Chapitre 5:
Note de l'auteur: Hey à tous ! Voila un chapitre où vous en apprendrez plus sur notre chère Drakaïs ;) ! Bonne lecture, et n'oubliez pas de me faire part de votre avis :D !
Le ciel était bleu, et les oiseaux chantaient. Le vent faisait danser les herbes folles, et son chatouillis léger vint caresser le visage de Drakaïs. La clairière n'avait pas changé. Seul le sentiment de terreur qui l'avait cueillie à son réveil avait disparu. L'arbre était toujours à la même place, et l'odeur des fruits alléchants était encore présente dans ses alentours. Elle prit le temps de l'observer plus attentivement.
L'écoute des arbres ... ou comment les comprendre. Une chose difficile lorsque que l'on n'y était pas habitué, mais qui se révélait des plus simples avec le temps. Un art qu'elle avait appris après sa chute, et qu'elle n'avait pas tout de suite compris. Ou plutôt, qu'elle avait refusé de comprendre.
L'arbre chantait. La première fois qu'elle l'avait vu, elle n'avait pas pris le temps de l'écouter, mais elle comprenait maintenant son erreur. Car il chantait merveilleusement bien. La force du vent, comme il faisait danser les herbes, faisait chanter les arbres, leurs feuilles se secouant dans l'anarchie le plus totale, mais qui produisait, en l'écoutant attentivement, une incroyable mélodie.
La journée s'annonçait magnifique, et à l'idée de revoir ses sauveurs, qu'elle avait quittés quelques jours plus tôt, Drakaïs se sentait des plus joyeuses.
L'arrivé de Drakayn fit voler en éclat cette vision parfaite.
Il avait son épée à la taille et était habillé en civil. En fait, Drakaïs ne l'avait encore jamais vu en tenue militaire. Il regardait les environs avec une moue pensive et se positionna à ses côtés en l'interrogeant :
- C'est ici, partenaire ?
Drakaïs tiqua sur le dernier mot. Drakayn savait parfaitement que ce mot la ... gênait. Et il prenait un malin plaisir à l'utiliser le plus souvent possible en sa présence.
- Oui, répondit-elle simplement, d'un ton sec.
Il l'observa avec un air malicieux que Drakaïs ignora.
Ils traversèrent la clairière. La Draconique jeta un dernier coup d'œil en arrière avant de pénétrer à nouveau dans la forêt.
Désormais, plus ils s'enfonceraient dans les bois, plus les arbres leur cacheraient la lumière du jour. Drakaïs savait pertinemment que cette forêt était immense et grouillante de vie. Et tout le monde savait que cette forêt était le territoire principal des Enfants de Gaïa.
C'était la forêt Originelle, la forêt aux arbres millénaires où se dressait, au centre, l'arbre de Gaïa, qui culminait à des centaines de mètres de hauteur. C'était lui, le roi de cette forêt. Et autour de lui se trouvait la cité Originelle. Elle n'y était allée que quelques fois, ce lieu étant sacré pour les Enfants de Gaïa.
A chaque pas qu'elle faisait, Drakaïs se sentait envahie par la joie. Elle aimait sentir la sensation si familière du renflement des racines sous ses pieds. Cela ne faisait que quelques jours qu'elle avait quitté la forêt, et elle était amusée de voir à que point elle lui avait manqué. Et c'était parce qu'elle la connaissait qu'elle participait à cette expédition. Sa participation avait était décidée la veille, et elle avait tout chamboulé dans les préparatifs ainsi que dans la composition du groupe à la dernière minute.
∞
Tout avait donc commencé la veille. Drakaïs s'entraînait intensément avec Drakayn. Leurs séances étaient devenues une habitude, et ce depuis une semaine, lorsque l'annonce des patriarches avait été faite. Drakayn insistait sur le fait que son maniement à l'épée devait s'améliorer, et qu'ils devaient apprendre à combattre ensemble. Elle le comprenait, mais c'était un travail dur, et cela les amenait à mieux se connaître, à se rapprocher. Drakaïs avait toujours ressenti une certaine curiosité envers Drakayn, mais elle avait également peur qu'il apprenne à la connaitre, qu'il découvre tout de son passé. Chose qu'elle s'était toujours évertuée à cacher aux gens qu'elle connaissait depuis qu'elle avait perdu sa mère et sa sœur.
Elle réfléchissait à cela, et Drakayn, remarquant sa déconcentration, en profita, ou plutôt, la ramena à l'ordre, en lui infligeant un coup au niveau du flanc.
