Chapitre 43. Point de vue Naëlle.
Je parcourais du regard les rapports sur mon bureau, remarquant encore une fois l'absence de certains détails de la part de Jarod. Le connaissant il avait dû vouloir vérifier avant de m'en informer. Et j'étais certaine que cela devait concerner un des Herrero.
Un soupir s'échappa de mes lèvres et je me laissais tomber au fond de mon fauteuil, observant entrer Iblis. Un sourire s'étira sur ses lèvres et en peu de temps il était devant moi. Agenouillé pour poser sa tête contre mon ventre.
— Vous m'avez manqué. Murmura t-il.
— Ton enfant ou moi ? Me moquais-je
Il releva le regard pour le poser dans le mien, se redressant pour m'embrasser longuement.
— L'as tu annoncé ? Souffla t-il
Je secouais doucement la tête, et il comprit sans mal que j'attendais son retour pour le faire. Il se redressa, me tendant la main.
— Alors il est l'heure de le faire avant que ton ventre le fasse pour nous.
Je hochais la tête, et nous sortîmes du bureau, faisant demander une réunion des hommes. J'avais déjà annoncé la nouvelle à mes enfants, leurs faisant garder le secret, et cela les avaient rendus fiers d'être les tous premiers à savoir.
Ainsi, alors que tous le monde se réunissaient dans le hall, Iblis fit signe aux deux de venir. J'attrapais un micro que Peter me tendis en passant, et posait mon regard sur Iblis semblant discuter avec mes deux aliens. Je me penchais pour entendre la conversation, ne ratant pas le sourire moqueur d'Iblis face à ma curiosité.
— Vous vous souvenez, Maman vous a confié un secret il y a quelques semaines ? Murmura Iblis.
Mes deux enfants hochèrent vivement la tête, un grand sourire sur les lèvres.
— Alors, et si votre première tâche en tant que grand frère et grande sœur... C'était d'annoncer ce secret à tout le monde ? Reprit-il dans un murmure.
Je ne pus m'empêcher de fixer Iblis avec surprise, étonnée qu'il confie cette tâche à mes enfants plutôt que de l'annoncer lui-même.
— Un jour, vous aussi vous serez les chefs de tout ces hommes. Mais ce n'est pas que donner des ordres vous savez. C'est aussi les protéger. Alors, en l'annonçant à tout le monde, vous vous engagez aussi à protéger votre petite sœur ou petit frère que votre maman porte. Même si vous avez pas le même papa... Vous voulez bien ? Vous pouvez dire non, personne ne vous en voudra.
Aylan m'observa alors que Mila semblait observer Iblis, les deux prenant le temps de réfléchir.
— C'est comme ce que Uta fait maman ? Me demanda Aylan.
J'écarquillais les yeux avant de hocher doucement la tête, étonnée que mes aliens aient déjà remarqué ça. Uta avait en effet, depuis sa rencontre avec mes enfants, endossé le rôle de protecteur pour eux. Il n'avait jamais oublié notre première conversation, notre rencontre. Alors quand j'avais présenté mes enfants, même moi je n'avais pus empêcher sa décision : il avait décidé que son but dans la vie serait de protéger mes enfants.
« — Je croyais que tu voulais voler dans les étoiles ?
— Mes papas sont pas d'accord sur tout, mais il y a une chose sur laquelle ils sont d'accords Maman Dragon. Ils disent qu'il n'y a rien qui vole plus haut dans le ciel qu'un dragon. Qu'un dragon, ça vole parmi les étoiles tellement c'est libre. Tu m'as dit que j'étais un dragon maintenant... Vous dites que je peux faire ce que je veux maintenant, ce que j'ai envie de faire... Et moi, ce que je veux faire, c'est les protéger, comme vous vous nous protégez »
— D'accord alors. Répondis Aylan en fixant Iblis. Maman a dis que Mila et moi on avait pas le même papa, pourtant c'est ma jumelle, on est les enfants de maman. Et ce sera l'enfant de maman aussi non ? Alors c'est bête de chercher plus loin.
Mes amours... Mes aliens adorés...
Je m'accroupissais, les enlaçant en les embrassant.
— Maman est vraiment fière de vous mes aliens... Alors à vous d'annoncer le secret que maman vous a dis...
