Chapitre treize

Eunan se reposait, camouflé au milieu de fougères, ressassant sans cesse son nouvel échec. La femme chauve s'était à nouveau retrouvée sur sa route et il n'avait pas pu approcher le camp. Des semaines que ce manège durait.

Il avait même dû écarter Kenelm de ces missions de repérages, depuis que cette femme dangereuse, à l'instinct presque surnaturel l'avait blessé. Le garçon lui avait assuré qu'elle l'avait eu par chance, mais, à force de la retrouver sur leur chemin quoiqu'ils tentent, il en venait presque à douter.

Il s'était rendu à l'évidence, s'il voulait tuer le chef il devait patienter jusqu'à ce qu'il sorte du camp. Mais avec l'hiver qui s'installait de plus en plus confortablement dans la forêt, les rebelles quittaient de moins en moins leurs tentes et leurs chalets.

Jusque là, un groupe avait arpenté la futaie à la recherche des bandits, mais ils les avaient presque tous anéantis. Ce qui engendrerait une baisse de leurs activités hors de leurs abris. Eunan reconnaissait volontiers leur talent dans le domaine de la traque. Ils étaient efficaces et sans pitié. Mais ça ne résolvait pas son problème, bien au contraire. Il avait observé le campement de loin, tout avait l'air minutieusement réglé. Il ne serait pas étonné de voir apparaître avant l'arrivée du printemps des fortifications autour des habitations.

Le délai pour venir à bout du chef des rebelles lui avait paru très long, désormais il avait l'appréhension de ne pas réussir à honorer son contrat dans les temps. Malgré ça, il devait être patient et se faire oublier. Sa proie et ses acolytes devaient baisser leur garde s'il voulait le tuer.

Il se remit en route, se fondant dans les ombres, coulant comme l'eau sur la roche et épousant chaque relief. Rapide et invisible, il rejoignit les hauts contreforts des montagnes où séjournaient Kenelm et Cylia.

C'est aussi silencieux que la neige tombant des cieux et qui ne tarderait pas à recouvrir le sol qu'il arriva à leur grotte.

Après avoir pris le premier virage interne, la chaleur le frappa, c'était le meilleur de leur refuge. Invisible de l'extérieur, les méandres des premiers mètres étouffant tout résidu lumineux. De plus des cheminées naturelles extrayaient la fumée et la dispersaienttrès loin au-dessus de leur tête.

— Tu es terne, fit remarquer Cylia, qui déposa la petite figurine en bois qu'elle avait dans les mains.

— J'ai échoué, lâcha-t-il simplement avant de se débarrasser de son sac et de sa veste en daim puis de s'installer près du feu.

— Encore Elle ? demanda Kenelm sans le regarder.

— Oui, on attendra la fin de l'hiver avant de recommencer. J'ai grand espoir qu'il quitte leur base à l'arrivée de jours plus cléments.

— Ca nous ne laissera plus beaucoup de temps...

— Je m'en chargerai seul, si j'échoue vous partirez et tu abandonneras toute cette existence de marginal pour te consacrer à une vie dans le droit chemin, avec un foyer.

Kenelm se tourna vers lui, ses yeux pleins d'une rage qui menaçait de le submerger.

— Si c'est à cause de mon échec de l'autre jour, je peux me rattraper, laisse moi ma chance ! Je ne serais pas un poids.

— Tu ne comprends pas, désespéra Eunan en soutenant le regard du jeune garçon.

— C'est vraiment par pur hasard que son trait a trouvé mon bras. Je dois laver ma fierté, si tu m'écartes elle sera à jamais souillée, se justifia le jeune homme.

Eunan décida d'ignorer le jeune fougueux qui refusait une fois de plus de l'écouter à ce sujet. Il n'avait jamais douté des compétences de son apprenti. C'était cette femme qui était exceptionnelle... trop pour lui peut-être, et si elle parvenait à le tuer il fallait que Cylia ait un avenir assuré. Kenelm pourvoirait à chacun de ses besoins, il avait les ressources mentales et financières pour ça. Et il aimait Cylia plus que tout. Il ferait de son mieux. Cette vérité apaisait Eunan.

