Chapitre 37 (partie 2):

Drakaïs se considérait comme une personne curieuse. Parfois, - non, souvent- têtue dans sa recherche de réponses, mais elle savait quand cette même recherche de réponses était inconvenante. 

Voilà pourquoi elle n'avait pas poser de questions à Drakayn. Voilà pourquoi elle avait préféré quitter la pièce pour le laisser seul. Voilà pourquoi elle n'était pas pressée de le rejoindre. Car elle savait que sa curiosité pouvait être plus forte que sa raison, et qu'un interrogatoire sur ce sujet aurait été non seulement indiscret, mais inadéquat à la situation. Elle respectait la vie privée de Drakayn. Et même si sa vie familiale  était pleine de surprises, elle ne voulait pas s'aventurer sur ce terrain là avec lui. 

S'il voulait en parler, elle l'écouterait avec grand plaisir. Mais quelque chose lui soufflait que ce n'était pas pour rien si ses origines lui étaient restées inconnues pendant si longtemps. Et cette haine dans son regard... Non, elle refusait d'être celle qui engagerait la discussion sur cette partie de son histoire.

Alors elle avait fui, quitté la pièce, pris la porte. Elle avait une dernière fois serré la main de Drakayn, dans un geste affectueux qui se voulait rassurant, puis elle était partie.

Et la voilà, à l'extérieur de la Tour, appuyée contre sa façade froide, la tête levée vers le ciel, à ressasser toutes ces idées, à s'agacer de voir que sa curiosité de ne se taisait pas; à refréner l'envie qui la poussait à vouloir revenir dans cette foutue pièce, pour poser ces putains de questions, afin de taire cette saloperie de curiosité !

Elle lâcha un lourd soupir et se pinça l'arête du nez.

Non, non, non. Cela n'allait pas. Prendre une grande inspiration, lâcher une grande expiration. Se calmer, penser à autre chose, tout plutôt que cela et_

Drakayn, fils du Diable ? Et cette haine dans son regard...était-ce seulement parce qu'il refusait de le considérer comme son père biologique ? Ou y avait-il autre chose derrière un tel ressentiment ?  Etait-ce lié à l'assassinat de son père ? Avait-il d'autres frères ou sœurs ? Les deux ? Qui était exactement Crisis ? 

Par les Six ! Elle fronça les sourcils. Pourquoi, oui, pourquoi, n'arrivait-elle pas à faire abstraction de toutes ces questions ? Avec Rubis, elle le faisait désormais sans problème. Alors pourquoi était-ce différent avec Drakayn ? Etait-ce justement parce qu'il s'agissait de lui ?

Elle serra les mâchoires.

Ces satanés questions finiraient par la rendre folle !

"Rubis.", l'apella-t-elle avec agressivité.

Pas de réponse. La Draconique se mit à mordiller ses lèvres avec hargne.

"Rubis ! siffla-t-elle, plus violemment encore.

- Quoi ? grogna la Dragonne, de l'agacement dans la voix.

- Pas de "quoi" avec moi. Tu sais très bien ce que je veux, grommela-t-elle.

- Te changer les idées pour éviter de penser à ton Démon ?", se moqua Rubis, non sans une légère acidité.

A croire que la Dragonne n'était pas d'humeur. Mais elle n'était pas la seule.

"Qui était cet homme qui t'as tuée ? Qu'est-il advenu de toi par la suite ? Qu'entendait-il par "la prochaine fois"? Quel est votre histoire ? Et surtout: qu'est-ce que tu fous dans mon crâne, bon sang !"

Silence, puis...

"Pourquoi devrais-je te répondre ?"

Oh, c'en était trop ! 

"Parce que c'est mon crâne ! Parce que c'est mon corps dont tu as pris le contrôle ! Parce que c'est ma vie ! Et parce que je mérite de savoir !"

Rubis soupira, irritée.

