La personne qui, je l'ai cru me ressemblait le plus dans cette pièce est en fait, cet imbécile imbu de lui-même. Cette année va être longue, très longue. Ma rage ne désemplissait pas. Et n'allait pas le faire dans le jour à venir. Il ne me restait qu'à me concentrer sur ce stupide discours, si je voulais éviter de venir sur scène l'étrangler.

- Chaque étudiant se place sous la direction directe de leurs chefs de maison, annonça Pierre Avani en agitant son bras orné de son tatouage vert.

- Les cours commenceront demain, selon l'emploi du temps qui se trouvent dans vos chambres respectives, continua Edith Ashford.

- Aucun retard ne sera admis, un classement se fera à chaque fin de semaine, les derniers du classement s'occuperont de faire les tâches ménagères de toute la semaine, répliqua Torcyne Burusk d'un sourire cruel.

- N'oubliez pas, les dragons sont les créatures les plus intimement liées à l'univers, nos racines sont si profondément ancré dans les éléments que nulle personne ne peut nous les arracher. Si une personne s'y essaye, il est mort : Bienvenue à l'Académie des dragons ! Lança Blake, les yeux rivés sur moi.

Ses yeux étaient remplis de colère et de dédain. Toutes ces émotions étaient centrées sur moi. Des frissons de peur me traversaient. Toute cette haine, qui me réservait, était basée sur un malentendu. Je ne pouvais quand même pas laisser passer ça. La guerre avait éclaté et j'étais bien décidé à l'emporter.

- Une dernière annonce, avant de vous laisser dormir. Comme la plupart des personnes le sait, l'Origine est là, parmi nous. Elle est en première année. Ce n'est certainement pas dans nos habitudes de faire un accueil à un étudiant en particulier. Mais je pense que la situation dans laquelle nous nous trouvons est particulière et mérite un accueil adapté. C'est pour cela que je vous demande d'accueillir : Sélène Dragomir, le dragon céleste de première génération. L'origine !!! Clama Maxime.

Un tonnerre d'applaudissement se fit, je n'eus pas le cœur à les accompagner. Une tristesse sans nom se fit en moi. Je suis maudite. Je le voyais bien, elle était si heureuse sur scène. Elle jouait mon rôle et cela me faisait mal. Horriblement mal. Elle monta sur scène et resplendissait. Son sourire éclatant m'apparut. Elle ne prit même pas la peine de m'accorder un regard.

Je suis maudite. Cela aurait dû être moi sur scène. Je ne cherche pas la gloire, mais la paix, être moi-même. Voir une personne usurpé mon identité ne sera pas aisé à voir. J'ai eu tant de mal à m'accepter que changer de rôle, jouer une nouvelle personne ne sera pas aisé.

Ma conscience s'éloigna. C'était trop dur pour elle de supporter cette forme de torture. Ma dernière image était le regard meurtrier de Blake qui me fixait conscient de mon mal-être.

* * *

Une journée était désormais passée. Plus que 10 mois avant de finir cette année. Mon premier cours commençait dans 3 heures, il s'intitulait fonctionnement des dragons, puis après, j'enchaînais sur l'apprentissage au combat. Je m'attachai à un groupe de première année et les suivis à la cantine.

Une fois assis, je m'efforçai de les écouter même si cela était ardu. D'une part, c'était agréable d'écouter leur vie parfaite et sans problème, mais de l'autre, la vie me parut injuste en les voyant se plaindre de choses insignifiantes.

- Vous avez vu comment Torcyne et Blake sont sublimes, s'extasie une fille arborant un chouchou rouge.

- Mais oui, je les ai vus, je crois même qu'ils m'ont regardé bien fixement. J'ai cru que j'allais faire un arrêt cardiaque. Les deux sont tellement beaux, en répondit une autre avec sa bague verte.

Je fis du mieux que je pouvais pour essayé de suivre leur conversation, cependant la seule conversation que j'ai eu avec Blake me questionnait. D'un côté dans la vie réel il semblait sûr de lui, sans aucun problèmes. Mais de l'autre son aura que j'ai pu apercevoir me révéla qu'il était bien plus que ce qu'il laissait nous voir...

- Dommage que Blake est déjà occupé, soupira-t-elle. Il sort avec une fille d'électricité, elle se nomme Lola Belphégor, je sens que je la déteste déjà.

- Mais il reste Torcyne, ce n'est pas grave, en dit une autre ne levant pas sa fourchette en l'air.

Torcyne... Je ne l'avais vu que de lojn mais il me semblait imbus de lui même. Cependant, je pense qu'il peut être bon. A la fin du discours, en ignorant les filles qui le clamaient, il s'est tout de suite dirigés vers Blake qui avait le regard dans le vide.

- Mais tu ne sais pas ? Apparemment, c'est un coureur de jupon, s'indigna une autre.

- Il sera différent lorsqu'il me verra je le sens...

