Chapitre 29:

La lune brillait d'un éclat resplendissant dans les cieux. Les astres l'entouraient, tels une couronne de diamants alors qu'un nuage venait la camoufler de temps à autre, comme un fin manteau de fourrure.

C'était une belle nuit, délicate et sombre.

Un nuit comme Lya les aimait. 

Une nuit parfaite pour ce qu'ils s'apprêtaient à faire.

La base, leur cible, se trouvait dans une plaine entourée par des bois. Au loin, la chaîne des Artilles, montagnes altières ornées de neige, les toisait. Et Lya savait que derrière, sur l'autre versant, en hauteur, couchée sur la montagne, se trouvait Quantamoniam.

Elle pensa à Drakaïs.

Drakaïs, celle qui était sa sœur en tout sauf le sang. Intelligente, forte ; débrouillarde.

Un petit sourire effleura ses lèvres.

La Draconique devait être en pleine forme. Et Lya se demanda, avec un pincement au cœur, si sa sœur pensait parfois à elle, comme elle-même le faisait en cet instant.

Mais Lya savait que son ainée avait des choses plus préoccupantes à l'esprit.

Comme il devrait en être pour elle.

La jeune louve se focalisa de nouveau sur sa cible.

Tapie dans l'obscurité d'une colline, à l'abri des regards des gardes qui gardaient la garnison, Lya observait le camp avec une concentration extrême. Elle ignora la brise froide qui secouait sa tignasse et continua sa mission, sans esquisser le moindre frisson.

« Huit... neuf... et dix. », finit-elle de compter dans son esprit.

Dix.

Dix éclaireurs surveillaient les ténèbres.

Dix hommes à mettre hors d'état de nuire avant de s'occuper de cette base de l'Empire. Et le tout, avec furtivité. Il ne faudrait pas que l'un d'entre eux donne l'alerte...

Elle se retourna doucement et descendit la colline, ses bottines en cuir foulant le sol avec légèreté, et esquivant les obstacles grâce à sa vision nocturne.

En bas, la silhouette d'Akita attendait son rapport, les bras croisés sur sa poitrine.

« Alors ? lui demanda la louve une fois la plus jeune arrivée à sa hauteur.

-Dix. Ils font une ronde et bougent toutes les cinq minutes, répondit-elle en replaçant une mèche folle derrière son oreille.

-Et pour ce qui est de l'entrée ? demanda Akita en remontant son écharpe sur son nez.

-Ils sont deux. »

Akita hocha sèchement la tête puis se figea brutalement.

Elle avait perçu un mouvement dans la nuit.

Elle se planta devant Lya, se mettant en garde, ses griffes acérées apparaissant à l'extrémité de ses doigts. Elle scruta l'obscurité de ses yeux ambrés, prête à tout moment à déchiqueter la potentielle menace.

Derrière elle, Lya s'était elle aussi mise en position de combat.

Et soudain, un loup brun surgit devant elles en trottinant, sa langue pendant devant sa gueule.

Les deux louves se détendirent.

Fausse alerte.

Akita, avec agacement, foudroya du regard le nouveau venu.

« Idiot ! Qu'est-ce que tu fais là ? Je croyais que tu devais être avec les autres et attendre le signal ! », grogna la louve, furieuse.

Le loup brun s'assit devant elle et agita ses oreilles en tout sens.

« Voyons, Akita... gémit-il. Ne soit pas comme ça... Est-ce que ce sont des façons de traiter ton pauvre frère ?

-Mon pauvre frère ? répéta la louve avec une grimace. Mon imbécile de frère, oui ! Maintenant, répond-moi, Kyno ! Que fais-tu là ? J'espère que tu as une bonne raison pour avoir désobéi à notre alpha ! »

Lya, elle, observait la scène avec amusement. La fratrie était connue pour leurs caractères diamétralement opposés et était la source de nombreuses rigolades dans la meute.

Kyno se tassa sous l'insulte et laissa échapper un jappement désolé.

« Akita... N'élève pas trop la voix, tu veux ? Et puis, c'est Cerbère qui m'envoie... bougonna-t-il, les oreilles plaquées en arrière. Donc, pas besoin de me crier dessus...

-Tu n'avais qu'à le dire avant ! », rouspéta sa sœur, les mains sur les hanches et la tête tournée, les lèvres serrées en une ligne sévère.

