1
Mélusine enfila son maillot de bain et s'examina dans le miroir en pied de sa chambre. Elle se passa les mains sur les hanches d'un geste sensuel, et s'attarda sur son ventre. Elle sourit de satisfaction. La chirurgie esthétique était vraiment l'une des plus belles inventions de l'homme moderne. Sans elle, la jeune femme ne serait pas là aujourd'hui.
Elle attrapa une serviette, s'en ceignit les hanches et sortit de la chambre. Paul l'attendait à la piscine. Et on ne faisait pas attendre Paul !
Arrivée au bord de l'eau, elle retira la serviette et plongea. Ses longs cheveux roux formèrent un halo de feu autour d'elle, donnant l'impression qu'il y avait le feu dans la piscine. Elle remonta à la surface à l'endroit exact où se trouvait Paul. Elle s'accouda aux bords et lui envoya un sourire éblouissant.
- Tu as failli me faire attendre Mélanie. Et tu sais que je déteste ça !
- Désolée Paul, mais je voulais mettre le maillot de bain parfait !
Elle sortit de l'eau, essora ses cheveux, et tourna devant lui.
- Qu'en penses-tu ? Il te plaît ?
L'homme se leva et fit le tour de la jeune femme. Lorsqu'il s'arrêta face à elle, il avait un sourire gourmand sur les lèvres. Mélusine sut qu'elle avait bien choisi.
Elle se colla à lui et lui caressa le torse du bout du doigt. Elle le sentit frissonner et accentua la pression de son doigt. Il lui attrapa le poignet et la força à le regarder.
- Ce n'est pas le moment poupée. J'attends du monde.
- Ah bon ? Qui ça ?
- Un homme qui pourrait devenir mon nouveau garde du corps. Depuis que François c'est fait arrêter, je suis trop vulnérable.
- Je suppose que tu t'es déjà renseigné sur lui ?
- Tu me prends pour qui ?
Mélusine explosa de rire. Il crut qu'elle se moquait d'elle, mais en réalité, c'était de lui qu'elle rigolait. Cela faisait déjà trois semaines qu'elle jouait sa petite amie, et il n'avait toujours pas compris qu'elle appartenait aux services secrets français.
Elle déposa un baiser sur ses lèvres et alla s'allonger sur un transat. Elle était sur cette affaire depuis plus de six mois. Il lui avait fallu passer un certain nombre de tests avant de pouvoir s'installer chez lui.
Elle l'avait côtoyé pendant des mois avant de réussir à ce faire remarquer. Elle avait déployé des trésors de séduction pour qu'il pose les yeux sur elle. Et durant tous ses mois, Mirando ne s'était jamais aperçu qu'elle ne s'intéressait absolument pas à lui de cette façon.
Soit il était totalement stupide, soit elle était une excellente actrice ! Les deux devaient être vrai, car il n'avait pas encore découvert qui elle était. Et depuis qu'elle le côtoyait, elle avait pu se rendre compte qu'il avait une haute estime de lui.
Soudain, elle sentit une main s'insinuer sous l'élastique de son maillot de bain. Elle ouvrit vivement les yeux, prête à repousser l'opportun, mais arrêta son geste de défense en reconnaissant son soi-disant amant. Elle força un sourire sur ses lèvres et posa doucement sa main sur la sienne.
- Après tout, on pourrait se prendre un peu de plaisir poupée. Il pourra toujours attendre si on n'a pas fini !
Il essaya de faire glisser le slip le long des jambes fuselées mais Mélusine l'arrêta. Il était hors de question qu'elle couche avec lui.
- Mais quelqu'un pourrait nous voir. Ce n'est pas très discret ici.
- Je m'en fiche. Est-ce que ça te dérange ?
Mélusine savait qu'il n'y avait qu'une seule bonne réponse à sa question. Pourtant, elle osa le défier. Elle était persuadée que son côté combatif plaisait au trafiquant.
- Oui, ça me dérange. Et je t'ai déjà dit qu'il ne fallait pas trop attendre de moi pour le moment. Je ne suis pas encore prête pour ça.
Paul eut un sourire carnassier et tenta vainement d'insinuer ses doigts sous son slip, mais Mélusine tint bon. Il déposa un baiser dans son cou et descendit lentement vers sa poitrine, mais la jeune femme l'arrêta d'un mouvement brusque.
Le trafiquant poussa un grognement de frustration et se releva.
Elle se leva à son tour et déposa un baiser sur le coin des lèvres du trafiquant. Puis elle plongea dans la piscine. À cet instant elle rêvait d'une douche bien chaude qui la laverait des traces laissées par les mains de ce sale type.
Lorsqu'elle immergea de l'eau, Paul n'était plus seul. Il y avait avec lui trois autres hommes. Elle en connaissait deux. Il s'agissait de l'homme de confiance de son amant et du dernier garde du corps qui lui restait. Le dernier en revanche lui était totalement inconnu.
