La découverte du livre

Deux ans plus tard, alors âgée de 22 ans.

L'absence de mes parents ne me pèse plus autant qu'avant. Toutefois, il m'arrive d'avoir des moments de nostalgie lorsqu'un élément déclenche mes souvenirs.

Aujourd'hui, je décide de rendre visite à Christine, la meilleure amie et collaboratrice de ma défunte mère à la boutique de fleurs. J'ai toujours aimé cet endroit, elle a su lui donner une âme. Chaque plante, fleur, objet décoratif à sa place au sein de cette nature. Les couleurs de toute cette végétation offrent un spectacle magnifique, celui d'un éternel arc-en-ciel. Les divers parfums se dégagent des fleurs embaument tout l'espace, mais viennent également s'incruster dans les plus petites fibres de nos vêtements, capturant notre âme à tout jamais. Il règne une ambiance zen, de paix, procurant bien-être et sécurité.

À peine ai-je poussé la porte que je me sens légère, apaisée et complètement vide. Plus aucune pensée inutile, plus la moindre contrariété et plus de tristesse. Je remarque alors la présence de trois jeunes hommes charismatiques en train d'examiner les plantes.

Je me dépêche de rejoindre Christine à la caisse qui ne cesse de reluquer ces charmants clients, je crois même apercevoir un peu de bave à la commissure de ses lèvres. Elle reprend une position professionnelle en me voyant venir.

— Adeline ! Tu tombes plutôt bien ! Figure-toi que j'allais t'appeler pour te dire de passer. Je t'ai concocté de bons petits plats qu'il te suffira de réchauffer au micro-ondes pour ce week-end, vu que tu ne manges que de la nourriture surgelée ou dans des fast-foods, m'informe-t-elle, en me faisant un câlin de bonjour.

— C'est pratique quand tu n'as pas le temps de faire la cuisine, en tout cas merci.

— De rien, ça me fait plaisir de prendre soin de toi. Tes parents n'auraient pas voulu que tu tombes malade, dit-elle avec une pointe de tristesse dans sa voix.

— Ne t'inquiète pas, je ne mettrai pas ma santé en danger. Au fait, tu sais qui ils sont ? je l'interroge curieuse, en désignant de la tête les trois inconnus, bien que cela ne se fasse pas.

— Je ne sais pas. Ils recherchent une plante en particulier dont le nom ne me dit absolument rien. Je leur ai proposé de repasser aujourd'hui car j'avais un nouvel arrivage de plantes.

L'un des jeunes hommes vient à notre rencontre. Lorsque mes yeux croisent ses iris violets, je me tétanise d'effroi.

Flash-Back : Souvenir d'Adeline âgée de 6 ans.

J'étais allée voir ma maman à la fin de ma journée de cours pour me remonter le moral. Le magasin était fermé pourtant il y avait un homme plutôt atypique qui attendait sagement devant le comptoir d'accueil. Il portait une tenue des plus démoder : une cape noire, une canne avec un manche en ivoire, un chapeau haut de forme noir. Ma mère n'avait pas entendu la sonnerie de l'entrée retentir. Il s'était retourné dans ma direction, je m'étais tétanisée lorsque nos regards se sont croisés. Ses iris blanc fluo avaient glacé mon sang. La plupart des gens pensaient à des lentilles, mais moi je savais qu'il n'était pas humain. Je pouvais également le ressentir par son aura sombre. Malgré la peur, j'avais pris mon courage à deux mains et je lui avais posé la question qui me brûlait les lèvres depuis longtemps.

Qu'est-ce que vous êtes ?

Il s'était penché au-dessus de moi, me dévisageant de son regard terrifiant.

Tu as du cran jeune fille. Pour te récompenser, je vais te dire mon secret.

Il s'était davantage approché de mon oreille, au point de me faire frissonner de frayeur.

Un immortel.

Sa révélation ne m'avait nullement épouvanté, j'espérais tout simplement ne plus le croiser lui et les siens. En particulier s'ils étaient tous aussi sinistre et cauchemardesque.

Quand ma mère avait fait irruption dans la salle, elle était paniquée.

Ma petite fleur n'embête pas le client et attend moi dans la salle de repos.

Le soir même, elle avait parlé de cette rencontre à mon père qui s'était pour la première fois mis en colère contre ma mère. Ils m'avaient interdit de me rendre à la boutique sans l'autorisation d'au moins l'un des deux ou alors je devais prévenir à l'avance.

Cette nuit n'avait été que cauchemars, hantée par le monstrueux visage de ce monstre.


— Bonjour, j'étais venu hier. Je voudrais savoir si vous avez pu vous renseigner au sujet de ma rose car nous ne l'avons pas trouvé parmi votre nouvel arrivage.

Avant que Christine ne puisse prendre la parole, j'attaque la première.

— Quel est le nom de cette rose ? Je le questionne sur un ton agressif.

Mon regard n'exprime que du mépris pour son espèce car à cause de leur existence, j'ai été séparé de mes parents. Je ne pouvais plus me rendre aussi librement à la boutique de ma mère et j'avais fini par ne plus y aller. Sans oublier qu'ils étaient morts pour les servir et répondre à leurs moindres petites exigences.

— Elle s'appelle « la reine des roses », aussi surnommée "Blood ", s'exprime-t-il poliment.

Je tombe des nues, je ne m'attendais pas à autant replonger dans mes souvenirs en à peine quelques minutes.

Flash-Back : Souvenir d'Adeline âgée de 5 ans

C'était le jour où j'étais malade et papa m'avait laissé à maman. C'était également le plus beau chantage de ma vie.

J'avais bu le plus immonde des breuvages concocter par maman, en échange elle m'avait montré la plus belle création de fleur qui existe sur terre.

