Chapitre 35 (partie 2):

Suite au couronnement, la nouvelle Impératrice s'était adressée à son peuple sur les marches du Temple de Telmar. Puis, comme il était coutume, la célébration avait débuté. Dans toutes les villes de l'Empire, dans toutes les casernes, la fête s'était emparée des gens.

Elle durerait six jours. Six jours de danses, de chants, de festins; six jours de pur relâchement.

Les invités au couronnement festoyaient avec l'Impératrice, dans le jardin impérial du palais. Là, une immense table avait été installée, sur laquelle chaque convive avait sa place, dans une organisation hiérarchisée et minutieuse. Les mets reposaient sur une nappe brodée de dentelles et d'or, et d'autres tables entouraient la plus grande. Alors que la table centrale servait pour les plats, les autres proposaient les apéritifs et les boissons.

L'Impératrice siégeait en tête de la table principale, entourée derrière elle de sa garde, et ayant comme voisins les invités les plus importants, qui comptaient des personnalités telles que le Diable, le Baron, la Voix Noire, la Voix Blanche et la Voix Grise. Tous les monarques appartenant au Cercle se trouvaient également proches d'elle, ainsi que les chefs religieux les plus influents, les têtes des organisations primordiales telle la Banque de Fortune, et, chose exceptionnelle, des Humain. Les Ambassadeurs envoyés par les castes humaines étaient peut-être assis loin de l'Impératrice Yuuzan comparés  à certain, mais il était indéniable qu'ils faisaient partie des invités de marque.

Barrock croisa le regard améthyste du Baron et détourna vite son attention. Cet homme était un poison, s'introduisant dans les esprits d'un seul coup d'œil. Le maître des voleurs et de l'information, c'était lui. Peut-être plus que les Yuuzans, qui exerçaient un pouvoir sur le temps. Le Baron savait tout. 

Barrock essaya d'oublier  son sourire averti et complice que le Baron lui avait offert.

Tout.

Non, il préféra se concentrer sur d'autres. Beaucoup se tenaient debout, comme lui, près d'une table où attendaient les bouteilles de vin. Barrock en était déjà à son cinquième verre. Mais il en fallait bien plus pour l'égayer au point qu'il s'oublie.

C'était un Démon, après tout. Il lui en fallait beaucoup plus pour être soûl.

Mais ce n'était pas le cas de tous. Quelques verres suffisaient à les rendre confus.

Les rires emplissaient l'air d'une énergie pleine d'euphorie et de relâchement. Ils étaient de toutes sortes: aiguës, graves, gras, silencieux; l'expression d'une joie palpable en ce temps de fête. Et surtout, communicateurs. Même Barrock, qui se joignait rarement à une telle humeur, se surprenait à rire sans façade avec les autres, son verre de vin comme précieux compagnon.

Mais alors que les autres exprimaient leur soulagement à savoir une nouvelle souveraine à la tête de l'Empire, le Démon exprimait sa jouissance, mêlée de moquerie, à savoir que ce serait là leur perte.

"Vous voir avec un tel sourire me fait plaisir."

Sortant de ses réflexions, Barrock se tourna vers Welkim, qui l'observait avec un tendre sourire, qui faisait plisser ses yeux.

Le Démon reprit une gorgée de vin, s'arrêtant sur les saveurs fruitées qui envahirent alors sa bouche.

"Il ne serait pas convenant à la situation de me laisser être insensible à l'ambiance.", répondit-il enfin, en reposant avec une paresse satisfaite son regard sur la foule attablée.

Au loin, il vit Fen Chun rayonnante, entourée d'un groupe animé. Des admirateurs qui venaient lui offrir des paroles sucrées de compliments ou bien des invités de marque qui cherchaient déjà à nouer des relations diplomatiques ? Sûrement les deux. En reconnaissant quelques têtes familières, il eut sa réponse. C'était là quelques actions non-dénuées d'intérêts: l'hypocrisie utilisée pour s'attirer les bonnes grâces de la nouvelle Impératrice teintait l'air d'une pointe d'amertume familière, que Barrock goûta avec un soupir content.