Mila m'enlaça et Iblis pris Aylan dans ses bras alors que nous nous redressions. J'allumais le micro, le portant entre Mila et Aylan en sachant bien que ces deux là allaient encore parler en même temps. Iblis en profita pour m'enlacer de son bras de libre, ne lâchant pas les petits du regard, riant en les voyant prendre une grande inspiration.
— Nous allons laisser la parole à Mila et Aylan. Annonçais-je pour faire le calme.
Le silence se fit et je fis signe aux deux d'y aller.
— Maman attend un bébé ! Hurlèrent les deux petits au micro en même temps.
Je me frottais les oreilles en grimaçant, Iblis continua de rire alors que les petits développaient ce qu'ils venaient d'annoncer. Avec le tact d'enfants de bientôt six ans évidemment...
— ... Et même que c'est Iblis le papa !
Ce fut à mon tour de rire alors qu'Iblis s'attendait pas à se faire dénoncer ainsi. Et il pus sentir tous les regards hallucinés de mes hommes et des siens.
— Attends... Attends... Notre Iblis a fait un enfant à la Femme au Dragon ? Hurla un des hommes d'Iblis.
— Le diable a fait un enfant à la diablesse... Ria Micky. Bien joué ! Du coup, les félicitations s'imposent !
Mon regard accroche celui d'Iblis aussi vite, le temps semblant s'arrêter quelques secondes. Un sourire s'étire doucement sur ses lèvres alors qu'il pose son front contre le mien.
— Tout ira bien mon délice, ne t'en fais pas... Aie confiance. Souffle t-il
Il se recule en attrapant Mila de son bras libre, un sourire moqueur s'étirant sur ses lèvres alors qu'il me fixe. Et j'ai juste le temps de froncer les sourcils qu'on me tire en arrière avant de basculer dans des bras.
Je clignes des yeux en fixant Ritchi qui me porte, Iblis se contentant de rire alors qu'on ne m'embarque je ne sais où. Je me crispe alors que je reconnais son appartement, tentant de me débattre alors que nous entrons dans la partie où il m'ausculte. J'ai le luxe de voir débarquer Micky, et pendant deux secondes j'ai l'espoir très con que celui-ci m'aide...
Mais vous vous doutez bien que ce connard aide surtout son mec. Et forcément, les deux se font menacer de morts et de tortures alors qu'ils essayent de me mettre sur la table d'auscultation.
— Ne t'en fais pas elle plaisante. Rassure platement Ritchi.
— Sérieux ? Réponds Micky avec espoir
Ritchi arque un sourcil tout en sortant une seringue, me regardant avant de regarder son mec.
— Non. Elle est sérieuse. Désolé. Concède Ritchi.
— Ah.
Ritchi finit par m'injecter un calmant avant de me poser sur la table, grommelant en relevant mon haut. Faisant les prises de sang et compagnie. Je continue à l'insulter pour la forme tout le long, ma voix finissant par s'éteindre en une seconde alors que sa main se pose avec délicatesse sur mon ventre. Un sourire tendre s'étirant sur ses lèvres.
— Bonjour toi... Murmure t-il. Espérons que tu fasse pas comme les deux diablotins avant toi... On va éviter que tu naisse dans un avion...
Ma main se pose sur la sienne et je pose ma tête contre le dossier en l'observant.
— De toute façon, nous savons déjà qui fera naître cet enfant... Dis-je dans un souffle.
— Ah ? S'étonne Ritchi. Tourmoura ?
— Non. Toi et Micky . Ici. Nous avons décidé cela avec Iblis.
J'arque un sourcil en entendant un bruit de chute, me redressant pour fixer un Micky évanouit.
— Quelle chochotte je te jure. Riais-je. Deux trois menaces de mort, un accouchement et on le perd... Je te jure alors... T'es servis mon dragon blanc avec ce phénomène là..
Ritchi se contente de ricaner en me faisant me rallonger, lançant l'écho en soupirant.
— Je comprends bien mieux ta différence de tenue maintenant... Cinq mois ? Tu veux le...
— Non ! Le coupais-je aussi vite. Surtout pas.
— Très bien. Le bébé a l'air de se porter à merveille, tu peux filer. Je vais réanimer le Doc.
— Une pipe et c'est repartie. Ricanais-je en me relevant.
