La Reine est morte
« La Reine est morte. »
Cette phrase était sur toutes les lèvres. L'information se baladait de maisons en maisons à une vitesse impressionnante. On se doutait partout que les pertes étaient immenses, toute la cité était en deuil. On avait perdu des parents par si, des cousins par-là, parfois même des voisins qu'on saluait tous les jours en allant travailler. Mais personne n'aurait pu imaginer qu'une personne aussi importante n'est pas survécu.
On se demandait alors quelle était l'ambiance au château. On imaginait très bien un roi en pleure seul dans sa chambre, refusant toute visite, n'ayant pas mangé quoi que ce soit depuis ce fameux jour.
Or, le peuple de Camelot avait totalement tort. Le Roi Arthur n'avait pas de larmes séchées sur ses joues, ne passait pas ses jours enfermé dans sa chambre et acceptait la nourriture apportée par ses serviteurs. Il paraissait tout à fait normal. Tellement normal que les serviteurs commençaient à trouver cela très étrange. C'était comme s'il n'y avait jamais eu de Reine.
Guenièvre avait toujours été aimé par l'ensemble du personnel du château, elle avait été l'une des leurs pendant une longue période de sa courte vie. Bien que certains n'avaient pas bien digéré son changement de statut, elle n'en restait pas moins une personne admirable et idéalisée.
Alors, le manque de réaction de la part de celui qui avait été son mari en blessait certains. On commençait alors à entendre des choses immondes sur leur relation, des histoires de tromperies et d'infidélités qui auraient mal tourné avant la mort de la Reine.
Arthur en eût vent lors d'une des nombreuses réunion du conseil. Un de ses conseillers l'a simplement annoncé comme si c'était la chose la plus banal du monde, et c'était le cas. Il y avait tellement d'autres choses plus intéressantes à discuter qu'une pauvre rumeur entre serviteurs. La ville était en partie détruite, le royaume manquait de récoltes et des maladies mortelles se propageaient entre ses sujets.
Le conseil n'avait en réalité aucune envie de discuter du cas de la Reine défunte, il en était plutôt heureux en réalité. Une femme du peuple n'avait à ses yeux pas sa place sur le trône.
« Sire, vous devriez peut-être songer à vous remarier rapidement, une alliance et un héritier seraient une bonne chose pour surmonter cette période. »
Arthur ne répondit pas à cette réplique et le conseil continua sur des sujets moins délicats mais tout aussi important. Quand enfin tout le monde sortit de la pièce, Arthur se retrouva seul. C'était son moment quotidien de pause, cinq petites minutes assis sur son trône à réfléchir. Il était tard, la nuit allait bientôt tombée. Arthur ferma les yeux et pensa. Il pensa à cette rumeur, complètement ridicule, il pensa aux problèmes qui paraissaient sans solution, il pensa à lui. Ces derniers jours avaient été un véritable enfer. Ses conseillers ne le lâchent pas, son peuple a besoin de lui et ses chevaliers n'étaient, pour la plupart, plus de ce monde.
Le Roi avait pleuré. C'était une évidence. Il avait un cœur. Tous ces morts, toutes ces vies arrachées brutalement. Mais il était Roi et il était hors de question pour lui de subir des pertes supplémentaires. Alors ses pleurs n'avaient pas duré, il s'était ressaisit. Ces morts ne devaient pas être vaines.
Lorsque Arthur ouvrit les yeux, il sut que son moment seul venait de prendre fin. Alors comme un automate, il marcha jusqu'aux appartements du médecin de la cour et ouvrit la porte sans même y avoir été convié. Il savait le médecin absent, il ne dormait même plus dans son lit depuis un certain temps. Entre les maladies et les blessés, il se donnait corps et âme dans son travail et ne passait chez lui que pour se changer ou s'occuper du blessé ayant le plus de valeur à ses yeux ainsi qu'aux yeux du Roi : Merlin.