Tous ces faux semblants et ces mensonges lui rappelaient l'Enfer. Et avec cette pensée, il réalisa soudain que sa patrie lui manquait. Là-bas, l'âcreté propre à la fourberie était partout présente; tellement présente qu'elle était normale. Barrock la regrettait à chaque fois qu'il quittait les domaines infernaux.

"Il est vrai qu'un visage fermé ou un faux sourire aurait terni l'éclat d'une telle célébration.", approuva finalement Welkim.

Le Démon se crispa un instant, mais finit par se détendre en percevant l'humour dans la voix du vieux conseiller.

Il laissa échapper un petit rire, là encore sans artifice.

"Moi qui pensait être bon comédien !

-Vous l'êtes, acquiesça Welkim. Et sachez que j'admire cette force. J'ai conscience que la mort d'Elayne fut un coup très dur pour vous, et votre obstination à faire bonne figure devant nous vous honore. Mais ce sourire que vous affichez est le premier qui soit réellement honnête depuis que votre épouse nous a quitté."

Sur ces mots, Barrock fronça les sourcils. Il se sentait mitigé quant à la remarque, ne sachant pas comment la prendre. Au fond de lui, il riait cruellement de l'avoir berné. Mais il avait également une sorte de malaise à voir que ce vieux renard lisait à travers son jeu d'acteur; et cela, même s'il se trompait sur ses intentions.

"Vous êtes trop dur avec vous même, reprit Welkim. Et j'ai parfois peur d'en attendre trop de vous en de pareilles circonstances."

Barrock braqua brusquement ses yeux sur le vieux Fée de la Nuit, l'alarme montant en lui. Cherchait-il à l'éloigner ?

Il ouvrit la bouche pour répliquer; Welkim ne lui en laissa pas l'occasion:

-J'oublie souvent  à quel point vous êtes plus jeune que moi, Elitz. Mais maintenant que nous avons une nouvelle Impératrice, je sais que certains pourront profiter d'un repos mérité. Sa Majesté m'a fait la proposition de rester au Conseil le temps que la situation se stabilise. Sachez donc que vous n'aurez plus à faire tant d'efforts.

Le vieux conseiller lui avait expliqué cela avec une expression douce, de l'affection sur son visage ouvert, qui faisait briller ses yeux pourpres d'une lueur nouvelle.

Barrock crut étouffer; la panique lui comprimait les poumons. Sale renard ! En voulant lui épargner ce qu'il pensait être des souffrances inutiles, il réduisait à néant tous ses futurs plans ! Il ne pouvait pas s'éloigner de la cour ! Pas maintenant, alors que les choses sérieuses venaient à peine de commencer !

Le Démon bafouilla, cherchant quelques remarques qui sauraient faire changer d'avis le vieux Fée de la Nuit. Mais il se trouvait tout à coup incapable de défendre sa cause.

Son salut arriva sous la forme la plus ironique qui soit.

"Ah ! Conseiller Welkim ! Enfin, est-il toujours juste de vous appeler ainsi ?", s'exclama une voix de velours, remplie d'amusement et de dédain. 

Le Démon crut sa dernière heure arrivée. Par le Mal Suprême, c'était...

"Votre Seigneurie, vous pouvez m'appeler comme vous le souhaitez.", fit simplement Welkim, son visage plus neutre que jamais, toute chaleur envers Barrock l'ayant quitté à la vue de l'interlocuteur.

Et quel interlocuteur.

Naï' Seck Abaddon  en personne se trouvait à leurs côtés, une coupe d'alcool entre ses doigts fins et un petit rictus, rempli de dangers, sur ses lèvres roses. Il s'était faufilé auprès d'eux silencieusement, tel un prédateur voulant surprendre ses proies.

"Oui, c'est vrai...", minauda le Roi des Démons en observant son verre avec un émerveillement factice. Il releva le regard, qui pétillait d'un éclat moqueur et glacial. "...mais j'aime donner l'illusion d'une politesse respectueuse.", termina-t-il en riant avant de goûter sa boisson.

Barrock restait figé entre les deux hommes, n'osant par esquisser le moindre geste.  Il sentit une goutte de sueur nerveuse couler dans sa nuque. Le Roi des Démons avait tu son aura; un avantage. Barrock se serait évanoui sur place sinon. Au bout d'un instant, il décida qu'il ne servait à rien de jouer un rôle ici: réagir naturellement était ce qui passerait le mieux. 

