient avoir fait leur effet.
« Bien, cela m'évitera quelques explications. Tu n'es pas sans ignorer qu'une guerre se prépare dehors...
- Evidemment. La rumeur concernant l'accession au trône s'est déjà répandue et avec elle, celle de la guerre. Les Fées de la Nuit ont été stupides. La colère des Dieux s'abattra bientôt sur eux et le peuple qu'ils vont désigner. Mais la plupart des races ne laisseront pas les Draconiques accéder au trône si facilement... Les Dragons lèvent donc une armée pour aller réclamer ce qui leur revient, car ils n'auront pas d'autres choix que d'utiliser la violence pour cela. Tout cela... fit-elle en écartant les bras. Je le sais, mon vieil ami. Mais, cela n'a rien à voir avec nous. Nous sommes extérieurs à cette affaire.
- Discuter d'une alliance serait pourtant judicieux... Laisse-les te présenter les avantages d'un tel pacte.
- Si tu le souhaites... Tes conseils m'ont toujours été utiles. »
Cerbère fit un signe de la tête à Drakayn et ce dernier s'approcha de Gaïa en arborant un air sérieux.
« Je t'écoute, jeune Démon. Pourquoi devrais-je m'allier avec vous ? »
Un sourire narquois apparut aussitôt sur le visage du Draconiaque. Drakaïs soupira. Son calme n'avait pas duré...
« Il est vrai que l'Empire n'est rien pour vous. Par ailleurs, vous êtes davantage préoccupée par une puissance montante : les Humains. Ils sont rusés, forts et capables d'utiliser la Magie sous toutes ses formes. Ils ont tout pour devenir les prochains maîtres du monde. En fait, ce n'est pas une, mais deux guerres qui se préparent, et la seconde aura plus de répercussions que la première. », commença Drakayn, le regard pétillant d'intelligence.
La Draconique s'agita. « Les temps sont plus durs qu'ils n'y paraissent... »
« Où veux-tu en venir, jeune Démon ? Crois-tu que cela me soit inconnu ?
- Vous savez tout en effet et vous dites que rien ne vous concerne. Ne pensez pas me faire croire ce mensonge. »
Le chêne s'agita et il y avait désormais une flamme de colère dans les yeux de Gaïa, mais aussi une lueur amusée
« Que sais-tu de cela ?
- De multiples informations parviennent jusqu'aux Enfers, expliqua-t-il en marchant, les bras croisés sur son torse. Et il y en a une que nous n'avons pas pu ignorer. Les Humains s'en sont directement pris à vous et vous n'avez pas tardé à riposter. Les si pacifiques Enfants de Gaïa, se vengeant après une attaque envers eux... Une telle chose n'avait pas eu lieu depuis des millénaires. Tout cela nous amène à penser que les Humains représentent une assez grande menace pour que vous preniez la peine de les attaquer en retour.
- Tes suppositions sont justes. Mais encore une fois, je ne vois pas ce que cela a à voir avec votre affaire. »
Drakaïs tiqua. Gaïa mentait. La Draconique pouvait le sentir. Drakayn l'avait-il remarqué ? Evidemment... L'art du mensonge était quelque chose de connu chez les Démons.
« Allons... Vous savez parfaitement où je veux en venir... Les humains haïssent les Draconiques. Leur choix se portera donc naturellement pour l'Empire et il ne fait aucun doute que leur prochaine cible sera vous. Il me semble que je n'ai pas besoin de vous expliquer ce que cela signifie. »
Cerbère lança un regard sévère à Drakayn. L'arrogance du Démon n'avait pas tardé à refaire surface... Heureusement, Gaïa avait l'air de s'en amuser plutôt que de s'en énerver : ses yeux brillaient d'hilarité.
« En échange de leur aide, les Humains réclameront surement celle de l'Empire fondé par les Fées de la Nuit lorsqu'ils en auront besoin... Alors je vous le demande, préférez-vous avoir l'Empire sur le dos après cette guerre, ou bénéficier de nos troupes après notre victoire ?