Le Roi pris un morceau de pain qui trainait sur table, l'avala et se dirigea vers la chambre de son valet. Il enleva son manteau, le déposa dans l'armoire puis, il se dirigea vers la chaise qui se tenait à côté du lit.
Arthur s'assit de manière à être le plus confortable possible, attrapa un manteau de nuit qu'il avait amené quelques nuits plus tôt et l'enfila. La tête posé sur le lit de son valet, la main dans la sienne et le regard vers le visage de la personne inconsciente allongée sur le lit.
C'est ainsi que le Roi de Camelot s'endormit comme tous les autres soirs depuis le jour de la bataille.
Les premiers rayons du soleil fut la cause du réveil du Roi. Encore à moitié endormi, Arthur se leva et changea de manteau tout en admirant le sommeil profond de son valet. Il ouvrit alors la porte qui menait au reste des quartiers et lança un dernier regard à son plus fidèle serviteur :
« Je serais de retour ce soir. Tu n'as pas intérêt à abandonner le combat Merlin. »
Cela sonnait comme un ordre. Arthur espérait sincèrement que pour une fois dans sa vie, Merlin lui obéirait.
Ainsi, Arthur retournait à sa vie de Roi. Il avait refusé la nomination d'un nouveau valet, il savait pertinemment que son cœur ne le supporterait pas et puis, Merlin reviendra, il en est convaincu. Alors, il avait appris à s'habiller tout seul, sa chambre n'était qu'un champ de bataille de vêtements ainsi que d'armes sales et un serviteur aléatoire venait lui servir ses repas dans la salle principale du château. En réalité, Arthur passait le moins de temps possible dans sa chambre. Elle lui rappelait quel mari indigne il était.
La journée fut identique à la précédente, peuplée de conseils et courriers en tout genre. Arthur supportait de moins en moins ce rythme de vie, il était fatigué. Plusieurs fois durant les conseils, il s'était retourné en pensant pouvoir observer son valet réfléchir à la situation. Mais en réalisant que personne n'était là, il se souvenait que son faiseur de miracles était actuellement dans un coma à durée indéterminée dont il ne se réveillerait peut-être jamais. Arthur en perdait sa concentration et les personnes assises autour de la table le remarquèrent assez rapidement.
« Sire, êtes-vous toujours avec nous ? »
Cette réflexion eut pour effet de sortir le Roi de ses pensées. Il se mit ainsi à plonger son regard dans les yeux du conseiller qui lui avait adressé la parole. Il avait besoin d'air, tout de suite.
« Je vous laisse continuer sans moi. Je ne sers de toute façon à rien ici. »
Sur ces mots, Arthur quitta la pièce. Presque en courant, il sortit par les grandes portes du château et prit une grande bouffée d'air en fermant les yeux. Il n'avait pas mis le nez dehors depuis une semaine. Il avait même abandonné ses entrainements quotidiens.
En ouvrant les yeux, il réalisa l'ampleur des dégâts : les marches à l'entrée du château n'étaient que ruine, les maisons qui se tenaient auparavant en face de celles-ci était brulées, le chemin qui menait à la basse-ville n'était plus qu'un horrible chemin de terre. Le combat avait tout ravagé. Et, même si Arthur avait encore du mal à l'admettre, sans son fidèle valet, toute la cité aurait subi le même sort.
Non sans difficultés, Arthur arriva à atteindre le chemin de terre qui menait à la basse-ville. Les gens s'inclinaient à son passage, étonné de revoir leur Roi de sitôt.
Arthur marchait dans les ruelles de sa cité sans réel but au départ, mais il trouva finalement un objectif à sa sortie : rendre visite à un vieil ami qu'il savait toujours en vie.
Ses pieds le menèrent donc à la taverne. Il ne fut pas difficile pour le roi de trouver son chevalier attablé au bar, un pichet de vin à la main. Il n'avait pas réellement changé en une semaine.