Il laissa donc le choc et la panique s'emparer de son corps. Le vieux Fée de la Nuit, quant à lui, gardait une attitude polie. Mais sa froideur ne laissait aucun doute sur ses véritables sentiments.

"J'espère que la cérémonie était à votre goût.", déclara finalement Welkim, après avoir jaugé du regard le Diable.

Le Roi des Démons ne prit pas la peine de réfléchir autant pour sa réplique: elle fut instantanée.

"Oh, pas tant que ça, avoua-t-il, sans gêne. Après tout, c'est la troisième du genre à laquelle j'assiste." Il fronça légèrement les sourcils."A moins que ce ne soit la quatrième ?", murmura-t-il, pensif.

Barrock serra les mâchoires et jeta un coup d'œil agité à Welkim. Il devait prendre garde à sa réponse. Naï' Seck Abaddon aimait déclencher des incidents diplomatiques pour des bêtises. C'était même l'un de ses passes temps favoris.

"La cinquième, votre Seigneurie, l'informa le vieux Fée de la Nuit, de l'agacement perceptible dans sa rectification malgré tous ses efforts pour le masquer.

-Ah, c'est ça, la cinquième, oui ! ricana le Diable. C'est qu'elles se ressemblent toutes voyez-vous. A force, je n'arrive plus à faire la différence. Elles sont quelque peu ennuyantes, si vous me le permettez, ça n'aide pas."

Évidemment qu'il lui permettait: c'était le Diable ! Il fallait être fou ou horriblement puissant pour lui tenir tête.

"Je m'excuse qu'elle n'ait pas su vous distraire convenablement.", marmonna Welkim, piqué au vif mais impuissant, au vu de ses poings tremblants, à réagir comme il le souhaitait. 

Le mouvement n'échappa pas au Roi des Démons; son sourire féroce s'agrandit, bourré d'une dérision mauvaise. Barrock, lui, ne trouva aucune satisfaction dans la situation: il était bien trop terrifié pour cela. L'aura du Diable était réapparue et l'écrasait. Intimidante, elle le forçait à l'immobilité quasi-totale, tenant sur son cœur une emprise douloureuse, qui lui coupait le souffle.

Finalement, le Diable coupa court à la confrontation, rappelant son aura tout en balayant le problème d'un geste amusé de la main. 

"C'est oublié." Il détourna ses yeux, pour les fixer sur Barrock, qui eut du mal à retenir un gémissement de peur. "Et à qui ai-je l'honneur ?", demanda-t-il avec une pointe de curiosité.

Même Barrock aurait pu se laisser avoir par cette imitation. C'était seulement parce qu'il savait que le Diable connaissait son identité que la curiosité qu'il percevait lui apparaissait fausse. Un frisson le secoua. Naï' Seck Abaddon était redoutable.

"Elitz Thizpha.", se présenta-t-il d'un ton brusque.

Il vit clairement l'amusement sadique chez son roi. Pour lui, le moment était hilare. Pour Barrock, il était atroce.

'Plus jamais de cette torture.', se jura-t-il.

"Ah, ce nom me dit vaguement quelque chose... murmura le Diable. Conseiller également, n'est-ce pas ?" Il n'attendit pas sa réponse et se retourna vivement vers Welkim."En parlant de conseiller... Vous n'avez jamais vraiment répondu à ma question, Welkim ! Alors, restez-vous membre du Conseil ?"

Barrock laissa échapper un soupir de soulagement, qu'il espéra discret. Pas suffisamment, si le rictus de son roi, qui s'élargit davantage à l'expiration, en était la moindre indication.

"Pardonnez-moi, votre Seigneurie. Loin de moi l'idée de vous faire des cachotteries..." Comme si la chose était possible ! "...Pour vous répondre correctement cette fois-ci: oui, dans sa grande générosité, l'Impératrice a jugé qu'elle aurait encore besoin de mes modestes services, expliqua Welkim, parfaitement calme.

