Chapitre XX

Ulrick

Il scella son cheval après avoir mit sa cote de maille et son épée dans son fourreau. Il monta alors sur sa selle et attendit les ordres de Calleb. Tous les Libérateurs du Mal, capables de se battre, s'armaient et disaient au revoir à leur famille qui ne venait pas au combat.

Il avait été décidé que la bataille ne se passerai pas en forêt, cela formerait un énorme désavantage pour eux.

Plus les minutes passaient, plus Ulrick était anxieux. Il avait la boule au ventre et ne savait pas à quoi s'attendre. À la mort peut-être ? Ou à la victoire ? Ou peut-être que la reine le capturera pour le torturer jusqu'à sa mort. Aucunes de ces options ne le satisfaisait vraiment. Après tout, s'ils gagnaient et que la reine mourrait, que se passera-t-il ensuite ? Il rentrerait chez lui comme si de rien n'était ? Il se posait tellement de questions si bien que son esprit était tout embrouillé.

Des femmes pleuraient, se disant sûrement que leur mari, leur fils, ou leur frère allait mourir durant cette bataille qui ressemblait plus à un suicide de leur part. Les hommes, quand à eux, restaient fort mais au fond d'eux, étaient autant, voir même plus attristés. Ils savaient que sur le champs de bataille, ils seraient seuls face à l'ennemi, avec eux, seulement le réconfort de s'imaginer chez eux, entouré de leur famille. Mais le problème était qu'ils allaient peut-être jamais la revoir, leur famille. Après tout, sans doute que personne ici ne la reverrait.

Calleb arriva alors, les rênes de son cheval dans sa main, avec, à ses côtés, Aelis qui avait les yeux rouges par les larmes. Il lui disait quelque chose puis embrassa son front pour monter en selle.

-Libérateur du mal ! Commença-t-il assez fort pour que tout le monde l'entendre. Aujourd'hui, est venu le jour de notre vengeance ! Le règne de la Reine Noire arrive à son terme et se sera nous qui la feront tomber ! Dites vous que toutes les personnes qui tomberont pendant la bataille se seront battus jusqu'au bout pour notre liberté et notre bonheur. Alors séchez vos larmes et prenez vos armes ! Pour les rois qui sont tombés avant nous, pour les trois royaumes et pour notre liberté !!!

Tous les hommes s'écrièrent en cœur avec la ferme intention de tuer la reine. Avec un peu de recul, Ulrick ne savait plus trop s'il voulait le faire. Après tout, la reine avait trois armées et des pouvoirs. Eux n'étaient que de pauvres paysans qui savaient à peine manier une épée.

Calleb s'approcha de lui, toujours sur son cheval et l'interrogea du regard. Ulrick baissa alors les yeux, ne voulant pas lui révéler le fond de ses pensées.

-Que ce passe-t-il ? Demanda finalement le prince.

-Rien, enfin, c'est juste que....

Il leva la tête pour regarder le jeune prince dans les yeux.

-J'ai juste un mauvais pressentiment, répondit-il finalement. Après tout, notre ennemi n'est pas n'importe qui et les personnes ici présentes ne savent pas se battre autant que le savent les armées de la reine.

-Tu doute ? Voyons Ulrick, nous avons la seule arme qui peut la tuer et elle ne le sait pas, cela ne peut former qu'un avantage pour nous !

-Peut-être mais... je sais pas... je ne dis pas qu'ils n'ont pas la volonté de la combattre mais ils n'ont tout simplement pas les capacités.

-Crois moi Ulrick, ils peuvent te surprendre.

C'est sur ces mots que Calleb se dirigea vers l'entrée de la grotte, suivi de près par Ulrick, qui doutait toujours. Les hommes firent un dernier au revoir à leur famille et partirent eux aussi. Un calme plat s'était installé dans la grotte, on n'entendait seulement le bruit des sabots des chevaux et les chaussures des hommes à pied. C'était comme si ce silence signifiait la mort prochaine. On pourra retrouver ce silence quand les femmes enterreront leur mari n'ayant pas survécu à la bataille.

Calleb et les Libérateurs partaient confiants et fier de sauver les trois royaumes, Ulrick l'était beaucoup moins. Une fois sortis de la grotte, ils s'engagèrent dans la forêt et zigzaguèrent entre les arbres. Ulrick avait de plus en plus peur. Après tout, la reine et ses armées pourraient débarquer à tout moment. Ou alors, quelques Morgoths pourraient apparaître d'entre les arbres et tous les tuer. Et ce sera comme ça que la reine aurait gagné.

Ils s'arrêtaient de temps en temps pour manger, boire et se reposer un peu. Il leur fallait toutes leurs forces pour affronter l'ennemi. Avant de repartir, Calleb faisait toujours un petit discours d'encouragement pour leur redonner confiance. Mais plus ils avançaient, plus la conscience d'Ulrick lui disait de partir en courant. Mais il ne le faisait pas. Pourtant, tant d'occasions s'étaient présentées à lui mais il n'en fit rien. C'était comme si, au fond de lui, il voulait combattre et tuer une bonne fois pour toute cette reine qui fait souffrir tout le monde. Il était partagé entre cette envie et celle de fuir. Pourtant, il continuait à avancer comme les autres, sans se plaindre.

Après deux jours de marche, ils arrivèrent dans une immense clairière, qui, selon Ulrick, serait parfaite pour le combat. Ils installèrent alors leurs affaires, attachèrent les chevaux et firent un feu de camp. Celui-ci fit penser à Ulrick le jour où Calleb l'avait sauvé des griffes du dragon de la reine. D'ailleurs, Ulrick l'avait oublié celui-là. Et si la reine l'amenait avec elle ? Là, ils pouvaient commencer à creuser leur tombe.

Cette nuit-là, Ulrick ne pu dormir. Il regardait alors le ciel étoilé, en espérant que sa mère faisait de même. Sa chère mère qui devait être morte d'inquiétude en ne voyant pas son fils revenir. Il se fit à l'idée qu'il ne la reverrait sans doute jamais. Une petite larme coula sur sa joue à cette pensée. Il ne s'endormit pas, mais resta ainsi toute la nuit à regarder le ciel, sous les ronflements des hommes exténués par la marche.

Le soleil se leva, réveillant les hommes petit à petit. Ulrick, quand à lui, restait allongé, comme si le fait de rester comme cela ferait revenir la nuit. Puis finalement, il se leva pour aller manger et reprendre des forces. Tout le monde discutait mais Ulrick ne prenait pas part à ces discussions, occupé par ses pensées.

Des fois, il balayait du regard la clairière et croisait à chaque fois le regard inquiet de Calleb. Il ne s'en occupait jamais car il ne savait pas quoi répondre à cela.

Pendant qu'ils ramassaient leurs provisions et leur affaires, un gong retentit. Ils levèrent tous la tête vers l'horizon pour voir ce qu'il se passait. Un Morgoths était sur une petite coline et soufflait dans une immense corne, ce qui signifiait que la reine arrivait, et la bataille par la même occasion.


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