Chapitre 38 (partie 1):

Les Portails.

Tels des plaies, ils déchiraient l'atmosphère pour déverser un flot de soldats sur la vallée. Des runes concentriques ornaient les rebords anguleux de ces fissures, qui saignaient l'armée de l'Empire en des rangs ordonnés. La clameur de leur marche résonnait dans toute la vallée, la chanson du sang et de la mort. Un feu d'artifice sinistre, marque des failles magiques, zébrait et fissurait l'air. Ors, azurs, argents, pourpres: les éclairs surgissaient des Portails et venaient frapper avec un fracas assourdissant le ciel qui se teintait de pourpre.

Du haut de la cité, Drakaïs observait l'avancée de leurs ennemis avec une expression désabusée, ses mains crispées sur la muraille. C'était la défaite qui s'avançait vers eux. La défaite qui venait teindre leur récente victoire, lui arrachant une terrible envie de se battre pour ce qu'ils avaient si durement gagné.

"Qu'est-ce qu'on peut faire à ton avis ?", lui demanda Sin, sa voix un murmure inquiet.

Elle lui jeta un coup d'œil rapide et revint vite sur l'armée aux pieds de la montagne.

"Rien, à part attendre.", lui répondit-elle finalement.

Le jeune Draconique soupira. Drakaïs le comprenait: deux heures, déjà, depuis que les Portails étaient apparus, et ils n'avaient toujours pas reçu d'ordres clairs. Par d'ordres clairs, non, si ce n'était...

"Tu crois vraiment que l'on va battre en retraite ?"

...la retraite. Selon Idris et Abaddon, l'Empire possédait un moyen de détruire le Dôme. Le patriarche sonnait donc la retraite.

Rien qu'à l'idée, la rage et la frustration l'envahissaient. Toutes leurs actions en ce jour pour...ça ?

"Je ne sais pas, Sin.", fit-elle, un peu plus sèchement qu'elle ne l'aurait voulu.

Il se tut. Mais pas longtemps; Sin ne pouvait jamais se taire longtemps:

-J'aimerais bien savoir ce qu'ils se disent...

Cette fois, ce fut au tour de Drakaïs de soupirer. Elle se tourna vers la Tour, pour observer le Conseil de la ville, un bâtiment riche collé au flanc de la montagne. Tous les plus hauts dignitaires de l'opération s'y trouvait en cet instant, pour décider de la marche à suivre.

Là où était Drakayn.

Avec le Diable.

Elle serra les dents, un feu qu'elle cherchait à éteindre ravivé dans son cœur à cette pensée. Mieux valait ne pas s'y attarder. "Plus tard.", avait dit Drakayn. Et "plus tard", elle attendait.

"Ah... On vous a laissé à l'écart ? Comme c'est mesquin !"

Drakaïs dégaina son épée et la plaqua contre la gorge du nouveau venu, qui leva les mains en louchant sur l'arme.

"Oh.", lâcha avec éloquence Inviat.

La Draconique laissa la lame en place, rien que pour lui apprendre qu'il n'était pas bon pour lui de surprendre ainsi les gens. Et parce qu'elle n'était pas d'humeur pour ses jeux. Une personne plus réactive lui aurait déjà coupé la tête. Une personne comme Drakayn. A présent, elle comprenait pourquoi il n'aimait pas les surprises.

Une exclamation émerveillée la tira de ses pensées. Oh, non...

Elle eut tout juste le temps de s'écarter.

"Par les Six ! Inviat_ Je veux dire_  Monsieur Ikitav !" Sin se précipita sur le Nécromancien pour lui emprisonner la main, qu'il secoua en tous sens. "Je suis un grand admirateur !"

Drakaïs, même à travers le voile sombre qui lui obscurcissait le cœur, sourit en apercevant la tête d'Inviat: c'était bien la première fois qu'elle le voyait tirer une tronche pareille. 

"Ah...oui, marmonna piteusement Inviat. Merci...?

-Sin, combla le jeune Draconique avec un grand sourire, toujours en train de lui serrer la main. Dites, est-ce que c'est vrai... vous et la Bête ?"

A la vue de l'expression horrifiée du Faucheur, Drakaïs ricana. Ah ! Cela lui apprendrait, à apparaître de nulle part de cette façon !

"Hum... Eh bien...Comment dire...", bredouilla Inviat.

