Chapitre 15
Deux ans plus tôt
Ma respiration s'accéléra au fur et à mesure que mon cerveau réalisait ce que j'avais fait. Mes tremblements reprirent de plus belle, lorsque je me repassais sans arrêt ces 5 dernières minutes.
Je me trouvais par terre, assise sur du goudron. Autour de moi, ne se trouvaient que sang et destruction. L'endroit qui m'avait retenu des années durant était complètement détruit. Le visage d'un de mes ravisseurs était tourné vers moi, son corps ne se trouvait plus là, déchiqueté. Ses yeux étaient grands ouverts exprimant une peur sans fin mêlées de surprise. J'ignorais où se trouvait les autres.
Les larmes ne parvenaient pas à couler. J'étais complètement indifférente à leur sort. Je ne pouvais me lever tant que le désespoir avait pris mes forces restantes. J'ignore pendant combien de temps, j'ai fixé l'appartement qui a été pris pour cible de l'univers. C'était la première fois que je sentais mes pouvoirs dans mon corps, la première fois que j'ai pu me déchaîner, la première fois que j'ai vaincu le destin. Cependant, ce n'était pas la première fois que je tuais. Mes parents sont morts par ma faute...
Des sirènes retentirent, sûrement la police. Voilà des années qu'ils me cachaient à New York. Des humains accouraient vers moi. Je savais très bien ce qu'il voyait, une jeune humaine de 16 ans, ayant perdu sa famille dans une explosion criminelle. Des bras me prirent, me parlèrent, me réconfortèrent. On me mit dans une voiture, sûrement pour aller à l'hôpital. On me demanda mon nom, celui de mes parents, ce qui s'était passé. Je ne répondis rien, mes yeux fixés sur la route de l'appartement promis à l'univers, mes yeux fixés sur ces lianes que j'ai tant maudites.
Je n'ai pas rêvé. Seul le noir m'a accompagné. Et il m'accompagnera toujours. Le néant, mon seul ami.
Je suis maudite...
* * *
Un certain temps plus tard, après un court sommeil, ma vision se décida à revenir. Je découvris alors que j'étais seule, dans une chambre d'hôpital blanche, impersonnelle et froide. Elle pouvait d'elle-même résumé la vie que j'ai vécu jusqu'ici.
De nouvelles personnes devaient être sur le chemin pour m'éloigner d'humains, ignorant ce qui se passe autour d'eux, ignorant qui je suis, ignorant ma valeur.
Quels seront mes prochains kidnappeurs ? Des vampires ou bien des métamorphes ? À vrai dire, je n'en avais que faire. Quoi que je fasse, on me rattraperait. Une idée germa dans ma tête. J'étais seul dans ma chambre.
Mes pieds touchèrent le sol froid, le moindre pas était contrôlé pour ne pas attirer l'attention. Je franchis la porte. Le policier était concentré par une discussion avec mon médecin, je présumais.
Je contrôlais mal mes nouveaux pouvoirs. Je n'avais jamais pu les garder si longtemps. Je parvins tout de même à devenir invisible. Seulement, on pouvait encore m'entendre. Il me fallait m'armer de la plus grande attention.
Mon regard se dirigea vers une commode. Je l'ouvris tout doucement faisant bien attention à ce que personne ne remarqua un tiroir s'ouvrirent tout seul. Ma main attrapa une fiole de morphine. Je m'empressai de retourner dans ma chambre. Me remettre dans mes draps. Mon invisibilité se dissolvait. Je repoussais mes cheveux de mon visage.
La fiole se trouvait devant mes yeux, elle était la réponse à tous mes problèmes. Ma main tremblait en la tenant. J'avais réussi à prendre une seringue en même temps. Je n'avais pas le temps de réfléchir. Le médecin devrait arriver d'une minute à l'autre. Je n'hésitai même pas une seconde. Je pris une dose mortelle de morphine à l'aide ma seringue. Et pris une grande inspiration. J'ignorais que mes derniers instants allaient se passer ainsi. Le destin devait avoir le sens de l'humour. Voilà comment la vie allait prendre congé dans le corps de l'être vivant le plus puissant du monde. Avec de la morphine. Cela a eu au moins l'honneur de m'arracher mon premier rire depuis des années.