-"Modestes services"? s'esclaffa le Diable, son verre tournant entre ses doigts habiles. Voyons, Welkim, nous savons tous deux que si l'Empire a tenu tant de temps sous le règne de votre peuple, ce n'est pas grâce à feu votre roi, mais grâce à vos brillants conseils. Je suis soulagé de voir que votre nouvelle Impératrice a également eu la présence d'esprit de le reconnaître, souffla-t-il d'un ton moqueur. Les Six seuls savent qu'elle aura besoin de vous en ces temps difficiles qui s'annoncent.", annonça-t-il enfin avec un air mystérieux sur le visage.

A ses côtés, Barrock sentit Welkim se tendre face à cet avertissement. Mais le vieux Fée de la Nuit n'eut aucune chance pour demander des éclaircissements. Car déjà, le Diable s'était dirigé vers un autre sujet, son attention encore une fois sur son espion.

"Ainsi, vous n'êtes plus Conseiller ?", observa-t-il dans un murmure songeur.

Barrock se retint avec difficulté de se tortiller sur place. Le Diable ressentait-il là quelques déceptions ? Par les Six ! Personne n'avait survécu pour raconter une telle vision ! La colère passait, mais la déception... Et rien ne révélait ses sentiments sur le visage du Roi des Démons.

"Hélas.", rétorqua-t-il, en baissant ses yeux pour éviter de les poser sur l'objet de sa détresse.

Il perçut un nouveau regard sur lui à sa réponse: Welkim.

""Hélas" ? Ah, en voilà un déçu ! s'exclama le Diable avec chaleur, provoquant des frissons glacés chez Barrock. Maintenant, je vous resitue Elitz. N'était-ce pas vous qui avez perdu votre femme lors de l'assassinat de votre roi ? N'éprouvez-vous donc pas du soulagement à savoir que vous pourrez vous reposer et  faire votre deuil convenablement ? Si vous saviez ! J'échangerais presque ma place avec vous !" Il éclata de rire soudainement, ce qu'il avait dit lui apportant visiblement un grand amusement. Il se calma petit à petit, son torse toujours tremblant. "Ah, peut-être pas finalement !" Il se tut brutalement, plantant ses yeux vermeils dans ceux de Welkim. "Je crois bien que j'aime trop le pouvoir pour m'en séparer un seul instant.", termina-t-il, la voix sombre.

Il y eut un court silence entre les trois hommes. Le Diable et Welkim se fixaient du regard: l'un avec intimidation et l'autre avec froideur. Et à travers ce duel de deux volontés, Barrock comprit ce que son roi attendait de sa part. Il en aurait presque rit aux éclats: son roi était un vrai génie dans l'art de la manipulation !

"Je suis déçu, en effet.", lâcha Barrock piteusement, de l'amertume dans ses mots.

L'attention des deux hommes fut sur lui. Mais cette fois, il ne se laissa pas déstabiliser. Il était temps d'utiliser ses talents d'acteur. Au lieu d'observer le Diable en parlant, il étudiait Welkim; plus qu'à son roi, c'était au vieux Conseiller qu'il s'adressait:

-J'ai perdu ma femme lors de l'assassinat de notre roi, oui. Et c'était justement mon travail qui me permettait de supporter sa perte.

Il vit Welkim grimacer mais l'ignora, pour se concentrer sur le Diable, qui l'examinait avec un fin sourire. Barrock aurait le plaisir de donner la réplique à son roi dans ce dialogue sournois.

"Il faut savoir que ma femme était tout pour moi, votre Seigneurie. Avec sa mort, je n'avais qu'une chose à laquelle me raccrocher pour ne pas me perdre complétement: le Conseil. Cela me permettait d'oublier toute la haine, la rage et le désespoir qui m'habitent. Mais à présent..."

Barrock prit une inspiration chevrotante, se donnant de la force pour ce qu'il s'apprêtait à faire. Et tenant le regard de son roi, il laissa un voile de fureur et de menace tomber sur son visage, pour cracher avec acidité:

-Mais à présent, je crois bien que je n'ai plus aucune raison pour ne pas me perdre dans de folles entreprises.