"Tu es plutôt futée, Dragonneau...Tu es  donc largement capable de trouver les réponses à ces questions par toi même. Et avant que tu ne t'en plaignes: oui, tu peux très bien y arriver sans récolter une migraine.", grogna son mentor avec agacement.

Drakaïs lâcha un reniflement de dédain. Elle se mit à réflechir... A suivre les pistes qu'elle avait abandonnées par habitude désormais. Puis, elle parla:

- Tu avais peur de lui. Non... Pas de la peur: de la terreur. Il était puissant, extrêmement puissant... Il t'as tuée aussi facilement qu'un insecte.

La Dragonne feula sous l'insulte. La Draconique l'ignora.

"C'est un ennemis des Six...En tout cas, il mène une vendetta contre eux...

-Tu chauffes, Dragonneau, tu chauffes... la nargua Rubis d'un ton amer. Quel être peut coller à une telle description ? Tu le sais. Tu penses son nom, non sans terreur, mais tu le sais. Alors dis-le, toi qui voulait tant savoir. Dis le !", crâcha-t-elle.

Alors, elle prononça son nom à voix haute, dans un souffle tremblant:

- Chaos.

Le rire que lâcha Rubis fut dément et plein de désespoir.

"Oui, oui, oui ! Chaos ! L'Innommable ! L'Ennemis ! Le Destructeur ! Lui ! C'est toujours lui ! Un règne qui s'effondre ? Lui ! Une guerre entre deux pays ? Lui ! La mort d'une personnalité éminente ? Encore lui ! Et ce petit conflit qui s'annonce ? Une de ses œuvres !", rugit la Dragonne avec un ricanement insensé. 

Drakaïs se taisait. La bouche sèche, elle se trouva soudain muette. Mais dans son esprit, les pensées et les idées affluaient de toutes parts.

"Alors quoi, Drakaïs ? Tu t'arrêtes en si bon chemin ? la railla Rubis de sa voix rocailleuse. Tu te dégonfles à présent ? Comment ! Le Chaos est de la partie, il est sans doute à tes trousses en étant aux miennes, et mademoiselle veut désormais être au bout du monde ? Mais voyons, continu ! Tu es soudain si perspicace: expose-moi tes hypothèses quant à la raison de ma présence dans ton esprit ! Parle, je t'écoute !"

Il y avait quelque chose d'hideux dans les paroles de la Dragonne. Drakaïs ne la reconnaissait plus. D'habitude acerbe et désagréable, elle était ici...mauvaise. Et les pensées vers lesquelles elle la poussait... La Draconique se sentit au bord du gouffre, et un rien la ferait basculer.

"Non, rien ? Mais tu le sais...Tu as des idées... Je les vois... Partages-les ! Elles ne sont pas si mauvaises ! "Qu'est-ce qu'une Dragonne Ancestrale fais dans mon esprit ?" "Pourquoi moi ?" "Qui suis-je ?" De très bonnes questions !...auxquelles tu as de très bonnes théories ..." Elle se tut un moment, lui donnant du répit. Mais il ne dura pas. "Tu sais, Drakaïs... Tu sais. Plus de secrets entre nous: juste la vérité. Dis-la, dis ces mots qui te rongent à présent, dis-les et il n'y aura plus de retour en arrière possible, plus de mensonge, plus de masque: juste toi et moi."

Drakaïs se sentit chanceler, et le vide qui lui tendait les bras, cette vérité qu'elle ne voulait pas admettre, était sur le point de l'engouffrer. La panique surgit, telle un monstre tapie dans ses tripes pour lui étreindre le coeur. 

"Non.", murmura-t-elle.

Elle fit un pas en arrière, laissant le gouffre devant elle.

Pendant un instant, seul le souffle de la Dragonne résonna dans l'esprit de la jeune femme.

"Voilà pourquoi je me tais Drakaïs: tu n'es pas prête pour les réponses que j'ai à te donner.", chuchota-t-elle.

