Chapitre 18

Une canette à moitié pleine roula jusqu'à mes pieds. Faisant éclabousser le liquide sur mon pantalon. L'auteur de cette action s'en alla en ricanant, rentrant dans le bâtiment. Je soupirai en la jetant dans la poubelle. Je ne peux me plaindre. Ce que beaucoup de personnes ignorent, c'est qu'à Rowengarde la loi du plus fort est d'actualité. J'ai plié les genoux devant Nyko. Une telle honte doit être punie, et le meilleur moyen est l'humiliation de faire le ménage. J'ai eu de la chance, on ne m'a pas craché dessus comme on l'a fait à Dresde.

Après l'entraînement, dans la soirée, j'avais rejoint Dresde, qui elle aussi avait dû s'incliner devant son adversaire. Cet exercice était inégalé. Qu'est-ce qu'elle aurait pu faire contre le dragon du sable, à part faire pousser des diamants aux pieds de son adversaire ? Cela faisait maintenant 1 semaine que je ruminais cela dans ma tête.

Une main m'interrompit mes pensées, me tendant un mouchoir qui se trouvait là, à quelques pas de moi. Je relevai ma tête lentement, priant pour que je me sois trompé sur le destinataire de cette main. Cependant, les dieux ne devaient pas m'apprécier. Mes yeux rencontrèrent le bleu de l'océan. Ces abysses.

- Tu allais l'oublier.

Vraiment ? Blake, cet homme, qui semblait dépourvu de gentillesse, m'adresse la parole pour me souligner le fait que j'allais oublier de ramasser un simple mouchoir...

Je le regardai dans le blanc de ses yeux essayant d'ignorer ses muscles qui se contractaient aux moindres de ses mouvements. Ne me jugez pas, c'était le soir et j'étais fatiguée. J'attendis qu'il développât sa pensée ou bien sa raillerie. Ce qu'il ne fit pas.

Nous nous dévisageons, tous les deux, attendant que l'un de nous eût le courage de prononcer ne serait-ce qu'un son. Il me toisait de toute sa hauteur, me faisant paraître ridicule. Après plus de 3 minutes de silence, sa main était toujours tendue. Je compris que cette situation était complètement ridicule et appela tout mon courage et mon self-contrôle pour lui répondre.

- Vraiment ? Lui répondis-je en répétant ma première pensée. Tu t'arrêtes et me tends un stupide mouchoir. Pourquoi ne fais-tu pas comme les autres ? Passer son chemin en ricanant de ta voix grave en me jetant des ordures. As-tu oublié que toi et moi, on ne s'aime pas et que c'est la guerre ?

Sur mes mots, je pris ce stupide mouchoir, le rangeant dans cette fichue poubelle. Sans le vouloir, je touchai sa peau chaude, qui me brûla instantanément. Il était brûlant. Ses yeux étaient toujours fixés sur mon visage, comme s'il élaborait un plan pour me nuire. Alors en me prenant totalement au dépourvu, ses épaules se détendirent sous les effets de son ricanement qu'il lança tout à coup.

- Tu rigoles, n'est-ce pas. Encore une de tes tactiques ridicules pour faire ton intéressantes ? Toi et moi en guerre ?

C'était la première fois que je le vis sourire. Il était petit certes, mais véritable. Cela lui allait bien. Il avait l'air réel, en vie.

Il reprit son sérieux, mais semblait plus détendu qu'au départ. Et nous recommençons tous les deux notre bataille de regard. Mon instinct me souffla que je n'allais pas la gagner. Des frissons me parcouraient la colonne vertébrale. Lui faire face ainsi était déconcertant. Il avait une présence imposante et forte. Je n'eus pas le temps de continuer mon enquête que des gouttes de pluie commencèrent à tomber. Il ne manquait plus que ça. Guidé par je ne sais quel instinct sa main s'approcha de mon cou, de mes cicatrices. Celles qu'ils avaient remarquées la semaine dernière. Il ne fallait pas qu'il les voie. Qu'il remarque mes faiblesses. Tout le monde sauf lui.

- Désolée d'interrompre, une nouvelle fois ton observation de ma personne, commençais-je à lui faire remarquer. Cependant, au contraire de toi, l'eau n'est pas ma meilleure amie et semble souvent de me détester.

