chapitre deux





Evan

« Votre attention s'il vous plaît, demanda timidement Evan sur la scène. J'aimerais prononcer quelques mots. »

Le regard étonné de sa mère rencontra le sien. Il lui offrit un maigre sourire, se racla doucement la gorge et débuta :

« Maman. Ça n'a toujours été que toi et moi. Toi, ma reine à l'armure scintillante et au cheval blanc. Moi, le prince peureux qui avais perpétuellement besoin d'aide. Je crois que c'était nos costumes d'Halloween de 2012 d'ailleurs, il rit. Bien que j'ai eu tendance à jouer les gros durs qui n'en a rien à faire de sa mère au lycée, je n'existerai pas sans toi.
- Littéralement !, l'interrompit son oncle Henry. »

Une vague de rire emporta les invités quelques instants.

« Littéralement, sourit-il. Maman, tu es toute ma vie. Mon héros. Ton courage m'ont porté quand je n'avais plus la force de me battre, dit-il faiblement. Je n'aurais jamais imaginer devoir un jour te partager avec le guitariste de ton groupe préféré. Je sais pas si elle te l'a dit Chris, mais elle a passé des heures à m'expliquer à quel point tu étais aussi beau de près que sur scène après votre premier rendez-vous. Elle s'imaginait déjà être ta muse, et regarde où on en est aujourd'hui ! »

Sa mère lui adressa un regard faussement accusateur, un sourire franc aux lèvres. Il continua :

« Bien que j'espère rester le numéro un dans ton coeur, je suis prêt à donner un peu de place à l'homme qui sait te rendre si heureuse. C'est un chic type. Être amoureuse te va bien, Mamounette, lui sourit-il. Je te fais confiance pour mener Chris à la baguette comme tu sais si bien le faire. Profite de ce bonheur Maman, ce n'est que le début. Je t'aime plus que tout au monde. Vive les mariés ! »

Il fut accueilli par une salve d'applaudissement et l'enlace de sa mère.

« Oh, mon rayon de soleil ! Moi aussi je t'aime, évidemment que tu resteras le seul homme de mon coeur, lui murmura-t-elle, la voix pleine de larmes. »

Il la relâcha et lui embrassa tendrement la joue.

« Va profiter de ta soirée, tu le mérites. »

Elle serra une dernière fois ses mains dans les siennes puis retourna vers son mari.
Evan laissa échapper tout l'air de ses poumons, massant doucement sa nuque. Débuta alors une série de compliments et de félicitations pour ce « si beau discours ». Il serra des mains, embrassa des joues. Sa grand-mère le retint près d'une demi-heure pour discuter de ses études et ses projets pour l'avenir.
Evan sentait ses mains doucement devenir moites, sa cravate soudainement oppressante. Il s'excusa auprès de son cousin Alex et se précipita vers les toilettes. La respiration haletante, il croisa son propre regard dans le miroir. Ses pupilles dilatées lui renvoyaient un air paniqué.

« Aller Evan ressaisis toi, c'est pas le moment pour ces conneries, se répétait-il. »

Il s'aspergeait le visage d'eau quand la porte s'ouvrît. Ses yeux se fermèrent involontairement. Il n'avait pas l'énergie d'entretenir une énième conversation dénuée de sens.

« Evan ? Tout va bien mon grand ?, la voix de Christian résonna dans la pièce vide. »

Il secoua doucement la tête et leva le pouce droit, pour indiquer que tout allait bien. Il sentit une main sur son épaule.

« Je sais que ce genre d'événements sont un peu compliqués pour toi maintenant. Tu veux rentrer ?
- Non !, s'écria-t-il brusquement. Non, ça va aller. Il me faut juste un peu de temps.. Oui, juste un peu de temps.
- Très bien, comme tu le sens mon grand. Assis toi un peu ça te fera du bien. »

Ils se laissèrent glisser ensemble contre le mur agressivement blanc de la petite pièce. La main de Christian traçait des cercles se voulant rassurants sur l'épaule d'Evan. Ce dernier garda les yeux fermés, se concentrant uniquement sur sa respiration irrégulière. Sa main gauche, tremblante, vint instinctivement défaire le noeud méticuleux de sa cravate.

