Chapitre 20 (partie 2):
Ils avaient marché pendant vingt bonnes minutes avant d'arriver à destination. En silence, évidement. Un silence chargé de tension. Firma et Enzo avaient laissé les blessés en arrière pour des raisons qui étaient inconnues à la Draconique. Elle aurait bien aimé pouvoir poser la question, et bien d'autres encore, mais sa colère et l'irrépressible sentiment qu'on ne lui répondrait pas, l'en avaient empêché.
Durant le trajet ; Drakaïs avait eu tout le temps de réfléchir et avait fini par en arriver aux conclusions suivantes : ces deux hommes, ainsi que le Maître qu'ils avaient mentionné, étaient de vieilles connaissances de Drakayn et ils appartenaient sûrement à une organisation aux occupations plutôt douteuses. Elle devait cette impression aux vêtements qu'ils portaient –Qui prendrait la peine de cacher son visage si ses intentions étaient bonnes ?− mais surtout parce qu'ils les avaient attaqués, en pleine rue et en pleine nuit. Nul doute que Drakayn devait les avoir connus, et surtout, côtoyés, pendant son premier séjour à Quantamoniam. Le Démon s'était d'ailleurs bien gardé de lui raconter ce qui l'avait amené en ces lieux et ce qu'il y avait fait. Il avait toujours été extrêmement vague lorsqu'elle avait tenté de lui extirper des réponses.
Et maintenant, ils se trouvaient devant un bâtiment tout à fait...normal. Drakaïs ne savait pas réellement à quoi elle s'était attendue pendant qu'ils marchaient dans des ruelles toutes plus sombres les unes que les autres, mais ce n'était certainement pas cela. Enfin, quand elle y réfléchissait, c'était plutôt logique. Il fallait forcément un endroit qui passe inaperçu mais tout de même, elle était surprise. Il avait fallu qu'ils s'arrêtent devant le bâtiment exact pour qu'elle comprenne qu'ils étaient arrivés. Et même alors, elle en avait douté.
Mais quand elle le regardait de plus près, elle se rendait compte que le bâtiment en question avait des traits qui lui étaient particuliers. La porte d'entrée, notamment. Ou plutôt, sa poignée. Elle représentait un crâne gravé dans un minerai inconnu et des larmes de sang coulaient de ses orbites. C'était plutôt lugubre et elle comprit qu'elle allait rentrer dans un lieu qui était plus ou moins lié à la mort. On ne lui laissa pas plus de temps pour examiner le bâtiment, car Firma et Enzo ouvrirent la porte en murmurant une phrase dans un dialecte mystérieux. Un mot de passe. La porte s'ouvrit avec un sombre grincement qui fit frissonner la Draconique. Elle avait un mauvais pressentiment; elle n'aimait pas cet endroit.
« Vous avez gardé le grincement ? Eh bien, le Maître aime toujours autant mettre les choses en scène... », s'amusa Drakayn.
Enzo haussa les épaules.
« Il a toujours cette petite lubie, oui, ricana Firma. Venez.», termina-t-il en entrant, suivi par Enzo.
La porte se referma derrière eux en un claquement sonore qui fit sursauter Drakaïs.
« Ça, c'est nouveau. », lui apprit Drakayn en lui jetant un regard amusé.
Elle l'ignora et se concentra sur les alentours.
La pièce dans laquelle ils se trouvaient était vaste et elle comprit qu'ils étaient dans le hall d'entrée. En face d'eux se trouvait un escalier en bois sombre qui menait à l'étage. Le hall était ténébreux et faisait tout pour mettre mal à l'aise les gens qui s'y trouvaient. Les murs étaient noirs et les meubles qui occupaient la salle étaient tous d'une couleur rouge sang. La lumière était produite par des bougies de tailles différentes éparpillées un peu partout. Cependant, un lustre gigantesque, qui représentait la Grande faucheuse, était la principale source de lumière. Et au centre, des canapés et des fauteuils entouraient une large table.