Ma soudaine prise de parole lui fit sursauter et retira sa main sous le même coût.

Estimant que mon travail était fini. Je m'empressai de m'éloigner de lui, tournant le dos à cette personne particulière qui me faisait ressentir des sensations que je n'avouerais jamais. Cette personne qui ne semblait faire confiance à personne. Il semblait si puissant et si vulnérable à la fois.

- Qui t'as fait ça.

Sa voix se manifesta si fort qu'elle me fit trembler tout mon être. Je pouvais percevoir de la colère de celle-ci et de la protection ?

- Désolée de te décevoir, mais je ne souhaite pas avoir cette conversation qui ne te regarde pas sous une pluie fracassante, lui répondis-je du tac au tac évitant de peu un élève que j'allais percuter tant que sa voit m'avait déstabilisé.

En effet, la pluie se faisait de plus en plus forte. La bruine soudaine s'était transformée en drache qui semblait vouloir tout écraser. Avant que je n'eut atteint l'une des entrées de l'Académie. Un bras me toucha l'épaule. Je me suis retournée par surprise. Interloquée, qu'il eut réussi à me rejoindre aussi vite. Je heurtai quelque chose de brûlant et de dur. Étourdis, je mis bien trop de temps à comprendre que cela était. Je levais peu à peu mes yeux, toujours collé à cette montagne de muscle. Je croisai ses yeux, il était fixé sur moi, avec une émotion que je ne parvenais pas à qualifier.

- Un conseil, la maligne. Si tu veux éviter une pluie fracassante. Il me semble plus intelligent de rester aux côtés du dragon de l'eau, me murmura-t-il a l'oreille.

La pluie avait soudain cessé. Il avait dressé une protection autour de nous, écartant la pluie qui allait s'écraser sur nous. C'était tout simplement impressionnant, cette protection nous enferme tous les deux dans une petite bulle rien que pour nous. Mon cœur battait à mille à l'heure tant que nos deux corps étaient proches l'un de l'autre, ne laissant aucune place à l'intimité. Il était penché pour arriver à ma hauteur. Sa bouche était bien trop à proximité de mon visage pour que je puisse réfléchir librement. Ses deux mains gigantesques tenaient chacune de mes épaules. Ma respiration était irrégulière malgré moi. J'exécrais cette sensation qui me parcourait malgré moi. Ces frissons qui semblaient se rependre tout le long de ma colonne vertébrale. Mon corps frigorifié qui se rapprochait sans que je ne le voulais de lui. Mes yeux rencontrèrent les siens qui me semblaient bien trop joueurs. Cette situation n'avait rien d'une plaisanterie et me paraissant même bien trop dangereuse.

Sa main lâcha mon épaule, laissant un vide et un froid en moi. Mais ce qu'il fit ne m'a jamais fait ressentir autant d'émotion en moi. Il l'a mis sur ma joue. Avec son pouce, il traça des cercles, presque imperceptible. Mais je les sentais bien tant que ma peau était sensible à ses mains et à sa chaleur. L'eau qui m'avait trempé jusqu'aux os s'évapora. Tout le long de ce processus, Blake avait ses yeux fermés et m'attira d'autant plus contre lui. Nos deux corps étaient désormais collés l'un à l'autre. Il était bien trop concentré à évacuer sur le surplus d'eau que je possédais. Cette scène me semblait tout droit sorti d'un rêve. Il ouvrit ses yeux, je n'étais toujours pas habitué à l'intensité de son regard que mes jambes fléchirent. Il me retenu de tomber. J'étais. complètement ridicule. Il passa l'une de ses mains dans une mèche blanches que j'avais récoltée de mon passé. Ce moment à nous éclata lorsqu'une personne brisa la barrière qui nous retenait du monde réel.

- Blake ! Te voilà, enfin ! Je t'attends depuis 20 minutes dans le hall. Tous les autres me regardent et me jugent à attendre seul, répliqua une voix aiguë.

Bien trop aigu pour ce moment-ci. Le nouveau venu arborait une manucure violette et me fusilla du regard.

Sans un autre mot, elle prit le bras de Blake et tourna les talons. Elle le sermonna sur le fait que les gens pourraient croire qu'il la trompait avec moi, et que c'était humiliant d'attendre toute seule dans le hall.