L'aiguille s'enfonça dans mon bras. Je la sentis s'introduire en moins. Aucune douleur ne survint, seulement une sorte de sentiment de libération. La paix peut-être ?
Alors que mon pouce allait injecter le produit en moi. La seringue m'échappa, me causant une plaie au bras. Elle atterrit directement dans la main d'une personne. Je ne les avais pas sentis arriver. Un puissant sentiment d'échec arriva en moi. Ils étaient 4, tous habillés en noir. Et ce n'étaient pas les policiers de tout à l'heure, et encore moins des humains.
- Je présume que vous êtes mes nouveaux ravisseurs, les provoquais-je.
Je n'avais pas peur. Je n'ai connu que ça toute ma vie. Cependant, la mort allait m'accueillir dans ses bras. Je n'allais pas leur accorder mon aide.
Un homme pris la parole, rompant ainsi le silence qui s'était installé :
- Vous êtes bien Sélène Dragomir ?
- Vous aimeriez bien ? Dites-moi que voulez-vous ? Le pouvoir, l'argent, l'immortalité ? j'ignorais si la dernière proposition était possible, seulement, on avait déjà essayé l'obtenir de moi, en vain...
- Nous ne vous voulons aucun mal. Cela fait 16 ans que l'on vous cherche. De votre naissance à aujourd'hui. Nous ne souhaitons pas vous utiliser, seulement vous donner une vraie vie, déclara celui qui m'avais volé les portes de la mort.
- Vous savez ce qui pourrait me donner une vie et une vraie ? M'écriais-je. C'est ce qui se trouve dans votre main. Je ne peux vivre. Laissez-moi partir. Je ne devrais pas exister. Je vous en supplie.
Je n'ai jamais supplié quelqu'un. Apparemment, il y a beaucoup de première fois aujourd'hui. Mais mon instinct me soufflait qu'eux ne voulaient pas me voler, mais plutôt de donner. Cependant, je ne pouvais oublier la promesse que je m'étais faite : ne faire confiance à personne. Et si ? C'était mon cœur qui parlait, il ne pouvait vivre sans espoir... Seulement, il était déçu, chaque jour, chaque heure, chaque minute, chaque seconde, on l'avait trahi. On ne le mérite pas. Alors mon cerveau et mon corps avaient pris le relais, décidant qu'il fallait à tout prix le protéger.
- Je le vois à votre regard que vous ne nous faites guère confiance, et j'en comprends les raisons. Je me nomme Absalom Dunst, je suis le directeur de l'Académie de Rowengarde. Vous ignorez peut-être ce à quoi je fais référence... L'académie de Rowengarde est celle des dragons. Chaque dragon à partir de leurs 18 ans y entre pour suivre une scolarité de 8 ans et ensuite poursuivre leur vie.
Ses mots me donnèrent la paix, la même que la mort. La seule différence était l'espoir qui y figurait. Je me sentais en paix. La sérénité s'emparait de moi.
- Vous pouvez me faire confiance, déclara Absalom Dunst. Nous allons vous conduire dans un endroit où vous serez en sécurité.
Ses mots dispersèrent cette sérénité nouvellement acquise. Ils allaient me contrôler. Me faire aller je ne sais où sans me demander mon avis.
- On va vous conduire à Ilgarde, c'est en quelque sorte la planète capitale de l'univers. Là-bas, on vous cachera au château de sa majesté le roi Théophile, continua le voleur à la seringue.
La rage s'empara de moi lorsque j'entendis le mot cacher. Il voulait me kidnapper. Même les autorités et institutions officielles voulaient assouvir leur propre envie. Ma respiration s'accéléra, tout comme mon pouls. Mes pouvoirs se déclenchèrent. J'allais partir, les faire partir. Je refusais que l'on serve de moi, que l'on m'emmène. Il n'avait pas le droit. Je ne suis pas un objet. Je les interdis de faire ça. Il faut que j'en finisse avec eux, avec tout ça !
- Sélène, je te promets que l'on ne se sert pas de toi, commença Absalom à élever la voix.
Son corps laissait penser qu'il avait commencé à voir la rage grandir en moi.
- Vous dites tout ça, déclarais-je avec rage, je bondis sur mes pieds. Vous vous inventez tous comme « gentils », de mon côté. Mais vous savez quoi ? Vous êtes tout pareil, leur crachais-je au visage.
