Chapitre 20

Sans crier gare, il attaqua. Ses deux mains agrippant la garde de son immense épée. Elle était gigantesque, le tranchant était si affûté qu'il pourrait couper la plus dure des matières. Le métal était gris foncé, des reflets pourpres apparaissaient lorsque la lumière se décidait à se refléter sur l'arme. Des runes argentées apparaissaient, me laissant penser que cette arme n'était pas un engin de mort lambda. Au fur et à mesure qu'il s'approchait de moi, je reculais précipitamment à une allure irrégulière. Je me rapprochai peu à peu du mur de la pièce. Les autres combattants s'arrêtaient dans leur combat pour nous observer. Admirant comment la nouvelle première année arrivait à se défendre contre le chef des dragons de l'électricité.

Torcyne maniait l'épée à la perfection, la faisant tournoyer sur elle-même. À mesure qu'il voyait ma détresse sur mon visage, son sourire grandissait. Je ne pouvais me défendre, sans épée, j'étais vulnérable. Je doutais pouvoir le contrer, mais j'avais tout de même une chance, aussi infime soit elle.

Une bourrasque, envoya une épée fine traverser toute la salle. Maxime. J'empoignai l'épée, qui paraissait affûte à l'instar de celle qui m'attaquait. Je ne pouvais l'attaquer tant que sa garde était faite avec précision. Il gagnait du terrain, toujours plus. M'incitant à déployer mes derniers moyens. Dans ce genre d'entraînement, la magie est interdite, éliminant toute injustice entre les générations. Cependant, à voir les yeux de mon adversaire, lui voulait faire un vrai combat. Chaque coup était permis.

Je me téléportai à l'autre bout du gymnase, décidant qu'il fallait que je lui tienne tête. Il se retourna, me refaisant face et me rejoignant d'une foulée. Je fermai les yeux brièvement me concentrant ainsi sur ma respiration qui devenue tout de suite régulière. L'adrénaline arriva en moi, me propulsant ainsi au paradis. Chaque leçon et conseil d'Onan me revinrent, une en particulière.

« Aie peur. C'est le meilleur des moyens pour conquérir. »

Ma peur revint. Prête à tout pour me protéger. Je réouvris les yeux concentré, motivé, prête. J'attaquai pour la première fois dans ce combat. Mon épée heurta avec force celle de Torcyne, créant ainsi un bruit assourdissant. Son épée avait beau à être bien plus grande que la mienne, elle était plus lourde. Sa force faisait sa lenteur, alors que ma vitesse faisait mon avantage. Ainsi, le combat était égal, voilà pourquoi nous nous retrouvions tous les deux en duo. L'éclat de nos lames éclairait sa cicatrice qu'ornait son visage. Sa lame dérapa sur la mienne, créant ainsi une ouverture pour moi, je ne réfléchis même pas et fonçai. De la même façon que je l'ai compris, il a remis en place ses défenses.

Trop tard pensais-je en souriant. Je le frappai à la cuisse, lui arrachant un grognement de douleur. Le sang perla de sa blessure nouvelle. Je ne reçus aucune autre réponse de sa part. Il était robuste, cela n'allait pas être une simple blessure à la cuisse qui allait le faire flancher. De mon côté après plus de 10 minutes de combat intense que je commençais à fatiguer. J'avais beau à être endurante, avec cette sorte d'adversaire cela ne suffisait pas. Je vis de cette façon la différence de niveau que présente Torcyne et Dresde, cela n'avait rien à voir.

Après s'être écarté l'un de l'autre pour reprendre son souffle, nous nous dévisagions tous deux en tournant en rond. De la sueur perlait de son front, des gouttes se faisait un chemin à travers sa cicatrice. Ses longs cils noirs cachent partiellement ses yeux violets si singuliers. Il tendit son épée vers le sol, pour faire en sorte qu'au son de ses pas, elle crissait sur le marbre.

- Tu t'amuses bien ? Le provoquais-je à bout de souffle.

Mes jambes tremblaient sous le coup de l'effort. 1 semaine sans faire de sport et cela se répercutait déjà sur mon corps.

Un sourire en coin orna son visage satisfait.

- Je t'ai attendu pendant 3 semaines pour que tu prennes enfin le temps de nous rendre visite à moi et à Supplice, me clama-t-il en me prenant de haut.

- Supplice ?

- Tu l'offenses de ne pas avoir compris son identité, répondit-il en faisant la moue et agitant son épée.

D'accord, c'est son épée. Il est vrai que l'on donne des noms aux armes. Mais je pensais que c'était seulement à celle mystiques...

- Tu es cruel.

J'essayais de gagner du temps, si l'on continuait sur cette lancée, j'allais finir par m'écrouler de fatigue.