- Avant de répondre à cette question, jeune Démon, permet moi de t'en poser une à mon tour. Pourquoi mon aide vous serait-elle si nécessaire ? Si je ne m'abuse, le roi des Démons possède lui aussi une immense armée et elle est sans aucun doute plus grande que celle de l'Empire... De plus, il me semble qu'il te serait plus simple de lui demander son aide plutôt que la mienne... »
Le visage de Drakayn se décomposa et se fut sur un ton plus froid qu'il répondit :
- La guerre que nous menons faces aux Anges entre dans une phase critique et le roi considère que les Anges sont pour le moment un problème plus important que l'Empire.
- Je vois. »
Gaïa resta un moment silencieuse.
« Nous allons réfléchir, mes compatriotes et moi, à votre offre. Mais une alliance avec nous ne peut s'envisager qu'à une seule condition: lorsqu'un conflit majeur éclatera avec les Humains, vos troupes, que vous m'avez si bien proposées, devront combattre avec les nôtres. Nous vous laissons le temps d'aller en discuter avec vos supérieurs.
- Ce ne sera pas utile. Nos chefs ont été très clairs sur ce sujet : quel que soit vos conditions, nous les acceptons.
- Soit. Une promesse est une promesse, ne l'oubliez pas. »
Drakayn exécuta une légère courbette :
- Rien n'est plus important, pour un Démon, que la parole.
Gaïa ricana :
- Vous manipulez les mots avec un grand talent, il est vrai."Son ton se fit dur. "Promettez-le en ces lieux et je considèrerai ma condition comme remplie.
Drakaïs et Drakayn s'exécutèrent.
« Je n'oublierai pas de tels mots, jeunes Dragons. Souvenez-vous en aussi, le moment venu. », fit la divinité en les regardant tour à tour.
Puis elle se retourna et pénétra dans l'arbre. Juste avant qu'elle ne disparaisse, elle se tourna vers Cerbère et lui dit :
- Reviens me voir. La prochaine fois, nous pourrons parler posément du passé, mon vieil ami.
- Rien ne me serait plus agréable, ma vielle amie, lui répondit-il.
Ils se sourirent et Gaïa rentra complétement dans le tronc.
Cerbère resta un moment planté-là. Drakaïs lui trouva un air nostalgique. Drakayn adressa un regard interrogateur à la Draconique et celle-ci lui répondit par un hochement d'épaule.
« Mieux vaut le laisser seul pour le moment. Redescendons sans lui. Il nous rejoindra lorsqu'il le souhaitera.», chuchota-t-elle au Démon, en commençant à partir.
Drakayn observa le loup blanc une dernière fois et suivit Drakaïs dans la pente
∞
Le Draconiaque se tenait sur le balcon, observant avec tranquillité la cité. Cet endroit lui apportait la même sérénité que le lac de lave en Enfer que lui avait montré son père. En ces rares moments de calme, il pouvait repenser au passé sans que la haine ou la tristesse ne l'atteigne. Il ne retenait que les bons souvenirs. Et seuls les Dieux savaient à quel point ils étaient peu nombreux par rapport à tous les autres qui n'étaient que souffrance et désolation...
« Ce lieux est sublime... »
Drakayn sursauta. Trop préoccupé par ses pensées, il n'avait pas senti Drakaïs approcher. Elle lui lança un rapide coup d'œil où le Démon vit une légère pointe de raillerie, mais aussi, de la fierté.
« Surprendre les gens dans leur pensées n'a rien de valorisant, ricana-t-il.
- C'est plutôt une vengeance pour toutes les fois où tu m'as fait la même chose ! », plaisanta-t-elle à son tour.
Ils restèrent un moment immobiles et silencieux, contemplant la vue qui s'ouvrait à eux.