La gravité commença à changer. Leurs corps se déplacèrent progressivement au plafond, tout comme les meubles. C'était le chaos. Des objets tombèrent. Ma récompense fut leur surprise qui se reflétait dans leurs yeux. Au fur et à mesure, la gravité s'intensifia, que tout se trouvait au plafond, êtres vivant inclus. Tous sauf moi, le plafond présenta quelques fissures. Il allait céder. Ce pouvoir était enivrant, la sensation d'avoir la possibilité de tuer quelqu'un en un claquement de doigts.
Un sourire cruel prit place sur mon visage, la rage m'aveuglait. Absalom Dunst cria quelque chose. Et tout à coup le noir se fit. Mon corps tomba sur lui-même, comme si on l'avait privé de toute énergie. Les meubles tombèrent aussi en concert.
J'entendis de vagues excuses provenant du professeur. J'en passais outre. Une seule pensée m'accablait, elle tournait en boucle dans ma tête sur le rythme d'une ode funèbre.
Tu as échoué, encore.
On t'a trahi, encore.
On t'a privé de tes pouvoirs, encore.
Ton cœur s'est brisé, encore.
Le destin s'est joué de toi, encore.
La mort ne veut même pas de toi, encore.
Le temps qui passa par la suite était vague. Mes pouvoirs m'avaient quitté avec des restrictio. Cette sensation de vide que je connais si bien, avait fait son retour. Je me trouvais dans une salle, ou rien n'était présent, seulement un lit, un lavabo et des toilettes. Les seules personnes que j'ai pu voir, je les ai attaqués pour sortir, en vain. Le repas ne m'était livré pas une fente dans la porte. Le temps était long. Combien de temps je me trouvais ici ? Je l'ignorai. Je n'ai pas pris la peine de compter mes repas. Une fenêtre se trouvait dans la porte. M'apportant une dose de lumière suffisante. Ma seule occupation était de regarder à travers. Bien sûr que j'ai essayé de la briser, mais comme on peut s'en douter, cela n'a pas été couronné de succès.
Plus les jours passaient, plus l'on venait discuter devant ma porte. Je n'entendais rien. Pourquoi l'on m'avait emmené en ces lieux. Lorsqu'ils venaient, au début, avant que les attaque, ils me parlaient, ne tentaient rien, ne me volaient pas. Cela était sûrement une technique pour m'amadouer.
Un jour, une discussion de plusieurs heures, se passa devant ma porte. Je ne connaissais personne sauf ce traître d'Absalom. Des disputes éclatèrent, je ne comprenais absolument rien de ce qu'il se passait, cependant leurs disputes étaient le plus gros divertissement auquel j'avais eu le droit depuis des jours, ou mois ?
Ils avaient pris leur décision. Leur regard était résolu et décidé. Je me préparai. La porte s'ouvrit. L'air dans la pièce était important et grave. Comme s'il m'adressait une dernière chance. La personne qui franchit la porte, me surpris, mes gardes se baissèrent.
C'était un garçon de mon âge. Il portait un pull en cachemire beige, assez élégant. Il n'était pas très grand, mais en imposait. Ses cheveux châtains, étaient coiffés à la perfection. Je levai mon menton en le toisant, mes cheveux étaient attachés en chignon rebelle. Je dégageais la magie qui me restait pour agrandir mon aura, pour l'impressionner. Il leva un sourcil surpris, en sentant ma magie. Il ne pouvait imaginer que les restrictios qu'ils avaient utilisés sur moi, n'absorbaient pas tous mes pouvoirs.
La porte derrière lui, était fermée, pour éviter que je m'échappe, des visages ne regardais pas la fenêtre attendant une réaction de ma part.
Je me tournai donc vers ce garçon, qui me toisait toujours en souriant, d'un rire nonchalant. Je détestais l'air qui se donnait.
- Nous n'avons toujours pas été présentés. C'est malpoli de ta part vu que tu habites sous mon toit.
Il s'arrêta, comme s'il attendait à ce que je me présentai. C'était inutile, il savait très bien qui j'étais.
- Tu n'es pas très bavarde, se désola-t-il avec une moue factice. Alors je vais prendre l'initiative. Je suis Ambroise Regulus, fils du roi d'Ilgarde Théophile Régulus, le prince héritier d'Ilgarde, annonça-t-il avec un sourire provocant.
Je l'exécrais aussitôt.
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