Drakayn s'assit nonchalamment sur un des sièges et d'une tape à côté de lui, fit signe à Drakaïs de s'asseoir elle aussi. Elle s'exécuta avec réticence. Enzo s'assit en face d'eux et prit un livre. Firma, lui, s'adossa à une commode, derrière eux.
« Vous savez, vous n'êtes pas obligés de nous surveiller comme vous le faites. », déclara le Draconiaque au bout d'un moment.
Drakaïs entendit Firma pouffer derrière elle.
« Et c'est toi qui dit ça ? C'est justement parce que c'est toi, Henkiel, que l'on prend autant de mesures.
-Firma a raison. Qui sait de quoi tu pourrais être capable.», affirma Enzo sans même lui jeter un bref regard.
Drakayn fit la moue.
« En un siècle, on a l'occasion de changer.
-Certes. Mais les gens comme toi et Firma ? Difficilement. »
Firma rigola de nouveau.
« En tout cas, je remarque que le Maître fait toujours attendre ses « invités ».», nota Drakayn en baillant.
Drakaïs elle-même se sentait fatiguée. Ses paupières se faisaient de plus en plus lourdes et l'adrénaline commençait à disparaître.
« Tu sais bien ses manières d'agir. Faire attendre le client ou l'invité pour le laisser réfléchir à la raison de sa venue ou pour mettre à mal leur patience et leurs nerfs. Les rendre mal à l'aise pour qu'ils soient plus malléables par la suite. Enfin, tous les gens ne se laissent pas piéger par cette épreuve, expliqua posément Enzo sans lever les yeux de son livre.
-Nous ne nous sommes pas laissés piéger, non. », acquiesça Drakayn en le regardant intensément.
Même dans son épuisement, Drakaïs comprit qu'il ne parlait pas d'elle et de lui en employant le « nous ».
« C'était la première épreuve, oui. Par les Six ! Cela me fait me sentir vieux tout à coup ! C'était il y a si longtemps ! s'exclama Firma.
-Et je suppose que les autres de tout à l'heure passaient aussi une épreuve, n'est-ce pas ? La quatrième ou la cinquième ?, fit Drakayn avec un sourire féroce.
-La quatrième. Notre but n'était pas de te tuer.», reprit Enzo en tournant une page.
Drakayn afficha un air surpris.
« On me considère encore comme l'un des vôtres ? »
Cette fois, Enzo leva les yeux et l'observa.
« Peut-être. Je ne sais pas. En tout cas, l'occasion était trop belle. Tu es un adversaire de valeur et seuls les meilleurs des novices sortiront vivants de ce combat. »
Drakaïs se sentit partir et s'écroula sur l'épaule de Drakayn qui la regarda brièvement. Il passa un bras autour de ses épaules et la serra contre lui. Elle était trop fatiguée pour même protester ou pour s'embarrasser.
Firma gloussa.
« Comme c'est mignon.», roucoula-t-il en s'asseyant sur l'accoudoir près de la Draconique.
Drakayn lui jeta un regard noir : un avertissement. Firma leva les mains en l'air et secoua la tête, un sourire sur les lèvres. Drakaïs, pas tout à fait partie, fit un effort pour rester éveillée. La conversation était trop importante et elle ne pouvait pas se permettre de s'endormir. Pour une fois qu'elle apprenait des choses sur Drakayn...
« Vous avez pris dix-huit d'entre eux, reprit Drakayn, neuf pour moi et neuf pour elle.
-On se doutait bien qu'elle serait à la hauteur. Les faibles ne restent pas avec toi. Et puis, nous savions bien que tu pouvais faire face à plus de neuf d'entre eux. Les novices de cette année ne sont pas extraordinaires. », expliqua posément Enzo.
Drakaïs se sentit secouée lorsque le Draconiaque haussa les épaules.
« Vous n'en saviez rien." Son ton se fit plus dur. "Vous ne pouvez même pas imaginer la journée que l'on vient d'avoir... Et même moi, j'ai mes limites. Surtout avec un bras cassé. »
Serait-ce un reproche que Drakaïs entendait ? Elle leva les yeux vers son compagnon. Il avait l'air furieux et ses yeux étaient devenus rouges. Il ne cachait même plus sa nature.
