Chapitre 5. Point de vue Peter.
C'était comme une alerte invisible à la première note lancée. Un rappel contre lequel nous ne pouvions pas lutter. C'était notre instinct qui prenait le dessus comme si sans qu'elle n'en ait conscience... Elle avait appuyé sur un bouton nous faisant tous venir à elle.
Et je l'avais transmis, m'en rendant à peine compte alors que j'envoyais le même message à tout les chefs.
« Elle a prit le violon »
Angelo me l'avait confié, elle n'avait jamais joué de violon en sa présence. Du piano oui, mais jamais de violon. Refusant d'y toucher sans en expliquer la raison. Mais je savais pourquoi. Nous le savions tous instinctivement.
C'était une certitude gravée en nous.
Alors dès la première note entendu... La demeure en entier ne fut plus centrée que sur ce son. Se refermant complètement dès que les chefs en extérieur furent arrivés. Ils rentrèrent tous en un temps records. Même Hakane débarqua de force avec Grey. Suivis forcément par le groupe des Ombres qui voulaient récupérer Grey pour partir.
Mais face au monde réunis tout autour de l'immense Hall de notre Demeure... Ils vinrent se poser en hauteur pour observer les choses avec nous. Ils pouvaient bien assister à cela. C'était eux qui nous avaient ramené Naëlle.
Mais c'était nous qui allions la faire revenir réellement.
Elle ne voyait plus rien, occultait entièrement le monde avec cet instrument. Sombrant lentement dans l'inconscient de l'instant alors que les notes s'élevaient. Un frisson sembla tous nous parcourir alors qu'enfin il arrivait. Enfin il entrait dans la danse.
— Ha..Hakane qu'est ce qu'il se passe ? Pourquoi il y a autant de monde ? Murmura Grey. Hakane ?
— Je... On peut pas l'expliquer clairement... Commença Hakane. C'est... Observe chaton.
— Je piges pas perso. Marmonna Oliver.
— On est là pour redonner vie au Dragon. Murmurais-je.
Je tournais le regard vers Oliver, et il sembla sonder le sérieux de ma phrase. Observant tous les hommes présents. J'appuyais sur le bras de Hakane en une pression et il hocha la tête. Embrassant Grey en lui disant de rester là avant de descendre avec moi.
Nous ne pouvions pas l'expliquer. C'était ainsi. C'était nous. Notre sang. Notre clan. Un lien au-delà du descriptible.
Les deux avaient débutés leurs affrontements, le son de leurs violons venant prendre le pas sur tout autre son dans l'ensemble de la demeure.
Et nous, nous les hommes de son cercle, nous nous dispersions autour d'eux en un besoin instinctif. Angelo tenait les deux enfants contre lui, semblant observer attentivement ce qu'il se déroulait. Chaque enfant étant retourné auprès de son père alors que les pères ne lâchaient pas le duo du regard.
Je sentis un sourire s'étirer sur mes lèvres alors que le hurlement des deux vinrent se faire entendre. Je sentais mon coeur devenir fous, mon être entier ne se focalisant que sur les deux. Sur leurs affrontements.
C'était deux monstres de la musique. Deux monstres étant nés dans ces deux instruments là. Le piano et le violon. Mais c'est sur le second instruments qu'ils s'étaient toujours parlés. C'était les notes de cet instrument leurs dialogues.
Et en faisant raisonner les premières notes depuis bien longtemps, elle avait enclenchés le processus inconsciemment. Voilà plus de trois ans que nous attendions cela. Et rien ne devait venir stopper cet instant.
Nous ne sommes plus que cette mélodie que les deux jouent. Nous ne sommes que cet instant. Focalisés uniquement sur cela, comme hypnotisé par la mélodie. Et je sens le tourbillon d'émotions enfler en moi encore et encore.
Nos hurlements finissant par retentir dans le même instants formant quelque chose d'incroyablement beau.
C'est cela. Oui. c'est cela le hurlement d'un dragon. Nos âmes hurlant en même temps les mêmes choses. Une communions d'êtres dans le même instant.
Puis le silence. Total. Et le temps semble en suspends. Plus aucun bruit, juste celui de nos respirations.
Et comme un battement commun, ils relancent l'instant. Un sursaut d'énergie. Un cri de désespoir qui fait bondir tout notre être.
« Encore ».
Oui.
Encore.
Elle va éclore. Elle va revenir.
Encore.
Et nos pieds viennent marteler le sol en se synchronisant sur le leurs, prenant le relais, faisant enfler et se synchroniser nos coeurs sur la même longueur. Faisant enfler l'instant alors que nous n'entendons plus que leurs notes. Absorbant leurs notes. Ne voyant que les deux continuant de se focaliser l'un sur l'autre.
— Ramène là Luc... Murmurais-je. Vas-y.