Elle était bien trop fière pour s'excuser.

Cette fois, Lya n'y tint plus : elle rit légèrement, attirant immédiatement l'attention des deux autres Loups Garous sur elle.

« P'tit loup ! T'y met pas toi non plus ! », se plaignit Kyno d'un voix geignarde.

La jeune fille passa sa main derrière la tête du loup et lui gratta l'oreille pour se faire pardonner.

« Et donc, que fais-tu là ? », insista sa sœur, la tête toujours tournée sur le côté.

Son frère soupira.

« Comme je l'ai dit, c'est Cerbère qui m'envoie. Il veut vous prévenir qu'il y a un petit changement dans le plan. Elesborn est ici. », annonça-t-il innocemment.

Akita tourna brusquement sa tête vers Kyno.

« Quoi ? s'exclama-t-elle, les traits figés par la surprise. Déjà ? Je croyais pourtant que l'on s'était mis d'accord pour se rejoindre à l'aube, et que nous devions nous charger seuls de cette affaire ! tempêta Akita, le nez plissé par le mécontentement.

-Elle est venue sans les autres. Elle les a laissés dans les bois de La Feuille Argentée. », expliqua Kyno en clignant lentement des yeux.

Akita grogna.

« Cette Elfe est toujours aussi têtue... »

Lya haussa les épaules.

« Pour le moment, ça ne lui a jamais posé de problèmes... remarqua la plus jeune.

-Oui, pour le moment ! Là est la nuance ! rétorqua Akita en fronçant les sourcils. Du coup, en quoi le plan change-t-il ?

-Le signal. Plus de hurlement. Cerbère et Elesborn ont jugé que cela attirerait trop l'attention. Samya s'en chargera.

-Samya... Evidemment... rouspéta Akita en se pinçant l'arrête du nez. Je me doutais qu'elle amènerait cette foutue chouette... »

Comme une invocation, une effraie surgit alors délicatement du ciel.

Avec grace, elle se posa sur l'épaule de Lya, avant de tourner tranquillement sa tête vers Akita, qui s'était figée face à cette apparition. La chouette lâcha un piaillement outré.

Akita renifla rudement et se tourna de nouveau vers son frère, préférant ignorer l'affreux volatile.

« Je suppose que les autres sont en position ? »

Kyno se contenta d'hocher la tête.

« Bien. », apprécia-t-elle. Elle pivota vers Samya. « Ils sont dix, dont deux à l'entrée. Tu sais ce qu'il te reste à faire. »

Pour toute réponse, le rapace cligna doucement et lentement de ses larges yeux avant de s'envoler, aussi silencieusement qu'un spectre.

« Par les Six... Je hais cette foutue chouette... », grommela Akita en enfouissant une nouvelle fois son nez dans son écharpe.

Depuis des temps immémoriaux, l'effraie était considérée comme un messager de la Mort. Ses ailes déployées lui donnaient l'apparence d'un fantôme. Et certains y voyaient là un mauvais présage; funeste.

Kyno et Lya partagèrent un regard entendu : Akita était vraiment superstitieuse...

Silencieuse et droite, une figure se tenait cachée dans les ombres rassurantes du bois, aux bordures de la plaine.

Elle aimait cette paix qui régnait à ce moment précis de la nuit.

Dans quelques heures seulement, l'aube se lèverait et cette atmosphère toute particulière disparaîtrait. Mais en attendant, les ténèbres étaient opaques et pures ; toutes à elle.

Son regard glissa sur la garnison, située un peu plus loin, et elle nota avec un amusement détaché que les loups avaient déjà encerclé la base.

Leurs adversaires ne verraient rien venir...

Les prédateurs n'attendaient qu'une seule chose avant de fondre sur leur proie : le signal.

Bien. L'opération pourrait bientôt débuter.

Elle porta alors son attention vers la montagne, ou plutôt, sur ce qui se trouvait de l'autre côté.

Quantamoniam.

Située seulement à une vingtaine de kilomètres de là, à vol d'oiseau.

Leur prochaine destination.

Leurs alliées les attendaient, ses troupes et les Loups-Garous, pour la bataille à venir.

Les Enfants de Gaïa étaient des êtres prudents. En acceptant d'aider les Draconiques, ils savaient qu'ils risquaient de s'attirer des ennuis ; de s'attirer une attention dont ils n'avaient pas besoin pour le moment.