« Ça alors ! Tu avais vu juste Enzo ! ricana Firma. Un compatriote ! Pourquoi t'être donné tout ce mal pour nous le cacher durant toutes les années où tu étais avec nous ?
-Cela n'a plus d'importance, rétorqua Enzo avant que Drakayn ait le temps de répondre. Et pour ce que tu viens de dire Henkiel, sache que c'étaient les ordres. Nous n'avons fait que les suivre. »
Drakaïs ne pouvait s'empêcher de penser que cela ressemblait à un semblant d'excuse de la part d'Enzo. Elle l'observa attentivement. Il avait toujours sa capuche sur la tête et son masque lui cachait la moitié inférieure du visage. Il avait les yeux bridés d'un gris profond, tout comme ses cheveux, et le teint ocre.
« Un Yuuzan... », lâcha-t-elle d'un air pâteux, en fermant un bref instant les yeux.
Elle sentit le regard d'Enzo sur elle et comprit qu'elle avait vu juste.
« Et donc, qui est-elle ? », fit le Yuuzan en scrutant intensément la Draconique.
Drakayn hésita un court instant avant de répondre :
-Ma partenaire.
Firma éclata de rire.
« Ta partenaire, hein ? », insinua Firma en jetant un clin d'œil au Draconiaque.
Au ton de Firma, Drakaïs ouvrit les yeux.
« Pas de cette manière là... », protesta-t-elle en replongeant dans un était comateux.
Cette fois, les trois hommes explosèrent de rire. Firma se tordait en deux tandis que Drakayn contenait un peu mieux son rire. Enzo quant à lui, tentait de se retenir mais échouait : un léger ricanement s'échappait de ses lèvres.
« Je la plains d'être avec un type comme toi, fit Firma après avoir repris son calme.
-Tu ne devrais pas. Elle me rend la vie impossible... », ricana Drakayn.
Drakaïs grogna en guise de réponse, ce qui fit sourire les deux Démons.
« Elle est jeune.», déclara finalement Enzo.
Drakayn haussa les épaules et dit :
- On l'est tous à un moment donné.
-En parlant d'âge, je serais curieux de savoir le tiens. Le vrai. Pendant l'Entretien, tu as dit en avoir vingt et comme c'était il y a plus de cents ans, tu devrais avoir autour des cent-quarante ans aujourd'hui... Mais c'était un autre mensonge, n'est-ce pas ? pouffa Firma avec malice.
-Je suis outré ! s'indigna faussement Drakayn. Je ne vous ai pas menti sur ce point là. J'avais bien vingt ans lorsque j'ai passé l'Entretien.
-Je suis donc toujours plus vieux que toi, ricana Firma.
-Et de loin, ajouta Enzo.
-En tout cas, je n'avais rien vu venir. Ça ne m'avait jamais traversé l'esprit que tu puisses être un Démon et que tu nous aies menti pendant tout ce temps, expliqua Firma avec un air pensif.
Drakayn sourit et suggéra :
-Ta capacité à détecter les mensonges est peut-être moins bonne que tu le penses...
-Humf ! Ne prend pas la grosse tête parce que tu as réussi à me berner !
-Ne t'inquiète pas, je l'avais déjà avant.
Les deux Démons s'observèrent avec amusement.
Un raclement de gorge les interrompit et ils levèrent tous les trois la tête. Drakaïs gémit dans son sommeil mais ne se réveilla pas. Un homme les observait, à l'étage, d'un air froid et calculateur, mais aussi amusé.
« A ce que je vois, on refait connaissance. », nota le nouveau venu.
Les trois le regardèrent en silence. Ce fut finalement Drakayn qui prit la parole :
-J'ai cru comprendre que tu voulais me voir, Yls.
