Chapitre XXV

Léréna

L'Armée Fantôme s'inclina devant elle puis un d'eux s'approcha. Outre son apparence fantomatique, il portait encore les vêtements qu'il avait lors de sa mort. Mais surtout, un énorme trou béant transperçait son corps au niveau de son torse.

-Son Altesse la Reine Noire nous a appelée ? Demanda-t-il en s'inclinant.

-Oui, c'est exact.

-Quelques soient vos ordres, nous, habitants des Enfers, les exécuterons.

-Tuez tous ces misérables paysans mais laissez moi celui qui détient l'Épée des Ténèbres.

-Entendu votre altesse mais faites attention, vous savez quels sont les risques que vous prenez face à cette épée, la mis en garde le spectre.

-Je n'ai besoin d'aucun de vos conseils, cracha-t-elle.

Il ne rajouta rien de plus, il se contenta seulement de se tourner vers ses semblables.

-Âmes perdues des Enfers, la toute puissante Reine Noire Léréna a besoin de notre aide, cria le général fantomatique. Alors, emmenons ces âmes mortelles, destinées à mourir, avec nous aux Enfers !

Puis l'armée fantomatique, qui semblait s'accroître au fil des minutes, s'élança vers le champs de bataille. La reine s'avança à son tour, accompagnée de Galador. Les spectres passaient au travers des Armées Noires et décimaient chaque Libérateurs du Mal qui croisait leur chemin. Ils ne pourraient gagner face à eux parce qu'on ne peut pas tuer ce qui est déjà mort. Par contre, la mort peut vous emporter avec elle, c'est ce que faisaient ces fantômes, ils emmenaient chaque paysan avec eux, aux Enfers.

La reine fit réapparaître son sceptre dans ses mains et Galador sortit son immense masse, qu'il fit tourner dans sa main. Le dragon, quand à lui, s'envola dans un long cri strident et brûla la forêt qui les entourait. Comme cela, personne ne pourrait échapper à la mort, mis à part les Armées Noires.

D'un seul coup de masse, Galador avait mit deux paysans à terre, puis un troisième en lui arrachant la tête. La reine, quand à elle, avançait tout en fixant son objectif. Ulrick. Sur son passage, aucun Libérateur du Mal n'était épargné. Certain mouraient le cœur arraché, d'autres brûlés vif ou bien asphyxiés ou encore, le sceptre traversant leur corps. Celui-ci était rempli du sang des ses victimes, ainsi que les mains de sa propriétaire.

Le dragon s'empara de deux paysans et alla les jeter directement dans les arbres en train de brûler. Les cris des victimes résonnaient, cachant le bruit du tonnerre qui grondait. De temps en temps, un éclair foudroyait le ciel pour atterrir quelque part sur la clairière, électrocutant une ou deux personnes au passage.

L'Armée Fantôme ne cessait de faire couler le sang elle aussi. Les Libérateurs du Mal était frustrés de ne pas pouvoir tuer leur ennemi sans qu'il soit de même pour lui. Leur espoir, si grand au départ avait complètement disparu quand cette armée fut arrivée. Cette pensée arracha un sourire cruel à la reine.

Elle s'imaginait déjà gouvernant les trois royaumes, les trois peuples à ses pieds et à son service. Ses armées les feraient trembler et son nom leur couperait la circulation à chaque écoute. Elle aurait alors eu tout ce que son père n'avait pas pu avoir, le pouvoir. Après tout, pourquoi y aurait-il trois royaumes quand on peut les rassembler et les gouverner ? Elle n'avait jamais compris cette logique de séparer les terres. Elle ferait tout pour arriver à cela. Elle avait déjà tué son père et son frère et tellement de gens sans aucun remort pour le faire, alors si elle doit en tuer une de plus, elle ne ferait pas la différence.

Elle enchaînait les morts mais n'avait qu'un seul objectif en tête. Elle voulait le voir mort, voir son corps à côté des autres victimes de ses soldats ou de ses pouvoirs. Elle voulait pouvoir ramener sa tête comme un trophée qui prouverai qu'elle ne s'arrêtait devant rien ni personne et qu'on ne peut l'arrêter.

Elle brandirait sa tête et son cœur devant la mère du pauvre garçon et elle accrocherait ce qu'il resterait de son corps. Elle ferait alors face à une mère pleine de tristesse et de rage, qu'elle tuerait. Au moins, elle rejoindrait son fils mort parce qu'il ne voulait pas faire comme tout le monde et qu'il ne voulait pas obéir aux règles imposées. Et elle montrerait son corps aux trois royaume pour montrer ce qu'il arrive aux résistants, aux rebelles et à ceux qui ont un peu trop d'espoir.

Au fur et à mesure qu'elle avançait, Ulrick réussissait à se sortir des griffes des Morgoths ou des Soldats Noirs. Il arrivait même à en tuer un de temps en temps. Elle en avait marre de le voir se moquer d'elle et de lui prouver qu'il pouvait la vaincre, alors qu'il savait que c'était faux. Elle sentit ses yeux devenir rouge face à cet isolant et sa rage grandissait. Elle arracha le cœur d'un paysan d'une quarantaine d'années environ et regarda le ciel.

-Waldrade ! Cria-t-elle, Rajhemar Ulrick chema !

Le dragon baissa la tête vers elle.

-Fait plaisir à maman, murmura-t-elle.