Il se concentra sur la petite statuette de bois que Cylia avait déposé près d'elle, ça lui évitait de croiser à nouveau le regard de Kenelm et d'envenimer la situation. La colère de Kenelm était palpable dans l'air, il sentait presque les vagues de son courroux dirigées contre lui, mais il n'était pas disposé à parler. Entre ses doigts il fit pivoter le petit ours en bois. Les détails étaient soignés, Kenelm s'appliquait beaucoup pour que Cylia sache à quoi ressemblait ce qu'elle n'avait jamais vu.

Quand il leva les yeux, il remarqua que Cylia le dévisageait, son sourire était d'une tristesse à fendre les pierres. La peine de sa protégée chamboula les sentiments qui se battaient en lui, une onde de remords et d'amour mêlée monta à la surface de son âme. Àl a réaction de Cylia, il comprit qu'elle voyait le changement. Il soupira de ne pouvoir la protéger de ce qu'il ressentait.

— Eunan, tu m'amèneras dehors demain ?

— Avec plaisir, nous irons aux sources chaudes.

— Je suis heureuse, s'enthousiasma l'aveugle.

Sa bonne humeur frappa tout le monde et même Kenelm se détendit un peu. Il en voulait à Eunan de l'écarter. Certes il n'avait pas son niveau, mais il avait peur de devoir s'occuper de Cylia seul. Il ne se pensait pas à la hauteur. Durant les trois jours d'absences d'Eunan, il avait envisagé l'éventualité qu'il ne revienne pas, comme à chaque fois. Et cette pensée l'avait effrayé. Quel lâche il faisait, il était censé le tuer... Il avait discuté avec Cylia de son envie d'occire l'assassin. Sauf, qu'elle lui avait fait remarquer, à juste titre, qu'il ne le désirait plus. Il n'avait pas répondu, à quoi bon, elle lisait en lui et le comprenait mieux qu'il ne se comprenait lui-même. Passer tout ce temps tous les trois, avait changé sa vision des choses. Une part de lui haïssait mortellement le tueur, mais une autre part ne désirait que le bonheur de Cylia... Elle ne serait jamais heureuse si Eunan disparaissait. De plus cet homme s'était très bien occupé de lui... Son esprit dériva sur les raisons pour lesquelles Eunan l'avait en charge et la haine revint plus brûlante que tout. Machinalement il posa la main sur le manche d'une dague à sa ceinture. Il devait venger ses parents. Une autre option ne lui paraissait pas possible.

— Kenelm, chuchota Cylia.

Il croisa le regard de celle qu'il aimait, son œil voilé par sa cécité et l'autre injecté de sang capturèrent son âme. Là où d'autres auraient pu être dégoûtés, lui ne voyait que de la beauté. Il se calma instantanément.

— Laisse Eunan inspecter ton bras, reprit-elle.

Il obéit, juste parce que c'était elle qui l'avait demandé. À part les risques infectieux et une cicatrice quand il aurait guéri, la blessure n'était pas un problème. La flèche n'avait fait que se planter dans du muscle. Il avait mal, mais il arrivait à faire fonctionner son bras, bientôt cette plaie ferait partie du passé.

— Tu guéris bien. Dans quelque temps tu pourras reprendre l'entraînement et remuscler cette zone. Dans trois jours j'enlèverais le fil.

Kenelm remit sa cotte. Il comprenait pourquoi Cylia l'avait incité à confier son bras à l'assassin, pour qu'il réalise que ce dernier tenait à lui. Mais ça n'effacerait jamais les images qui le hantaient. L'exécution de ses parents devait être vengée, d'une façon ou d'une autre. Sans oublier qu'il laverait leur mort avec le sang du lâche qui avait commandité leur meurtre.

Tout était terriblement confus dans sa tête, entre haine et reconnaissance il ne se retrouvait plus. Cette histoire allait finir par le rendre fou.

Les yeux braqués sur le jeune Kenelm, Cylia observait le changement de ses couleurs. C'était le chaos, elle n'avait pas d'autre mot. Son cœur et son esprit se battaient, c'était à cela que ça ressemblait, à une bataille entre les couleurs ternes et froides de sa tête, et les vagues chaudes et colorées de son cœur. Tout tourbillonnait et son aura s'en retrouvait entachée, brouillée.