La mélodie s'échappant de leurs instruments semble provoquer la même réaction à chacun des hommes présents autour d'eux. Et nos pieds martèlent le sol avec plus de force encore, l'air se chargeant d'électricité sur le son fous de ces violons. Je sens la sueur dévaler mon échine alors que ma respiration s'emballe.
Oui.
C'est ça.
Une main vient se saisir de la mienne et je la serre avec force. Continuant de marteler le sol alors que je vois son attitude changer en même temps que ses notes.
C'est une tornade, enflant encore et encore. Impossible à ignorer.
Sa prestance, son aura. Tout le montre.
Un courant semble nous parcourir, comme des impulsions faisant battre mon coeur un peu plus fort à chaque instant s'écoulant.
Son hurlement.
Ce hurlement que nous pourrions reconnaître entre tous.
Cette énergie dingue qui nous tends, ce besoin viscéral de rapprocher le cercle. Comme un cocon se formant sur elle sans que l'on ne se concerte. Pourtant nous sommes tous là. Nous les hommes arborant sa marque... Là à nous rapprocher, à resserrer l'étreinte.
Reviens.
Nous sommes là.
Entends nous.
Reviens.
Nous savons que tu es là.
Et il le sait.
Il le sait.
Il l'aperçoit lui aussi.
Et il hurle de ce hurlement que nous voulions tous pousser en cet instant.
— Encore ! Hurle Luc. Encore !
Et nous finissons tous par hurler alors que les deux accélèrent encore le rythme, et enfin... Enfin nous la voyons fermer les yeux.
Nos martèlement suivent le rythme diabolique de son violon. Nos regards ne quittent plus un seul instant la femme jouant au centre de cette incroyable assemblée.
Elle a pris les rennes de la mélodie. Elle domine tout, juste avec ses notes. Amplifiant ce torrent d'émotions que nous ressentons. Nos mains s'attachent, se serrant alors que nous continuons ce martèlement.
La voilà.
La voilà.
Nous le sentons tous.
Nous la sentons sans pouvoir nous l'expliquer.
C'est comme si nous pouvions voir chaque particule de son être s'éveiller enfin aux sons de nos battements. Comme si nous pouvions voir son être tressauter à chaque battements de nos cœurs.
Enfin.
Enfin la voilà.
Et à la seconde où elle rouvre les yeux nous nous figeons tous. Un frisson exquis venant se répandre sur mon corps.
Elle était réveillée. Elle avait repris pleinement conscience enfin.
C'était une évidence acquise très rapidement. Comment une femme telle qu'elle avait pus survivre si longtemps sans tuer ou ce genre de chose la définissant ?
Elle était parvenue à mettre en sommeil la quasi totalité de son instinct. Ne laissant qu'une partie d'elle pour veiller sur ses enfants. C'était vingt pour cent de Naëlle que nous avions retrouvé à son arrivée.
Mais là. Là à cet instant. Nous le savions tous. Sa posture, son regard, son sourire... Cette aura inouïe propre à elle..
La Patronne était réellement de retour. La Femme au Dragon. La véritable criminelle faisant régner la terreur dans le pays venait de s'éveiller vraiment.
Naëlle avait finis de s'éveiller réellement.
Et sur le son de son violon, nous pouvions tous sentir sa soif de sang enfler.
Enfin, elle était sortie de son sommeil et le son de violon était plus suave.. Plus indécent. Imposant des images à chacun bien moins sages qu'auparavant.
Elle défiait chaque homme autour d'elle, faisant le tour de chacun de ses hommes de confiance. Ravivant la flamme d'un feu déjà fort. Elle créait un feu encore plus puissant.
Voilà la femme que nous vénérions véritablement. Cette femme au mille facettes, imprévisible. Fouillant les tréfonds de votre âme pour vous forcer à donner le meilleur.
Aucun doute n'était possible. Elle était véritablement de retour. Et après trois ans en sommeil... Sa soif de sang allait être redoutable. Elle signait ici la renaissance du clan.
Une promesse au son de son violon : Amener le clan encore plus haut.
Un sourire carnassier s'étira sur nos lèvres et nos battements se synchronisent en un son plus lourds. La voyant se redresser, bombant le buste, nous défiant tous.
— In the silence on the street... in a town of concrete ... there's a man all alone... in the gutter.
Dans un même souffle, nous les hommes portant sa marque lancions notre réponse.
La défiant à notre tour, son sourire et son regard nous galvanisant.
Es-tu prête à recommencer la partie ?
Nous amèneras tu défier les dieux de nouveau ?
Réponds, toi, notre Patronne éternelle.
Son regard parcours avec fierté l'ensemble des hommes nous entourant, nos voix hurlant avec rage les paroles de cette chanson de Nomy.
Notre défi aux dieux.
Et enfin. Enfin sa voix à elle s'élève. Reprenant avec nous les couplets. Cette voix, cet instant...