« Ta mère apprécie beaucoup que tu sois là ce soir tu sais, moi aussi d'ailleurs. Prends le temps qu'il te faut, ne te surmène pas. Je sais que t'aimes bien jouer les gros durs mais tu peux laisser tomber la pression maintenant que je suis là. C'est moi l'homme de la maison, rit Christian. T'es encore qu'un enfant, bonhomme.
- Ils semblent attendre tellement de moi, Chris. J'ai pas osé dire à Nanou que je ne retournerai pas à l'université à la rentrée. Je sais qu'elle sera déçue.
- Ta grand-mère est la personne la plus la plus ouverte d'esprit que je connaisse. Regarde, elle m'a bien accepté alors que je suis un musicien en déclin.
- N'importe quoi, t'es encore très populaire chez les femmes de plus de cinquante ans, ricana Evan. »

Christian lui pinça gentiment l'épaule et lui arracha un rire.

« C'est ça, fais le malin. On verra quand t'auras mon âge, gamin.
- Pardon papi, je voulais pas te vexer. »

Ils échangèrent un sourire complice. Evan poussa un dernier soupir et se leva, tendant sa main au nouveau mari de sa mère. Ce dernier se leva sans son aide, tirant la langue une fois sur ses pieds. Il ébouriffa les cheveux du garçon en face de lui puis fit face au miroir afin de se remettre en état. Il croisa le regard d'Evan à travers la vitre.

« Ça va aller ?
- Oui, t'en fais pas. Puis vous êtes vieux, dans une heure vous êtes tous au lit, sourit-il faiblement en remettant sa cravate en place ;
- Bla-bla-bla. Va danser avec ta mère, ça lui fera plaisir.
- Oui chef, à vos ordres. »

Ils quittèrent ensemble la petite pièce, laissant derrière eux les maux d'un instant.
Evan retrouva sa mère, une coupe vide à la main. Il la déposa délicatement sur la table la plus proche et l'entraîna vers la piste de danse.

« Comme tu es beau, mon rayon de soleil, dit-elle après la première chanson ;
- Dit-elle alors qu'elle illume la pièce.
- Toi aussi tu as remarqué ! C'est ces strass, je ressemble à boule disco avec.
- Mamounette, ta robe est parfaite. Tu penses pas que c'est un peu tard pour la remettre en question ?
- Tu as raison, comme toujours. Je suis belle, tu es beau et cette soirée est merveilleuse. Merci mon soleil, tout ça c'est grâce à toi. »

Il embrassa tendrement sa joue puis la fit virevolter dans tous les sens, lui arrachant le plus beau des rires.
Après quelques danses il la mena à sa place, s'installant à ses côtés. Il sirota son verre d'eau, se laissant emporter par les conversations alentours. Il balaya la salle d'un regard à la recherche d'un visage familier.

« Dis, Mamoune, tu n'aurais pas vu William ?
- Je l'ai vu sortir tout à l'heure. Tu le connais, lui et le tabac, souffla-t-elle en roulant des yeux. Tu ne le laisses pas te traîner là-dedans hein ? »

Avant qu'il ne puisse répondre, son ami apparut aux côtés de sa mère, un grand sourire aux lèvres.

« Ah ! Willie ! Evan te cherchait, il est un peu perdu sans toi tu sais, se moqua gentiment Eleanor ;
- Je suis son phare dans la tempête, répliqua le rouquin ;
- C'est ça, moquez vous de l'handicapé.
- Je crois qu'il a pris la mouche, Ellie. »

La soirée se poursuivit ainsi, pleine de discussions enfantines et bienveillantes, toute trace d'angoisse envolée.

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