« Gauvain »
Le chevalier se tourna à l'entente de son prénom. Il avait reconnu la voix de son Roi, bien qu'il aurait préféré ne pas l'entendre de sitôt.
« Sire »
Arthur le rejoignit au bar en s'asseyant sur le tabouret situé à côté de son chevalier. Gauvain ne le regardait même plus, il était déjà reparti dans sa dégustation de vin. Le Roi prit alors le temps de choisir ses mots avant de lui demander :
« Depuis combien de temps es-tu ici ?
- Depuis le début. L'alcool était censé m'aider à oublier.
- Je comprends.
- Vous comprenez ? Guenièvre est morte et votre manque de réaction est telle que tout le monde dit que vous ne l'avez jamais aimé. »
Arthur encaissa sans broncher. Son chevalier était ivre, ne connaissait surement plus la limite à avoir avec un Roi.
« Et vos chevaliers ? On ne vous a vu triste à aucun moment. Il n'y a eu aucun discours, aucun enterrement, aucune déclaration. Personne ne vous a vu depuis une semaine. Les serviteurs ont même lancé la rumeur comme quoi vous ne dormiez même plus dans votre chambre, alors bordel tout le monde se le demande : qu'est-ce que vous faites depuis une semaine ? »
Arthur n'était même pas étonné. En vérité, lui-aussi se posait la question. Il avait assisté à des conseils toute la semaine et pourtant rien n'avait avancé.
« Je pensais reconstruire les bâtiments détruits et régler les différents problèmes avant de procéder au deuil. Mais il s'est avéré que c'était plus long que ce que je pouvais imaginer.
- Ce n'était pas la meilleure de vos décisions. Peut-être que vous n'en avez pas besoin mais ici les gens ont besoin d'un deuil. Tout le monde pensait que vous seriez en deuil de votre Reine pour qui vous avez tout sacrifié mais les serviteurs ont lancé des rumeurs qui sont l'opposé de ça. Sire, arrêtez les conseils et pleurez avec nous, personne ne vous en voudra.
- Je ne peux pas. Si je fais ça, c'est comme si je perdais espoir.
- Il n'y a déjà plus d'espoir, ils sont morts.
- Pas tous. »
Gauvain tourna son regard vers son souverain pour la deuxième fois depuis son entrée dans la taverne. Il savait de qui il parlait. Évidemment, cela ne pouvait être que lui.
« Je ne peux pas me permettre de perdre espoir. Ce serait lui donner une raison d'abandonner de se battre.
- Cela fait déjà une semaine qu'il est endormi. Gaius n'a lui-même plus d'espoir. Ce que vous faites, c'est juste s'attacher à quelqu'un qui est déjà parti. »
La seule réponse que reçu Gauvain a été un poing dans son visage mais Gauvain considéra que c'était mérité, alors il ne répondit pas à cette attaque et se contenta simplement de toucher son visage pour voir les dégâts commis par la frappe du Roi.
Arthur n'avait même pas réfléchi, il ne le faisait jamais quand il s'agissait de Merlin. Comment osait-il parler de Merlin comme un homme mort ? Cette perspective n'était pas envisageable de toute façon.
« Je l'ai mérité celle-là. »
Le Roi ne le regardait même plus. Il attrapa un pichet de vin posé sur le comptoir et en bu tout le contenu d'une traite. Dieu qu'il en avait besoin après cette semaine. Il s'essuya ensuite la bouche, de manière peu gracieuse, et quitta la pièce. Gauvain ne prit même pas la peine de tenter de le retenir, trop occupé à continuer sa boisson.
A présent de retour dans la rue, Arthur ressentit le besoin de continuer sa promenade. Il avança alors à nouveau dans le chemin de terre qui servait autrefois de route. Il marchait vite, comme s'il cherchait à fuir, à partir lui de cette endroit qui renfermait tellement de problèmes et de chagrin.