Ce fut Drakaïs qui brisa ce calme envoutant d'une voix embarrassée :
- J'ai fait un rêve pendant que j'étais inconsciente... Il était différent de ceux que je fais d'habitude...
- C'est-à-dire ?
Drakayn observa l'attitude de la jeune fille. Elle tortillait ses mains, examinait ses pieds et avait les sourcils froncés. Qu'allait-elle pouvoir encore lui dire ?
" Des souvenirs... Enfin, rien de particulier par rapport à celui-ci... Il y avait l'homme aux yeux bleus et un certain Onyx... Et je... j'étais un Dragon... Ou alors, la créature que j'étais y ressemblait..."
A la manière dont elle parlait, Drakayn comprit que les idées étaient confuses dans son esprit. Mais ce qui avait attiré son attention était ce nom qu'elle avait prononcé...
« Onyx... », répéta-t-il à voix haute.
« Et bien... Elle sait peut-être plus de chose sur son peuple que je ne le pensais... », se dit-il avec stupeur.
Voyant la surprise du Démon, la Draconique lui demanda brutalement :
- Tu sais qui il est ?
- Pourquoi ? Toi non ? grommela-t-il avant de soupirer. J'aurais dû m'en douter...
- Qui est cet Onyx ? Dis le moi, s'il te plait ! J'ai l'impression que c'est important !
Drakaïs avait ses yeux plantés dans ceux de Drakayn. Elle avait les lèvres serrées et le regard sévère. Le Démon était accoudé nonchalamment au balcon. Elle était têtue, il l'avait compris désormais... Et quand elle avait cette lueur-là dans l'œil, il savait pertinemment qu'il ne servait à rien de lui résister. De plus, à quoi bon lui tenir sécrète une information qui ne l'était pas réellement ? Elle finirait par l'apprendre un jour de toute manière.... Alors, autant que ce soit lui qui lui explique. De plus, cette histoire était intimement liée à la sienne...
« Encore une impression, hein ? »
Elle ne répondit pas.
« Onyx est un dragon ancestral et celui à l'origine de nos deux espèces. Ta mère ne t'en a jamais parlé ? »
Elle secoua la tête. Elle s'était crispée lorsqu'il avait mentionné sa mère.
« Etrange, pensa-t-il à voix haute.
- Avec le recul, je crois qu'elle nous gardait dans l'ignorance pour nous protéger... Elle devait sans doute se dire qu'en nous laissant dans l'ignorance sur certaines choses, on aurait pu mieux se protéger, ma sœur et moi...
- Peut être... Seule elle en avait la réponse. »
Drakaïs réfléchit au sens des révélations faites par Drakayn. On disait que les rêves étaient des messages envoyés par les Dieux. En cet instant précis, la Draconique ne put s'empêcher de se demander ce qu'ils voulaient bien lui faire comprendre si c'était le cas.
Elle décida que réfléchir à cela ne ferait que lui apporter un nouveau mal de crâne. En cette occasion, cesser de penser à toutes ces choses semblait être une bonne solution. Une ancienne révélation faite par le Démon lui revint à l'esprit.
« Donc, Idras est ta mère... »
Le Démon hocha la tête sinistrement, ce même petit sourire en coin plaqué sur le visage.
« Ce n'est pas vraiment une chose dont j'aime me vanter... »
Maintenant que la Draconique le savait, elle trouvait qu'il y avait une ressemblance entre les deux Draconiaques... Ils avaient la même teinte de cheveux, les mêmes yeux et la même forme de visage. Elle se demandait quels événements avaient pu les séparer de la sorte.
« Tant qu'on y est, autant te dire autre chose concernant ma « famille ». Idras et Idris sont frères et sœurs, ce qui fait d'Idris mon oncle. »
Drakaïs prit le temps d'assimiler cette nouvelle.
« Comment une telle chose est-elle-même envisageable ? demanda-t-elle enfin.