Elle posa les coudes sur le bord de la piscine, et examina cet homme. Des cheveux noirs comme l'ébène, des épaules athlétiques, un ventre plat, des fesses fermes, des cuisses musclées. De là où elle se trouvait, elle ne pouvait donner qu'une estimation de sa taille, mais il devait être grand, car Paul paraissait tout petit à côté de lui. Et pourtant son amant mesurait déjà un mètre quatre-vingts.
- Mélanie ma chérie, vient donc par là ! J'aimerais te présenter.
Elle pencha la tête en arrière pour remettre un peu d'ordre dans ses cheveux et sortit de l'eau. Comme quelques minutes plus tôt, elle tordit sa longue chevelure pour l'essorer, puis se drapa de sa serviette. Enfin, elle s'approcha du groupe en faisant bien attention d'onduler des hanches de manière suggestive. Son professeur serait fier d'elle. Il lui avait fallu des heures pour arriver à ce résultat. Et pour que ça paraisse naturel !
Paul enroula son bras autour de sa taille et la plaqua contre lui. Mélusine se laissa faire. Elle était hypnotisée par l'homme devant elle. Il était le plus bel homme qu'elle n'ait jamais vu. Il avait des yeux d'un gris lumineux qui lui faisait penser à la couleur d'une perle.
Son sang se mit à bouillir dans ses veines lorsqu'il lui sourit en découvrant une fossette sur sa joue gauche. Elle ne s'était pas rendue compte qu'il faisait aussi chaud. Et son cœur battit plus vite lorsqu'elle prit la main qu'il lui tendait.
Elle se força à reprendre ses esprits. Elle ne devait pas se laisser emporter par ses sensations. Elle avait une mission à remplir.
Elle lui sourit d'un sourire niais, et gloussa lorsque Paul lui donna une claque sur les fesses. Elle détestait ce rôle qu'on lui avait attribué, mais elle jouait le genre de femme qu'aimait Paul. Le style "belle mais rien dans la tête".
- Ma poupée, je te présente Wentworth Fairbanks ! Il propose d'être de mon garde du corps. Qu'en penses-tu ?
Mélusine pencha la tête sur le côté et fit mine de l'examiner. En réalité, elle essayait de le cerner. Il ne correspondait pas au style de Paul. Tous les hommes dont il s'entourait étaient des gros baraqués, tatoués, et qui relevaient plus du taulard que de l'homme d'affaire. Alors qu'il suffisait de mettre un costume trois pièces à l'homme en face d'elle pour qu'il se transforme en parfait PDG.
- Tu sais bien que je m'en moque mon lapin. Du moment qu'il fait son boulot, et qu'il te garde en vie, c'est tout ce qui m'importe.
Il lui planta un baiser possessif sur les lèvres et l'éloigna de lui. Elle chancela légèrement, mais reprit vite contenance. Elle ne voulait pas se montrer sous son mauvais jour face au nouveau garde du corps de Paul. Pour une obscure raison, elle voulait lui faire bonne impression.
**********************************************************************
Evan fut heureux de pouvoir échapper à la jeune femme. Il était hypnotisé par sa beauté. Jamais il n'avait vu de femme aussi belle.
Elle avait de long cheveu roux qui lui tombaient jusqu'aux reins, des yeux verts comme l'émeraude qui promettaient mille merveilles, et un corps à damné un saint. Et tout le monde savait qu'il n'était pas un saint.
Il prit place dans le fauteuil que lui proposait Mirando. Il s'installa confortablement, les jambes étendues devant lui, les bras bien à plat sur les accoudoirs. Puis il plongea son regard dans celui de son futur employeur. En tout cas, il l'espérait.
Monaghan l'avait envoyé dans cette mission sans aucune préparation, ce qui ne lui ressemblait absolument pas. Evan ignorait tout de la tâche qu'il aurait à accomplir. Son patron lui avait seulement dit qu'il devait absolument se faire embaucher comme garde du corps auprès de Paul Mirando. Premier trafiquant de drogue du monde, le FBI voulait le voir derrière les barreaux.
La seule chose qui avait été préparée pour cette mission avait été son dossier personnel. Monaghan avait fait en sorte que son passé soit totalement effacé, et remplacé par un autre inventé de toutes pièce. Il avait dû l'apprendre en vitesse dans l'avion, et avait peur de commettre un impair devant sa cible.
- Alors, dites-moi. Comment avez-vous découvert que j'étais à la recherche d'un nouveau garde du corps ?
Evan croisa lentement ses doigts, et se pencha en avant pour réduire la distance qui les séparait.