Elle avait demandé à son livre de me montrer « la reine des roses », une rose aussi rouge que le sang avec une seule pierre blanche brillant au cœur même de la fleur.

Maman, pourquoi elle s'appelle comme ça ?

Elle est unique. Parmi toutes les roses existant sur terre, elle seule est digne d'être reine par sa beauté mais, également par son immense pouvoir. Lorsque tu seras en âge de comprendre, tu devras bien veiller sur la reine car elle est précieuse et rare mais, aussi très destructrice.


Comment avais-je pu oublier les propos de ma mère ?

— Je suis navrée, mais aucune rose ne porte ce nom, je réplique sèchement.

Bien que je ne sache pas grand-chose sur « la reine des roses », il n'est pas question qu'un immortel mette la main dessus. Comparer à ma mère, je ne serais pas leur larbin.

— D'accord, merci quand même. Néanmoins, où puis-je trouver la propriétaire du magasin ?

Comment est-il au courant que la véritable proprio n'est pas Christine ?

— Elle est morte, il y a deux ans, énonce-t-elle, en voyant que je ne réagissais pas.

Je ne dois pas me laisser déstabiliser pour si peu et ne pas perdre la face devant cet individu.

— Toutes mes condoléances. Serais-tu la fille de la botaniste ?

Je dois mentir sinon je vais être dans la merde. Il en sait bien plus que moi sur qui je suis.

— Oui, elle l'est, répond-elle, avant que j'aie pu reprendre mes esprits.

— Je vous remercie pour votre gentillesse. Au revoir.

Si je le laisse partir comme ça, il va surement me harceler. S'il connaît l'existence de ma mère alors il doit avoir entendu parler de son fameux bouquin.

— Attendez ! Je vais consulter mon livre qui regroupe une grande diversité de plantes rares. Si vous voulez bien patienter, j'interviens avant que lui et les autres jeunes hommes ne quittent la boutique.

Je me rends dans l'ancien bureau de ma mère. Je me place face au mur de briques. Je le tâte de partout pour chercher la planque secrète qui contient l'ouvrage. Ma mère m'avait confié son emplacement tout en restant vague sur l'endroit exact. Je finis par entendre un son creux. J'appuie fortement sur la brique qui déclenche un système, laissant apparaitre un petit trou sombre comprenant uniquement le livre en question.

Étant enfant, elle m'avait interdit de le toucher, d'en parler, même de le voir. Elle m'avait confié qu'il serait mon héritage à sa mort et m'avait obligée à lui faire la promesse de me divulguer son existence à quiconque, ni de le sortir de sa cachette.

Le voilà enfin entre mes mains. Je vais le découvrir pour la toute première fois, je suis tout aussi excitée que curieuse de l'ouvrir. La seule information que m'avait confiée ma mère, c'était que l'ouvrage contenait des fleurs et des arbres rares dont l'existence est peu connue des personnes. C'est dommage, je n'ai pas le temps de le lire tranquillement en entier. Je feuillette les pages et tombe enfin sur la fameuse « reine des roses » également nommée « Blood ». J'entreprends la lecture dans ma tête pour savoir à quoi elle sert. En découvrant son contenu, je range aussitôt mon livre dans sa cachette.

Je prends une grande respiration pour reprendre mon calme. Je ne dois rien laisser paraître sur mon visage comme si je n'avais jamais lu ce bouquin. Je les rejoins en me répétant que je ne sais absolument rien, je dois être le plus naturel possible.

— Je suis vraiment désolé, mais je n'ai rien trouvé au sujet de cette dernière. Je me demande qui vous a dit qu'une telle fleur existait. En tout cas, cet individu s'est moqué de vous. Je mentis, tout en essayant de savoir comment il est au courant de son existence.

— Tant pis... J'ai peut-être mal compris le nom de la fleur que je recherche. Merci et navré de vous avoir fait perdre du temps.

— Ce n'est pas grave. Au revoir et bonne chance dans votre quête, je m'empresse de leur faire mes adieux pour qu'ils partent le plus vite possibles, pour que je puisse respirer normalement.

Une fois dehors à la lumière, je les regarde s'éloigner. J'ai encore du mal à croire qu'ils ne sont que partiellement humains, c'est surement dû à leurs auras lumineuses qui émanent d'eux.

— Bon ! je vais récupérer les plats et rentrer chez moi, j'annonce épuisée par cette journée.

Je mets les récipients dans mon sac de cours. La tentation me pousse à mettre le livre dans mon sac. Je sais que je brise l'une de mes promesses envers ma mère, mais j'ai besoin de mieux connaître l'héritage qu'elle me laisse.

Le soleil vient de se coucher. Je m'installe confortablement dans mon lit après m'être assuré que personne ne peut entrer dans la maison. Je sors le bouquin et parcours les nombreuses pages dans l'unique désir de mieux connaître le contenu. Je tombe à nouveau sur la rose que cherchaient les mystérieux jeunes hommes.

« La reine des roses » aussi communément appelé « Blood » à cause de sa couleur rouge sang est une rose extrêmement rare qui ne fleurit que tous les 100 ans, un soir de pleine lune. Celle-ci donne naissance à une seule petite pierre blanche, aussi transparente que du cristal. Cette pierre permet d'exaucer un unique vœu quel qu'il soit. Elle est cachée dans un lieu secret à cause du danger qu'elle représente. Pour trouver son emplacement, vous...

Je décide d'arrêter ma lecture ici, je préfère ne pas en savoir davantage. Si ce caillou tombe entre de mauvaises mains, ce sera la fin du monde. Je comprends mieux pourquoi ma mère ne voulait pas que je le sorte de sa planque.

Le cœur battant à tout rompre, je remettrais le livre dans sa cachette dès demain, me promettant de ne plus jamais l'ouvrir. 

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top