Je lui fais un clin d'oeil en sortant de son appartement. Entendant distinctement le verrou s'enclencher.
Ah, y'aura pas que la pipe au programme apparemment.
Sauf que maintenant, connaissant mes hommes... Ils ne me laisseront plus approcher de la salle de sport. Iblis était déjà bien pénible à lui seul, alors si je rajoute les autres... Ça va être comique.
Je soupire tout en marchant, arpentant les couloirs avant d'entrer dans la salle dont je me sers pour danser. Branchant mon baladeur avant de le lancer . Ôtant mon haut pour me retrouver en brassière, m'échauffant doucement tout en enlevant mes chaussures. Savourant le contact du parquet avec mes pieds nues.
Je m'avance au centre de la pièce, fermant les yeux alors que la musique se met en place. Laissant la version de Chase Holferder de « Someone Like you » remplir l'atmosphère.
Mes bras s'élèvent alors que mes jambes se mettent en mouvement. Mon corps se déployant lentement, semblant suivre une brise de vent invisible.
Je laisse mon corps s'envoler sur les notes, tournant, bondissant. Ma bouche s'ouvrant alors que les notes me font exulter.
Deux mains se posent doucement sur mes côtes, et je me sens soulevée. Finissant par glisser le long de corps alors que mes yeux s'ouvrent. Se posant dans son regard digne de nuit sombre.
Il ne dit pas un mot, se contentant d'accompagner le mouvement de mon corps avec douceur. Et même en cet instant, j'ai l'impression que j'ai toujours dansé avec lui.
Sentant ses gestes avec les miens comme une caresse douce, créant une bulle pour cet instant alors que son silence vaut bien tous les mots d'amour de milliers d'hommes. Que ses gestes accompagnant ma danse valent toutes les étreintes.
Et il se recule d'un pas souple, ne me lâchant pas du regard alors que mon corps tourne sur lui même, sur un pied en pointe.
Mon corps finissant par se relâcher alors que mon regard se pose dans le sien. Mes yeux finissent par se perdre sur son torse nue, suivant la course de chacun de ses muscles. Son ricanement me fait sursauter et je relève le regard pour le poser dans le sien.
— Que serions-nous si nous étions une danse mon délice ? Susurre t-il. Oh je sais...
Il passe à côté de moi, semblant fouiller dans mon baladeur avant de se tourner vers moi. Un sourire carnassier s'étirant sur ses lèvres alors que les premières notes s'élèvent.
— Un tango... Soufflais-je.. Une bataille constante... Oui... Évidemment... Un éternel jeu de séduction...
Il arque un sourcil en s'avançant et je recule tel un félin sans le lâcher du regard.
En quelques foulée rapide, il attrape mon bras, un visage de prédateur tout en me fixant. Entamant ainsi ce combat sur un tango. J'ai juste le temps de voir certains de mes hommes observer la scène qu'Iblis reprends mon attention.
Oui. Nous étions un tango, éternelle danse de séduction l'un envers l'autre. Deux aimants ne pouvant s'éloigner tant l'autre semblait nous attirer irrémédiablement.
Je le savais bien, oui.
J'étais tombé amoureuse du Diable au premier regard. Et le Diable lui-même s'était laissé tenter par le Diable que j'étais.
Ses bras me collent contre lui, son torse venant épouser les courbes de mon dos.
— Soit mon éternelle, soit l'unique avec qui je jouerais.. Soit la seule qui détiendras mon cœur. Murmure t-il au creux de mon oreille. Fait de moi le dernier, fait de moi ton âme sœur, le seul homme dont tu veux à tes côtés la nuit... Tu porte mon sang dans ton ventre, tu es la seule en ce monde avec qui je veux lier mon existence... Quoi qu'il advienne... Quel que soit nos destins et nos routes... Angelina Naëlle Tchirckoya Gomorra... Laisse moi faire de toi ma femme. Laisse moi devenir ton époux...
Je clignes des yeux, sentant son étreinte se relâcher et il vient se poser devant moi. Me souriant en se reculant, fouillant dans sa poche avant de me faire une révérence. Et je l'observe, sans comprendre pourquoi il pose un genoux à terre en prenant ma main.