Il s'écartèrent l'un de l'autre, et le Démon lui jeta un regard sévère.
« Tu es trop dans tes pensées partenaire ..."Elle lui jeta un regard noir. "La prochaine fois, il se pourrait bien qu'un coup plus douloureux t'atteigne par inadvertance ... »
Drakayn rengaina son épée. Trop occupée à ressasser des choses qui n'avaient pas lieu d'être à cet endroit, Drakaïs n'avait pas vu Fergon arriver. Ce dernier lui adressa un léger sourire, mais reporta très vite son attention sur Drakayn.
De l'endroit où elle se trouvait, elle ne pouvait pas entendre leur conversation, mais vu l'expression mécontente de Drakayn, cela ne devait pas lui plaire.
Le Démon lui fit d'ailleurs signe d'approcher.
« Idras demande à me voir, or, puisque que nous sommes partenaires, je suppose qu'elle ne verra pas d'inconvénient à ce que tu viennes avec moi ! »
Encore ! Drakaïs avait remarqué que Drakayn était un homme plutôt arrogant, qui semblait chercher à savoir jusqu'où il pourrait aller avec cette attitude. Et comme il continuait, c'est qu'il ne devait pas avoir encore trouvé ses limites.
Sans attendre une quelconque réponse de sa part, il enjamba la barre qui délimitait le terrain d'entrainement. Alors que Drakaïs s'apprêtait à partir à sa suite, Fergon la retint par le bras :
- Drakaïs ... Tu as sans doute remarqué qu'Idras et Idris sont des personnes assez compliquées et instables, non ? Drakayn est pire qu'eux. Fait attention à lui, lors de cette entrevue avec Idras ... Leur relation est plutôt..."Il soupira et lâcha le dernier mot avec une grimace."... difficile.
- J'en tiendrai compte ... Merci. »
Elle se dégagea.
Drakayn l'avait attendu à l'entrée de la tente de la matriarche, un air interrogateur sur le visage.
« Je me demande ce qu'elle peut encore bien me vouloir...
- Tu ne sembles vraiment pas t'entendre avec Idras ... nota Drakaïs.
- Pff ! cracha-t-il en roulant ses yeux au ciel. C'est toute une histoire qui est derrière ce ressentiment, et elle est trop longue pour que je te la raconte maintenant. »
Et sans attendre une autre remarque de sa part, il pénétra dans la tente. Drakaïs s'engouffra à sa suite.
« Que me vaut cette hideuse surprise, Idras ?" Il avait sciemment tu le titre qui était dû à la matriarche."J'étais en plein entraînement avec ma partenaire ! », s'offusqua faussement Drakayn en s'asseyant sur un siège en face de la matriarche.
Idras ignora superbement la pique de Drakayn :
- Et je vois que tu l'as ramenée avec toi... répondit-elle en saluant la Draconique.
Drakaïs s'inclina légèrement à son tour, mal à l'aise de se trouver en cet endroit à cet instant. Sa présence était comme une déclaration de guerre. Drakayn semblait faire tout ce qui était en son pouvoir pour lui désobéir, sans être pour autant coupable d'insubordination.
« Bien, j'espère que tu ne m'as pas fait venir pour rien...
- Tu sais bien la raison de notre présence ici...
- Non, mais je suis à peu près certain que Drakaïs n'en sait rien. »
Idras haussa un sourcil et soupira.
Elle s'adressa alors à Drakaïs :
- Comme on te l'a dit et comme tu as pu le remarquer, nous sommes en infériorité numérique face aux troupes de l'Empire.
Drakaïs comprit immédiatement où elle voulait en venir et se murmura pour elle-même :
-Vous comptez former une nouvelle alliance...
L'ayant entendue, Drakayn s'exclama en levant les yeux au ciel :
- Quelle perspicacité !
Idras le foudroya du regard. Décidément, ces deux-là ne faisait vraiment pas bon mélange. Drakaïs nota pour elle-même que Drakayn était plus à cran en la présence d'Idras.
Laissant de côté l'intervention du Démon, Idras reprit :
- Effectivement ... Et je pensais envoyer Drakayn comme émissaire avec une petite équipe qui serait chargée de l'accompagner.
- Attendez ! s'écria Drakaïs, soudain paniquée. Vous ne comptez tout de même pas vous allier avec les Enfant de Gaïa ? Ils sont neutres et ne s'intéressent à aucun conflit extérieur ! De plus, si vous formez une expédition, ils prendront ça comme un affront envers eux, ou pire, comme une violation de leur territoire !
