chapitre dix-huit





Evan


     Le soleil était déjà haut dans le soleil quand Evan descendit les marches de la maison. Il embrassa la joue de sa mère en la passant puis pénétra dans la cuisine pour prendre quelque chose à manger. Il remarqua dans un premier temps que la cafetière était étrangement vide puis dans un second temps que la tasse préférée d'Anastasia n'avait pas bougé du placard.
Il saisit quelques gâteaux et s'installa aux côtés de sa mère.

« Chris et Ana ne sont pas là ?, demanda-t-il la bouche pleine ;
- Qu'est-ce que c'est que ces manières !
- C'est toi qui m'as élevé. »

Eleanor fronça faussement les sourcils. Il sourit.

« Ils sont partis vers Édimbourg ce matin.
- Quoi ? Mais pourquoi ?
- On est le huit.
- Je sais ? Oh, réalisa le blond ;
- Oh, répéta sa mère. »

Il croqua dans son gâteau, sourcils concernés. Il repensa brièvement à la conversation qu'il avait eu avec sa demi-sœur il y a quelques jours, à la peine évidente dépeinte sur son visage.

« Tu sais quand est-ce qu'ils reviennent ?
- Je sais pas trop, Chris n'a pas précisé dans son mot.
- Tu ne lui as pas demandé ?
- Je pense qu'ils ont besoin d'un peu de temps tous les deux.
- Non, ouais, t'as raison. »

Il observa du coin de sa l'œil sa mère se replonger dans ses mots croisés, lunettes manquant de tomber du bout de son nez. Il n'osait plus parler. Chacune de ces questions semblaient plomber l'ambiance. Cependant, quand il aperçut la main tremblante de la plus âgée tourner la page, il ne put retenir sa langue plus longtemps.

« Ça va mamounette ?
- C'est un peu éprouvant comme journée, souffla-t-elle doucement ;
- Tu sais que Chris t'aime, hein ?
- Oui, évidemment que je le sais. Crois moi, il me le rappelle suffisamment tous les jours. Mais je sais aussi qu'il aime encore énormément Kate, à juste raison. Elle est partie si brutalement. »

La blonde marqua une pause, enlevant lentement ses lunettes.

« C'est ma première fois à gérer le deuil de mon mari veuf, alors c'est un peu compliqué. Puis tout ce qui affecte Chris m'affecte moi, tu sais comment je suis. »

Il hocha la tête. Sa mère était la personne la plus empathique qu'il pouvait connaître. Quand il était petit, elle pleurait plus que lui à chaque bobo.

Sans un mot, il la prit dans ses bras. Il caressait tendrement ses cheveux, sentait son torse s'élever et s'abaisser rapidement.

« Ça te dit qu'on passe la journée tous les deux, comment quand j'étais petit ?
- Tu es toujours petit, mon soleil.
- Bla-bla-bla. Tu vois très bien ce que je veux dire.
- Tu t'occupes de la glace et moi du film ?
- Deal. »

Ils cessèrent leur étreinte sur ces mots. Evan, décidé à accomplir sa tâche, prit le temps de confectionner les bols de glace les plus gros possibles. Chocolat, menthe, vanille. Quelques petites, quelques petits marshmallows. Deux cuillères et hop le tour était joué. Il en tendit un à sa mère puis s'avachit de nouveau sur le canapé.

« On regarde quoi ?
- La boum ! En voix originale évidemment.
- Pardon madame la française.
- Tu aurais pu toi aussi si t'avais pas fait une fixette sur l'italien.
- C'est beaucoup plus sexy comme langue.
- C'est faux.
- Oui je mens c'est vrai. »

Ils échangèrent un sourire. Eleanor lança le film, s'emmitouflant sous un plaid traînant là.

« Culture toi, mon fils.
- Je suis déjà très culturé. »

Ils recréèrent les répliques, mangèrent de la glace, chantèrent à haute voix sur Reality et mangèrent encore un peu plus de glace.

A la fin du film, Eleanor lui tendit son bol vide avec un grand sourire.

« On passe aux chocolats chauds ?
- Chocolats et gossip ou chocolats et film ?
- J'ai vraiment besoin de répondre.
- Ok, j'arrive, prépare tes questions. »

Chocolat en main, Evan attendait nerveusement les questions de sa mère. Elle trempait occasionnellement les lèvres dans son mug brûlant. Il se sentait scruté, comme si elle l'analysait. Finalement, elle demanda :

« D'où elles venaient les roses rouges ? »

Elle les avait vu. Comment ? Il n'en avait aucune idée. Il les avait soigneusement posées sur son bureau pour éviter ce genre de questions.

« Quelles roses ?
- Celles sur ton bureau.
- Mais comment tu sais ?
- J'ai mes secrets. »

Il leva les mains, s'avouant vaincu.

« Tu sais que je travaille en ville, débuta-t-il ;
- Dans la librairie, oui.
- Et il y a d'autres personnes dans cette librairie..
- Oh ! Laisse moi deviner ! Le mec aux oreilles percées.
- Comment tu sais ?
- Je sais que les filles c'est pas trop ton truc et il y a qu'un seul autre homme qui travaille là-bas.
- Bravo Sherlock.
- Merci Watson. Comment il s'appelle ?
- James.
- Ouuuh, beau prénom. Il est beau ? Je me souviens plus trop de sa tête.
- Il est très beau. »

Elle lui offrit un clin d'œil complice. Il rit à gorge déployée.

« Et ça se passe bien ? Il te traite bien ?
- On a bu un seul café ensemble maman, doucement.
- Rolala. Tu sais il a pas fallut beaucoup plus de temps que tu sois conçu !
- Degueu, vraiment.
- Pardon mon soleil, j'aurais dû te boucher les oreilles. Mais tu l'aimes bien ?
- Je l'aime bien, oui. Il est super gentil, et très cultivé. Il a étudié en France, tu te rends compte ?
- Moi aussi, il a rien de spécial.
- Et ça t'a mené où ?
- Eh ! Regarde la baraque, évidemment que ça m'a servi.
- Ok, pardon, désolée madame la genie.
- Bon, on s'en fout. Donc il parle français ?
- J'en sais rien, j'imagine ?
- Mais il sait pas draguer le jeunot, comment ça tu sais pas s'il parle français.
- Peut-être qu'il essayait pas de me draguer.
- Qu'est-ce que tu racontes, personne n'est insensible au charme de mon fils ! »

Ils continuèrent à échanger jusqu'à pas d'heure, commandant des pizzas et ouvrant les bouteilles de la cave à vin.

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