Et Rubis se volatilisa.

Mais Drakaïs savait que ce n'était que partie remise. Le gouffre restait devant elle, et l'appel du vide se faisait envoûtant. Bientôt, elle n'y échapperait plus. Et elle n'en sortirait pas indemne.

La discussion avait rempli son objectif: les questions qu'elle voulait poser à Drakayn lui semblaient désormais lointaines et mineures. A quel prix ?

A un prix aberrant, songea-t-elle. Et elle voulut maudire sa chance ou demander à être rembourser en apercevant l'individu qui s'approchait d'elle. Un individu qu'elle aurait remarqué plus tôt si elle avait été concentrée. Un individu qui se dirigeait vers elle et qui la pétrifiait.

Le Diable.

Il avait les mains dans les poches de sa veste noire et s'avançait d'une démarche féline, la posture remplie d'assurance, comme s'il était maître des lieux. Drakaïs s'arrêta sur ses traits. Ses liens de parentés avec Drakayn étaient indéniables. Elle le reconnaissait en lui, copie plus âgée, quasiment conforme au Draconiaque. Vaguement, elle pensa à ce que Drakayn  pouvait ressentir lorsqu'il se regardait dans la glace: voyait-il le reflet du Diable ou choisissait-il d'ignorer la ressemblance, qui devait se faire plus forte au fil du temps ?

Naï' Seck Abaddon la pétrifiait, oui. Non pas de peur... mais de rage, aussi incompréhensif qu'il n'y paraissait. Elle serra ses bras sur sa poitrine, se demandant d'où pouvait bien venir la haine qu'elle éprouvait à l'égard de cet homme. Le Roi des Démons, dont elle avait tant entendu parler, toujours en mal, jamais en bien.

Il allait la frôler désormais. Passer juste à côté d'elle pour s'engouffrer dans la Tour. Sûrement pour voir Drakayn.

Une impression de menace la fit frissonner, et le danger se fit plus présent au fur et à mesure que le Diable avançait. La panique qui s'était emparée de son coeur lors de sa conversation avec Rubis revint, mordante et viscérale. Par réflex, elle mit la main à l'épée, descellant à travers ses sens en chaos la froideur de sa garde.

Mais déjà, il la dépassait, sans même lui accorder un regard, sans même la voir comme une menace, sans même la considérer comme digne d'intérêt. Et la sensation de péril se mit à décroître, le monde s'arrêta de tourner, les battements de son coeur ralentirent, tandis que l'échos des pas du Diable s'insinuaient dans ses oreilles.

Tap tap tap. Ils la narguaient, et la fureur reprit de plus belle, venue de nulle part, irraisonnable. Mais elle resta immobile. Ce fut le souvenir du regard de Drakayn, ce regard si haineux, qui la fit bouger. Sans même s'en rendre compte, elle s'engouffra à la suite du Roi des Démons. Elle s'arrêta sur le pas de la porte, ouvrit la bouche, sans savoir quels mots sa langue allaient pouvoir former.

"Je pense qu'il ne veut pas vous voir."

Le Diable stoppa ses pas. Drakaïs garda la main à l'épée, à présent emplie d'un calme étrange. Elle était folle. Folle d'avoir lâché ces mots, folle d'avoir même osé le suivre, folle de croire qu'elle pouvait le faire sans conséquences. 

Mais elle s'en fichait.

Le rire du Diable se mit à résonner dans l'air, plein d'une chaleur dangereuse.

"Pardon ?", demanda-t-il dans un souffle, sans se tourner, amusé et comme surpris par l'intervention.

Drakaïs lui répondit immédiatement, la voix presque moqueuse:

-Je pense qu'il ne veut pas vous voir.

Cette fois, il lui fit l'honneur de se retourner, de l'intérêt dans son regard. Sans doute devait-il se demander qui était assez malade ou stupide pour oser se mettre sur son chemin.