Elle eut pitié de lui. La voix tremblante, elle lui demanda:

-Qu'est-ce que tu veux ? Je croyais que tu était convoqué à la réunion toi aussi.

Elle aurait donné tout l'or du monde pour pouvoir immortaliser le regard reconnaissant qu'il lui lança. Avec une petite grimace, il se dégagea de l'emprise de Sin.

"Mais je suis convoqué à la réunion, voyons ! Je m'apprêtait justement à m'y rendre ! répondit-il en s'avançant vers elle, sa faux placée sur une de ses épaules et son manteau de Faucheur flottant autour de lui.

-Avec deux heures de retard ?" rétorqua-t-elle, sceptique.

Il passa son bras libre autour des épaules de la Draconique, et elle nota le regard incrédule et envieux que Sin lui jeta.

"Drakaïs, Drakaïs, Drakaïs... souffla-t-il, la mine blasée. Tu apprendras que l'on est jamais en retard à ce genre d'évènement: on arrive toujours au bon moment."

Mais oui, mais oui... 

"Et puis...C'est toujours plus amusant de foutre la merde au passage, non ?"

Drakaïs s'écarta en secouant la tête. La situation ne se prêtait vraiment pas à ce genre d'attitude. Inviat devrait le savoir. Et peut-être dût il deviner qu'elle se préparait à le réprimander, car il s'écria d'une voix pleine d'humour:

- Nous sommes d'accords ! Et comme nous somme d'accords...

Il remit son bras autour de ses épaules et un sourire espiègle se dessina sur ses lèvres. Un mauvais pressentiment monta en elle.

"Inviat_! eut-elle le temps de tempêter.

-...je suppose que tu ne verras pas d'inconvénient à venir foutre la merde avec moi ?"

Et il l'emporta avec lui dans les Limbes.

Le trajet dura quelques secondes à tout casser. Mais Drakaïs ne les oublierait jamais.

Un monde en noir et blanc envahit ses sens et un froid glacial lui arracha des frissons. Le souffle lui manqua, son cœur cessa de battre et elle resta tétanisée contre Inviat.

Pendant ces quelques secondes, elle se crut morte.

Et avant même qu'elle ne s'en rende compte, elle quittait les Limbes et une infinité de couleurs reprenait vie devant elle. Elle entendit vaguement un bruit de fond qui ressemblait à des voix et sentit la poigne d'Inviat qui s'était déplacée de son épaule vers sa taille pour la soutenir contre lui.

Mais elle suffoquait toujours. Seul la présence d'Inviat lui permettait de tenir pied.

"Là, là, là... lui chuchota-t-il en lui tapotant la taille. Tu peux respirer ma grande."

Et effectivement, l'air s'engouffrait dans ses poumons et elle entendait clairement le sang battre ses tempes. Inviat l'observait, ce fin sourire satisfait toujours sur ses lèvres. Elle s'accorda un court instant de répit, la main à la poitrine et la respiration haletante, puis fronça les sourcils et envoya son poing dans la mâchoire du Faucheur.

"Ouch !" Il s'écarta et se frotta le menton, la peau fripée par l'irritation. "Pourquoi prenez-vous tant de plaisir à me frapper, toi et Drakayn ? s'exclama-t-il à voix basse. 

-Peut-être parce que tu te comportes comme un connard ?", siffla-t-elle en secouant sa main endolorie.

Il grimaça et mit un doigt sur ses lèvres.

"Chut ! Baisse d'un ton, tu veux ?" 

Et il pointa la porte derrière elle.

Elle remarqua enfin où il l'avait amené. Un silencieux couloir qui menait à une lourde porte, et des voix étouffés qui en sortaient, dans lesquelles elle crut percevoir celle de Cerbère.

Le Conseil de Quantamoniam.

"T'as vraiment un problème, tu le sais j'espère ? chuchota-t-elle vivement en le foudroyant du regard.

-Evidement. Maintenant, tais-toi et vient écouter.", ricana-t-il en se plaquant contre la porte, l'expression soudain concentrée.

Bon grès mal grès, elle suivit son exemple. La conversation était atténuée, mais elle arrivait tout de même à saisir quelques bribes de phrases.

"...stupide de prendre la retraite...mes troupes....têtus et..."

Elle siffla d'irritation: Abaddon. La retraite l'horripilait, certes, mais l'idée qu'il les aide l'écœurait bien davantage.