- Eh bien ... Tu sembles en savoir long sur eux ... remarqua Drakayn, les sourcils haussés.
Drakaïs se mordit la langue. Elle avait trop parlé, une fois de plus.
« C'est étrange ... Tu ne connais pratiquement rien sur ton propre peuple, mais les Enfants de Gaïa ne semblent avoir aucun secret pour toi ... Je me trompe ? », continua Drakayn, de l'intérêt brillant dans son regard écarlate.
Le silence de Drakaïs fut éloquent.
« Je paris que la forêt Originelle ne t'est pas inconnue ... », insista le Draconiaque avec un rictus.
Idras, qui avait suivi la conversation avec intérêt annonça alors :
- Drakaïs, tu feras partie de l'expédition de demain.
- Pardon ?
- Tu m'as bien comprise. Je vais en parler à Idris, mais je ne vois pas pourquoi il ne donnerait pas son consentement.
- Si je dois y participer, j'aimerais savoir ce que vous avez en tête. », grommela la Draconique après un bref silence.
Visiblement, elle n'avait pas vraiment le droit de se soustraire à ce qui semblait être un ordre de la matriarche.
« Nous voulons entrer en contact avec les Enfants de Gaïa. Même si, comme tu l'as dit, ils sont neutres, ils retireraient des avantages à s'allier avec nous. De plus, notre cas ne leur est pas étranger. »
Drakaïs réfléchit un instant.
« Il est vrai que je connais la forêt comme ma poche... commença-t-elle, les sourcils froncés.
-J'en étais sûr ! ne put s'empêcher de lâcher Drakayn, ravi.
-...mais je pense vous être davantage utile au niveau des négociations, finit Drakaïs en jetant une œillade au Démon.
- Ah ? Et pourquoi ça ? », demanda Drakayn.
Décidemment, il n'allait pas la lâcher, avec ses questions.
« Cela m'intrigue également ... », ajouta Idras.
Difficile de se dérober à cette demande implicite.
« Je ... connais les Enfants de Gaïa, avoua-t-elle en grimaçant.
- Oui, bon, ça, on l'avait deviné ... s'agaça Drakayn. Mais quelles sont tes relations avec eux ?
- Ils m'ont en quelques sortes élevée ... », marmonna-t-elle mal à l'aise.
Drakayn partit alors dans un monumental fou rire et Idras la regarda comme si elle venait de se transformer en dragon.
Et voilà, elle le savait. Enfant, c'était le fait qu'elle soit une Draconique qui la différenciait des autres. Mais ici, c'était le fait que pratiquement tout ce qu'elle savait de ce monde lui venait des Enfants de Gaïa.
« Cela explique pourquoi tu ne connais absolument rien sur ton peuple ! rigola Drakayn.
- Tu m'excuseras d'avoir perdu ma famille lorsque j'avais six ans ! », s'exclama-t-elle en le foudroyant du regard.
La colère commençait à prendre le pas sur l'embarras.
Drakayn baissa les yeux. Il semblait enfin comprendre que ses paroles étaient peut-être allées trop loin.
Idras toussota pour attirer leur attention.
« Bien. Vous réglerez vos problèmes autre part. Drakaïs, as-tu des choses à me conseiller pour l'expédition de demain ? »
Drakaïs réfléchit un instant avant de lui répondre :
- Combien de personne sont initialement prévues ?
- Avec toi, je dirais une vingtaine.
- C'est trop.
- C'est ce qu'il faut pour garantir votre sécurité.
- Ça reste trop. Ils prendraient ça comme une provocation. »
Idras réfléchit un moment, puis reprit :
- Quel est ton chiffre ?
- Deux. Drakayn et moi. C'est largement suffisant, fit la jeune fille avec détermination.
- C'est peu ... déclara la Draconiaque en plissant des yeux.
- Mais cela les mettra en confiance. »
Idras resta silencieuse.
« Ce n'est pas si important ! s'exclama Drakayn à l'intention de la matriarche. Tu sais parfaitement que je n'aurais jamais eu besoin d'autant de personnes pour m'accompagner ... Et ne te cache pas derrière le fait qu'ils soient là pour la sécurité de la mission. Je sais très bien que c'était pour me tenir à l'œil.
- Très bien, soupira Idras en regardant Drakaïs. Si tu crois que cela est nécessaire_
- J'en suis sûr, la coupa Drakaïs.
- Bon, je vais en parler à Idris. Vous deux, préparez-vous pour demain. C'est un jour important. »
Et alors que les deux Dragons se préparaient à sortir, Idras ajouta :
- Oh ! Drakayn, j'oubliais une chose ... Demain, soit obéissant pour une fois, et ne fait pas ton petit con arrogant.