- « Je suis méchant, cela veut dire que j'ai besoin de la souffrance des autres pour exister », Jean-Paul Sartre, récita-t-il. Tu connais ? C'est un philosophe terrien d'il y a quelques années. Période de 1900 terriennes, je crois.

Je ne répondais rien. Incapable de le faire. Subjugué par ces paroles qui sortaient de sa bouche.

- J'aime bien la littérature terrienne. Il pense savoir ce qu'est la réelle cruauté. Celons eux, ils pensent l'avoir réellement expérimenté. Il se trompe bien évidemment. La cruauté, la méchanceté, ce ne sont pas des paroles, mais des actes, conclut-il.

Son regard était perdu, dans le vide. Il avait connu lui aussi des atrocités. Avant même que je réussisse à percer ses secrets, il se ressaisit, animé par la haine. Il ne voulait pas la paix, mais la guerre. Il souhaitait faire couler le sang, à flot.

Mon regard, animé par la peur, chercha de l'aide. Or, personne ne pouvait m'aider, c'était la règle. Nul n'a le droit de prendre parti lors d'un combat de duo. Maxime avait déjà brisé la règle une fois en m'envoyant une épée. Mes yeux rencontrèrent les yeux abysses de Blake, son regard n'était pas particulièrement accueillant. Mais d'une façon que j'ignorais, cela me redonna un regain d'énergie.

Regain qui fut presque immédiatement balayé par un cri de douleur. Je mis du temps à comprendre que c'était le mien que j'entendais. Qui me perçaient mes tympans. Ce n'était pas l'œuvre d'une épée, ce n'était pas corporel. Cette douleur était magique, m'entraînant dans les fins fonds de la colère divine. Mon regard perça le voile de douleur, allant se fixer sur le visage qui me faisait face : Torcyne.

- Savais-tu que dans le Moyen Âge terrien, on mettait du sel dans les blessures pour qu'elles évitent de se refermer sur elles-mêmes ? Susurra-t-il à mon oreille avec délectation. J'ai eu la même idée un jour. J'ai mis un point un petit tour. Lorsque l'on est touché par l'un de mes éclairs, si je le souhaite, je peux rouvrir cette blessure... Astucieux n'est-ce pas ?

Je tournai mon visage vers mon bras. La zébrure causée par l'électricité de Torcyne, à la cantine lors du premier jour, était maintenant réouverte. En grand, je voyais ma chair cautérisée complètement à découverte, le sang ne coulait pas. La douleur était atroce. J'étais par terre, agonisante.

- Tu sais, je n'ai jamais oublié l'épisode de la cantine. Lorsqu'une génération inférieure m'a fait face. Je n'ai pas trop apprécié ce geste de ta part...

Je ne parvenais pas à lui répondre, toujours sous le coup de la douleur. Je ne pouvais me soigner, tout le monde le verrait et je n'ai jamais réussi cet exploit.

Ces boucles brunes me chatouillent l'oreille au fur et à mesure qu'il me souffle d'horribles paroles aux oreilles.

- Je suis si heureux que nous sommes tous les deux en duo, on aura tout le temps de s'amuser... Tu sais ce qu'est le meilleur ? Lorsque l'on pense à l'électricité, on songe aux éclairs... Mais on ne se rend pas compte que de l'électricité circule dans le cerveau de chaque être vivant.

Il plaça, ses mains de part et d'autre de mes tempes.

Ce qui se passa était inimaginable. Des sentiments revenaient à la surface déclenchant diverses réactions de ma part. Au début, c'était des sentiments positifs et au fur et à mesure que l'on retroussait le temps, on ressassait l'enfance. Il n'y a aucun mot existant pour décrire cette forme de peur et de douleur que traverse un être vivant. Cette peur qui nous donne des cheveux blancs, cette perte d'espoir, abondons de soi-même. Je repassais ces moments de mon passé, mon cœur allait éclater d'un moment à l'autre, mes yeux, j'en suis sûr étaient révulsé. Je ne voyais rien, mais c'était efficace. Je compris maintenant les dires de Torcyne, sur le fait que les humains ignorent ce qu'est réellement la douleur, la torture, la délectation du mal des autres.

J'ignore combien de temps cela à durer. Mais aucune personne ne pourrait résister à une seconde de mon passé.

Une phrase a réussi à se glisser dans mon cerveau. Je l'avais déjà entendu. Comment savoir si elle appartenait au présent ou au passé ? Tout était mélangé, le futur n'était pas ménagé.

- Tu es chanceuse, tu sais, des centaines d'autres personnes aimeraient être à ta place, partageant ainsi du temps avec moi-même...

J'ai crié, je crois.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top