Chapitre 15 : Fatalité de race

Les jours passent, et je devrais ressentir de la joie mêlé à une lassitude quotidienne. J'arrivais à me transformer, j'arrivais à me concentrer suffisamment pour tenir une journée entière, et la transformation commence à devenir inée, instinctive, naturelle. Je me mets aussi un peu au sport, sur les conseils de Bertrand. Il m'explique que c'est facile de m'imaginer mon "humain de camouflage" que j'utilise pour sortir avec des muscles, mais que certains choses exige du travail. Voir mon nouveau corps évoluer dans le temps, imaginer qu'il évolue, le voir évoluer d'après l'évolution de cette pensée, permet de créer une meilleure image du camouflage. C'est pour cela que Bertrand fait du sport toute la journée, pour voir son corps évoluer comme un humain, sans pour autant oublier qu'il ne l'était pas. C'était un véritable paradoxe : faire comme les humains sans en être un. Était-ce une pensée symbiote, ou une pensée de notre âme, cela n'a plus d'importance maintenant que je suis lui et qu'il est moi.
L'hiver vient subitement au alentour de Noël. Nous restons bien au sec, et sortons le plus possible dehors pour profiter du peu de soleil qu'on peut avoir. Les rues redeviennent animés par un bond de touristes venant profiter d'un peu de froid plus chaud. Mais je n'ai pas d'appréhension maintenant, je ne doute pas de mes capacités. C'est ainsi que au tout début de décembre, j'accompagne Bertrand à son travail.
« Tu sais, me raconte-t'il, j'ai eu beaucoup de chance dans mon malheur, comme nous avions eu de la chance de nous retrouvé. J'étais une personne plutôt enveloppé, toujours assis sur une moto. L'Autre m'a toujours aidé, et m'a persuadé de devenir l'homme que je rêvais toujours d'être. Le faite de faire du sport, d'être entraîneur, de me forcir, a été une bouée de sauvetage. C'est ce qui m'a permis de comprendre, de m'accepter, de l'accepter, et de vivre à nouveau. Cela me permet d' avoir une autre vision de la race que j'étais, égoïste, suffisant, sans respect ni honneur.
- C'est toi ou c'est l'autre qui te fait penser cela, je lui demande.
- Il n'a aucune opinion, ou il partage les miennes, ou il s'initie dans mon esprit, je ne sais dire. Tout cela n'est qu'une question de point de vue. Mais nous le voyons chaque jour un peu plus partout autour de moi.
- Je vois...
- Tu verras, un jour, nous partagerons la même opinion. »

Il sourit, ou se force à sourire plutôt, mais il veut me faire comprendre que ce n'est pas grave au fond. Notre conversation s'estompe au moment où nous franchissons la porte de la salle de sport.
Elle est relativement jeune, les couleurs claires et stimulantes, comme le rouge et le jaune, créent des figures anarchiques et harmonieuse. Les tapis face à la vitrine qui donne la vue à la rue, les haltères et les machines plus perfectionnées se retrouvent cantonner au fond. Une place est faite pour un cours de danse endiablé. J'accompagne Bertrand au vestiaire, et il me tend un survêtement de sport de la salle. Je le mets, en même temps que Bertrand. C'est la première fois que l'on se déshabille, même si cela est pour rien en fin de compte. Je n'ai pas de ressentis, ni gêne, ni curiosité, ni plaisir, comme d'habitude. Je ne sais même plus ce que être gêné signifie, je n'ai plus de souvenir, plus d'émotion. Nous ne sommes que deux être qui passe d'un état habillé à un état déshabillé.
« Pourquoi devrais-tu être gêné de voir des personnes nues, me demande Blob.
- Je ne sais pas, c'est une émotion que je ne pourrais plus décrire. »

Cela doit être frustrant de ne rien ressentir que de l'appréhension d'un danger ou des doutes. Mais cela empêche tout moment inutile que j'ai dû connaître étant Homme.
Bertrand m'emmène au cours de danse rythmique. Je suis perplexe de sa démarche :
« Tu vas suivre le cours de danse rythmique ce matin, tu vas suer un peu et perdre tes kilos en trop, lance ce dernier.
- N'ayez pas peur, vous n'allez pas en mourrir, rétorque le danseur vers moi. Tu m'emmènes du monde aujourd'hui Bertrand, continue-t'il, cette fois son collègue.
- En effet, c'est un ami de longue date qui vient ici se reposer, et perdre des kilos en trop.
- Tu emmènes tes amis à la salle alors qu'ils sont en vacances ? Je comprends que tu n'en ai pas, pique le coach.
- Mais Bertrand...
- Je crois en toi, me coupe Bertrand. Tout se passera bien. »

Il sourit encore pour de faux, puis se retourne et m'abandonne. Il me laisse à un animateur de couleurs noir, les cheveux en affro, en survêtement aux couleurs flashies et moulant.
« Tu as entendu ton ami, me lance ce dernier, il est temps de suer, alors va avec les autres, et suis le rythme, gogogogo. »

Je me mets en place pour le cours, mais je sens que cela serait difficile de concilier concentration et sport.
« Crois en toi, me rassure Blob. »

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