"Ah oui ? fit-il en souriant -un sourire de prédateur nota Drakaïs-. Je serai curieux, jeune fille, de savoir comment les pensées de mon fils vous sont si claires."

La rage était brûlante, et les flammes de cette colère l'aveuglaient.

"Vous n'êtes pas son père.", rétorqua Drakaïs, l'image même du calme alors qu'à l'intérieur, il n'en était rien.

L'intérêt mourut dans les yeux du Diable et la fureur le remplaça; le sujet semblait sensible. Elle nota que la surprise était toujours visible à travers sa furie. 

"Ton nom.", ordonna-t-il, d'un ton glacial.

L'alarme aurait dû monter, l'instinct prendre le dessus sur cette fureur déraisonnable.

Il n'en fut rien.

L'échange avait des allures de combat. Dès qu'elle l'avait vu, l'aversion avait pris le contrôle de son esprit et de son corps. Elle le détestait. Haïssait même. Le voir avait suffit. C'était comme si elle l'avait connu par le passé...comme si cette répulsion s'était construite sur des années.

C'était pourtant la première fois qu'elle lui faisait face.

Le gouffre lui fit face de nouveau.

Ou l'était-ce réellement ?

"Drakaïs Fallin Turniel.", se présenta-t-elle en rejoignant le Diable en quelque pas sûrs.

Elle lui tendit la main.

Oui, il s'agissait là d'un combat. Le regard pourpre de Naï' Seck Abddon, animé par une stupéfaction brève, passa rapidement sur son bras tendu. Immédiatement, saisissant la signification d'un tel geste, il lui serra la main. 

Son emprise était douloureuse, et Drakaïs masqua sa grimace par un rictus féroce, qu'il ne tarda pas à réciproquer. Ils se jaugèrent du regard: elle lui laissa voir toute la haine qu'elle ressentait pour lui, et il lui laissa voir à quel point il la méprisait. Après quelques secondes, elle chercha à se dégager, mettant dans son recul une force extraordinaire. Mais il tint bon, et ses doigts, telles des serres, se plantèrent dans son avant bras pour la garder sous son contrôle.

"T'ai-je déjà croisé, Drakaïs ?"

Oui et non. Elle avait le sentiment de l'avoir déjà rencontré, mais comme si c'était dans une vie différente. La réponse lui apparut alors, et son sourire se fit à la fois victorieux et moqueur, arrachant au Diable un froncement de sourcil déconcerté.

Rubis, évidemment. La Dragonne Ancestrale devait avoir eut une très mauvaise expérience avec lui pour que son animosité l'envahisse inconsciemment. 

"Non, heureusement, je n'ai jamais eu ce déplaisir jusqu'à présent.", répondit-elle le ton léger.

Les griffes du Roi des Démons s'enfoncèrent dans sa chair. Drakaïs prit soin de ne laisser aucune marque de souffrance agiter son expression. Non... Elle sourit avec encore plus de férocité, et transformant ses ongles en poignards, elle lui rendit la pareille.

Choqué, le Diable desserra sa prise, et Drakaïs en profita pour s'éloigner en vitesse, la main à l'épée. Il observa un instant ses nouvelles plaies, puis lança un regard furibond à la Draconique, son visage jusqu'alors lisse de toute hargne désormais déchiré en une terrible grimace par l'indignation et la rage.

"Le premier sang est mien, fillette... gronda le Diable en prenant une pose intimidante et menaçante. Tu penses être à la hauteur pour suivre le prochain tour ?"

Un frisson traversa le dos de Drakaïs et elle commença à dégainer son épée.

"J'ai bien suivi le premier, alors pourquoi pas ?"

Et avec un éclat cruel et moqueur, le Roi des Démons amorça un pas vers elle.

"Drakaïs !"

L'appel, hurlé derrière le Diable, le stoppa. La tension retomba aussitôt, et la Draconique jeta un discret coup d'œil vers Drakayn, qui arrivait vers eux en courant, la détresse imprégnant chacun de ses traits.