Elle ne perçut pas la réponse qui lui fut donnée. Cependant, celle qui suivit fut claire -la personne était proche de l'entrée-et elle tendit l'oreille en reconnaissant Cerbère. Du coin de l'oeil, elle vit Inviat faire de même.

"La retraite paraît la seule solution raisonnable dans de telles conditions, votre Majesté. "Inviat grimaça en entendant le titre et le répéta en imitant le Loup-Garou avec une mimique ridicule. Drakaïs lui donna un coup de coude. "Avez-vous jeté un coup d'œil à la vallée ? Ils sont des dizaines de milliers, et d'autres viennent encore. Nous ne pouvons pas prendre le risque d'être encore là une fois qu'ils auront détruit le Dôme." Drakaïs fronça les sourcils en percevant l'acidité de ces dernières paroles. "Nous sommes trop peu nombreux pour ça."

Encore une fois, Abaddon s'exprima, la voix un peu plus forte: de l'agacement ?

"Nous ne serions pas dans cette situation si vous acceptiez pleinement mon aide.

-Mais nous ne voulons pas de votre aide, répliqua Cerbère calmement. Et Idris prend la bonne décision en la refusant. Non, laissez moi parler votre Majesté. " Inviat se crispa aux côtés de la Draconique. "Personne n'est assez naïf dans cette salle pour ne pas penser que vous n'êtes pas à l'origine de tout cette histoire. Accepter votre aide, c'est aussi accepter que l'opinion publique pense que l'on a participé à cette entreprise. L'Empire trouverait certainement le moyen de mettre le meurtre de l'ancien Empereur sur le compte des Draconiques. Nous devrons donc faire sans votre aide. J'espère que vous comprenez que la chose n'est pas négociable."

La fierté étouffa le cœur de Drakaïs. Elle aurait aimé enfouir son visage dans sa fourrure blanche. Elle tendit l'oreille pour entendre la réplique d'Abaddon, un petit sourire sur ses lèvres en s'imaginant sa réaction face à un refus, si poli mais si sec.

"Très bien."

Elle s'écarta de la porte, confuse. Quoi ?

"Il a déjà ce qu'il veut s'il accepte si facilement...", lui chuchota Inviat.

Elle jeta un regard au Faucheur, désemparée et en colère. Si Abaddon avait ce qu'il voulait... Elle secoua la tête, les dents serrées. Qui se servait de qui dans cette affaire ? Idris ou Abaddon ? Elle doutait de plus en plus que ce soit Idris. La voix de Rubis se fit entendre brièvement dans son esprit, en un long sifflement bestial, mauvais et plein de hargne:

-Toujours un coup d'avance, toujours vainqueur. Mais attend de le voir face à moi, Dragonneau, et j'aurais sa tête entre mes crocs !

Oui, l'expérience de la Dragonne Ancestrale avec le Diable devait avoir été désastreuse. Drakaïs n'allait cependant pas se plaindre de tant d'animosité: elle partageait plus que jamais l'opinion de sa guide.

"Ecoute, les choses sérieuses commencent.", l'appela Inviat.

Elle continua de le fixer. Le visage fermé et les yeux allumés d'une lueur déterminée, elle ne l'avait jamais vu aussi concentré. Elle comprenait la Dragonne, en effet, mais la chose n'était pas réciproque pour le Faucheur.

"Tu peux me dire à quoi tu joues, Inviat ? l'interrogea-t-elle, irritée. Nous sommes attaqués, la situation est on ne peut plus sérieuse, et nous écoutons aux portes; tu écoutes aux portes. Alors que ta place devrait être dans cette pièce, à donner ton avis et ton opinion." Amusé, il ouvrit la bouche pour se défendre : elle ne lui en laissa pas l'occasion. "Ne me sors pas que tu es trop fou ou pas assez sérieux pour ça: tu nous as prouvé le contraire quand tu nous as aidé à prendre Quantamoniam !"

Elle vit passer quelque chose dans son regard, une émotion qu'elle ne réussit pas à définir, qu'elle n'était pas sûre de vouloir définir. Elle crut y voir de l'humour, mais elle espérait se tromper; elle trouvait décevant, si ce n'est effrayant, de réaliser que pour lui, toute cette affaire ne se résumait qu'à une seule chose: un jeu.