- Et bien, c'est sans doute parce qu'ils sont les premiers de nos races... Ils sont jumeaux, mais sont complétement différents dans leur organisme. C'est surement lié à leurs parents. »
Drakayn jeta un rapide coup d'œil à Drakaïs qui semblait légèrement perdue.
« Evidemment... soupira-t-il. Je vais être obligé de te raconter cette histoire aussi... Tout le monde la connait, mais cela ne m'étonne même plus qu'elle te soit inconnue... Soit heureuse partenaire, je vais répondre à ta question concernant Onyx, mais aussi te raconter l'histoire de nos origines ! »
Il prit une inspiration avant de commencer son récit :
- C'était il y a plusieurs millénaires maintenant. Onyx, était, à cette époque, le maître incontesté des cieux et possédait le respect de tous les Dragons, y compris des cinq autres Dragons ancestraux. Les Anges étaient les plus fervents serviteurs des Dragons, et nul n'osait s'en prendre à eux. Or, un jour, Onyx fit une chose qui rendit fou de rage les plus hautes têtes du gouvernement de nos amis à plume... Selon les versions, cet acte est différent, mais je suis certain que cela avait un lien avec la guerre qui se déroulait alors entre l'Enfer et le Paradis. »
Drakayn fit une courte pause dans son récit, savourant l'impatience qu'il lisait sur le visage de Drakaïs.
« Alors, pour la première fois depuis des milliers d'années, les Anges attaquèrent les Dragons, ou plutôt, ils attaquèrent Onyx. Il fut capturé, attaché et dépouillé de tout ce qu'il chérissait. Jamais un tel acte ne s'était produit avant... Les Anges l'emprisonnèrent dans une enveloppe pathétique et pitoyable pour lui : celle d'un humain. Un sceau avait été posé sur lui. Jamais plus il ne pourrait recouvrir sa véritable apparence. La relation entre les Dragons et les Anges ne fut plus pareille après cela... »
Le Démon continua son récit.
« Onyx était gardé dans la plus inviolable des forteresses du Paradis. Son existence n'était plus qu'un exemple pour les autres de sa race. Quatre-cents ans passèrent ainsi, jusqu'à ce qu'une nouvelle guerre entre les Anges et les Démons n'éclate. La forteresse où était enfermé Onyx fut attaquée et le Dragon en profita pour s'échapper. Il ne lui fallut pas longtemps pour tomber entre de nouvelles mains : celles des Démons. Il fit alors la rencontre d'une femme, une hybride, mi Humaine, mi démon. C'était Elseria. L'histoire que l'on raconte aux enfants de nos deux peuples dit qu'ils tombèrent fous amoureux l'un de l'autre dès l'instant où ils se rencontrèrent. Pourtant, la vérité est tout autre. D'abord, ils se détestèrent. Onyx, pour se venger des Anges mais aussi en échange de sa liberté, aida les Démons dans leur guerre. Grâce aux informations dont il disposait, ils gagnèrent de nombreuses batailles, jusqu'à la victoire. Durant le conflit, Onyx et Elseria apprirent à se connaitre, devinrent amis, puis amants. Ce fut des années après qu'Elseria tomba enceinte et accoucha de jumeaux. Un garçon et une fille : Idris et Idras. Ils ont tous deux hérité du sang de leur père et donc du sang de Dragon. Pour ce qui est de leur mère, le fils hérita de sa partie humaine et la fille de sa partie démoniaque. Voilà comment nos deux espèces sont apparues. Ne me demande pas comment une telle chose a pu arriver, je serais bien incapable de te répondre... »
Drakaïs hocha distraitement la tête. Elle était perdue dans ses pensées. "Encore une fois...", songea Drakayn. Bah, il ne pouvait pas lui en vouloir pour cette fois... Lui aussi, enfant, il avait cogité pendant des jours, voire des semaines sur cette affaire...