Je tirai la conclusion que je venais de découvrir la petite amie de Blake : Lola Belphégor. Information que j'avais complètement oubliée 5 minutes plus tôt. Celons les admiratrices de Blake, elle était en 4ème année et était un dragon de l'électricité. Je me sentais honteuse d'avoir oublié ce détail qui n'était pas aussi insignifiant que ça. Le regard qu'elle m'avait lancé n'était pas dénué de méchanceté, mais arborait une sorte d'habitude. Blake m'avait paru égaré, et Lola avait semblé être habituée à son état d'esprit.

Je balayai le moment qui venait d'être passé dans mon esprit, et le rangea dans un tiroir au fin fond de ma tête.

J'étais maintenant seul, sous la pluie, qui je remarquai ne me touchait pas. Merci, Blake marmonnais-je en serrant mes dents. La réalité semblait avoir repris le cours de son chemin maintenant que Blake était parti. Je le détestais toujours, son envie de toujours vouloir avoir tout sous-contrôle, il m'avait donné des ordres, détourner mes pensées en me touchant. Je le haïssais encore plus qu'avant. Mais je ne pouvais détourner l'image de Blake avec ses yeux remplis de déception et de tristesse lorsque sa copine est arrivée. La façon dont ses barrières sont remontées. Il fallait que j'oublie tout ça, ce n'était que des stratagèmes pour me faire perdre notre guerre. Car nous l'étions toujours. Pas vrai ?


* * *


À court d'idées et de plans pour le soir. Je me séparai de Dresde, mon unique amie actuellement. Elle me fit promettre de raconter tout par rapport à Blake. Une fois rentré me protéger de la pluie, j'avais rencontré Dresde qui avait tout vu de notre scène depuis l'intérieur du bâtiment. Elle plaisanta sur le fait que personne n'était venu la protéger de la pluie.

Maintenant, j'étais vraiment seul. Dans ma chambre comme en hibernation. Je décidai que cette situation ne pouvait plus durer et pris la décision de venir sympathiser avec les autres de ma race. Car le seul problème de Dresde était qu'elle avait l'interdiction d'aller dans les autres salles que celle de la Terre, comme tous les élèves de l'Académie. Nous ne pouvions pas circuler dans toutes les pièces communes. Il fallait donc que je me fasse des amis de ma race.

La salle commune était tout aussi majestueuse que le hall, mêlant le noir au doré. Quelques canapés étaient disposés. Et comme je le redoutais, mon soudain objectif a été couronné de défaites. Soit les personnes était complètement superficiel ou bien, ils refusaient de me parler sous le prétexte que j'avais plié le genou devant Nyko. Lui, on l'adulait, il avait gagné de nombreux exercices et ils traînaient avec « Sélène ».

Je ne parvins pas à localiser Ulyssia. Mes anciens amis jouaient au poker ensemble, avec d'autres personnes dont j'ignorais l'identité. Thaïs avait les larmes aux yeux lorsqu'elle me remarqua. Nous n'avions pas eu le temps de nous parler depuis des jours entiers. Tous les deux occupés par les tâches ménagères dues à notre défaite à l'exercice d'Arsénium. Elle avait eu de la chance avec le soutient d'Ulyssia, elle n'avait pas été prise pour cible de moqueries. Je baissai la tête et me détournai de ce spectacle. Une brûlure me prit par surprise, une des coupures due à l'entraînement guérit d'elle-même. Je me retournai et vois Thaïs me jeter un clin d'œil, volant ainsi la signature d'Aster. Je continuai d'avancer vers ma chambre le sourire aux lèvres.

Une personne m'attendait devant ma porte. Putain, cette journée n'allait jamais finir. Je n'avais qu'une envie, c'était de me coucher et de n'émerger que quelques années plus tard. Cependant, cette personne ne pouvait être ignorée. Ulyssia Galadriel.

- Ulyssia, soupirais-je.

- Je sais que tu es fatiguée, concéda-t-elle, mais j'ai un besoin urgent de tu sais quoi, s'exclama-t-elle en me poussant dans ma chambre pour être à l'abri de tout espion.

C'était la goutte qui fit déborder le vase. N'y pouvant plus mon cœur lâcha un trop-plein d'émotions.

- Ulyssia, tu m'en as pris il y a 2 jours, je ne suis pas un distributeur, respecte-moi un peu, m'emportais-je.