— Moi, Iblis, je voudrais devenir l'époux d'Angelina Naëlle Tchirkoya Gomorra. Je voudrais devenir l'homme pouvant dire fièrement être ton époux, et que tu es ma femme. La seule avec qui je veux lier le restant de mon existence. Moi, le Diable, demande la main de la Femme au Dragon devant son clan. Je sais l'importance que cela a pour toi malgré tous ce que tu as pus prétendre par le passé. Je sais tes peurs, je sais tout de toi. Tu connais tout de moi. Jamais je n'aurais pensé qu'une femme marquerait mon existence à ce point, que ce serait moi qui influerait sur les choses pour qu'elle puisse rester aussi libre qu'un dragon. À notre première rencontre, je voulais te mettre une laisse, aujourd'hui devant tout le monde je te demande juste humblement ta main. Tu avais raison ce jour là, tu as mis un collier au diable, et je ne veux aucune autre femme que toi... Alors veux-tu m'épouser ?
Je déglutis, clignant des yeux. Me demandant si c'est une blague. Pourtant son regard est vraiment très sérieux, et il semble vraiment attendre une réponse.
— Putain Nani ! Tu réponds ouais ! S'énerve Angelo. Merde on dirait un chiot paumé là !
Je regarde Angelo et Iblis alternativement, et je sens la main d'Iblis serrer la mienne doucement pour attraper mon attention.
— Oui mon délice, je suis sérieux. Oui je sais ce que cela signifie pour toi. Alors, est ce que la Femme au Dragon veut épouser le Diable ?
— Oui.
Je plaque ma main sur ma bouche en écarquillant les yeux et il écarquille les yeux à son tour.
— Elle a dit oui abruti ! S'énerve Peter. Putain mais merde ! T'attends le dégel ?
Iblis sursaute avant de fixer Peter. Celui-ci hausse les épaules, le pointant du doigt.
— T'avise pas de lui faire mal ou de crever. Sinon, c'est tout un clan qui se vengera. Menace froidement Peter.
Iblis repose son regard sur moi en se relevant, s'approchant doucement de moi tout en posant ses mains sur mes joues. Me fixant alors que je garde le silence, bien trop dépassée par ce qu'il se passe.
— Je t'aime Angelina. Murmure t-il.
Je sens une larme rouler lentement sur ma joue, et il l'essuie doucement avant de m'embrasser. Mes bras venant entourer son cou alors que du bruit emplit la salle.
— Bon c'est bon, plus d'autre surprise dans le chapeau pour aujourd'hui ou ? Questionne Diego Gomorra, visiblement dépassé.
Mes hommes s'écartent alors qu'un de mes gardes arrive en courant suivi par un des démons d'Iblis. Et je ne peux m'empêcher de me crisper vu le regard sérieux de ce dernier.
— Patronne, il y a un homme qui demande à vous voir... Vous et Iblis... Il prétend être...
— C'est Nyamé. Le coupe l'homme d'Iblis. Nyamé est là chef....
J'arque un sourcil, sentant Iblis se tendre.
— Ah... Répond froidement Iblis.
— Qui est Nyamé ? Me renseignais-je
— Mon frère.... Grogne Iblis. Apparemment les nouvelles ont déjà atteint ses oreilles... Laissez le entrer.. De toute façon il bougera pas de là sans nous avoir vu.
Je hausse les épaules pour toute réponses, et mes hommes repartent pour suivre les deux. Mon regard se pose aussi vite sur Iblis, et il grogne avant de soupirer. M'enlaçant en posant sa tête dans mon cou.
— Non je n'ai aucun souci avec lui.. Enfin.. Il m'insupporte mais c'est tout.
— Pourquoi tu parles si peu de lui ?
— Parce qu'il est déjà au centre de beaucoup trop de conversation ! Et je suis pas sûr du tout que tu vas aimer cette rencontre te connaissant...
Ah.
— Eh bien je vais aller me doucher et me changer alors. Je te laisse rejoindre ton.. Frère dans le salon.
Il m'embrasse doucement, attrapant ma main avant de glisser un anneau gravé à mon annulaire. Je fixe l'anneau, observant les inscriptions en fronçant les sourcils.
— C'est quelle langue ça ? M'étonnais-je
— Ma langue natale. Un jour je te l'apprendrais . Me répond-il dans un souffle au creux de l'oreille. Soit gentille avec mon frère, n'oublie pas qu'il n'est pas responsable de tout.