Elle savait exactement à quel moment il la regardait, car, à ces moments-là, un rouge vibrant dominait tout le reste. Il pulsait, se rependant même au-delà de l'enveloppe de Kenelm, plus il la fixait, plus la chaleur se diffusait dans l'espace autour de lui. C'était magnifique, réconfortant. Elle pouvait se perdre dans autant d'amour. Puis, invariablement, une fissure sombre apparaissait au centre de son être, libérant la noirceur et le combat reprenait.

Elle avait tout tenté pour enfermer tout ce flux négatif, mais elle n'y était jamais parvenue. Le mal, la haine le dévoraient sans pitié et elle en était la première spectatrice. Son impuissance était la pire des choses.

Elle dissimula sa peine et laissa la soirée suivre son cours.

***

Eunan courrait sur la pente caillouteuse, Cylia fermement arrimée à son dos. Elle gloussait. La confiance sans bornes qu'elle avait en lui, lui donnait des ailes.

Kenelm n'était pas loin, il inspectait les environs et effaçait leurs traces trop proches de leur abri. En ce moment même il était en train de les doubler, il ne le voyait pas, mais il entendait le bruit feutré du frottement de ses habits. Il allait leur ouvrir la voie. Un renflement chaud de fierté irradia dans la poitrine de l'assassin. Le garçon était vraiment un homme désormais, il n'avait plus grand-chose à lui apprendre. Et un sentiment profond qu'il n'en aurait plus l'occasion. Cette idée le harcelait ces dernières semaines. Il avait l'intuition qu'il ne quitterait jamais cette forêt. Était-ce de la peur ?

Eunan ne savait pas trop ce qui lui arrivait. Il se sentait vieux. Plus vieux que les arbres séculaires autour de lui. Plus vieux que le monde lui-même. Mais il avait la satisfaction de laisser derrière lui son savoir, ses valeurs et de l'argent pour ceux qu'il aimait. Il savait qu'il devrait trouvé ça parfait, comme s'il avait accompli tout ce qui devait l'être. Cependant il y avait une réminiscence insaisissable d'un sentiment qu'il ne reconnaissait pas. Et ce dernier le harcelait avec toujours plus d'ardeur, sans qu'il parvienne à l'identifier.

— Tu ne vas pas mourir, arrêtes de penser ça, lui souffla Cylia.

— J'ai un mauvais pressentiment.

— Si tu t'en persuades, c'est certain que ça risque d'arriver. Kenelm a failli te tuer hier soir. Tu devrais lui parler, sa haine envers toi grandit de plus en plus. Certes, elle fluctue et parfois il la contrôle, mais à d'autres... Parle-lui.

— Non, je n'ai toujours pas changé d'avis. S'il te plaît, maintenant arrête avec ça.

— ...

Eunan s'en voulait d'avoir peiné Cylia, mais le garçon ne devait pas savoir. Il refusait de détruire l'image qu'il avait de ses parents. Le fantasme d'amour et de perfection qu'il gardait d'eux, était une chose précieuse, et il refusait de lui prendre ça aussi.

Ses poumons le brûlaient sous l'effort, mais l'air frais et piquant de l'hiver lui faisait du bien pendant sa course, il se sentait purifié.

Il remonta le petit cours d'eau au fond de la vallée jusqu'au pied d'une montagne. Un bassin fumant se trouvait en partie abrité par une saillie rocheuse, et demeurait invisible grâce aux branchages au-dessus. Il y avait même la possibilité de faire un feu contre la paroi, pour disperser la fumée.

Kenelm arriva à la fin de son inspection des environs. Il aida Eunan à préparer le brasier, avant que tous trois se dénudent pour entrer dans l'eau. Eunan aidait Cylia, dont la nudité ne le dérangeait pas. Par contre Kenelm ne se tournait pas dans leur direction, pour ne pas violer l'intimité de la jeune femme.

Elle l'avait rassuré plus d'une fois à ce sujet, mais il ne trouvait pas cela correct.

Chacun immergeait son corps avec lenteur dans cette eau à la limite du supportable. Mais une fois plongés, ils se délassèrent.