Alors, ils avaient fait appel aux Elfes et à la meute de Cerbère. L'Apha de la meute de la Nuit Blanche avait insisté pour participer aux combats. Les Elfes, eux, étaient un peuple de guerriers, suffisamment éloignés des Enfants de Gaïa pour ne pas leur être affiliés immédiatement.

Leurs troupe étaient minces. Une cinquantaine d'Elfes et une vingtaine de Loups-Garous.

Mais les Draconiques devraient s'en contenter le temps que le conflit prenne plus d'ampleur.

Le temps que le conflit soit suffisamment important pour que les Enfants de Gaïa se risquent à compromettre leur neutralité si durement gagnée.

La bataille décisive aurait lieux dans deux jours. Si tout se déroulait comme prévu, ils devraient arriver la veille.

Mais d'abord, il fallait s'occuper de cette base... Elle était sur leur chemin. Ils devaient rejoindre le Passage furtivement, et ne pouvaient donc pas se permettre d'être repérés par des soldats de l'Empire. Leur présence, si loin de leurs territoires, ne serait que suspicieuse.

Le seul moyen d'assurer cette discrétion était de les contraindre à l'ultime silence. Un mort ne pouvait pas parler. Du moins, pas sans l'aide d'un Nécromancien aguerri.

Il leur faudrait donc mettre fin à la vie d'une centaine d'hommes et de femmes. Leur accorder le sommeil éternel.

Elle fut coupée dans ses pensées en apercevant une tâche immaculée dans le ciel noir. Elle leva le bras pour recevoir l'oiseau, qui se posa avec douceur. La chouette laissa échapper un piaillement de joie lorsque qu'elle lui caressa d'un doigt la tête. Elle sourit, cette action cachée par les ténèbres.

« Elesborn. »

L'Elfe se retourna vers celui qui l'avait apostrophé, Cerbère, et d'un signe de la tête, l'invita à continuer. Le chef de la meute se plaça à ses côtés et contempla un instant la vue qui s'offrait à lui, sans doute en proie aux même pensées qu'elle avait eu un peu plus tôt.

« Il est temps. », annonça-t-il.

L'Elfe hocha simplement la tête et d'un mouvement vif du bras, renvoya Samya dans les airs. Ils regardèrent le rapace s'élever dans les cieux et lâcher son hululement en guise de signal.

Cerbère s'accroupit devant Elesborn pour lui permettre de monter sur son dos. Elle s'exécuta et sortit une flèche de son carquois. Elle savoura avec un léger sourire la sensation de la flèche entre ses doigts, avant de l'encocher à son arc de bois blanc, arme raffinée mais incroyablement dangereuse entre ses mains.

« Pas de prisonniers, n'est-ce pas ? demanda-t-elle, sa voix claire brisant le silence qui s'était installé.

-Non, on ne prend aucun risque : pas de prisonniers. », acquiesça-t-il en se relevant.

Elesborn fronça les sourcils.

En tant que gardien de la vie, causer de la sorte la mort d'une centaine d'individus la mettait mal à l'aise. Mais l'acte était nécéssaire.

Plus loin devant eux, ils pouvaient voir que les autres étaient passés à l'action et se rapprochaient doucement de la garnison.

Avec un grognement pour prévenir l'Elfe, Cerbère s'élança vers le camp, ses muscles puissants  roulant sous l'effort de sa course. Sur son dos, Elesborn gonfla son torse en avant et banda son arc, prête à tout instant à lâcher son tir.

La chasse était ouverte.

L'entrée du camp reposait dans une douce lueur, amenée par les braseros et les torches qui trônaient aux cotés et aux battants de l'immense porte en bois, ultime défense si la base venait à être attaquée. Une cloche, présente pour donner l'alerte en cas d'assaut, était à seulement quelques pas des gardes qui surveillaient la nuit et l'entrée.

Etouffant un bâillement, Luce Frendin se déplaça d'une jambe sur l'autre, essayant en vain de réveiller ses jambes engourdies.

Par les Six... Encore une heure à tenir ainsi, devant la porte... Il lui tardait de pouvoir repartir au lit et de terminer sa nuit avant de commencer une nouvelle journée...