Drakayn stoppa sa marche, et Drakaïs lui jeta un regard noir, auquel il répondit par un petit sourire narquois.
« Ne t'inquiète pas, Idras. Je sais très bien à quel point cette alliance nous est nécessaire ! »
Et il partit, suivi par Drakaïs, exaspérée par son attitude.
« Mais où a-t-on donc loupé son éducation ...», se murmura la matriarche.
Elle n'avait pas besoin de répondre à cette question.
Car après tout ... Elle ne pouvait s'en prendre qu'à elle-même.
∞
Les arbres commençaient à se faire plus gros et grands, signe qu'ils approchaient, lentement mais sûrement, du centre de la forêt. Et donc, des Enfants de Gaïa. Le soleil était au plus haut dans le ciel. Midi approchait, mais Drakaïs et Drakayn ne ressentaient aucune faim.
Ce fut des heures après que Drakaïs commença à remarquer quelque chose d'anormal, ou plutôt de surprenant, chez Drakayn.
Il était silencieux comme une ombre. Pas un seul bruit sur son passage. Drakaïs se figea, et Drakayn à son tour.
On avait presque du mal à se rendre compte qu'il était là. Trop de mal même.
« Comment fais-tu cela ? lui demanda-t-elle, agressive.
- Faire quoi ?
- Ton odeur. C'est comme l'autre, tu n'en as pas. »
Drakayn comprit immédiatement ce qu'elle entendait par « l'autre ». Il sourit et lui répondit mystérieusement :
- J'ai toujours été capable de le faire, et normalement, tu devrais également en être capable.
Et il reprit la route, toujours avec ce sourire narquois sur les lèvres.
Elle resta figée un moment, trop occupée à réfléchir à la signification de ces mots, puis elle se porta à sa hauteur :
- Que veux-tu dire par là ?
Drakayn stoppa de nouveau sa marche en soupirant.
« C'est une capacité qui nous vient des Dragons. Tu n'es pas sans savoir que ces créatures sont les plus grands prédateurs des six mondes réunis. Pour avoir ce statut, ils ont dû allier vitesse, puissance et surtout, furtivité. De ce fait, ils peuvent supprimer leur odeur, et cette capacité s'est transmise à nous, les Draconiaques, ainsi qu'aux Draconiques. Ils peuvent aussi se camoufler si bien que tu ne les verrais pas même s'ils étaient juste sous ton nez ! Mais à part nos patriarches, personne ne maîtrise cette capacité-là. Enfin, c'est ce que tout le monde pense... », expliqua Drakayn en souriant malicieusement.
Ignorant le sous-entendu, elle l'interrogea une nouvelle fois :
« Comment as-tu fait pour la maîtriser ?
- C'est tout un apprentissage. Je te l'apprendrai si tu veux : ce n'est pas la chose la plus compliquée du monde... Je trouverai bien un trou entre nos entrainements pour te l'enseigner. »
Drakaïs se tut un instant, puis reprit, la voix vibrante d'émotions :
- Pourquoi maîtrisait-il ce pouvoir ? Ce n'était ni un Draconique, ni un Draconiaque, j'en suis certaine ... Mais alors, comment expliquer le fait qu'il n'ait pas d'odeur ? »
De nouveau, le Draconiaque comprit de qui elle voulait parler. L'homme aux yeux bleus qui l'avait attaquée devait vraiment la préoccuper.
« Je n'en ai aucune idée, et pour le moment, nous n'avons aucune raison de nous y intéresser.
- Peut-être, mais_
- Drakaïs ! »
Il fit volte-face, une lueur d'exaspération dans le regard.
« Pourquoi te torturer à essayer de comprendre une chose, qui, en cet endroit, est inutile, alors que nous sommes dans l'incapacité de l'expliquer ? »
Ils se fixèrent un long moment, et Drakaïs éclata la première :
- Parce que c'est étrange ! Parce que je ne supporte pas d'être dans l'incompréhension ! Et surtout, parce que cet homme m'intrigue, et que j'ai l'impression que quelque chose nous lie !
Un silence suivit son éclat.
L'exaspération s'était changée en amusement dans les yeux de Drakayn.
« Eh bien ... Ce n'est pas trop tôt ! »
Drakayn partit dans un grand rire.