Enzo et Firma jetèrent au Draconiaque un regard rempli d'horreur. On ne parlait jamais ainsi au Maître. Pas si on voulait rester vivant. Mais au lieu de s'énerver, le Nocturne rit.
« Toujours le même à ce que je vois ! Suis-moi. Seul. »
Il n'attendit pas de voir si Drakayn allait suivre ses ordres : il disparut.
Drakayn jeta un coup d'œil à la Draconique. Elle dormait. Seuls les Six savaient à quel point elle allait lui faire regretter de l'avoir laissé en arrière, mais le Maître avait bien précisé qu'il devait venir seul. Et puis dans son état, il doutait qu'elle arrive à suivre quoi que se soit.
Il se leva donc délicatement pour ne pas la réveiller et se dirigea vers l'escalier. A la première marche, il s'arrêta pour lancer :
-Une dernière chose : s'il lui arrive quoi que se soit pendant mon absence, je vous tue. Tous. Et croyez moi, j'en suis capable.
Sa voix était effrayante, remplie non pas de menaces, mais de promesses. Il n'attendit pas de voir leur réaction et reprit son ascension.
Il n'avait pas besoin d'être guidé et le Maître le savait très bien. Il connaissait cet endroit comme sa poche. Après tout, il avait passé presque dix ans ici, dans ces couloirs aux allures de labyrinthe et entre ces murs lugubres. Il avait de bons souvenirs, mais aussi des plus mauvais en rapport à ce lieu, et c'était avec un certain malaise qu'il se retrouvait là. Hésitant et attendant il ne savait quoi, Drakayn se trouvait devant la porte du Maître et n'osait pas l'ouvrir. Combien de fois l'avait-il passée ? Trop souvent lorsqu'il y réfléchissait. Cela lui semblait si lointain... C'était il y a plus de cent ans ! A cette époque, il ne pensait qu'à venger son père. Il sourit avec amertume à ce souvenir. La situation n'était-elle pas la même aujourd'hui encore ? Si. Cela l'obsédait toujours autant, même s'il avait désormais d'autres sujets de préoccupation en plus.
Il songea à Yls, qui l'attendait, là derrière. C'était un homme qu'il ne fallait pas sous-estimer. Oh non... Le sous-estimer aurait été une grosse erreur... Une très grosse erreur. Pourquoi ? La réponse était évidente. Tout d'abord, c'était un Nocturne. Et tout le monde savait qu'il fallait être fou pour sous-estimer une créature pareille. Ensuite, il était membre du conseil de la ville. Il était un conseiller très important et tous les habitants savaient que la ville était presque sous sa coupe. Et enfin, il était le maître d'une organisation puissante, qui travaillait dans l'ombre et que de nombreux hommes, de pouvoir ou non, avait utilisé. Et ce dernier rôle n'était connu de personne, mis à part de ses membres. Un miracle en soit quand on savait depuis combien de temps Yls alliait ces deux activités : des siècles.
Drakayn inspira profondément. Le Maître voulait le voir. Il y a un peu plus d'un siècle de cela, il avait quitté la guilde plutôt précipitamment : il n'avait prévenu personne. Il s'était donc attendu à ce qu'Yls veuille s'entretenir avec lui une fois que la nouvelle de son retour serait parvenue à ses oreilles. Comme il avait espéré se tromper ! Il aurait préféré ne plus jamais remettre les pieds dans cet endroit. Non pas qu'il le détestait. C'était un endroit qu'il appréciait énormément et qui avait été pendant longtemps la chose qui se rapprochait le plus de son « chez-soi ». Mais, cela faisait partie de son passé. Quantamoniam faisait partie de son passé. Et tout ce qui touchait à son passé avait la fâcheuse tendance à lui rappeler l'assassinat de son père et son terrible désir de vengeance. Surtout ce lieu lorsqu'il y réfléchissait, puisqu'il avait abrité l'un des instruments de la mort de son père.
Il secoua la tête. Ne pas ressasser le passé. Ne pas être prisonnier du passé. C'était ce que Fergon lui disait. Mais comment faire quand le passé s'obstinait à vouloir faire partie de votre vie ? Il ne le savait pas et c'était là le problème.