Welkim le prit par le bras à ces paroles, la poigne ferme; alarmée. Le Diable avait pris un air glacial, son aura meurtrière se faisant suffocante en réponse à cet affront. Barrock sentit une douleur lancinante le prendre au crâne et le goût métallique du sang dans sa bouche.

Ce fut à cet instant que Barrock réalisa que le silence les entourait: toute la foute se taisait et les dévisageait avec un intérêt morbide et craintif. A la table principale, Fen Chun les étudiait avec la même intensité, ses yeux gris disséquant Barrock. Il y avait une tension qui régnait parmi les convives: tous semblaient retenir leur respiration pour voir ce qui allait suivre. Car Barrock avait provoqué le Diable. 

Et personne ne le provoquait sans en payer les conséquences.

Enfin, au bout de ce qui paru être une éternité pour Barrock, un tremblement subtil agita le coin des lèvres du Diable, son aura repris son apparence normale et ses yeux se remplirent d'hilarité. Puis, avec une force extraordinaire, que Barrock ne lui avait jamais connu, il explosa de rire, faisant sursauter les plus terrifiés. Son éclat dura quelques secondes tout au plus, son verre tressautant dans sa main. Il riait à gorge déployée, et Barrock ressentit une vive humiliation à être moqué ainsi, en public.

Mais il tua rapidement cette pensée.

"Ah, Elitz... souffla le Diable une fois calmé. Tu as du cran. Dommage que l'Impératrice n'en profite pas."

Et sur ce, il tourna les talons et les laissa, les conversations reprenant sur son passage tandis qu'il se dirigeait vers d'autres individus à tourmenter.

Le Démon réalisa alors à quel point il était tendu. Il fit rouler ses épaules, les lèvres pincées, et fusilla du regard ceux qui l'épiaient.

Le spectacle était terminé, et il se tourna pour se resservir un verre, cherchant là à se changer les idées. Sa main tremblait, et il maudit sa faiblesse. Mais pouvait-il en être autrement avec son maître ?

"Elitz, sais-tu à quel point tu as frôlé la mort ?", grogna Welkim.

Barrock eut un rire mauvais. Ah, non, il s'était trompé: il n'était pas encore tout à fait temps de quitter la scène.

"Peut-être que c'était ce que je voulais.", marmonna-t-il.

Il entendit l'inspiration choquée de Welkim à ses côtés.

"Je ne pensais pas que la mort d'Elayne t'avait fait perdre autant la raison."

Le Démon sourit avec froideur, et posa brutalement son verre sur la table devant lui, renversant quelques gouttes sur la nappe.

"Je n'ai pas menti tout à l'heure, Welkim, pesta-t-il en scrutant son regard inquiet. Seul le Conseil me permettait de garder cette raison que vous me regrettez. Sans lui, qu'est-ce qui m'empêche d'aller chercher réparation ?

-Et vous cherchez réparation dans la mort ?", s'emporta le vieux Fée de la Nuit, indigné.

Barrock laissa toute émotion quitter son visage.

"S'il le faut, lâcha-t-il gravement. Mais laissez-moi vous poser la question suivante: pourquoi cela vous importe-t-il autant ? Si c'est parce que vous avez peur que j'attire la haine du Diable sur notre peuple, je_

-Ce n'est pas cela ! le coupa Welkim, agacé.

-Alors quoi ?"

Et le Démon, à travers son rôle, se le demandait honnêtement. Il avait fouillé dans les souvenirs de son hôte et même s'il s'entendait bien avec le vieux Fée de la Nuit, rien de justifiait un tel attachement et un tel emportement de sa part.

Welkim sembla s'énerver davantage.

"J'aurais besoin d'une raison pour tenir à vous, Elitz ?"

Oui. Mais c'était là une pensée typiquement démoniaque. Barrock préféra donc garder le silence.

Il entendit vaguement une agitation derrière lui. Mais il gardait son attention sur le vieux renard. Il se cachait quelque chose derrière ce comportement. Quelque chose de louche.

Car quoiqu'il dise, c'était toujours par intérêt que l'on tenait à une personne.

N'est-ce pas ?

Welkim, sentant son trouble, sembla prêt à reprendre la parole. Mais Barrock ne saurait jamais ce qu'il s'apprêtait à lui dire: une femme apparut près d'eux. Une Yuuzan, une des suivantes de l'Impératrice.