Je n'ai pas le temps de lui demander ce qu'il veut dire par là qu'il sors de la pièce, me laissant avec mes questions.
Je ne descends au salon qu'une heure plus tard, jouant nerveusement avec une lame tout en m'avançant vers le salon. Ignorant les rires et les voix qui semblent en pleines discussions alors que je marches.
Cherchant surtout à comprendre d'où viens ce sentiment d'agacement qui nait en moi.
Je sens ma lame tourner de plus en plus vite entre mes doigts alors que j'arrive devant la double porte menant au salon. Un de mes hommes m'ouvre la porte, et j'ai à peine franchis la porte que mon regard se porte sur un parfait inconnu.
Grand, une peau pâle, des yeux aussi clair que certains océans, de très longs cheveux aussi blond qu'un champ de blé.
Nyamé. Contraste et parfait opposé en tout point de son frère Iblis.
— Alors voilà la femme déchaînant tant de passion. Déclame une voix douce.
Un frisson de dégoût me parcours et je ne parviens pas à saisir pourquoi je hais cet homme. C'est viscérale, c'est une haine que j'ai un mal de chien à contrôler.
Et même Iblis tente de s'interposer entre moi et son frère. Conscient que ce regard que j'ai, que la lame dansant à un rythme fou entre mes doigts... Cela ne vaut rien de bon pour ce mec se nommant Nyamé.
Pourquoi ? Pourquoi à sa simple vue ce mec me donne envie de le tuer, de lui faire connaître les pires souffrances possibles ?
Je semble la seule de tous à réagir ainsi, l'ensemble de mes chefs semble sous le charme de cet homme.
Ah non, pas tous. Aaron est aussi tendu que moi, et Peter aussi.
— Mon délice je t'en prie...
Je gronde malgré moi, et Iblis grimace malgré lui. Conscient que je fais déjà ce que je peux.
— Laisse là gronder voyons. Interviens Nyamé. Je ne peux en vouloir à sa rancune.
— Tu le connais ? S'étonne Luc. Tu aurais pus nous le présenter Naë ! Il est super..
Ma lame le frôle alors que je l'insulte en russes. Lui interdisant de finir cette phrase.
— Mais putain Manou ! C'est quoi cette histoire encore ?
Mon regard se repose devant moi, et ce Nyamé contourne son frère pour s'avancer. Un sourire s'étirant sur les lèvres.
— Putain Nyamé déconne pas ! Préviens Iblis. Elle..
— Elle me hait. Viscéralement. De toute son âme, de tous son être... Elle me hait oui. Je le sens sans mal. Au moment même où elle m'as vu, ça a pris le dessus. Si tu es le diable.. Qui suis-je ? Quelle est la personne que la femme devant nous hait plus que tout ? Tous le monde est persuadé que c'était ce marc n'est-ce-pas mon frère ? Tous ceux connaissant l'histoire de la petite Angelina font cette connerie là.. Mais ils se trompent tellement... N'est-ce-pas Angelina ? Qui haïs tu plus que tout, si ce n'est Dieu. Et si mon frère est le diable, j'en suis forcément son opposé. À ma simple vue, au simple constat que j'étais l'exact opposé de mon frère tu as compris... Et je suis tout ce que tu hais. Je sens ton feu enfler et gronder en toi. Un geste, un seul, et tu enlève tes chaînes pour me tuer.
— Nyamé... Fermes là ! Gronde Iblis.
Mes muscles se tendent, mon corps est prêt à bondir alors que je ne lâche pas du regard cet homme. Ne me focalisant que sur lui.
— Combien de fois te l'es tu demandé dis moi ? Ta mère qui priait ce dieu, où était-il quand cet homme l'a violé encore et encore devant ses enfants et son mari avant qu'il ne l'égorge ? Où était ce dieu quand ce même homme t'a violé pour la première fois sous le regard de ton propre père avant qu'il ne le tue devant tes yeux ? Où était ce dieu quand cet homme a égorgé ton frère de cinq ans ? Hm ? Où était-il ? Quel dieu digne de ce nom ferait vivre ça n'est-ce-pas ? Quel dieu te ferait survivre à cette agonie constante ? Et ces gens qui osent prétendre que Dieu t'impose des épreuves parce que tu es capable de les relever... Qu'en savent-ils hm ? Ils te débecquettent...