Mes pensées bien trop encombrantes m'empêchaient de me concentrer pleinement sur la conversation. Je me détourna donc de mes camarades et porta mon regard vers la table en face. Mes amis s'y trouvaient. De temps en temps, nous échangeons ensemble un regard triste. C'était Nyko qui semblait être le plus malheureux. Lui, qui aimait tant la solitude, se trouvait entouré des admirateurs d'Ulyssia.Mon cœur se déchirait petit à petit. Il n'allait pas pouvoir supporter cette torture bien longtemps. Les sutures de cette nuit avaient cédé depuis bien longtemps.Cette lumière, qui brillait encore sur mon poignée, me rappelait que je n'étais pas seul. Je jetai un coup d'œil à l'horloge en décidant qu'il était bientôt temps de partir.

- Et toi Ulyssia, qui est le gars que tu as repéré ? M'interpella une autre fille de la table interrompant mes pensées.

Son regard marron me fixait intensément, avide de confessions et de potins.

- Je suis sincèrement désolée, je dois aller en cours, annonçais-je en évitant cette question soudaine.

Au moment de débarrasser, je me rendis compte qu'un garçon était en train de me doubler. Pas que moi, tout le fil. Cette journée commence du mauvais pied, grommelais-je.

- Excuse-moi, il me semble que tu es en train de doubler tout le monde, si tu n'avais pas remarqué il y a un fil, l'interpellais-je.

Je fis du mieux que je peux pour employer un ton courtois.

- Je ne crois pas qu'il me faille respecter cette queux, regarde tout autour de toi. Personne ne semble dérangé par mon initiative, me répliquais-je d'un ton condescendant.

Il se retourna et je vis, ce coureur de jupon. Torcyne Burusk.

- Un première génération n'a pas à se plier aux règles, continua-t-il.

Je n'avais qu'une envie, c'est de lui dire que moi-même étant une première génération, je n'en faisais pas qu'à ma tête. Mais bien sûr, je ne pouvais pas. Merci Maxime !

- Non mais je n'y crois pas, tu penses réellement que tu vas avoir un traitement de faveur, alors que tu n'as pas réalisé de réel exploit. Seuls tes pouvoirs t'ont donné ce statut. Tu n'as pas accompli de toi-même, m'emportais-je.

Un sourire cruel pris place sur son visage. Il avait une beauté démoniaque, des Enfers. L'air se chargea d'électricité. Le monde autour de moi n'existait plus.

- C'est la première fois que je vois un petit dragon céleste me tenir tête. Et crois-moi cela sera la dernière fois. Ton nom !

- Ulyssia Galadriel, répliquai-je en levant le menton.

Sans faire le moindre geste, son regard se chargea de cruauté. Je lâchai mon plateau, en prenant mon bras et en le serrant contre moi, comme pour le protéger. Il venait de m'électrocuter. C'était une des douleurs les plus fortes que je n'avais jamais senties. Une zébrure avait maintenant pris place dessus. Une larme perla sur ma joue. Je tournais la tête pour voir un professeur ou bien surveillant faire son devoir. Mais personne ne vint. Je compris que la loi qui s'appliquait était celui du plus fort.

Je le voyais bien, il prenait du plaisir à me faire du mal. C'était un malade. La colère prit le dessus sur moi. La rage contrôlait le moindre de mes mouvements. Je ne pouvais plus rien faire. Un tel afflux de pouvoir ne pouvait être contenu par le restrictio, qui était e seul obstacle entre ma colère et mes pouvoirs. Je me laissai m'emporter. Le vent se joignit au pouvoir de l'univers. Je vis ses pieds comme emportés vers moi. Sa surprise fut pour moi l'un des meilleurs cadeaux qu'il pouvait me faire. Il fut plaqué au sol par la gravité, mon pouvoir favori.

Mon cœur battait à la chamade par le plaisir de me déchaîner contre quelqu'un. Me venger de tous mes problèmes. Tout simplement lâcher prise.

Mon restrictio qui était dépassé par la situation repris le dessus. Il m'enserrait le coup, tel un serpent avec sa proie. Par cette douleur soudaine je me retrouva à genou, mes mains à mon coup, essayant d'apaiser cette situation qui m'était insupportable. Toute magie qui tentait de circuler en moi était happé par le collier.

Soudain, je me rappelai tout. Le plan, le secret, la discrétion. Tout comme moi, Torcyne cessa d'invoquer l'électricité.

- Tu es vraiment tombé en plein dans ces filets, ne comprends-tu pas que ce qu'elle veut est de l'attention ? Commença Blake, en serrant les lèvres. Et tu viens de lui offrir cela sur un plateau d'argent. Allons-nous-en.

Sans me laisser le temps de me répondre, pour la deuxième fois. Ils partirent. Voilà pourquoi ils sont amis. Ils sont tout simplement aussi abruti l'un que l'autre.Je regardai autour de moi et découvris le désordre que j'avais provoqué. Des plateaux, de la nourriture étaient éparpillés par terre. Des dizaines de personnes me scrutaient. Essayant de percer ma folie. Je me relevai avec la dignité et fierté qui me restais. La sensation d'étranglement se retira en même temps que ma rage.

Pour la discrétion, ce n'était pas gagné, je le crains.

Merci encore une fois de continuer de lire cet œuvre que je prends particulièrement à cœur. 

Rendez vous dans 1 semaine pour découvrir l'Académie de Rowengarde en détail. Les lieux et ses étudiants. Et peut être même rencontrer un dragon sous sa véritable forme (qui sait ?)...