A côté d'elle, son compagnon, un vieux soldat, Grill Zenir, lui lança un sourire fatigué. Visiblement, elle n'était pas la seule à vouloir retrouver son oreiller et ses couettes...

« On aura l'air bien fins, demain, avec nos têtes de déterrés, pour entamer les festivités ! s'exclama le vieux soldats d'un air grognon.

-Oh, je t'en prie ! fit Luce en roulant ses yeux. Tu te fiches des festivités ! Tout ce qui t'importe, c'est de retrouver ton précieux lit ! Espèce de vieux flemmard ! finit-elle en riant.

-Oui, bon... Avoue tout d'même qu'on a vraiment pas d'chance sur ce coup-là ! »

Luce fut bien obligée d'hocher la tête en signe d'assentiment. Leur tour de garde tombait vraiment au mauvais moment. Et dire qu'ils avaient prévu une fête, dans la matinée, pour célébrer le couronnement de leur nouveau souverain... A deux jours de la cérémonie, le camp commençait déjà la fête. Modérément pour le moment, mais avec plus de force au fur et à mesure que la date fatidique approchait. Et Luce et Grill ne seraient pas les plus en forme pour y participer, avec cette nuit chargée !

« Dis-toi que nous ne sommes pas les seuls à nous sacrifier et que c'est un mal pour un bien... On ne peut certainement pas laisser le camp sans surveillance, même une seule nuit ! Surtout pendant les temps qui courent... »

Elle sentit Grill acquiescer à ses mots. Un silence suivit ces paroles, bienvenu et apaisant.

« Pourtant, c'est plutôt calme en ce moment... », lança finalement Grill en soufflant sur ses mains pour les réchauffer.

Luce haussa les épaules.

« Trop calme, si tu veux mon avis... », répondit-elle en scrutant l'obscurité devant elle.

Elle l'entendit ricaner et elle laissa échapper un petit éclat. Depuis le temps qu'elle travaillait avec Grill, elle connaissait son rire sous toutes les coutures. Et celui-ci avait le son d'un rire moqueur.

« C'est vrai, mais c'est pas moi qui vais m'en plaindre... Par le cul du Diable ! Qu'est-ce ça caille ! », pesta-t-il en se frottant les côtes.

Cette fois, ce fut au tour de Luce de rire avec moquerie.

« C'est vrai... Ce n'est pas comme si le froid était monnaie courante en cette saison... insinua-t-elle en lui jetant un coup d'œil amusé.

-C'est ça, c'est ça... Joue donc à la plus maligne avec moi ! Tu verras que lorsque t'auras mon âge, tu seras plus sensible aux changements de température ! », rétorqua-t-il en se rapprochant du flambeau qui éclairait l'entrée.

Elle leva les yeux au ciel et regarda sans réelle attention son souffle dans la nuit.

« Lorsque j'aurai ton âge, je ne serai pas une vieille râleuse qui grogne à tout va ! », fit-elle en reposant son attention sur la plaine qui s'étendait devant eux.

Grill l'applaudit sarcastiquement.

« Ah, ah. Bravo, jeune fille. Si c'est comme ça que l'on montre du respect à un homme qui est depuis plus d'un siècle dans l'armée, je peux t'assurer que t'auras pas le temps de vieillir ! », la prévint le soldat en la pointant du doigt avec une fausse sévérité.

Luce secoua la tête, les lèvres étirées en un large sourire.

« Mais oui... commença-t-elle. Continue comme ça, et c'est toi qui ne pourra pas savourer ta vieillesse, vieux sque_ », elle se tut soudainement, plissant des yeux pour mieux y voir.

Elle avait cru remarquer une forme bouger, là, juste devant, dans les ténèbres.

Comprenant par le brusque changement de la soldate que le temps des plaisanteries était terminé, Grill mis la main à l'épée et adopta la même posture que sa collègue. C'était une chose que Luce appréciait chez lui. Grill savait parfaitement s'adapter à la situation, et cela, sans qu'on ait besoin de le lui dire.

« Du mouvement ? », demanda-t-il au bout d'un moment.

Elle hocha la tête à l'affirmative.

« T'es sûre ? »

Cette fois, elle répondit négativement.

Ils scrutèrent l'opacité de la nuit avec une grande concentration et appréhension, retenant leur souffle et attendant le moindre signe d'une présence, alliée ou ennemie.