"Sa Majesté requière votre présence.", annonça-t-elle avec calme.

Barrock laissa échapper un reniflement agacé et revint à son verre posé sur la table. Les Six seuls savaient qu'il en aurait besoin !

Du coin de l'œil, il vit que l'Impératrice avait disparu, laissant sa chaise vide et des invités perdus. Ah. Un éclair doré filant dans son champ de vision lui arracha un rictus, qu'il cacha derrière sa coupe d'alcool.

Il reconnaîtrait cette chevelure dorée entre mille: Bael'Dun Crisis, proche du Diable et son espionne favorite. Quelque soit la cause qui enlevait l'Impératrice à ses invités et qui requérait Welkim -et Barrock parierait sur Quantamoniam- le Roi des Démons serait lui aussi dans la confidence.

"Vous aussi, Conseiller Elitz. Ordre de sa Majesté.", lui apprit la suivante dans son dos.

Barrock étouffa un ricanement victorieux et posa son verre, définitivement cette fois-ci, sur la table. Ah, il était si facile de les manipuler... Il partit à la suite de Welkim, qui semblait contrarié.

Sur son chemin, il vit Bael'Dun Crisis chuchoter des mots au Diable. Il vit le sourire de ce dernier, éclatant et plein de satisfaction. Il vit enfin le clin d'œil moqueur qu'il lui envoya.

Barrock détourna son regard.

En s'engouffrant dans le Palais avec Welkim et la suivante, il sut avec certitude que lorsqu'il reviendrait dans le jardin impérial, le roi Naï' Seck Abaddon et sa suite démoniaque ne seraient plus parmi eux.


Note: Hey à tous !

Ca commençait à faire longtemps, hein ! J'espère que je me remets comme il faut dans la fin de cette versions. 

La fin, oui ! Il me reste 3/4 chapitres à tout casser ! Et je vous réserve encore par mal de choses, donc ce seront de gros morceaux divisés en parties comme celui-ci !

Dans le prochain chapitre, on retrouvera Drakaïs et les autres. Bye bye Barrock, vous le reverrez une dernière fois avant la fin du tome, mais après: réécriture :D !

Quant à ce chapitre, j'ai choisi de rester floue sur pas mal de points. Disons que je trouvais redondant de bien expliquer les ficelles de la manipulation du Diable et d'Abaddon. J'espère que vous aurez néanmoins compris les enjeux de ce chapitre :) ! A l'origine, il devait être plus long encore, et raconter ce qui allait se passer dans cette entrevue...mais pas d'inquiétude, vous saurez de quoi il en est question dans le prochain chapitre. C'est justement pour ça que j'ai coupé court: là encore, ça aurait été répétitif. 

En parlant d'Abaddon d'ailleurs ! Je me suis amusée comme une folle à l'écrire dans cette partie ! Vous avez un aperçu de son caractère, même si c'est loin de représenter quel type de personnage il est (mais j'aurais l'occasion de montrer d'autres aspects de sa personnalité dans la suite :p !). Je me rends compte que j'adore ce salaud, et que son attitude de "je-ne-te-respecte-pas-car-tu-ne-vaux-rien"est très amusante à écrire x) ! 

Comme dis plus haut, j'espère finir cette versions au plus vite pour m'atteler comme il faut à la réécriture, mais je pars en prépa littéraire l'année prochaine, et j'ai plein de choses à réviser pour cet été (vous inquiétez pas, je ne prends pas la chose comme une torture et je profite de mes vacances :p !). En tout cas, ceci explique que j'ai parfois du mal à prendre le temps nécessaire pour écrire comme je le veux. Mais je vais faire de mon mieux pour vous offrir la fin au plus vite :D ! Finis les grandes attentes, promis !

Je dédie ce chapitre à @ameliepanda ! Pour me faire pardonner pour la dernière fois la miss ;) ! 

Gros bisous à tous ! J'espère que ce chapitre vous aura plu <3 !

Ps: Boooon. Moi qui pensez m'être améliorée sur les notes !

Ps2: Encore désolé pour les fautes ! Là encore, pas beaucoup de relectures !

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top