Mais la discussion se poursuivait derrière la porte, et comme l'avait dit Inviat, les choses sérieuses commençaient:

-....partirons...Passage.

Une autre voix, qu'elle ne reconnut pas, là encore près de la porte:

-Et nous ? Que faites -vous des Souterrains ?

Puis Cerbère, toujours aussi calme:

-Vous n'avez pas participé à la bataille. Dites la vérité, ou en tout cas un semblant: les Draconiques ont pris le contrôle des Souterrains et s'en sont servis le temps d'attendre l'assaut.

-Vous croyez que ça suffira ?

-Ils seront bien trop concentrés sur Yls pour se préoccuper réellement de vous.", rétorqua la Loup-Garou.

Un petit ricanement froid se fit entendre.

" Vous parlez d'abandonner la ville en utilisant le Passage, déclara le Nocturne, le ton glacial. Pourtant, vous laissez derrière vous une porte ouverte.

-Inviat fermera le Passage derrière nous.", affirma Cerbère.

Un brouhaha éclata alors dans la pièce et Drakaïs grimaça. Le silence revint rapidement. Et ce fut sans doute grâce à ce silence que la Draconique parvint à distinguer si bien les paroles suivantes du Diable:

-Ce même Inviat qui devrait être là depuis deux heures ?

Et la cacophonie reprit. A travers la porte, Drakaïs perçut le grognement agacé de Cerbère. La main d'Inviat se faufila sur l'épaule de la Draconique.

"Tu vois Drakaïs, c'est à ce moment précis que l'on doit entrer en scène pour causer le plus de merde !", lui souffla-t-il d'un ton joueur.

Elle eut tout juste le temps de cracher un juron. Il se releva d'un mouvement vif en la tirant avec lui, et avec un geste brusque, ouvrit la porte.

La salle du Conseil de Quantamoniam était vaste, une imposante table circulaire en son centre. Elle aperçut Cerbère devant elle, Elesborn à sa droite, Yls à sa gauche, le Diable en face de lui, Drakayn, Fergon et Achoura près de leur Souverrain. Un miroir, dans lequel elle vit Idris, trônait aux côtés du Diable et Akhal siégeait à sa droite. Les autres visages lui étaient inconnus.

Tous contemplèrent leur entrée avec stupéfaction. Une expression moins surprise que certaines peignaient le visage des habitués.

"Quand on parle du loup, on en voit la queue ! lâcha Inviat en écartant les bras. Enfin..." Il fit quelques pas et posa une main sur le crâne de Cerbère, qu'il caressa doucement. "...ça ne marche pas pour tous les loups.", ajouta-t-il, amusé.

Le Loup-Garou s'écarta et montra ses crocs au Faucheur. Drakaïs cligna des yeux: elle ne l'avait jamais vu s'énerver si facilement.

"Deux heures, grogna Cerbère. Deux, Ik_ Inviat !"

Le Faucheur s'assit d'un saut sur la table et tourna sa faux entre ses mains.

"Ah,  arrête Kaï. Tu sais bien que j'aurais très bien pu ne pas du tout montrer le bout de mon museau !" Il éclata de rire et pointa le Loup-Garou du doigt. "T'as saisi ? Museau...Loup-Garou..." Aucune réaction, si ce n'est un grognement menaçant. Il se tourna vers Drakayn. "Dis-moi qu'elle était drôle !" gémit-il.

Le Draconiaque fronça les sourcils, son regard braqué sur Drakaïs. Elle y vit de l'inquiétude et de l'agacement. A ses accusations silencieuses, elle répondit par  un mouvement de la tête vers le Nécromancien. Le Démon soupira et se concentra sur ce dernier.

"Elle était nulle, Inviat, siffla Drakayn.

-Vous n'avez pas de goût, rétorqua le Faucheur, boudeur.

-Et qu'est-ce qu'elle fait ici ?", demanda le Diable.

Lui non plus ne l'avait pas quittée des yeux depuis son arrivée. Et chez lui, elle pouvait y voir du mépris et un intérêt malsain.

"Inviat, répondirent d'une même voix Drakayn et Drakaïs.

Le Faucheur baissa sa tête en arrière et eut un soupir dramatique.