« Depuis le temps que tu tires une tête pareille, je me disais bien que quelque chose te tracassait ... »
Drakaïs comprit alors qu'elle était tombée dans son piège. Elle s'était ouverte à lui. Très facilement. Trop facilement. Elle lui faisait déjà peut-être plus confiance qu'elle ne le pensait.Mais ce qui la surprenait davantage, c'est qu'il avait remarqué qu'elle n'allait pas ... bien.
Lisait-on en elle comme dans un livre ouvert ?
« Tu recommences ... »
Elle s'apprêtait à lui répondre quand il la devança.
« Ecoute ... Ca fait plus de cent-quarante ans que j'arpente le long chemin qu'est celui de la vie. Alors laisse-moi te dire une chose: tu ne pourras jamais avoir toutes les réponses à tes questions. C'est tout simplement impossible de résoudre tous les mystères de ce monde ! Donc cesse de t'arrêter sur ce sujet et avance ! »
Elle se figea face à sa remarque. Elle leva les yeux. Ils étaient déjà si enfoncés dans la forêt que le ciel était caché par le feuillage. Le soleil avait désormais du mal à passer la muraille des arbres, si bien que le soir semblait être tombé. Une impression qu'elle connaissait bien.
« Avance » . Il n'était pas le premier à lui avoir donné un tel conseil. Elle avait l'impression de s'être arrêtée depuis ce fameux jour où elle avait tout perdu.
Il était peut-être temps qu'elle reprenne la route à présent.
Elle se porta à côté de Drakayn.
« Plus de cent-quarante ans ... Tu fais plus jeune que tu n'en a l'air ... », remarqua-t-elle, amusée.
Un grand sourire fendit le visage du Démon.
« C'est le but ! »
∞
Drakayn et Drakaïs marchaient depuis une éternité, et pas un bruit n'arrivait à leurs oreilles. La forêt était silencieuse. Pas un chant d'oiseau. Même les arbres se taisaient.
Pourtant, ils savaient qu'on les observait. Ils le sentaient.
« Soit, ils sont là, tout près, soit ils se servent de leurs liens avec la faune et la flore pour nous observer, chuchota Drakaïs à Drakayn.
- Tss ... S'ils pouvaient se montrer, ça nous arrangerait ... marmonna-t-il.
- N'y compte pas trop ! Moi, ils me connaissent bien, mais toi ... Et estime toi heureux que l'on ne soit que deux ! Si le groupe d'origine n'avait pas changé, on en aurait eu pour encore plus d'heures, à déambuler dans ces bois ... Des jours, même.
- Ils sont si craintifs que ça ?
- Pas vraiment, mais ils ont tendance à se méfier des étrangers ... »
Drakayn s'assit alors brutalement sur la racine d'un arbre centenaire.
« S'ils sont autour de nous, je ne vois pas l'intérêt de continuer à marcher.», répondit-il face au regard interrogateur de Drakaïs.
Elle s'assit à côté de lui, et en profita pour boire.
« Dis-moi Drakaïs, quel autre secret nous caches-tu ? », demanda Drakayn, les yeux brillant d'une lueur d'intérêt.
Drakaïs manqua de s'étouffer, et rétorqua, une fois après avoir repris son calme :
- Si quelqu'un a des renseignements à demander, c'est bien moi ! nota-t-elle en le fixant avec défi.
- Ah ? Comment ça ?
- Eh bien, tu sais que j'ai perdu ma mère et ma sœur lorsque j'étais assez jeune, et que j'ai été élevée par les Enfant de Gaïa. Tandis que moi, je ne sais absolument rien sur toi, mis à part que tu connais Fergon depuis que tu es petit. Donc, si quelqu'un à des questions à poser, c'est moi, et pas le contraire !
- Pff... Si tu y tiens tant que ça !
Et la discussion sembla clause. Du moins, pour un temps ...
« Faisons un échange de bons procédés. », reprit-il au bout d'un moment.
La Draconique soupira. Cela aurait trop facile d'en rester là.
« Je t'écoute ... fit-elle, méfiante.
- Je sais deux choses sur toi, tu en sais une sur moi. »
Drakaïs hocha la tête.
« Bien... Ce n'est pas vraiment une chose que tout le monde ignore, mais vu ton éducation, tu ne dois pas être au courant. »
Drakaïs tendit l'oreille :
- Idras est ma mère, lâcha-t-il tout d'un bloc.
Drakaïs n'eut pas le temps de lui exprimer sa surprise et son trouble. Une présence venait de se faire connaitre, les coupant alors dans leur conversation. Une personne qu'elle connaissait bien était sortie de la pénombre, et s'avançait vers elle, son regard jaune braqué sur Drakayn, et rempli d'une sauvagerie et d'un mépris affiché.