C'est des milliers de choses qui semblent éclater dans l'air.
Oui.
Elle y était parvenus. Aujourd'hui comme à ses dix huit ans... Elle avait conquis le trône de façon incontestable, ravivant la même ferveur et la même foi qu'autrefois.
Nous le savions, nous étions prêt à le faire de nouveau : Défier les Dieux pour prendre leurs places. Régner sur ce monde et imposer nos règles.
Le clan du Dragon venait de muer de nouveau, arborant un visage encore plus assoiffé qu'auparavant.
Nous n'étions plus des enfants aux dents trop longues. Nous étions les plus redoutables prédateurs sortant d'hibernations.
L'hiver prenait fin, et la chasse allait reprendre. Enfin.
La chanson se termine, et elle pose sa main sur l'épaule de Ritchi alors que l'autre vient soutenir son crâne. Il l'emporte aussi vite, et nous laissons le clan se disperser lentement. Les laissant infiltrer en tous la certitude.
— C'était quoi ça... Murmura Angelo.
— Ça ? Ricana Suri. Ça c'était la Patronne qui recollait l'ensemble des morceaux de sa mémoire et qui redevenait elle même.
— C'était l'annonce de la fin des vacances. Et du début d'une nouvelle partie. Rajouta Ali avec excitation.
— C'était Naëlle qui se rappelait qui elle était vraiment. Expliquais-je finalement. Sa renaissance.
Il se pinça les lèvres, caressant les cheveux des deux qui le regardaient sans comprendre.
— Ça veut dire quoi papy ? S'inquiéta Aylan.
Je m'accroupis à leurs hauteurs, leurs souriant.
— Que cela va être très amusant et que vous allez adorer. Votre maman risque d'avoir du travail, mais ça voudra pas dire qu'elle vous aimera moins. Mais promis, ici il n'y a que des personnes de votre famille qui veilleront sur vous.
— Et papy ? Demande Mila
— Bah papy Ours reste là, tu crois qu'on peut se débarrasser de lui comme ça ! Riais-je
Je tombe à la renverse alors qu'Angelo me fout une pichenette sur le front. S'éloignant en haussant les épaules avec les enfants.
— Tu crois que c'est une bonne idée Peter ? C'est quand même un ancien.. Commence Jo
Je lève ma main pour l'interrompre. Me relevant en les regardant partir.
— Quoi qu'il arrive, l'Ours restera. Il est essentiel pour elle et pour les petits. Et c'est le plus normal de nous tous... Il sait depuis longtemps ce que fait Naëlle. Je ne lui ai jamais caché. Il a quitté ses fonctions quand la loi ne lui a plus suffit pour apaiser sa rage. Il a déjà perdu sa femme et sa fille il y a longtemps, alors avec elle... Vous n'imaginez même pas ce qu'il est capable de faire pour la protéger.
— Il détruira de ses mains quiconque fera souffrir sa fille. Ricane Oliver qui s'approche. Croyez moi.. Le mec qui voudra le cœur de Naëlle maintenant... Il devra d'abord affronter l'ours... Et ça.. Je suis déçu de le rater. Bon c'était sympathique mais on a un avion à prendre nous ! Allez le chiot, embrasse ta glue et on se casse.
Oh putain j'avais zappé ça.
— Et tu l'emmène où hein ? S'énerve Hakane.
— Bah voir d'autres mecs, choupinou. Réplique Oliver.
J'en ai marre de ces deux là....
— Sinon.. Interrompis-je les deux. C'est quand votre vol Oliver ?
Oliver se gratta le menton, se tournant vers moi en réfléchissant.
— Dans deux ou trois heures pourquoi ?
Un sourire en coin s'étira sur mes lèvres et il se retourne, ne pouvant que constater l'absence soudaine de Grey et Hakane. Les autres membres de son groupe se contentant de ricaner.
— Bon... Je crois qu'on aura du retard ! S'exclama le plus jeune du groupe.
— Je vais tenter de les... Commence Luc
Arno se poste devant lui en posant sa main sur sa bouche, secouant vivement la tête.
— Tu veux pas les trouver là, crois moi bro. Ou bien je peux te montrer pour te donner une idée. Lui propose Arno dans un sourire s'élargissant.
On détaille tous l'expression de Luc à cet instant, voyant ses sourcils se froncer avant qu'il ne blanchisse sous nos rires. Secouant vivement la tête en reculant.
— Je crois que je vais repartir en patrouille plutôt. Décide t-il en embarquant Jo.
On les laisse partir sous nos rires, Arno venant s'appuyer contre moi en secouant la tête.
— Je crois que c'est pas aujourd'hui que t'aura son cul Arno. Ricanais-je
— Nan apparemment. Oliver tu... Non rien. Je vais aller bosser moi hein. Ciao! Dit il en partant l'air de rien.
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