Il se plaça aussitôt prêt d'elle, à une vitesse qui lui fit cligner les yeux de confusion. Encore plus vite encore, son expression devint calme et respectueuse alors qu'il se tournait vers son Roi et qu'il capturait le bras de Drakaïs dans une prise tout aussi douloureuse, si ce n'est plus, que celle du Diable.

"Je vous pris de m'excuser, votre Majesté. Je dois m'enquérir de certains_"  Il mit plus de force dans sa main, arrachant une plainte à la Draconique."_points avec ma partenaire ici présente."

Et sans attendre de réaction, il fit volte face, amenant Drakaïs à sa suite, non sans siffler tout bas pour qu'elle seule l'entende un "Stupide écervelée...". Elle préféra faire abstraction de toutes les autres insultes qu'il maugréa ensuite, toujours à son attention, et se contenta de fixer le Diable.

Le Roi des Démons rencontra son regard, sa colère envolée. Ne restait plus que de l'intérêt et un air calculateur qui lui envoya un frisson dans le corps. Elle essaya de se rassurer en s'assurant que c'était à cause de son Aura, qu'elle percevait clairement à présent, mais au fond, elle savait pertinemment que la cause était tout autre.

Une fois dehors, elle examina l'attitude de Drakayn. Et en relevant ses mâchoires serrées, son cou tendu et sa posture crispée, elle comprit qu'elle venait de quitter une altercation avec un Démon pour se mesurer à un autre.

Et entre Naï' Seck Abaddon et Drakayn, elle n'était pas sûre de savoir lequel elle aurait préféré affronter.


Note: Hey :D ! Comme promis, me revoilà rapidement ! Je crois que si j'ai écris cette partie plus vite que la précédente, c'est parce qu'elle m'intéressait davantage XD ! Faut dire qu'il y a beaucoup de confrontations ! Et pas n'importe lesquelles ! Drakaïs a du cran. Ou elle est tétue. Ou stupide. Ou insensée. A voir quel sera son excuse pour Drakayn ! (alala, je la plaindrais presque !)

Allé, petite note cette fois (croisons les doigts pour que j'y arrive...)! Encore des infos ici ! Notre mystérieux bonhomme du chapitre 36 est donc le Chaos... Hum hum... Des impressions sur ce point :D ?

Et cette vérité que Drakaïs a réalisé mais qu'elle n'est pas prête à affronter... Des idées :D ?

L'altercation Abaddon/Drakaïs me trottait dans la tête depuis trèèèèès longtemps. Et je suis plutôt satisfaite du rendu ! Et vous :D ? N'hésitez pas à me faire part de vos avis sur cette partie !

Une dernière partie et ce chapitre sera fini ! Je  vais essayer de la sortir tout aussi rapidement. Ensuite, plus que deux chapitres... J'essaye de finir cette version avant le 4 septembre (jour de ma rentrée) et j'espère réussir.

Un dernier point: on a atteint les 7K :D !!!! *fait péter le champagne, les confettis et les serpentins* Je ne vais pas m'étendre ici (on pense à la petite note !), mais...MERCI ;_; ! 7 milles mercis ! Et 7 milles câlins ! Et 7 milles bi_

*cough*

Encore une fois merci à tous ceux qui ont voté lors du dernier chapitre, merci à:

@anonyme999

@MariePichavant

@ophelie-2b

@_allianne 

@Zkissopr3ny 

@Daeyunaa

@Hudren

(je voulais mettre des petits commentaires à côtés de chaque nom mais ça fait tout buguer '3' !)

Bisous à tous et à la prochaine !

Ps: .....non, cette note est courte ! C'est juste à cause des noms '3' ! NANANANANAN ! Je ne vous entends pas ! *se met les mains sur les oreilles et se met à chanter "Hakuna Matata"* 











Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top