"Oui, je l'avoue ! Ma faute ! Tout est de ma faute ! La présence de l'Empire ici, la mort de chaque personne sur terre, même la disparition de la poupée de la petite Judith !", s'exclama-t-il d'une voix tragique. Il releva vivement la tête, avec un sourire dément. "Pour cette dernière action: vous ne pouvez rien prouver !"

Et il éclata de rire.

Drakaïs perçut nettement le soupire collectif qui secoua la salle. Elle fit quelques pas en arrière, trouvant qu'il s'agissait là du bon moment pour se retirer.

"Je vais vous laisser, je_"

Inviat cessa soudain de rire et la coupa dans son élan:

-Non, reste, Drakaïs.

Le Diable eut un reniflement de dédain. Inviat l'ignora et se tourna à moitié vers tous les autres, la mine sérieuse.

"Elle, plus que vous tous réunis, mérite d'être dans cette salle.

- Oui, c'est ça, que la gamine qui ne sait rien à ce genre d'affaire et qui n'a rien à faire ici reste. Brillant, rétorqua le Diable, un sourcil haussé.

-Mais Inviat a raison, continua Cerbère. Drakaïs peut rester. Maintenant qu'elle est là, à quoi  bon la renvoyer ? Elle est tout aussi concernée que nous par cette histoire. Et elle fait partie de ma meute: elle reste."

La Draconique sourit à Cerbère, ses mots lui donnant chaud au cœur. Mais même à travers cet éclat positif, la trace du regard brûlant du Diable restait sur elle. 

Quelque chose lui soufflait que son intérêt pour elle, sombre et plein de mauvais sentiments, n'avait fait que grandir.

"C'est réglé, Drakaïs reste.", déclara finalement Idris.

Elle se tourna vers son patriarche et hocha la tête en signe de remerciement. S'il lui répondit elle ne le vit pas: elle se dirigeait déjà vers la seule place libre, celle à côté de Drakayn, sûrement celle réservée à Inviat. Mais le Nécromancien semblait bien décidé à rester près de Cerbère. Elle se demanda pourquoi il en était ainsi. Inviat et Cerbère se connaissaient-ils ? Cela expliquerait beaucoup de choses...

Elle s'assit et remarqua que Drakayn ne lui accordait plus aucune attention, son regard rivé sur le Faucheur. Elle nota également ses poings crispés sous son menton et ses mâchoires serrées: la proximité du Diable le rendait nerveux. Elle retint un soupir. Elle attendait ce "plus tard" avec impatience.

"La retraite, donc ! s'exclama Inviat en se redressant. Vous serrez heureux de savoir qu'il est inutile d'en arriver à de telles extrémités !"

Yls lâcha un petit soupire agacé.

"Si c'est pour repartir sur l'aide que nous propose Sa Majesté_

-Non, non, non. Qu'il garde son aide, pour tout ce qu'elle vaut." répliqua Inviat en balayant le problème de la main.

Drakaïs cacha un sourire en voyant le regard du Diable s'obscurcir de menaces et de colère. 

"Si ce n'est pas ça dans ce cas, que proposez-vous ?", voulu savoir Idris, le visage fatigué.

La Draconique fronça les sourcils. Le Patriarche semblait mal en point. Cette pâleur et ces cernes sous ses yeux... Mais le pire restait justement ses yeux: éteints et abattus.

"Une solution, fit mystérieusement Inviat. Figurez-vous que si j'ai deux heures de retard, c'est justement parce que je cherchais la solution en question.", expliqua-t-il en jetant un regard appuyé à Cerbère.

Le Loup-Garou lui montra les babines.

"Allez-en aux faits.", ordonna le Diable d'une voix sombre.

Mais le Roi des Démons se trompait s'il pensait que le Nécromancien lui obéirait. Drakaïs ricana sous cape. Drakayn lui adressa un coup d'œil plein de reproches, le premier depuis qu'elle s'était assise à ses côtés. Elle se tut immédiatement, tout en lui offrant un sourire taquin.

"C'était pourtant juste sous votre nez !", se moqua Inviat. Non, en fait, le terme "sous votre nez" n'est peut-être pas le plus approprié...Je dirais plutôt_

-Ikitav Warlock ! l'interrompit Cerbère dans un grognement sévère et furieux. Arrête de tourner autour du pot et dis-nous quelle est cette foutue information, ou je te jure que même la promesse faite à notre frère ne m'empêchera pas de te planter les crocs dans la gorge !"