A son arrivé, Drakayn s'était levé, et avait commencé à dégainer son arme, mais Drakaïs lui avait adressé un coup d'œil sévère, qui avait suffi à arrêter son geste.
Drakaïs n'avait plus vu la jeune Lya depuis une année, et la revoir après tout ce temps la mit en joie.
A peine fut-elle à sa portée, qu'elle la prit dans ses bras, Lya fourrant son ney dans la chevelure de feu de la Draconique.
« Il y a longtemps que l'on ne s'est pas vu, grande sœur ...», chuchota la nouvelle venue.
Drakaïs ne répondit pas, s'écartant délicatement de la jeune fille. « Grande sœur ». Elle ressentait toujours une chaleur dans son cœur lorsque Lya la nommait ainsi.
« Je suis heureuse de te retrouver, petite sœur », lui répondit-elle finalement en lui caressant le haut de la tête.
Elles restèrent un moment ainsi.
« Cerbère n'est pas avec toi ? s'étonna enfin Drakaïs.
- Non, il négocie la venue de ton compagnon. »
Lya lança un regard glacé à ce dernier, auquel il répondit par un sourire ... tout aussi froid.
Il n'aimait pas être stoppé dans son élan. Lui qui se faisait un plaisir d'observer la réaction de Drakaïs face à sa « révélation »... Il soupira mentalement. Cette gamine avait tout gâché.
« Désolé de vous déranger pendant vos retrouvailles, mais qui est cette adorable enfant, partenaire ? »
De nouveau ce surnom ... A côté de Drakaïs, Lya se renfrogna.
« J'aimerais savoir la même chose, qu'est-ce que cette affreuse chose ? rétorqua-t-elle en pointant du doigt Drakayn.
- Drakayn, voici Lya. Comme tu peux le voir, ce n'est pas une Enfant de Gaïa. C'est un Loup-Garou. » Drakayn haussa un sourcil et son regard se fit plus inquisiteur. « Lya, voici Drakayn. C'est un Draconiaque, mon ... partenaire également, et il est ici pour s'entretenir avec les Enfants de Gaïa pour une alliance.
- Une alliance ? »
Lya laissa échapper un ricanement bestial.
« Avec les Enfant de Gaïa ? »
Drakaïs hocha la tête.
« Mais c'est que vous êtes sérieux toi, et l'autre type ! Tu sais bien que ces ramollos ne bougent jamais de leur « précieuse » forêt !
- Ces « ramollos » comme tu dis, Lya, sont les défenseurs de cet écosystème. », déclara une voix grave.
A ces mots, la jeune louve s'était raidie.
Un loup gigantesque était lui aussi sorti des bois, par le même chemin que Lya. Il était blanc comme la neige, et son regard ambré semblait transpercer tout ce qu'il observait. De nombreuses cicatrices striaient son corps musclé.
« Cerbère ! », s'écria Drakaïs.
Drakaïs était heureuse de le retrouver. Alpha de sa meute, Cerbère l'avait recueillie peu après sa chute et avait été son pilier pendant la période qui avait suivi la disparition de Drags et sa mère. Elle lui vouait, tout comme pour Lya, une grande affection. Lui et Lya étaient comme une seconde famille pour elle. La Draconique l'accueillit donc avec un sourire rayonnant.
La jeune louve, elle, ne semblait pas partager l'enthousiasme de la Draconique.
« Ce ... Ce n'était pas ce que je voulais dire ... », se justifia-t-elle en baissant la tête.
Le loup ne lui répondit pas.
« Heureux de voir que tu es en forme, Drakaïs. J'ai réussi à négocier le passage de ton compagnon, et les Enfants de Gaïa vous attendent. », expliqua Cerbère en les observant calmement.
Drakayn examinait le nouvel arrivant avec une attention toute particulière. Le loup n'avait pas l'air de s'en offusquer. Au contraire, il l'ignorait complétement, et reportait tout son intérêt sur les deux jeunes filles.
« Bien, suivez-moi. Il serait inconvenant de les faire patienter plus encore. »
Et il disparut dans les arbres, Lya partant immédiatement à sa suite.
« Alors c'est lui Cerbère ... Il est plus petit qu'on ne le prétend ! », dit Drakayn en suivant le même chemin que Lya.
Quand Drakayn et Drakaïs arrivèrent près des deux Loups-Garous, ils virent qu'ils étaient en pleine conversation :
- Je ne vois pas pourquoi je ne pourrais pas les appeler ainsi !
- Tu devrais.