- Ce n'était pas difficile. Tout le monde dans le milieu sait que tu as perdu l'un de tes hommes. Étant donné que j'ai une certaine expérience dans les missions au corps à corps, et qu'il est de notoriété publique que tu payes bien tes employés, je me suis dit que je pourrais profiter de l'occasion.
Mirando prit le dossier qu'il possédait sur Evan et se mit à le lire. Aucun sentiment ne venait troubler la placidité de son visage. Un peu sur les nerfs, le jeune homme s'adossa à son fauteuil et tourna la tête vers la fenêtre. Ce fut une erreur !
Dehors, la petite amie de Mirando effectuait des mouvements de gymnastique qui tendaient les muscles de son corps et la rendait sensuelle. Il fut incapable de détourner les yeux de ses courbes voluptueuses. Il rêvait de pouvoir parcourir sa poitrine ferme de ses mains, son ventre plat de sa bouche, et son intimité de sa langue.
Il se redressa et croisa les jambes pour cacher son érection grandissante. Mirando ne devait pas voir l'effet que produisait sa copine sur lui. Ce serait du plus mauvais effet qu'il découvre qu'il désirait sa femme.
- Votre CV est impressionnant. Vous avez vraiment travaillé pour tous ses gens ?
- Je n'ai pas l'habitude de mentir !
- Pourquoi les avoir quittés ?
- Je ne reste jamais très longtemps à la même place. Je deviens moins efficace si je m'attache à mon patron.
- Ce qui veut dire que vous me quitterez bientôt ?
- Lorsque j'en ressentirais le besoin. Mais bien sûr, je choisirais mon remplaçant avant de partir. C'est ainsi que je fonctionne. Vous aimez ou pas, je m'en moque. Mais je peux vous dire que mes anciens employeurs ne ce sont pas plaint. Vous pouvez les appeler pour vérifier si vous le désirez !
Evan paraissait serein en apparence, mais son cœur était au bord de l'infarctus. Il suffisait que Mirando appelle un seul des numéros qui étaient sur sa liste, et il était un homme mort. Bien sûr, il n'avait protégé aucun des hommes inscrit sur son CV, et les connaissait encore moins. Mais leurs noms évoquaient des liens très fort avec le réseau des trafiquants de drogue. Monaghan avait pensé que ce serait suffisant pour le faire embaucher.
Alors qu'il voyait sa dernière heure approcher à grand pas, Mirando se leva et lui tendit la main. Evan retint le soupir qui était au bord de ses lèvres et lui sourit tout en lui serrant la main.
- Bienvenu dans mon équipe monsieur Fairbanks.
Le trafiquant l'invita à le suivre, et lui fit visiter sa somptueuse demeure. Evan compta pas moins de dix chambres. Il se demanda si la jeune femme dormait avec Mirando, ou si elle possédait sa propre suite.
- La jeune femme de tout à l'heure a-t-elle sa propre chambre ?
Il savait que sa question pourrait paraître indiscrète, ce qu'elle était, mais il fit passer ça sur le compte de la protection. Mirando sembla le croire.
- La chambre de Mélanie se trouve au bout du couloir à gauche. La mienne est juste en face. Nous sommes très proches tous les deux.
Evan hocha la tête et examina le couloir. Il y avait une fenêtre à chaque bout. Il devait être facile d'entrer dans la maison par là. En les observant de plus près, il vit le système d'alarme et soupira. Mirando n'était pas aussi bête qu'il l'espérait.
Son nouveau patron ouvrit la porte de la chambre à côté de la sienne, et le fit entrer.
- Cette pièce est la vôtre. C'est ici que vous dormirez. Il y a une porte secrète qui donne directement sur ma chambre.
Mirando actionna un mécanisme caché dans le mur, qui s'ouvrit. Aussitôt le lit de son patron apparu. Evan passa par le passage et enregistra l'agencement de la pièce. Il fallait qu'il soit capable de s'y déplacer dans le noir sans se cogner.
Evan avait une mémoire phénoménale. Il se souvenait de tous les détails insignifiants. Par exemple, il était capable de voir que la lame de parquet juste à côté du pied du lit était disjointe, et que donc très probablement elle grinçait. Il devrait donc l'éviter.
Et il arrivait à engendrer ses petits riens d'un simple coup d'œil. C'était une qualité qu'il avait depuis toujours.
Lorsqu'il eut fini son inspection, il se retourna vers Mirando avec un grand sourire. Rien qu'en quelques minutes, il avait plus avancé dans sa mission que les agents sur le terrain depuis des mois.
- Vous ne prenez pas de notes ?
- Je n'en ai pas besoin. J'ai tout dans la tête, et je trouve ça dangereux de mettre par écrit les forces et les faiblesses de votre demeure. Des gens malhonnêtes pourraient tomber dessus et s'en servir à mauvais escient.
- C'est vrai, je n'y avais pas pensé. C'est un bon point pour vous Fairbanks !