- J'en ai vraiment besoin, en ce moment, je m'entraîne pour réussir à maîtriser d'autres de mes pouvoirs, s'extasia-t-elle sans aucune once d'excuse.

- MES pouvoirs, la corrigeais-je.

- Pardon ? Ses yeux s'écarquillaient sous le coup de la surprise.

Il est vrai que j'avais tendance à ne plus exprimer mes sentiments.

- Tu veux dire maitriser mes pouvoirs... Je te rappelle que ce sont les miens.

- Oui oui, les tiens, les miens... Finalement, on est sur un pied d'égalité. Regarde, grâce à nous deux origines existent.

Le sourire qu'elle exprimait me faisait peur. Son visage était avide de pouvoir. Ce n'était plus la même personne que j'avais rencontré 1 semaine et demie auparavant. La personne qui me faisait face était obnubilée par mon pouvoir et le croyait sien. Ses yeux me rappelaient le temps mon enfance. Je ne voulais pas revivre ça. La panique me prit. Elle me hurlait de m'enfuir ou bien de l'assommer.

- Ulyssia, commençais-je... Je pense qu'il faudrait qu'on ait cette discussion plus tard. Demain peut-être ? Avec ton cousin et le directeur, pour qu'on arrange tout ça.

Je fis de mon mieux pour adopter un ton dépourvu de méchanceté. J'étais bien trop fatigué pour me battre. Et dans cette situation-là, je risquais de ne pas bien maîtriser mes pouvoirs et de la tuer. Surtout que depuis ma poussée de pouvoir, mon restrictio semblait défaillant. Mes mains tremblaient tant qu'elles avaient peur d'Ulyssia et de ce qu'elle pourrait me faire et de comment je pouvais réagir.

Ses yeux regardaient dans le vide et semblaient assister à un combat intérieur. Je décidai donc de profiter de ce moment d'inattention pour la pousser peu à peu hors de ma chambre.

- Là, ça va aller, on en reparle demain, lui assurais-je.

En réalité, j'avais l'attention de courir voir Maxime, son cousin. Sa réaction n'était pas normale. J'avais peur d'elle. Toujours aussi robotique, je le conduisis dans sa chambre et l'asseyant sur son lit.

- Bon, on en reparle demain. Bonne nuit Ulyssia, conclus-je.

Je m'empressai de sortir de sa chambre. Je n'étais pas à l'aise. Elle avait soudain cessé d'avoir des réactions. Ses yeux étaient cernés et dilatés. Cerné de veines rouges.

Du bruit derrière moi me fit sursauter.

- Pas Ulyssia, mais Sélène, l'origine

- Pas Ulyssia, mais Sélène, l'origine

- Pas Ulyssia, mais Sélène, l'origine

- Pas Ulyssia, mais Sélène, l'origine

- Pas Ulyssia, mais Sélène, l'origine

- Pas Ulyssia, mais Sélène, l'origine

Cette phrase se répétait comme une incantation. De plus en plus forte, je me retournai et vis Ulyssia. Méconnaissable, ses grands yeux noisette braqués sur moi, avide de pouvoir, voulant me tuer ! Je ne pense pas avoir craint autant à ma vie. Et je courus tout le long du couleur, à en perdre l'haleine. Personne ne vient à mon secours, tous occupé à faire une soirée dans la salle commune. Mes pieds foulaient le sol, irrégulièrement. Je perdais du terrain. J'étais bien trop exténué. Elle ne se déplaçait pas, ne faisant aucun bruit. J'ignorais si elle s'était lancée à ma poursuite. Ou bien si elle avait continué à réciter son mantra.

- TON POUVOIR ET À MOI !!!

Elle avait choisi la première option. Bien plus rapide que moi, elle s'est jetée sur moi. Ma tête a frappé le sol. Je voyais du sang tout autour de moi. Le mien. Ulyssia. Ou bien le monstre qui l'habitait mit ses mains sur ma tête. Aspirant chaque parcelle de magie que je possédais en moi. Mes yeux se refermèrent d'eux même. L'obscurité se fit. Mes 5 sens s'évaporèrent. La dernière pensée que mon esprit envoya était un appel à l'aide. Mes muscles se détendirent. La vie s'envola de mon corps sous le rire d'Ulyssia.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top