Il fit appel à sa volonté et ouvrit la porte.
Yls était assis à son bureau, le même depuis le départ du Démon, et fouillait dans sa paperasse, les sourcils froncés. La pièce était toujours la même. Propre et ordonnée; le reflet même de la personnalité du maître de la guilde des assassins la plus connue et la plus redoutée de Quantamoniam, si ce n'était des six mondes : les Mercenaires Sanglants. Et il fut un temps où Drakayn en faisait également partie, sous un autre nom.
« Henkiel, le salua simplement le Maître.
-Yls.», répondit Drakayn en prenant place sur la chaise se trouvant juste devant le bureau.
Drakayn n'avait jamais donné son vrai nom au Nocturne, jugeant que celui-ci était trop connu et que cela aurait révéler bien plus que des paroles le but de sa présence à Quantamoniam, cent ans auparavant. Maintenant, en plus du fait qu'il était là en tant que Draconiaque et que l'homme qui se trouvait devant lui était un membre du Conseil de la cité, il ne voyait pas vraiment de raisons à donner sa véritable identité.
Le Nocturne leva les yeux de ses papiers et scruta le Draconiaque.
« Je suppose que tu te doutes de la raison de ta présence ici.
-J'ai quelques idées, en effet. »
Yls sourit et c'était quelque chose d'étrange lorsque l'on savait qu'il souriait rarement. Un signe de mauvais augure.
« Il y a cent ans j'ai été très déçu, tu t'en doutes, d'apprendre ton départ. Surtout qu'il était si... »
Le maître de la guilde laissa en suspend sa phrase, semblant avoir du mal à trouver le mot qu'il cherchait.
« Précipité ? proposa Drakayn
-Oui, précipité. C'est le mot. »
Ce moment aurait pu paraître ironique. Aurait pu. Car le Nocturne savait parfaitement quel terme utiliser et avait délibérément laissé parler Drakayn. L'atmosphère se fit plus lourde et plus étouffante.
« Alors, vois-tu, lorsque j'ai appris ton retour, je me suis dit que tu pourrais venir éclaircir les raisons de ton départ précipité. »
Drakayn savait qu'il aurait dû se sentir effrayé. Mais il ne l'était absolument pas. Un sourire carnassier s'épanouit sur les lèvres du Démon.
« Tu ne devrais pas être amusé, Henkiel. Tu vas me vexer si tu continues à arborer ce rictus alors que je veux que tu te sentes mal à l'aise. Et tu ne veux pas me vexer. Crois-moi. »
Le ton d'Yls s'était fait terriblement dangereux. Pourtant, le sourire de Drakayn s'élargit.
« Evite-moi ce numéro, Yls. Ça ne prend pas .Tu es très doué, mais le rôle du méchant maître tyrannique qu'on ne doit surtout pas énerver n'a jamais marché avec moi... et tu le sais. »
Yls étendit ses jambes sur son bureau et croisa ses bras sur son torse.
« Ce n'est pas un rôle. »
Drakayn leva les mains en l'air.
« Pardon. Mais tu avoueras que ta manie de tout mettre en scène prête parfois, si ce n'est souvent, à confusion. »
Cette fois, le Maître rigola. D'un rire amer.
« Tu n'as vraiment pas changé Henkiel. Mais tu devrais savoir, et toi en particulier, que le comportement que tu as avec moi en cet instant, n'est pas approprié, siffla Yls. Maintenant, répond moi, pourquoi es-tu parti et surtout: pourquoi es-tu revenu ? Et ne tourne pas autour du pot. »
Cette fois, peut-être que Drakayn était allé trop loin. Mais il ne pouvait pas s'en empêcher. Et il n'aimait pas la façon dont le maître prononçait son nom d'emprunt...
« Je suis parti car j'en avais envie et que je n'avais plus besoin d'être ici. Et les raisons de mon retour ne concernent que moi et n'ont aucun rapport avec toi et ta guilde.