- Ah ? Et pourquoi donc ?, demanda Lya en croisant les bras sur sa poitrine.
- Quelques mots suffisent pour te répondre : le respect.
Lya ricana.
« Ça risque d'être difficile ! Comment pourrais-je avoir du respect pour eux alors qu'ils te laissent affronter seul les dangers de la frontière nord ?
- Tu es encore trop jeune pour comprendre qu'ils ont leurs propres problèmes à régler eux aussi.
- Ah ? Et quels-sont-ils ?
- Mais les mêmes que les nôtres ! grogna Cerbère, qui commençait à s'impatienter.
- J'en doute ... rétorqua-t-elle les yeux plissés.
- Dis-toi qu'il y a des choses que tu ignores. Des choses, que même moi, je ne te dis pas. Les temps sont plus durs qu'ils n'y paraissent. »
Ce fut cet instant que Drakaïs choisit pour s'immiscer dans la conversation :
-Qu'entends-tu par-là ?
- Ce n'est pas le moment pour parler de ça, lui répondit-il, agacé.
- Au contraire, je voudrais savoir, moi aussi ! continua Lya, qui ne lâchait pas l'affaire.
Le regard jaune du loup s'arrêta sur Lya. Mais il garda le silence.
« Arrête de me considérer comme une enfant ! J'ai douze ans désormais ! Je suis prête à entendre ces choses !», tempêta Lya en tapant rageusement le sol de son pied.
Le loup garda un silence équivoque.
« Il veut parler des Humains, évidemment. Leur influence grandit, et avec eux, la menace qu'ils représentent aussi. », fit Drakayn.
Trois paires d'yeux se tournèrent vers le Démon.
« De quoi parles-tu ? s'exclama Drakaïs.
- Les Humains évoluent déjà depuis un certain temps. Au début, nous, les Démons, n'y prêtions pas attention. Mais désormais, leur force est telle qu'elle pourrait rivaliser avec la nôtre. Et avec la vôtre.
- Comment sais-tu cela, toi ? gronda Lya, les poings serrés et les dents découvertes.
- C'est une chose que l'on ne peut pas ignorer. Le chef des Loups garous, Cerbère, regroupant sa meute aux environs de la forêt Originelle ... Les protecteurs de la Vie sont effrayés. Cela fait grand bruit chez nous, déclara Drakayn avec un sourire en coin.
- Tu sais effectivement des choses, Prince Drakayn, mais il te restes encore beaucoup à apprendre. », déclara doucement Cerbère.
Le regard de Drakayn se fit tout de suite haineux à ces mots :
- Je ne suis pas un prince !
- Et je ne suis pas le chef des Loups Garous. Surveille tes mots, et j'en ferai de même pour les miens.
Drakayn se mura alors dans un mutisme inhabituel. Drakaïs rejoignit Cerbère et lui murmura :
- La situation s'est aggravée pendant mon absence, n'est-ce pas ?
- Bien plus que tu ne l'imagines, j'en ai peur.
- Je vois ...
- J'en doute. Je sais ce qui vous amène dans cette forêt, et je pense savoir la stratégie de Drakayn pour rallier les Enfants de Gaïa à sa cause ... Dis-toi que pour les faire sortir de la forêt Originelle pour vous prêter main forte, il faudra y mettre un prix. Vous serez tenus de tenir un engagement envers eux. Vous avez l'impression qu'ils restent sagement dans la forêt, mais ils s'occupent de nombreuses choses en rapport avec l'extérieur. Et ils ne sortent de leur nid que lorsque cela leur est nécessaire. Voilà pourquoi ils ne viennent pas m'aider, comme le dis Lya. Ils savent très bien que pour le moment je n'ai pas besoin d'eux, et que je peux régler le problème par mes propres moyens », déclara-t-il en accélérant le pas.
Bientôt, le silence complet les entoura à nouveau. Drakaïs pouvait distinctement entendre le léger bruit des pas de Cerbère se posant sur le sol et les racines de la forêt. Cette atmosphère était relaxante.
« Nous allons accélérer le rythme, sinon nous ne serons jamais à temps là-bas. Drakaïs, Lya, montez sur mon dos. Quand à toi Drakayn, tu n'auras qu'à voler.», déclara Cerbère sans même un regard en arrière.
Drakayn déploya alors ses grandes ailes noires comme la nuit. Il remarqua que Drakaïs le regardait avec un sentiment qu'il n'arrivait pas à identifier complètement. De l'envie ? Voyant qu'il la dévisageait, Drakaïs détourna ses yeux, l'esprit agité par des pensées sombres.