En un mouvement, il est hors de ma portée alors que je m'apprêtais à lui sauter dessus, lui hurlant de se taire. Mes propres hommes figés de surprises par ce qu'il vient de dire.
— Et si comme tous le disait, tout était volonté de ce Dieu... Alors tu me haïssais. Tu me haïssais d'avoir permis tout cela. Tu me haïssais d'avoir laissé cet homme tuer ta famille. Tu me haïssais de le laisser te torturer, te violer, faire de toi son esclave tout ce temps. Tu me haïssais d'avoir laissé ton unique frère survivant seul au monde. Tu me haïssait pour toute cette douleur qui inondait ton corps. Alors quand cet homme à qui j'aurais permis de vivre a finis de te briser entièrement... Tu n'as pas trouvé ton salut dans l'espoir... Non... Tu as accepté de couler dans la haine, dans la colère, dans tout les maux des humains. Tu es devenu l'incarnation même de ce que ces autres nommaient le diable.. Si ce dieu que les autres priaient avait permis ça... Alors tu me reniais... C'est comme ça non, qu'est née cette personnalité de la Femme au Dragon ? Dans le sang, la douleur, la haine, la colère ? Tu veux me tuer ? Mais qu'est ce que ça y changerait ? Cela changerait-il la race humaine ? Ton passé, ton avenir ? Et si je me souviens bien, n'est-ce pas toi, qui a approché cet homme malgré les recommandations de ton entourage ?
Mon sang se glace, et c'est le hurlement de rage d'Iblis ainsi que son poing venant heurter durement son frère qui semble réveiller tous les autres.
Je sens qu'on m'attrape alors que mes jambes semblent flancher, et je suis portée pour aller je ne sais où. Je sens qu'on s'assoit, une cigarette allumée apparaissant devant moi. Et je la saisis par réflexe, la fumant avant de tourner le visage. Luc se contente de me caresser doucement les cheveux, appuyant sur mon crâne pour le poser contre lui. Posant son visage contre le mien. Il me serre contre lui, me caressant le dos alors que je sens les larmes inonder mon visage.
J'entends des hurlements, dans une langue que je ne comprends pas. Et l'engueulade semble durer un moment puisque je finis par m'endormir contre Luc.
C'est pourtant contre Iblis que je me réveille, croisant son regard aussi vite alors qu'il semblait m'observer dormir.
— Je suis sincèrement désolé pour mon frère... Il a le tact d'un enfant et la franchise d'un attardé... C'est très rare qu'on me préfère à lui, alors il a agit comme un enfant capricieux...
— Je le déteste...
— Je sais mon délice, je sais... Je comprends. Il a pas aidé à sa cause. Mais crois-moi, je sais ce que je fais en le faisant parrain de notre enfant.. De plus, pour t'épouser, il faut qu'il dise la.. Messe.. dans notre langue. Il est venu en espérant me faire changer d'avis, mais cette fois encore... Il a du céder à ma demande.
— Pourquoi veux tu qu'il fasse aussi l'office ?
Je me redressais vivement, ne comprenant pas. Hors de question que je me tape un mariage avec ce connard en plus !
— Mon délice, tu sais qu'il est l'autre chef de l'organisation dont je fais partie... Alors il doit être présent, pour attester de ce mariage et de sa validité. C'est une protection pour toi, et pour l'enfant. Oui je sais ce que tu vas me rétorquer, tu as déjà ton clan pour ça... Mais, fais moi confiance veux tu ?
Ouais bah si tu me laisse pas placer mes arguments je fais comment moi ?
Fais chier.
— Ok, ce connard fera aussi un office. Mais je te conseille de le prévenir de pas m'approcher. Sinon je lui fais la peau. Que ce soit ton frère ou pas.
Il ricane avant de hocher la tête, m'attrapant pour m'embrasser avant de se placer au dessus de moi.
— Bien, alors... J'ai une absence à rattraper avant que nos hommes ne viennent nous emmerder. Parce que ces abrutis vont vouloir faire ça au plus vite au cas où on changerait d'avis... Du coup.. Je dois avoir à peine.. Deux heures pour profiter de ce magnifique corps devant moi... Et j'ai vraiment vraiment très faim de vous Madame..
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