chapitre vingt-six
Evan
Evan pourrait tuer Anastasia. Il savait qu'elle était à l'origine de toute cette mascarade. En rentrant du travail, il avait trouvé la maison vide. Il s'était alors réfugié dans sa chambre pour tomber nez à nez avec William. La porte derrière lui avait claquer avant qu'il n'entende le bruit familier de la serrure.
Ils s'observaient à présent dans le blanc des yeux. Evan connaissait son meilleur ami et pouvait presque goûter son anxiété tant elle transparaît dans la pièce. Il mâchonnait doucement son pouce gauche, se balançant de gauche à droite.
Le blond ne comptait pas prendre la parole le premier. Et il savait que son ami le savait. Ils pouvaient entendre les pas d'Ana derrière la porte, elle semblait tourner en rond.
« Je suis un gros con, finit par dire le rouquin. »
Evan acquiesça.
« Je pensais pas que Luke pouvait être si.. argh mais quel connard ce mec. Je voulais juste vous aider, je me disais que c'était peut-être le début d'une grande histoire d'amour comme dans les films et tout. Mais bon, j'ai mal jugé la situation.
- Ah tu penses ?
- Si tu veux tout savoir, j'ai passé plusieurs heures à engueuler Luke. Mais il veut rien comprendre. Il a continué à dire des trucs de merde et... hum.. il se peut que je lui ai mis une droite. »
Ils entendirent un « quoi ?! » étouffé par la porte.
« T'es complètement malade, c'est ton meilleur pote, souffla le blond ;
- Peut-être. Mais je t'ai promis que je défoncerais la gueule de tous les homophobes qui te feront du mal et Luke a dit-
- Luke a quoi ? »
En plus d'avoir joué avec lui, l'un de ses plus anciens amis avait tenu des propos discriminatoires à son égard. Génial. Super. Evan avait envie de se jeter du balcon.
« Je pense pas que tu veuilles savoir, mais je te promets qu'il recommencera plus jamais.
- T'es complètement malade.
- Tu l'as déjà dit.
- N'interviens plus jamais dans ma vie sentimentale je t'en supplie.
- Oui, oui. Évidemment. Je suis tellement désolé Evan. Tu mérites tellement mieux que d'être traiter comme ça. Je t'aime tellement fort et ça me bouffe depuis une semaine et-»
Evan le coupa en le prenant dans ses bras. Son ami ne l'avait jamais serré si fort.
« Moi aussi je t'aime, Will. »
Ils entendirent la porte s'ouvrir. William conserva un bras sur son épaule.
« C'est bon vous êtes rabibochés ?
- Alors toi, mais alors toi, jura Evan ;
- Eh ! Tout doux, c'est grâce à moi si vous êtes de nouveaux les meilleurs amis du monde entier.
- Merci, Anastasia, la remercia son ami. »
Evan fit semblant de vomir.
« Pas besoin de lui lécher les bottes non plus, elle est déjà folle de toi.
- T'es juste jaloux, mais tu restes le roi dans mon cœur mon petit Evanounet. »
Le jeune homme se retrouva à fuir à travers sa maison pour éviter les bisous baveux de son ami d'enfance.
Evan n'avait pas mis les pieds au travail depuis une semaine. Il n'avait pas non plus répondu aux messages de James. En résumé, Evan était dans le pétrin.
En franchissant la porte arrière, il ne s'attendait pas à tomber directement sur l'homme qui occupait toutes ses pensées. Une paire d'yeux verts lui coupa le souffle.
« Evan, murmura son collègue.
- Salut ? »
James le prit dans ses bras, déposant un tendre baiser au creux de son cou.
« Tu m'as manqué, vraiment beaucoup. »
C'est dans cette embrace que le jeune homme sut où était sa véritable place. Il passa un bras sur les épaules de son amoureux, l'autre autour de sa taille.
« Toi aussi tu m'as manqué, James. »
Ils restèrent longtemps comme ça. Aucun des deux ne souhaitant se séparer de l'autre.
« Ça va mieux ?, lui demanda-t-il finalement en se reculant ;
- Oui, oui. Beaucoup mieux. J'ai juste eu une semaine compliquée.
- Tu veux en parler ?
- Pas maintenant. Mais on va en parler, c'est important. »
James hocha la taille, l'embrassa rapidement et lui indiqua qu'il retournait dans la boutique. Le blond en profita pour ranger rapidement ses affaires dans son casier, envoyer un pouce en l'air à Ana et attacher ses cheveux en chignon rapide. Bien qu'il anticipait la discussion tant attendue avec son presque-petit-ami, il était plus que fier de lui de ne pas avoir contourner le sujet. Pour construire cette relation sainement, il en allait de son devoir d'assumer ses propres sentiments mitigés.
Evan attacha son badge au-dessus de son cœur et gagna la salle principale. James discutait avec une jeune femme aux cheveux roses dont le blond semblait connaître le visage. Peut-être de la fac ? Les laissant à leur conversation, il se plaça derrière le comptoir, anticipant déjà les longues minutes de silence et d'ennui.
La librairie ne connaissait pas un grand succès. Elle tournait avec ses habitués, deux trois touristes de temps à autres, mais rien de quoi remplir sa journée. Cependant, tant qu'il obtenait sa paie à chaque fin de mois, aucune remarque n'allait naître de sa part.
Le blond la côtoyait régulièrement quand ses études ne le bouffaient pas encore de l'intérieur. William, Luke et lui avaient pour habitude d'acheter leurs livres de cours puis de se poser à la terrasse du café d'en face pour se pencher sur des devoirs à s'en arracher les cheveux. Leur petit jeu de première année était de tester toute la carte, amenant parfois le cuisinier à innover. Ils n'y étaient plus allés depuis des mois.
« Mon soleil ! Je savais pas que tu bossais aujourd'hui ! »
Eleanor le tira de ses pensées, semblant s'être matérialisée devant ses yeux. Elle tenait deux livres d'art dans ses mains, sûrement pour parfaire la décoration de son bureau à la maison.
« Et oui, il faut bien gagner son argent à un moment ou un autre.
- Ça va ? Pas trop compliqué ?
- Ça va. Je fais pas grand chose depuis tout à l'heure donc la reprise est pas très dure. »
Le regard de sa mère fut attrapé par une forme au-dessus de son épaule. Il aperçut le bras tendu de James avant de l'entendre.
« Enchanté, James. Vous devez être la mère d'Evan ? Vous avez les mêmes yeux, se présenta-t-il ;
- Ah ! Le fameux, j'entends beaucoup parler de toi à la maison. Appelle-moi Eleanor, je pense qu'on va être amenés à bien se connaître tous les deux, lui répondit-elle sur le ton de la confidence ;
- Je l'espère. »
Le regard de James était d'une intensité telle que le blond sentait tout son corps se réchauffer.
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