Au bout d'un long moment à ne rien apercevoir d'anormal, ils adoptèrent de nouveau une posture plus décontractée.

« Fausse alerte, soupira Luce avec soulagement.

-'Vaut mieux être trop sur ses gardes que pas assez, marmonna Grill en se rapprochant du brasero, tout en jetant des coups d'œil brusques sur les côtés.

-Ce n'est pas faux. Ce sont des choses qui peuvent te sauver la vie...

-Pour sûr. »

Ils gardèrent le silence. L'humour qu'il y avait encore quelques moments auparavant c'était évaporé. Ne restait plus que la tension et la fatigue.

Soudain, un sifflement retentit dans l'air, au dessus de leur tête, clair comme le cristal.

« T'as entendu ? », s'exclama Grill en se remettant en garde.

D'un coup raide de la tête, Luce acquiesça.

« On aurait dit _ », débuta le vieux soldat.

Un corps inerte tomba devant lui en un bruit sinistre, l'interrompant dans sa réplique.

Il s'agissait de l'un des gardes qui faisait la ronde sur la passerelle, juste au dessus d'eux. Et plantée dans son crâne, en plein milieu du front, se trouvait...

« ...une flèche, finit Grill en dégainant son épée. Luce, va donner l'alerte.»

Sans même répondre, elle se dirigea en vitesse vers la cloche, ne pensant plus qu'à prévenir le reste du camp de l'attaque.

Son cœur battait la chamade.

Qui pouvait bien les attaquer ?

Les Draconiques ?

De peur, elle serra les poings tandis qu'elle courait vers son objectif, si proche, mais qui lui paraissait si loin à cet instant.

Elle avait entendu tant de rumeurs affreuses sur les Lézards... On racontait qu'ils dévoraient les enfants et que leur forme reptilienne était aussi terrifiante que celles des créatures dont ils descendaient...

Un long frisson lui parcourut le corps.

De nouveau, le son cristallin se fit entendre, brisant l'air par son chant net et éclatant.

Luce eut seulement le temps de ressentir une brève douleur à la tête.

Puis, plus rien.

Percevant le bruit mat d'un corps s'écroulant au sol, Grill se tourna vers Luce, seulement pour la voir à terre, une flèche fichée derrière le crâne et une flaque coulant déjà autour de sa tête. Le visage de la jeune femme avait encore l'expression de surprise et de panique qu'elle avait dû ressentir lorsqu'elle avait été touchée.

Elle venait à peine de fêter ses vingt-sept ans... Le vieux soldat jura et se dirigea vers la cloche.

Un grondement bestial s'éleva à ses côtés.

Il se figea et sentit ses poils se dresser sur sa nuque.

Par les Six. « Trop calme », hein ? C'était toujours trop calme avant une attaque.

Il se tourna vivement, l'épée prête à déchirer la chair de la créature poussant un tel grognement.

Mais ce furent les crocs de son ennemi qui trouvèrent son cou. Les griffes de son ennemi qui lui tailladèrent le torse et l'éventrèrent. Le poids de son ennemi qui l'écrasa au sol.

Un goût métallique envahit sa bouche et le vieux soldat sentit le sang couler de ses lèvres et de ses plaies béantes. Ses yeux, se voilant déjà, se levèrent vers son assaillant.

C'était un loup blanc gigantesque, les babines retroussées sur des dents acérées et le sang venant empoisser sa fourrure immaculée. La bête planta ses yeux ambrés dans les siens, et Grill crut y voir une once de pitié.

« Un putain de Loup-Garou... », comprit-il avec rage.

Qu'est-ce qu'un tel monstre pouvait bien faire dans cette plaine, aussi éloigné de sa précieuse forêt ?

Un déplacement vif attira l'attention vacillante de Grill.

L'archère, sur le dos du loup.

Celle qui avait tué Luce.

Il fut frappé par son apparence.

Revêtue d'une élégante armure légère, son carquois pendant stoïquement dans son dos et une épée courbée flanquée à sa taille fine, la femme inspira en lui un inexplicable sentiment de terreur, qui le paralysa. Ses cheveux châtains, attachés en une queue de cheval résolue, flottaient autour de sa figure. Un mince mouvement attira son attention au niveau de ses tempes. Son souffle lui manqua à la vue de qu'il découvrit alors : des oreilles élancées.

Une Elfe.