Et en se plongeant de nouveau dans la contemplation de la cité, il lui tint compagnie, les pensées tournées vers le conflit qui s'annonçait.
"On devrait aller se coucher, murmura finalement Drakaïs.
-On devrait, en effet, acquiesça Drakayn.
Mais aucun des deux ne bougea.
Et la nuit fila, posant sur eux un voile rassurant.
Note de l'auteur: Re ! Avant de continuer cette "note" (pourquoi entre guillemets ? Car une note, c'est censé être court, et que je n'arrive pas à les faire courtes è___é !), j'aimerais m'excuser du temps que j'ai mis pour poster le chapitre 6. Mais j'ai rencontré des problèmes avec mon ordinateur donc bon, je suppose que ce n'est pas vraiment de ma faute... Cela n'empêche: désolé. Si mes excuses ne sont pas suffisantes, je me fais seppuku et on n'en parle plus x).
Breeeeef. Passons au chapitre. Alors, on apprend énormément de choses non ? ;) Déjà, vous savez à présent les origines des Draconiques et des Draconiaques et vous en avez également appris un peu plus sur les Enfants de Gaïa et enfin, le fameux Seth (ou l'homme aux yeux bleus c'est comme vous préférez ;) ! Pour ce qui est de ce dernier, il faut savoir que c'est un personnage que je veux garder mystérieux donc ne vous attendez pas à des révélations sur lui avant un bon bout de temps. Sorry (ou pas !). Ensuite... La relation entre Drakaïs et Drakayn. Alors, je vais être claire, et je ne m'en cache pas dans mon récit, ils vont certainement finir ensemble. Pourquoi le certainement ? On va dire que c'est pour garder un semblant de surprise même si je sais que vous avez capté que ce sera le cas. En tout cas, je sais que le fait que les deux personnages principaux finissent ensemble est cliché mais je n'ai pas le choix x) (trop de choses de prévues pour eux deux XP !) ! Ensuite, même si une romance se met en place entre les deux personnages, ne vous attendez pas à ce que celle-ci devienne l'élément principale du récit... Alors, si vous vous attendiez à une histoire d'amour...c'est raté XD ! (oui j'aime casser les attentes de gens !)
Aussi, je me répète, mais: commentez. Please ? Porfavor ? Siouplait ? x) *fait le regard du chat botté* Non, plus sérieusement. J'ai l'impression de faire l'aumône pour des commentaires, mais il faut savoir que votre avis compte beaucoup pour moi non seulement parce que ça me permets de savoir ce que vous pensez du récit mais aussi parce que ça m'aide à m'améliorer :). Parce que vous êtes les lecteurs. Et jusqu'à preuve du contraire, je ne suis pas télépathe et je ne peut donc pas savoir ce que vous pensez de mon histoire x) ! Conclusion: s'il vous plait, prenez le temps de me laisser un petit mot. Ca réchauffe le cœur et ça aide à avancer :). Mis à part ça, j'aimerais vous remercier. Que se soit ceux que je connais et qui lisent (bonjour les potes :D !), ceux que je ne connais pas et qui lisent, ceux qui commentent (et qui ont tendance à appartenir à la première catégorie mais j'espère que ça va changer :) ! *croise les doigt*) et ceux qui votent. Car depuis la dernière fois que j'ai posté un chapitre, le Révolte des Dragons à dépassé les 300 vues. Alors, oui, pour certains, c'est rien, mais pour, moi, c'est juste énorme ! Alors: merci :) ! Bon. J'espère que ça faisait pas trop guimauve... Et encore ! Je me suis retenue sur les bisous et câlins virtuels ! Moi ? Effrayante ? Pff... Meuh non !
Ah ! Et comme je risque de ne pas postez avant: Joyeux Noël et Bonne Année ! :D
*relis tout ce qu'elle a écrit*... Wow... Je suis vraiment incapable de faire une vraie "note"...
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