Chapitre II
Ulrick
Il arriva dans ce royaume que l'on appelait Somara. Cela faisait dix jours qu'il galopait vers un petit village du nom de Karellis pour rendre visite à un oncle qu'il n'avait pas vu depuis longtemps. Il n'était plus qu'à quelques lieues de ce village et la fatigue commençait à prendre place mais il tenait bon en pensant au siège et à la nourriture qui l'attendait chez son oncle.
De temps en temps, il regardait le paysage dévasté. Dans les lettres que son oncle lui écrivait, le royaume était décrit comme fantastique, comme un royaume de paix et magnifique mais il n'avait nullement mentionné les arbres calcinés et la terre brûlée.
Il tourna légèrement la tête, de sorte à voir ce paysage d'horreur et le chemin qu'il empruntait, pour ne pas avoir à faire demi-tour avec son cheval, et vit un immense fossé qui devrait être une rivière où l'eau devait couler il y a longtemps mais il ne restait que de la terre et des cendres qui flottaient dans les rares flaques d'eau.
De temps en temps, le coassement d'un corbeau accompagnait le bruit des sabots de son cheval contre la terre sèche. De temps en temps, un ou deux arbres encore verts, entourés de souches et de troncs brûlés.
Quand il avait passé la frontière, il avait chevauché à côté d'une forêt verdoyante et pleine de vie et à présent, la seule forme de vie qu'il pouvait apercevoir était les gens dans les villages, si ceux-ci n'était pas brûlés.
Quelques heures plus tard, il arriva au village, du moins, ce qu'il en restait. Ulrick descendit de son cheval et avança en regardant la scène. Il ne restait plus rien à par des ruines et un immense feu. Étrangement, il ne restait qu'un seul mur intacte. La peur et l'inquiétude s'emparèrent de lui. Que s'était-il donc passé ? Se demanda-t-il.
Il continua d'avancer quand tout à coup, quelque chose craqua sous sa chaussure. Il souleva son pied pour voir sur quoi il avait marché et se rendit compte que c'était un crâne. Il faut alors prit d'un haut le coeur.
Il leva la tête et vit des os à perte de vue, quelques parties de corps comme une jambe, une tête ou un bras, et du sang, beaucoup de sang. Il y régnait une ambiance morbide et une odeur de pourriture flottait dans l'air. Il avança vers le feu et découvrir que ce qui était en train de brûler étaient des cadavres. Il se recula, horripilé par la scène, et se tourna pour ne pas avoir à regarder ça.
En face de lui, il y avait le seul mur qui était encore debout et vit au loin, une tâche rouge dessus. Il s'approcha, une trace de main humaine, de femme vu la taille de celle-ci, était dessinée. Il toucha alors légèrement la marque qui avait séché et se rendit compte que cette peinture rouge n'en était pas une. Elle était en fait, faite avec du sang. Qui avait fait cette marque ? Est-ce une des personnes qui a participé à ce massacre ? Soudain, il entendit des voix, ce qui le fit sursauter.
-Ce sont les derniers et après, nous allons pouvoir rentrer au château. Sa majesté sera contente de notre travail, j'en suis sûr !
Deux soldats arrivèrent avec des cadavres dans les bras. Ils portaient une armure en métal noir et portait un blason qui représentait un dragon. Prit de nouveau par la peur, Ulrick courut vers son cheval et se hâta à monter dessus pour se diriger vers le chemin le plus proche. Il se retourna et vit les soldats jeter les cadavres dans le feu, qui s'intensifia quand les corps aterirent. Puis un des soldats leva la tête et regarda le jeune homme. Pendant un court instant leurs regards se croisèrent et il eu l'impression que l'homme avait envie de lui planter un couteau dans le cœur. Il ordonna alors à son cheval de partir en galopant.
***
Arrivé à l'entrée du village le plus proche, il attacha son cheval à un poteau et entra dans la taverne située à côté. Il ouvrit la porte, se dirigea vers le comptoir dans le brouhaha des hommes qui rigolaient entre eux et les rires des putains qui faisaient tout pour les séduire pour pouvoir remplir leur sac de pièces, et commanda une bière.
-T'a pas une belle tête mon garçon, une belle d'moiselle serait-elle au centre de tes préoccupations ? Demanda l'homme qui tenait le comptoir.
Ulrick le regarda et prit une gorgée de sa boisson.
-Me r'garde pas comme ça, j'veux juste t'aider moi ! Lui dit l'homme en levant les mains au ciel. Si t'es triste garçon, j'ai que'ques putains qui pourraient t'faire oublier ton chagrin.
-Je devais rendre visite à mon oncle.
-Et ? T'aurais pu l'amener ici, il n'y a pas d'âge pour boire un coup ! Lui répondit l'homme en rigolant.
-Il est mort, lui dit Ulrick en regardant le comptoir.
C'est en le disant à voix haute qu'il se rendait vraiment compte de la gravité de la chose. Il ne savait plus quoi ressentir. Rire par nervosité ? Pleurer ? Il ne savait plus. Le sourire de l'homme s'effaça et la peine pris place sur son visage.
-Désolé mon garçon.
L'homme pris un verre et l'essuya un peu gêné par la situation. Ulrick prit une gorgée de sa bière avant de reprendre.
