Prologue
Feary rattrapa de justesse son compagnon qui s'effondrait. Lui-même était épuisé et il lui fallut toute sa volonté pour ne pas chanceler.
— Je savais que je n'aurais pas dû venir avec toi, murmura Kast.
— Il faut avancer, répliqua Feary avec calme. Ils nous chassent encore, j'en suis certain.
— Toi et ce maudit elfe... Je n'aurais pas dû quitter la cité. On a dû tuer des gens pour se défendre ! Des gens qui avaient peur de nous, peur de notre magie...
— Je sais, relève-toi, il ne faudrait pas avoir à en tuer d'autres.
Feary dut trainer Kast qui ne faisait aucun effort, préférant mobiliser son énergie à ruminer leur situation. Feary aussi avait du mal à encaisser cette haine qui grandissait depuis des années au sein de la population. Les dirigeants ne faisaient rien pour l'endiguer, au contraire, ils laissaient la situation s'envenimer pour que la population ne se retourne pas contre eux.
Les rois étaient finis, ils le savaient, Feary le savait aussi. Mais au lieu de consacrer l'attention du peuple à reconstruire les quatre royaumes et les unifier comme dans le temps en un seul pays, les souverains essayaient de gagner du temps, du temps que Feary savait qu'ils n'avaient pas. Les bêtes viendraient. Il ne serait plus là pour voir ce cataclysme s'abattre, mais si les hommes n'étaient pas prêts, personne ne survivrait. Et au lieu de travailler leurs défenses, les gens se méfiaient de leurs voisins, à la recherche de signes d'évènements inexplicables : magiques.
Felim l'elfe créateur de Lune et des dix-neuf autres épées – celles qui attiraient les foudres du peuple–, lui avait montré des images des bêtes. Des créatures immenses inspirées des animaux des bois que tout un chacun connaissait, mais en plus mortelles, plus vicieuses, tailler pour chasser l'homme. Le genre de créatures qui hantaient les cauchemars.
— Allez, Kast, ressaisi-toi, on retourne à la cité. Je te laisserai y rester, je reprendrai la route seul.
Le cinquantenaire se ressaisit et y mis un peu plus du sien, mais blessé, il dut laisser l'homme moitié moins vieux que lui l'aider.
Ils s'enfoncèrent dans les bois loin du sentier, passant devant des statues délabrées de dieux oubliés, pour se rendre dans le seul sanctuaire libre des quatre royaumes : la cité des épées. Le lieu qui cachait depuis des siècles dans son sous-sol les fameuses épées ensorcelées et à cause desquelles les gens essayaient de les tuer, une ironie qui n'échappait pas à Feary, qui savait pourtant que les épées choisissaient des porteurs altruistes. Il prit sur lui, décidant de ne pas reculer, il avait accepté plus de neuf ans auparavant qu'il mourrait en essayant de bien faire et il n'avait plus peur désormais.
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