« Ma guilde ? Aux dernières nouvelles, tu fais toujours partis de ma guilde, Henkiel. »
Non, décidément, il n'aimait vraiment la manière dont le Nocturne prononçait ce nom... C'était bien trop sarcastique à son goût. Le Draconiaque haussa un sourcil.
« J'aurais pensé qu'on m'aurait radié de la guilde après mon départ. »
Le Maître le regarda d'un air amusé.
« Que crois-tu, Henkiel, que tu es le seul de la guilde à t'absenter pendant des années pour ensuite revenir comme si de rien n'était ?
-Non, mais je pensais être le seul à m'être absenté pendant plus d'un siècle. Et pour ta gouverne, je ne reviens pas. Mon temps en tant qu'assassin de la guilde est révolu.
-Ah oui ? Et que fais-tu maintenant ? Tu combats l'Empire ? »
Le sourire de Drakayn se fana.
« Pardon ? »
Yls apprécia un moment l'effet de ses paroles avant de reprendre :
-Tu croyais vraiment que j'allais être dupe longtemps lorsque tu es arrivé ici, il y a cent ans ? J'ai toujours su que tu étais un Draconiaque. Et lorsque l'on sait cela, ton retour ici n'est plus aussi mystérieux. Et le fait que tes réponses soient si floues n'a fait que confirmer mon idée. »
A quoi bon nier ? Avec un homme comme Yls, ce serait stupide.
« Et donc ?
- Et donc, je vais te dire exactement la même chose que j'ai dite à Akhal Saneur : Je veux en être. »
Drakayn, en entendant le nom d'Akhal, grimaça.
« Tu as toujours l'ambition d'être le maître de la ville à ce que je vois. Je connais peu d'hommes aussi mégalomanes que toi, constata le Démon.
-Que veux-tu, chacun à un but dans la vie... Je veux cette ville. Et je ferai ce qu'il faut pour l'avoir.
-Même si ça signifie la trahir, n'est-ce pas ? Car c'est de la trahison. Tu fais toujours partie du conseil de la cité, je me trompe ?
-La trahir ? Dis plutôt que je lui rends service ! Avec la bande d'incapables qui est à sa tête, un nouveau conseil choisi par mes soins ne lui fera que du bien ! »
Les deux hommes s'examinèrent en silence.
« Maintenant, si je t'ai fait venir ici, c'est pour te demander un service, Henkiel, ou quel que soit ton véritable nom.», reprit le Nocturne en se levant.
Donc, même s'il savait qu'il était un Draconiaque, Yls ne savait pas réellement qui il était ? Du moins, pas encore. Drakayn réfléchit quelques secondes avant de demander :
-Qu'est-ce qui te fait croire que je te rendrais ce service ? Tu as beau dire que je fais encore partie de la guilde, je ne me considère plus sous tes ordres.
Yls ricana méchamment.
« Henkiel, Henkiel, Henkiel... Ne joue pas à l'idiot avec moi. J'ai beaucoup d'alliés et je peux très bien prendre cette ville par moi-même. La seule chose qui me manque pour le faire, c'est l'occasion. Une est justement en train de se présenter devant moi, mais je peux très bien en attendre une prochaine. Depuis combien de temps penses-tu que je muris ce projet ? Je peux bien me permettre d'attendre encore un peu si vous ne voulez pas de mon aide. Car c'est une aide et d'être un nouvel allié, que je vous propose. Mais n'oublie pas que je peux être tout le contraire. On a remarqué une Draconique dans les Souterrains aujourd'hui, mais l'homme qui nous a rapporté cette nouvelle n'a pas été pris au sérieux. La chose serait différente si une personne telle que moi clamait qu'une invasion est imminente. »
Drakayn avait froncé les sourcils tout au long de la tirade d'Yls. Le Maître en avait deviné bien plus que ce que le Démon ne l'avait imaginé.
« De plus, si tu me rends ce service, tu pourras considérer toute rancune entre nous comme oubliée. Même une chose telle que la mort d'un des membres de la guilde.»