Il arriva au bout seulement de quelques minutes devant la porte de la cité. D'un signe de tête, il demanda aux gardes de le laisser passer, ce qu'ils firent en s'éloignant de l'ouverture sans poser de questions. Le Roi n'avait pas l'air d'être d'humeur à répondre à leurs interrogations.
Arthur avançait dans la forêt, armé seulement de son épée. C'était risqué pour un Roi si critiqué et sortant d'une guerre ravageuse comme celle-ci de trainer seul dans la forêt, mais Arthur n'en avait que faire. Il voulait juste oublier, lui de ses devoirs. Or il savait qu'il avait beau partir loin de son royaume, cela ne changerait rien : il penserait toujours à celui qui faisait battre son cœur.
Alors qu'il marchait sans but dans ses pensées, Arthur tomba sur un lac. Il prit donc la décision de s'arrêter et de s'asseoir sur un tronc d'arbre situé près du bord. Il regardait l'eau, essayant d'oublier. Il tentait de ne penser qu'à l'eau et ses mouvements. Il tentait de ne penser qu'aux poissons qui nageaient à la recherche de nourriture. Il tentait de ne penser qu'au soleil qui se couchait doucement, ayant fini sa mission. Arthur respirait à nouveau.
La réalité le rattrapa bien assez vite. Le soleil était totalement couché, il ne restait que la lune et ses reflets sur l'eau. Arthur savait qu'il était temps de rentrer pour le retrouver.
Il prit donc l'initiative de retourner sur ses pas, plus prudent qu'à l'allée. Il était vulnérable avec si peu de moyens de défense : une cible parfaite. Mais heureusement pour lui, personne n'a tenté quoique ce soit : il n'a croisé que des lapins inoffensifs qui lui rappelaient une nouvelle fois Merlin et leur sortie pour chasser.
Arrivé aux portes de Camelot, il prit une grande inspiration avant de passer l'entrée : la pause était finie. Il prit directement le chemin du château, décidé à reprendre sa vie en main et à faire les choses biens. Mais sa motivation partit en fumée quand les conseillers un par un l'accostèrent chacun pour des raisons différentes : le remariage, le recrutement de nouveaux chevaliers, la reconstruction des infrastructures, les finances catastrophiques et bien d'autres encore.
Arthur se sentait à nouveau inutile et cette fois-ci une promenade ne pourrait rien changer. Il n'en pouvait plus de cette vie. Avant, il pensait que sa femme était la raison pour laquelle il tenait encore mais à présent il savait : la personne essentielle à sa survie et la raison pour laquelle il supportait encore le poids de ses devoirs était Merlin. Et celui-ci n'était plus là, Gauvain avait juste.
Ainsi, seul dans sa chambre en désordre, le Roi décida que sa fin était ici. Il ne pouvait plus. La seule pensée d'en finir avec cette vie lui donnait le sourire aux lèvres. Il se posa sur son bureau et se mit à écrire. Une lettre pour son peuple, une lettre pour Gauvain et une lettre pour Gaius.
Arthur savait que son geste était égoïste, surtout dans un moment pareil. Mais il pensait, non, il était certain que son peuple se porterait mieux sans lui. Il posa les lettres sur son bureau, toute signé de son nom et sortit de sa chambre.