La panique commença à le submerger, tandis que le sang, emportant sa vie avec lui, venait teinter la terre d'une couleur vermeille.

Ils étaient attaqués par une Elfe.

Grill ferma momentanément ses paupières.

Non...

Ils étaient attaqués par une Elfe et des Loups Garous.

Lorsque ces bestioles se baladaient, seules à quelques rares exceptions, et ceci n'en était pas une, c'était toujours en meute. Et nul doute qu'avec une taille pareille, ce loup blanc devait être un alpha. Grill ressentit un désespoir profond en comprenant ce que sous-entendait la présence de tels adversaires.

Une partie des forces de la Forêt Originelle s'attaquait à l'Empire.

Un bruit clair le tira de ses réflexions.

L'Elfe encochait déjà une nouvelle flèche, qu'elle pointait dans sa direction. Elle planta son regard dans le sien. Un regard froid et méthodique.

Grill lâcha un gargouillis incompréhensible, le sang jaillissant de sa gorge et de son ventre.

La bête détourna la tête et s'adressa aux ténèbres, d'où provenaient des halètements et des grognements énervés. Grill avait bien deviné : il y avait bien des Loups Garous.

« Pas de risques inutiles. », prévint le loup blanc d'un ton qui écartait toute opposition.

Des aboiements et des jappements enjoués lui répondirent. C'était bien l'alpha.

« Pas de prisonnier. Le feu se chargera d'éliminer les preuves.»

L'archère avait lâché ces dernières paroles avec froideur. Une froideur qui dénotait avec la beauté de sa voix, aussi cristalline que le son de ses flèches fendant l'air.

Un massacre. La garnison allait se faire annihiler. Les soldats dormaient tous. Et ils allaient se faire égorger dans leur sommeil. Ils n'auraient même pas la chance de combattre pour défendre leur vie.

Il fallait donner l'alerte.

De tous les gardes en poste, Grill devait être le seul encore en vie.

Sa respiration se fit saccadée et des tâches noires commencèrent à apparaître dans son champ de vision.

Mais pour encore combien de temps ? Et même s'ils ne le tuaient pas, il était loin d'être en état de se lever pour aller sonner cette foutue cloche.

Grill tenta de nouveau de parler. Quitte à crever comme un chien, au sol et dans son sang, autant le faire en beauté.

« S...Saloper_ »

Un sifflement devenu bien trop familier l'empêcha de terminer son insulte.

Note: Hey :D ! Un petit chapitre (9 pages, c'est petit :p !) qui arrive très rapidement ! Bon, pour celui-ci, j'ai juste fait quelques modifications: je n'ai pas eu beaucoup de travail :") ! Le suivant, par contre...je vais devoir le ré écrire entièrement ! Il mettra donc sûrement plus de temps à arriver (et je pense qu'il sera en plusieurs parties car j'ai pleins de choses à dire !).

Mais parlons un peu de ce chapitre !

On retrouve Lya et Cerbère ! Leur dernière apparition remonte au chapitre 6 ! Fiou ! C'était il y a longtemps :") ! Ça m'a fait plaisir de les retrouver, surtout que je peux vous présenter quelques membres de la meute par la même occasion.

Elesborn, aussi. Ah, elle, j'attendais de l'introduire dans le récit depuis le premier chapitre :D ! J'espère qu'elle vous aura plu !

Oh, une petite remarque: les flèches sont normalement silencieuses. L'impression qu'elles font du bruit nous vient des films, mais en réalité: niet ! Jai appris cette information après avoir écrit le chapitre et j'ai préféré garder ce manque de réalisme car j'avais utilisé le bruit des flèches pour ajouter un petit effet de style :"). Bref.

Je dédicace ce chapitre à @Daeyunaa :D ! Ces commentaires, souvent des pavés (et ce n'est pas un défaut!) me font toujours plaisir (en fait, tous vos commentaires me font plaisir XD !)! Donc, voilà une dédi' pour toi :D !

(pour les autres, vous inquiétez pas, il me reste encore des chapitres :p !)

J'espère que vous aurez apprécié ce chapitre :D !

Vous êtes contents de retrouver les Loups Garous ?

Qu'avez vous pensé d'Elesborn ?

Gros poutou et à la prochaine !

Ps: no comment sur la taille de la note :p.

Ps2: C-1 avant le chapitre C ;) !

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top