Kenelm flottait avec le visage sous le seul trou dans les branches. Le ciel était lourd de nuages gris, il ne fut pas surpris quand il aperçut des flocons, qui se changèrent en eau avant de l'atteindre à cause de la chaleur du bain. Les petits cristaux blancs descendaient avec une lenteur mesurée, timidement.

Il décida qu'il était temps de sortir, pour le moment aucun signe de tempête n'était visible, mais en montagne la météo s'avérait pouvoir être traîtresse et changer en un éclair.

Eunan essaya de le convaincre de revenir. Mais il s'y refusait. Il se sentait atrocement vulnérable, la hantise de voir débouler les bandits survivants lui trottait dans la tête. Il décida d'aller faire un tour après s'être rhabillé.

Après avoir passé une heure à arpenter la zone, il décida de ne pas revenir de suite. Il savait que Cylia devait percevoir ses couleurs, et qu'Eunan devait l'avoir repéré. Mais il préféra rester dos à eux, temps qu'ils n'avaient pas fini. L'envie d'admirer la perfection de Cylia le brûlait quand il était trop proche.

Quand ses deux compagnons eurent fini de ramollir dans l'eau bouillante, ils l'appelèrent pour manger.

— C'était délicieux de reposer dans cette eau. Ça fait du bien au corps, soupira d'aise Cylia.

— En effet, ça fait se sentir vivant, surenchérit Eunan.

La fureur à peine contenue dans l'esprit de Kenelm céda et le dévora en moins d'une seconde. Tellement soudainement, qu'aucune logique n'eut le temps de faire barrage à la haine qui explosait en lui.

Même lui ne se reconnaissait pas. Quand le meurtrier de ses parents relata les joies d'être en vie, c'était comme s'il avait piétiné leur corps. Le désir de vengeance le consuma tout entier.

Kenelm bondit, dégainant sa lame. Eunan, qui était assis, bascula en arrière, se protégeant de ce qui brillait dans le poing de Kenelm.

Le jeune homme tenta à nouveau de le frapper avec le couteau, tout en hurlant.

Eunan fut rapide, il emprisonna les poignets de son apprenti et chercha son regard. Ce qu'il vit lui glaça le sang. Une folie pure luisait dans les yeux gris qu'il avait devant lui. C'était sauvage et mortel, il n'avait aucun doute. Il ordonna à Cylia de rester éloignée. Cette dernière appelait Kenelm, mais rien ne bougeait dans les yeux de ce dernier.

Eunan flanqua un coup de tête dans le visage de Kenelm, mais l'attaque manqua de force, sa cible avait vu venir le geste, reculant pour limiter sa portée. En grognant sous l'effort Eunan souleva son bassin pour faire pivoter le poids de son ancien apprenti. Mais il ne réussit pas à lui passer dessus. Ils restèrent un temps suspendus, oscillant sur la tranche, pendant qu'ils tentaient tous deux de prendre le contrôle.

Kenelm n'avait pas lâché son poignard, il arriva à entailler légèrement le poignet de l'assassin, mais ce dernier ne le libéra pas, ses doigts enserrant toujours fermement ses poignets.

— Garçon ressaisit toi, je ne veux pas te blesser.

— Crève ! grogna Kenelm, en insufflant encore plus de vigueur à ses muscles.

Eunan réussit finalement à prendre l'ascendant dans leur lutte. Pourtant au sol Kenelm ruait tellement qu'il ne parvenait pas à contrôler la situation complètement. Son sang trempa sa main, la rendant poisseuse et glissante autour du poignet de Kenelm, qui réussit à se libérer. Il arma son bras et frappa le vide, car d'un bond Eunan c'était redressé et écarté. Ils se toisèrent le temps que Kenelm se lève à son tour.

— Respire. Kenelm, tu m'entends ? Reprend toi ! claqua la voix autoritaire d'Eunan.

— Je vais te faire payer, gronda Kenelm, fou de rage.

Cylia contempla le spectacle sentant les larmes dévaler ses joues. Kenelm était presque invisible. Là où elle sentait qu'il se trouvait, il n'y avait qu'un minuscule point lumineux qui se faisait engloutir par les ténèbres. Il s'était perdu. Elle avait été témoin du spectacle. Tout avait changé en moins d'une seconde. Eunan n'avait pas fini sa phrase que toutes les couleurs de Kenelm c'étaient éteintes, comme soufflées.