 Drakaïs observa Cerbère, les yeux écarquillés. "Est-ce qu'Inviat et Cerbère se connaissaient ? ", s'était-elle demandé il y a quelques minutes. Quelle idiote, elle aurait dû le savoir: Cerbère était la Bête !

"Moi aussi je t'aime, ma furieuse petite boule de poil sur pattes, le nargua Inviat en lui tapotant le cou.

-Ikitav_! 

-Il vous suffit de tendre l'oreille, voyons !", lança simplement le Faucheur, en mettant une oreille en coupe, les yeux fermés.

Un silence flotta dans la salle. Drakaïs partagea un regard avec Achoura. La Draconiaque haussa les épaules, un agacement amusé sur son visage gracieux. 

"Ridicule, commenta Abaddon, l'expression incrédule.

-C'est parce que vous ne tendez pas assez l'oreille.", se moqua le Nécromancien, en ouvrant un œil rempli de moqueries.

Cette fois, Drakaïs ne put réprimer un ricanement moqueur. A cet instant, elle se fichait bien que l'armée de l'Empire soit à leur porte, que Cerbère lui ait caché depuis tout ce temps qu'il était la Bête, que Drakayn la foudroie du regard pour cet écart : les réponses d'Inviat au Diable étaient hilarantes. Abaddon pouvait bien la mépriser, la haïr, la vouloir morte pour son insolence: qu'il aille se faire voir. 

Elle n'eut pas l'occasion de rire longtemps pourtant.

Un long rugissement bestial couvrit son éclat. Un hurlement à glacer le sang, qui fit sursauter toutes les personnes dans la pièce. Si puissant et si furieux qu'il fit trembler les murs. Un cri d'avertissement, un cri de guerre.

Dehors. La créature qui poussait un tel tumulte était dehors. Drakaïs, comme tous les autres, se précipita vers les fenêtres qui éclairaient le Conseil. Une ombre passa sur eux, titanesque, imposante et terrible.

Elle en perdit le souffle.

Le rire amusé d'Inviat résonna derrière elle, mais il était comme étouffé. L'excitation, l'émerveillement et l'admiration, lui faisaient tourner la tête.

"Vous voyez... rit le Faucheur. Il suffisait de tendre l'oreille !"

Elle avait aperçu sa forme brièvement et elle ne pouvait pas se tromper sur sa nature.

"Votre cavalerie est arrivée !", chantonna Inviat.

Un Dragon.


Note: Hey !

Je vais être rapide (je suis morte de chez morte ! Il est tard -ou tôt !- en même temps !)

Une première partie qui sert de prémice, qui met en place l'ambiance et l'arrivée de l'Empire, ainsi que la décision finale d'Idris et des autres. Avec tout ce beau monde qui se côtoie. Et enfin avec Inviat qui fait son fouteur de merde (mais on aime ça, avouez). 

En parlant de fouteur de merde: @Zkissopr3nyje te dédie cette partie, elle te revient entièrement ahah !

Tout ce beau monde se côtoie donc. Pour faire court, j'ai essayé de ne pas trop m'appesantir sur des dialogues inutiles qui pourraient apparaître dans le texte (nope, Inviat fout la merde, ces dialogues sont utiles ahah :p !), donc certains ne parlent pas beaucoup (ou même pas du tout: coucou Akhal, Elesborn et Achoura :D !)! Il fallait couper court, ça ne servait à rien que ça s'éternise davantage.

J'adooore la relation Inviat/Cerbère. Ils me font trop rire ces deux cocos XD ! J'espère que cette partie vous aura fait marrer, parce qu'elle m'aura fait marrer perso. J'aime aussi les réactions de Drakaïs.

Et le Dragon.

Bref, dites-moi ce que vous en avez pensé :D !

Un grand merci à tout ceux qui ont commenté/voté/ajouté à la liste de lecture (@ameliepanda merci la miss !):

@ameliepanda

@Zkissopr3ny

@anonyme999

@ottilia04

@Hudren

@ophelie-2b

@Luma_az

Je pars au dodo, gros bisous et à la prochaine <3 !

Ps: ...faut que j'arrête de dire que je vais être courte, je fais tout le contraire à chaque fois.

Ps2: Peu de relectures, beaucoup de fautes: sorry ! Je me relirai plus tard dans la journée !














Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top