Le dragon poussa un cris strident et plongea la tête la première et les ailes détendues dans le combat. La bête renversa quelques personnes sur son passage puis, arrivé à la bonne hauteur, prit Ulrick avec une de ses pattes arrières. Il fit demi-tour et jeta le jeune homme aux pieds de la reine. Celui-ci atterit sur le ventre, avec le bruit de son armure heurtant le sol pour l'accompagner. La reine le regardait hautainement pendant qu'il essayait tant bien que mal de se relever malgré ses blessures.

-Comme on se retrouve, Ulrick, cracha la reine.

-Vous ne m'aviez pas manquée, répliqua-t-il.

-Espérons que se soit toujours le cas quand tu seras à six pieds sous terre.

Comme pour se justifier, elle serra plus fort ses mains sur son sceptre et le leva en direction du jeune homme. Celui-ci, à peine debout, jeta son épée à terre pour en prendre une autre dans son fourreau.

Elle avait l'air toute simple, avec un manche noir où étaient inscrits des symboles dans une langue différente de la leur. Mais la lame devint rouge comme le sang, comme les yeux de la reine, à l'approche de celle-ci.

La jeune femme eu un léger coup de stress mais tenta de se calmer pour être au mieux pour gagner ce duel. Puis le combat commença.

Ulrick tenta une première offensive que la reine évita avec souplesse. Puis il en tenta une autre, en vain. Alors qu'il s'apprêtait à en faire une troisième, la reine le devança et lui entailla l'épaule. Il mit une main sur celle-ci pour voir s'il saignait puis retira sa main pour regarder ses doigts ensanglantés.

La reine esquissa un léger sourire puis Ulrick se remit en position, comme lui avait appris Calleb. Les offensive arrivaient des deux côtés, touchant leur cible pour l'un, la ratant pour l'autre. Le jeune homme était entaillé et blessé de partout mais ne lâchait pas.

-Pourquoi faites vous cela ? Demanda-t-il soudainement, qu'est ce que cela vous apporte ?

La reine lâcha un rire à en glacer le sang.

-Cela me rend plus puissante à chaque minute, lui répondit-elle avec un sourire provocateur.

-Non, vous ne faites que prouver à votre père que vous êtes une mauvaise personne et que le trône ne vous revient pas !

-Mon père est mort ! Ainsi que toute ma famille, je suis donc l'héritière légitime du trône.

-Alors c'est pour cela que vous vouliez le tuer, simplement pour qu'il n'y ai personne d'autre qui ai le pouvoir de gouverner !

-Et en quoi cela te regarde-t-il ? Après tout, tu ne pourras pas voir tout cela, tu seras mort.

-Vous disiez que votre père était une ordure de vous avoir traité comme il l'a fait. Mais moi, je ne vois qu'un seul vrai monstre, et c'est vous, Léréna !

Prise pas la rage, elle cria et se jeta vers le jeune homme, arme tendue vers lui. Il en fit de même pour se défendre. Alors qu'elle enfonçait son sceptre dans sa cage thoracique, il en profita pour planter l'Épée des Ténèbres droit dans le cœur de la reine. Celle-ci lâcha son arme et recula en regardant avec horreur l'arme plantée dans son corps. La lame était plus rouge que jamais.

Puis il se mit à pleuvoir de l'eau noire, des corbeaux tournaient autour d'elle et une fumée noire s'échappait de son corps. Ses yeux, rouges, devinrent alors entièrement noirs puis une voix sortie de nulle part résonna dan la clairière.

Aussi noire que les Ténèbres elle sera
La femme la plus cruelle elle deviendra
N'ayant plus de cœur elle arrachera
Le cœur de celui qui la défiera
N'ayant pour seule compagnie un miroir
Qui lui montrera l'horreur de ses actes
Le royaume se transformera en abattoir
Quand de sa main la mort sera abondante
Seule une épée pourra la vaincre
Encore faudrait-il pouvoir l'atteindre

Ulrick était horrifié par le spectacle qui s'offrait à lui. Puis une vieille femme sortit du sol. Elle portait des guenilles et semblait avoir bien plus d'une centaine d'années.

-Notre accord est terminé reine Léréna Stéphia, première du nom, de Somara. Les Enfers n'attendent que toi, dit-il d'un ton monotone.

Elle prit alors la main de la reine et les corbeaux se jetèrent sur les deux femmes. Le tonnerre grondait de plus belle et la pluie devenait insupportable. Des plumes noires s'échappaient de cette tornade d'oiseaux et fouettait le visage d'Ulrick qui le cachait du mieux qu'il pouvait avec sa main qui ne tenait pas sa blessure.

Puis les oiseaux s'écroulèrent tous au sol, laissant place au corps sans vie et allongé de la reine. L'épée n'y était plus, ainsi que la vieille femme. L'Armée Fantôme avait disparue elle aussi et le calme était revenu. La pluie avait cessée, et avait éteint l'incendie qui s'était propagé dans la forêt, et le ciel était redevenu bleu. La dragon se posa au sol, à côté du corps innerte de la reine et poussa un cris qui brisa le cœur d'Ulrick. C'était un mélange de douleur et de tristesse.

Il se décida à enjamber les cadavres des oiseaux pour s'accroupir auprès de la reine. Elle ne respirait plus, son cœur ne battait plus. Elle était morte.

Les trois royaumes étaient enfin libres.

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