Cylia retenait sa respiration, les deux hommes commençaient à se tourner autour. Eunan n'avait pas sorti d'arme, c'était la seule chose qui la rassurait. Ses lamentations du début n'étaient plus qu'un murmure, tellement la terreur lui nouait le ventre et la gorge. Les mains en coupes devant sa bouche elle regardait le bleu profond, irisé d'orange d'Eunan, c'est grâce à ça qu'elle savait qu'il n'était pas armé. Dès que son presque frère tenait un objet de mort, ses couleurs prenaient un vermillon caractéristique, le rouge de la mort. Là ce n'était pas le cas.

Eunan n'avait pas prévu de mourir. Il espérait vraiment réussir à ramener Kenelm parmi eux.

Une fois, alors qu'il n'avait que onze ans, Kenelm avait disjoncté de la sorte. Il avait été facile à maîtriser. Aujourd'hui c'était bien différent. Eunan pouvait entraver Kenelm, mais, comme contre n'importe quel inconnu, la moindre erreur lui serait fatale, et il avait le désavantage que cette fois-ci son adversaire le connaissait par cœur.

Il inspira profondément et chargea. Il évita un coup de taille sauvage, saisissant le bras en bout de course pour faire pivoter Kenelm. Ce dernier tenta de lui planter un coup de coude, qu'il esquiva. Puis, il saisit rapidement le buste du garçon ramenant le bras armé en une clef douloureuse au milieu de son dos. L'arme tomba au sol dans un tintement métallique.

Eunan rageait, il n'avait complètement immobilisé qu'un seul bras, il sentait la main de Kenelm fouiller à la recherche de son couteau de chasse, et il allait réussir à le trouver. Mais en desserrant sa capture, pour l'attraper plus fermement, il prenait le risque de devoir tout recommencer. Et pas forcément avec le même succès.

Rapidement il envoya son genou derrière celui de Kenelm le déstabilisant, le temps d'aller emprisonner fermement le dernier bras en partie libre, qu'il ramena sur la poitrine du jeune homme. De cette façon Kenelm ne pourrait pas se jeter en avant pour se libérer. Ce qu'il tenta qu'en même, à grand renfort de bruits bestiaux.

— Ca suffit ! tenta de le raisonner Eunan

Mais rien n'y faisait, le jeune homme se débattait comme un beau diable, en hurlant qu'il allait le tuer.

— Écoute-moi, je ne te lâcherais pas, je ne te laisserais pas continuer à agir ainsi devant Cylia. Donc reprends-toi ! expliqua l'assassin, en tournant Kenelm en direction de Cylia.

Il n'y eut pas de réponse.

Aux grands maux les grands remèdes. Il traîna son ancien apprenti jusqu'au bassin, lui balaya les jambes en se laissant tomber avec lui, et avant qu'il ne se soit repris lui plongea la tête dans l'eau brûlante quelques secondes.

— Arrête de te débattre et respire, tenta-t-il.

Mais rien à faire. Il utilisa sa dernière carte.

— Si tu me tues, tu n'auras jamais les réponses à tes questions. Tu ne sauras jamais pour qui, et quel motif a été invoqué pour le contrat de tes parents.

Eunan dupait le jeune homme, jamais il ne lui dévoilerait tout ça. Mais sa ruse marcha, Kenelm se calma.

Cylia l'encouragea à continuer de parler. Ce qu'il fit. Il parla de Cylia, espérant atteindre la corde sensible de son prisonnier. Le corps de Kenelm devint flasque contre lui. Et les grognements se muèrent en sanglots.

Eunan eut la sensation d'être poignardé en plein cœur. Toute cette souffrance était sa faute. Il se sentait mortellement souillé.

Petit à petit il desserra sa prise et berça le corps musclé du garçon. Cylia s'était approchée. Avec plus ou moins de facilité, elle avait trouvé son épaule pour le réconforter, et le visage de Kenelm pour le caresser. Mais c'était bien lui qu'elle fixait, il voyait ce qu'elle voulait, qu'il révèle tout au garçon. Sauf, que c'était au-dessus de ses forces.



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