Les paroles de Cerbère ne cessaient de la tourmenter. Drakaïs avait toujours su que les Humains étaient un sujet préoccupant pour les habitants de la forêt Originelle, qu'ils soient Enfants de Gaïa ou autres. Les incessantes excursions des Humains à la frontière avaient toujours étés une source de problème, menant parfois à des combats. Elle avait quitté la meute de Cerbère un an plus tôt, et peu avant son départ, les Humains avaient redoublé d'activités, s'immisçant toujours plus loin dans la forêt, sur leur territoire. Et imaginer que cela ait empiré la plongeait dans de profondes réflexions. Peut-être avait-elle eu tort de partir en des temps si chaotiques...Elle fronça ses sourcils et observa calmement le loup blanc. Non. La situation avec l'Empire était bien plus préoccupante pour le moment.
Drakaïs, décida de porter son attention sur les alentours, pour se changer les idées.
L'obscurité régnait en maître dans la forêt. Ils se déplaçaient à grande vitesse, les arbres défilant à perte de vue et Cerbère esquivant les obstacles qui se trouvaient sur leur passage. Et alors que Drakaïs laissait vaquer son esprit, un son attira son attention. Elle tourna la tête dans sa direction, le ciel, mais ne parvint pas à le retrouver. Étrangement, ce qu'elle avait perçu faisait écho en elle, accélérant les battements de son cœur et la poussant à le chercher.Elle ne s'expliquait pas cette soudaine obsession, mais retrouver ce son lui paraissait vital. Elle ferma les yeux et ouvrit grand les oreilles, espérant ainsi entendre à nouveau ce qui avait si bien capté son attention. Désormais, elle entendait de nombreuses choses. Le grondement d'une cascade se situant à des kilomètres d'ici, mais qui pourtant, semblait être juste à côté d'elle. La course effrénée d'une harde de cerfs comme si elle se trouvait parmi eux. Et enfin, ce qui l'intéressait : les battements d'ailes d'un groupe d'oiseaux en plein ciel, bien au-dessus de la tête du groupe de la Draconique, bien au-dessus des arbres.
Ces bruits normalement imperceptibles, devinrent alors de plus en plus forts. Jusqu'à devenir assourdissants. Et parmi toute cette cacophonie, c'était le son du vol des oiseaux qui lui parvenait le plus clairement.
Si clairement, que c'était désormais tout ce qu'elle entendait. Que pouvait signifier tout cela ? Elle fouilla dans son esprit, cherchant des explications. Et même si aucune réponse ne lui parvenait, elle s'entêta davantage, jusqu'à ce qu'une migraine commence à poindre dans son crâne.
Et soudain, ce bruit se superposa à une brève vision.
Elle était dans les cieux, au dessus des nuages. Elle volait avec les membres de sa harde, ses ailes cuivrées se mouvant dans l'air avec facilité et force.
Drakaïs sentit une pointe de douleur à la tête tandis qu'elle reprenait contact avec la réalité. Elle se plia en deux sous l'effet de la souffrance et réalisa que Lya lui disait quelque chose en la tenant fermement. Mais la Draconique n'arrivait pas à saisir ses paroles, sa voix étant couverte par les battements d'ailes. Il y avait de l'inquiétude sur le visage de la jeune louve.
Drakaïs mit ses mains sur ses oreilles, tentant désespérément de faire barrage au bruit. En vain. Le bruit n'avait pas diminué et sa douleur ne cessait de croître. Que lui arrivait-il ?
Drakayn était apparu soudainement à ses côtés. Son agitation était visible. Son état était-il si inquiétant que cela ? Elle sentit un liquide chaud couler de son nez et elle y porta la main. Du sang. Elle saignait du nez.
Elle n'eut pas le temps de s'interroger sur cette réaction. Les environs se mirent à tanguer follement et le corps de Drakaïs vacilla. Les bras du Démon stoppèrent sa chute. Il se mit à lui parler, tout en lui assénant des claques pour la garder consciente.
C'était peine perdue.
Ses paroles ne lui parvenaient pas, et déjà, elle commençait à perdre toutes sensations extérieures, son regard se perdant derrière le visage de Drakayn, bien au delà des arbres, dans les cieux, là où les oiseaux continuaient de voler.
Sa vue se brouilla et la dernière chose qu'elle comprit avant de s'évanouir était que Drakayn hurlait son nom.
THE END ! POM POM POM ! Allez, un petit cliffhunger, ça ne peut pas faire de mal, non ? N'oubliez pas de commenter pour me dire ce que vous en avez pensé ;) !
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