Ses pas le dirigèrent vers la chambre de son valet. Il se devait de lui dire au revoir dans cette vie. Il prit place sur la chaise qui avait été son lit pendant une semaine, attrapa la main de l'homme qui fait battre son cœur et se mit à parler :
« Je sais que tu n'apprécierais pas cette décision. Toi qui as toujours tout fait pour me garder en vie. Alors je me devais de t'expliquer mon geste. Toute cette semaine a été très dur : mes conseillers me mènent déjà la vie dur en général, tu le sais très bien, mais cette semaine encore plus. Il me parle déjà de mariage et d'héritier alors que la mort de Guenièvre ne date que de quelques jours. Le peuple est malheureux et je me vois incapable de faire quelque chose parce qu'aujourd'hui la seule chose qui m'importe vraiment c'est toi. J'ai gardé espoir, je pensais sincèrement qu'un beau jour tu allais te réveiller et que tu allais me serrer dans tes bras, que tout irait mieux. Mais Gauvain m'a fait réaliser que tu es déjà parti. Gaius me le disait déjà, mais je ne voulais pas y croire parce que sans toi je ne suis plus rien, je n'ai plus rien du Roi extraordinaire que tu décris. Merlin, je ne sais pas si tu peux m'entendre, mais je voulais te le dire de vive voix : je t'aime. Tu es la personne qui me fait tenir chaque jour, la première chose à laquelle je pense chaque matin et la dose de bonheur dont j'ai besoin dans ma vie. Tes pouvoirs et tes mensonges ne peuvent pas changer ça. Mais aujourd'hui tu n'es plus là et je n'ai plus la force de continuer. Alors je m'en excuse Merlin, mais je ne suis pas assez fort pour me reconstruire sans toi. J'espère sincèrement qu'on se reverra là-haut. Adieu Merlin. »
Arthur accompagna son monologue d'un baiser sur le front, d'une douceur infini. Il y mit tout son amour et sa tendresse. Ainsi, après un dernier regard à son valet, il quitta la pièce, le cœur léger.
Ce qu'il ne s'imagina pas une seule seconde, c'est que Merlin se battait pour retrouver le contrôle de son corps. Toutes les parties de son être se battaient pour revenir auprès de son Roi. Il ne pouvait supporter qu'Arthur pense qu'il était déjà mort et son monologue suggérait qu'il comptait commettre un acte que Merlin ne peut imaginer. Sa magie était d'ailleurs de son avis, elle cherchait elle aussi à réanimer ce corps sans vie.
Pendant que Merlin se battait pour revenir à la vie, Arthur marchait le sourire aux lèvres : la fin de sa souffrance était proche. Il n'avait qu'à monter ces escaliers qui mènent en haut de la muraille qui entoure Camelot et sauter.
Il monta alors ces marches, une à une, en respirant un peu plus à chaque une d'entre elles. Le vent dans sa nuque lui donnait des frissons, tout son corps tremblait. Mais son âme, elle, était sûre d'elle. Il n'y avait aucune hésitation. Il approchait du bord, pas après pas, sans aucune arrière-pensée, sans moment d'hésitation.
Le vide s'étendait devant lui. Il n'eut aucun regard pour Camelot, aucun regard pour son peuple. Il voulait juste le rejoindre, son être entier le voulait. Les bras écartés, il se pencha en avant.
La chute était un sentiment agréable mais Arthur n'attendait que la fin, son esprit ne pensait qu'à rejoindre son âme sœur. Les yeux fermés, le cœur léger, il patientait.
Mais cette fin ne vint jamais. Arthur ouvrit les yeux et remarqua qu'il était suspendu à quelques centimètres du sol. Comme par magie. Il posa un pied sur terre et releva la tête vers l'endroit d'où il avait sauté : il n'avait personne, comme s'il ne s'était rien passé.
Le Roi regarda partout autour de lui : rien. C'était comme s'il n'avait jamais sauté. Arthur en vint même à se demander s'il n'était pas mort et au paradis.
Jusqu'à ce qu'il entende sa voix.
« Arthur ! Arthur ! »
C'était lui il en était sûr. Il se mit à courir, le plus vite possible vers l'origine de sa voix. Il courrait de toutes ses forces vers les portes de la cité. Sans un regard pour les gardes étonnés, il courrait jusqu'au château, il suivait la voix. Les passants le regardaient d'un air interrogateur mais il n'en avait que faire : il allait retrouver Merlin.
Il le vit, debout devant les marches en ruine du château. Arthur ne réfléchissait plus, son cerveau avait été remplacé par son cœur. Il courrait de toutes ses forces jusqu'à lui. Il avait l'impression de revivre.