-Cet après-midi, je suis arrivé au village où habitait mon oncle mais en arrivant, il ne restait rien excepté un feu où brûlait des cadavres et un mur où il y avait un dessin.
L'homme mit le bout de tissu qui lui servait de torchon sur son épaule, s'accouda sur le comptoir et se mit à parler en chuchotant.
-Qu'est ce qui était dessiné sur le mur et avec quoi ?
-Pourquoi, monsieur ?
-Dis le moi ! C'est pour t'aider !
-C'était une main, de femme je pense, dessinée avec du sang mais c'était sec, ça a du se passer hier ou il y a deux jours.
L'homme se recula en écartant les yeux comme s'il venait de lui décrire la pire chose qui aurait dû se passer. Il jeta le torchon et fit le tour du comptoir en attrapant Ulrick par le bras pour l'emmener rapidement dehors, dans une petite ruelle sombre.
-Le Mal s'est abattu sur le village de ton oncle, n'y retourne sous aucun prétexte. En y retournant, s'ils te trouvent, t'es mort, Elle t'tuera ! Lui dit l'homme en regardant autour de lui comme s'il cherchait quelqu'un, il avait l'air inquiet. Si ça s'trouve Elle sait déjà qu't'y est allé, Elle a peut-être même déjà envoyé des soldats à tes trousses !
La façon dont il avait dit "elle" était très inquiétante comme si cette personne était dangereuse. Ulrick ne savait pas de qui il parlait et encore moins ce qu'il avait fait de mal.
-Qui monsieur, qui veut me tuer ?
-Elle ! J'peux pas dire son nom ici !
Il semblait inquiet, tellement inquiet qu'une goutte de sueur perla sur son front. L'homme continuait à regarder autour d'eux comme si quelque chose les observait.
-Dites-moi son nom ! S'il vous plaît, que je sache qui a tué mon oncle !
L'homme marqua un temps d'hésitation puis pris une grande inspiration comme si ce qu'il allait dire était difficile à sortir et qu'il fallait des années d'entrainement.
-La Reine Noire, dit-il dans un souffle.
Il marqua un temps d'arrêt, comme pour se demander s'il fallait aller plus loin.
-Elle veut la mort de tous ceux qui croisent son ch'min. Elle est la fille d'un roi, le plus sage d'entre tous mais il y a dix ans, le roi est mort le jour de l'anniversaire d'ses enfants. Les gens disaient qu'il était dev'nu fou, le roi. Les invités présent à l'anniversaire disent que c'est sa fille qu'a débarqué dans la salle et qui lui a arraché l'cœur. D'après ce qu'on dit, elle avait les yeux rouges alors qu'elle les avait bleus quelques heures auparavant. C'est à cause de ça que l'prince a fuit et c'est d'puis ce jour que la princesse est montée sur le trône.
"Pus personne l'appelle par son nom d'ailleurs, personne ne l'connais vraiment, tout le monde l'appelle la Reine Noire.
"Elle est cruelle, sans pitié et d'une telle beauté qu'elle hypnotise tous les hommes qu'elle croise. Tous ceux qui s'opposent à elle meurent immédiatement d'sa main. Soit elle leur arrache l'cœur, soit elle utilise ses pouvoirs pour les brûler vif, pour les asphyxier ou pour lancer je ne sais quel sortilège.
"Et son armée n'est pas vivante, c'est un de ses tours d.magie, si tu transperce un soldat avec ton épée, un trou s'formera là où tu l'as touché et c'trou s'rebouche tout seul. Quand à elle, tu ne peux pas l'atteindre, elle lit dans les pensées et anticipe tous tes fais et gestes. Une légende raconte que l'seul moyen d'la tuer est d'enfoncer une épée spéciale à l'endroit où devrait être son cœur. Mais c'est impossible de l'atteindre, comme j'viens de te l'dire. Maint'nant, va-t'en, mon garçon, avant qu'elle te retrouve !
-Mais je n'ai nul pars où aller ! Protesta Ulrick, je viens de Licana et je devais séjourner chez mon oncle !
-Tiens, voilà d'l'argent mon garçon, j'ai un ami qui tient une auberge dans un village à une heure d'ici vers l'nord. Tu lui diras qu'tu viens de la part de son vieil ami Metto, il te donnera une chambre pendant quelques temps. Trouve un travail pour continuer à payer la pension et ne dis surtout pas c'que t'as vu.
L'homme lui tendait un petit sac avec quelques pièces dedans. Ulrick pris le sac et l'accrocha à sa ceinture. Metto l'enlaça comme si c'était son fils, se dégagea et le regarda droit dans les yeux.
-Maintenant va, mon garçon et bonne chance pour la suite.
-Merci beaucoup Metto, je ne vous remercierai jamais assez pour ce que vous venez de faire pour moi.
Il se retourna et monta sur son cheval en direction du village où l'ami de Metto l'accueillera. Sur le chemin, Ulrick ne cessa de penser à cette fameuse Reine Noire et à quoi elle pourrai ressembler. Il savait qu'elle avait les yeux bleus et qu'elle était magnifique. Pour l'heure, il devait se concentrer sur le chemin et sur ce qu'il allait dire à ce fameux ami.
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