Evan ne montra pas sa joie, comme tout garde du corps qui se respecte. Pourtant à l'intérieur, il jubilait. Il venait de remporter une grande victoire. Mirando venait de lui donner sa confiance.
***************************************************************
Mélusine se rua dans sa chambre lorsque les deux hommes entamèrent le tour de la propriété. Elle devait prévenir ses supérieurs qu'un nouveau problème venait de faire irruption. Elle ignorait tout de cet homme, et cela ne lui plaisait pas.
Jusqu'à présent, elle contrôlait entièrement la situation. Mais ce nouvel aspect de sa mission lui faisait peur. Son instinct lui disait que cet homme pourrait se révéler dangereux pour elle. Mélusine ne savait pas encore de quelle manière, mais elle sentait qu'elle était en danger.
Elle ouvrit son armoire et démonta la lame de parquet qui cachait tout son matériel. Il n'avait pas été facile de le faire pénétrer dans la propriété, mais elle n'était pas une espionne par hasard. Elle avait étudié toutes les techniques, et s'était entraînée dur pour en arriver là où elle en était.
Elle prit la mini oreillette et la fixa à son oreille. Elle appuya sur le bouton pour le mettre en marche et se rendit dans la salle de bain. Elle se sentait plus en sécurité dans ce lieu.
- La fée appelle contrôle.
Il y eut des grésillements sur la ligne avant qu'une voix ne lui réponde.
- Contrôle on t'écoute. Qu'as-tu de nouveau ?
- Paul vient d'embaucher un nouveau garde du corps. Il faudrait faire des recherches sur lui. Je sens qu'il y a quelque chose qui cloche avec lui.
- Nom !
- Wentworth Fairbanks ! Je ne sais rien de plus ! Je vous rappelle quand j'ai du nouveau.
Elle retira l'oreillette et soupira. Il était toujours dangereux de prendre contact avec ses supérieurs. Et chaque fois qu'elle le faisait, elle était heureuse de ne pas se faire prendre.
Elle rangea son matériel dans son sac et remit la lame de parquet à sa place. Même un œil exercé ne soupçonnerait rien. Elle était fière de sa planque.
Mélusine savait que les hommes de main de Paul avaient fouillé sa chambre lorsqu'elle s'y était installée. Elle avait eut peur qu'il ne découvre son arsenal, mais ne s'était pas inquiétée outre mesure. Elle était sûre d'elle. Sa technique était infaillible !
Elle sortit en trombe de sa chambre et se cogna dans ce qu'il lui sembla être un mur. Mais deux mains fermes la retinrent pour l'empêcher de tomber. Elle frissonna avant de relever la tête. Elle reconnut sans peine le nouveau garde du corps de son amant.
Elle reprit difficilement le rôle de l'écervelée. Cet homme avait le don de lui faire oublier tout ce qui était important dans sa vie.
- Heureusement que vous étiez là monsieur Fairbanks, sinon je me retrouvais les fesses par terre.
- Ça aurait été dommage d'abîmer un aussi joli postérieur !
Elle gloussa comme une grue. Pourtant il lui démangeait de lui envoyer un coup de poing en pleine figure pour lui retirer son sourire de séducteur.
- Seriez vous en train de me draguer ?
- Vous ne croyez pas que ce serait un peu stupide de ma part de flirter avec la petite amie de mon tout nouveau patron ?
- Oh vous savez, moi je ne m'abaisse pas à réfléchir. Il y a des gens qui s'en occupent pour moi.
Il baissa la tête et plongea son regard dans le sien. Mélusine avait la désagréable impression qu'il arrivait à lire en elle, et cela lui fit peur. Elle tenta de reculer mais il l'en empêcha.
- J'ai du mal à y croire mademoiselle. J'ai plutôt la sensation que vous êtes une merveilleuse actrice qui joue à la perfection les idiotes. Dites-moi donc ce que vous faites ici ?
Mélusine sentit la panique monter en elle, mais ne se laissa pas démonter. Elle fronça les sourcils et prit un air innocent.
- Je passe juste de bons moments avec Paul. Je ne sais pas combien de temps ça va durer, mais durant ce temps, j'en profite.
Elle haussa les épaules avec une moue de petite fille qu'elle avait prise à sa fille. Puis elle tourna les talons et s'éloigna de lui. Tandis qu'elle le fuyait, elle sentait son regard qui s'attardait sur son dos. Elle se força à garder une attitude sereine pour ne pas trahir l'anxiété qui s'était emparée d'elle.
Comment cet homme avait-il fait pour la démasquer aussi facilement ? Il avait juste fallu qu'ils se retrouvent face à face pour qu'il la soupçonne. Il fallait absolument qu'elle se surveille devant lui. Sa mission en dépendait.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top