Lorsqu'il arriva sur lui, il l'embrassa, de toutes ses forces. Il n'avait que faire du monde, des jugements. Tout ce qui comptait à ses yeux était devant lui et répondait à son baiser avec autant de passions. Il n'y avait plus rien à part eux. Les langues s'entrechoquèrent, les bouches s'assemblaient parfaitement. Tout était parfait.
Ils durent se séparer par manque d'air mais restèrent collés l'un à l'autre. Arthur ne voulait plus le lâcher. Il prit le visage de son valet entre ses mains et fit rencontrer ses yeux avec les siens. On y lisait toute la passion et l'amour qu'ils partageaient.
« C'est donc ça le paradis ?
- Non, ça c'est la vraie vie Arthur. »
Arthur sourit à sa réplique. Dieu que sa voix lui avait manqué. Qu'il soit au paradis ou sur Terre, il s'en fichait bien tant que Merlin était avec lui.
Ils restèrent comme ça quelques minutes qui parurent une éternité avant de se séparer. Arthur ne lâcha pas Merlin pour autant : il prit sa main et se dirigea vers ses appartements. Les gardes et les serviteurs qu'ils croisèrent ne firent aucune remarque mais les regards ne trompaient pas. Arthur n'en avait que faire, ils pouvaient bien penser ce qu'il voulait cela n'avait que peu d'importance.
Arrivé devant la porte de ses appartements, il fit entrer Merlin et ordonna aux gardes de ne les déranger sous aucun prétexte. Il suivit ensuite son valet dans ses appartements et ferma la porte à double tour.
Alors qu'Arthur s'attendait simplement à ce qu'ils se prennent dans les bras et s'endorment tranquillement après ces émotions fortes, Merlin en avait bien décidé autrement :
« Es-tu totalement inconscient ou totalement stupide ? Tu imagines si je n'avais pas été là ? Tu serais mort Arthur, mort !
- C'était l'objectif.
- Sérieusement ? Tu n'es qu'un crétin royal qui ne pense qu'à toi ! Tu as pensé à ton peuple, à tes chevaliers ou même à moi ? Et si je m'étais réveillé dans un mois et que tu étais mort, qu'est-ce que je serais devenu ?
- Et moi alors Merlin ? J'étais censé vivre sans toi ?
- Oui ! Tu es le Roi de Camelot et je ne suis qu'une des nombreuses personnes à ton service. Tu auras à nouveau une Reine, un héritier c'est eux pour lesquels tu ne devrais plus pouvoir vivre !
- Sauf qu'aujourd'hui Merlin c'est toi que mon cœur a choisi. Ne comprends donc pas ? Je t'aime bordel. Je ne me remarierais pas sauf si tu es la personne qui prononce ces vœux avec moi ! »
Arthur accompagna ses paroles d'un baiser. Il voulait lui transmettre le manque et l'amour qu'il ressentait à travers ce geste. Lorsqu'ils se séparèrent, Arthur plongea ses yeux dans ceux de celui qu'il aimait.
« S'il te plait, ne me rejette pas. »
Merlin ne répondit pas. Il posa simplement son front contre celui de son Roi. Le silence qui régnait dans la pièce n'était pas pesant. L'amour que dégageait le Roi et son valet remplissait toute la pièce. Les visages étaient sereins et les lèvres formaient des légers sourires.
Le silence fut brisé par le bâillement du Roi. La journée avait été longue pour lui. Il décida alors de se diriger vers son lit et emmena son valet avec lui. Ils ne prirent pas la peine de se changer et se glissèrent dans les draps du lit royal. Merlin se plaça dans les bras de son amant et ferma les yeux.
Le Roi afficha un sourire serein pour la première fois depuis une semaine : il avait enfin l'homme qui faisait battre son cœur dans ses bras.
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