Le Démon tiqua sur la dernière phrase du Maître. Il réfléchit sérieusement à la valeur de son offre. On lui proposait d'oublier tout ce qui c'était passé et de tout reprendre à zéro, mais surtout une alliance. Et pas des moindres.
« Et quel est ce service exactement ? », accepta finalement le Draconiaque en soupirant.
Yls sourit à Drakayn d'un air victorieux.
« Je voudrais que tu négocies avec tes supérieurs pour moi. »
Le Démon se rendit compte qu'il avait retenu son souffle lorsqu'il se remit à respirer. Si ce n'était que cela... Il s'était attendu à bien pire de la part du Nocturne. Car après tout, Yls avait fait tellement pire...
« Mais je vais y mettre quelques conditions... », ajouta en souriant le Maître.
Drakayn se crispa. Évidemment, cela aurait été trop beau... Après tout, c'était d'Yls dont il était question.
Et Drakayn avait le sentiment qu'il n'allait pas apprécier ces conditions...
Note: Hey à tous !
Je poste ce chapitre plutôt rapidement, oui !
Mais on entame une partie du récit qui me plait énormément...Et vous l'avez sans doute deviné, mais la Guilde des Mercenaires Sanglants y est pour beaucoup ! Eh oui... Une guilde d'assassins, si c'est pas ti bô toussa ? J'y fait allusion depuis quelques temps maintenant, et personne ne l'a remarqué dans les commentaires, donc, j'étais toute contente de vous faire cette surprise !
En espérant qu'elle était réussie !
Alors, voyons ce que nous avons là...
Un combat: pas trop fouillis j'espère ? J'avais souvent relu ce chapitre... Et la scène du combat, sans être trop détaillée, me satisfaisait (comparée à celle du dernier chapitre...).
De nouveaux personnages: Ah...Enzo et Firma... Mes deux assassins préférés... Il faut savoir que j'ai imaginé tout un tas de trucs sur ces deux lascars... Et je pense sérieusement à écrire quelques nouvelles sur eux... A voir quand j'aurais le temps ! Qu'en avez vous pensé ?
La guilde des Mercenaires Sanglants: Un très gros morceau, mes amis... Pour le moment, vous n'en savez pas grand chose, mais c'est très important ! Qu'attendez vous de ce nouvel allié potentiel ?
Yls: Ah ah ! SURPRISE mes loulous ! Vous vous n'y attendiez pas, hein ? Quand je vous disais qu'Yls était important ! Et notre Nocturne cache encore des choses... Est-ce que vous le voyez différemment à présent ?
Drakayn: BAM ! Là aussi: SURPRISE :D ! J'avais laissé quelques indices sous-ententant que Drakayn avait fait beaucoup de choses à Quantamoniam... Alors, si je résume: mercenaire et assassin ? Eh ben ! Vous en apprenez plus sur ce coco ! Et il y a du meurtre là-dessous...lié à son père (évidemment !). Une petite opinion là-dessus ;) ?
C'est vraiment un chapitre que j'ai pris plaisir à écrire. Je ne pense pas qu'il y aura de grosses modifications dessus... Mais j'attends vos avis avant d'être sûre :) !
Je dédicace ce chapitre à Hudren qui est tout simplement adorable à me donner son avis et ses conseils, ainsi que ses corrections ! Avec whitevador, vous vous complétez bien :D ! Merci à vous deux ! Je vous encourage à allé faire un tour sur son profil ! Il a une plume remarquable !
Sur ce, je vous laisse !
Ciao !
Ps: Bon. La note est un peu moins longue... Mais toujours plus que celles d'avant... Hum...
Ps 2: Oh ! J'oubliais presque ! La Révolte des Dragons vient de dépasser les 3 000 vues ! C'est énorme ! Je vous remercie tous, vous qui lisaient, qui votaient, qui commentaient ! Je ne sais pas quoi vous dire car je suis très émue... Merci. Gros câlin et poutou à tous ! Il faut que je me remette au cadeau pour les 2 000 vues !
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