Chapitre 4

- Maman ! Maman !


Je me figes en clignant des yeux, les écarquillant en voyant la porte s'ouvrir avant que deux tornades ne débarquent.


- Maman pourquoi t'es attachée ?


Je fusille du regard Peter qui se cache sous l'oreiller. Son corps trahissant les spasmes de son fou rire.



- Nani les enfants sont... Oh bordel de... S'écrit Angelo.



Je fais un petit signe de main alors que mes poignets sont attachés à la structure du lit, l'envie de disparaître sous terre étant présente alors que mes enfants sautent sur le lit l'air de rien.


Et Angelo qui nous fixe en clignant des yeux.





Nan mais réveillez moi sérieux.



- Les amours... Vous pouvez.. Aller manger avec papy... Maman vous rejoint vite. Quand elle... Hm... Je vous rejoins quoi. Demandais-je



Je fermes les yeux en me pinçant les lèvres alors je vois les deux monstres se regarder un grand sourire sur les lèvres.



Putain non.



- Nooooon ! On veut jouer ! Hurlent-ils



Je peux entendre d'ici le fou rire de Peter qui reste caché sous l'oreiller. Et il a beaucoup de chance que je sois attaché parce que je l'aurais déjà tué.



- Papa mais fait quelque chose ! Hurlais-je



Il hoche la tête lentement, se contentant de sortir de la chambre en grommelant. Ignorant superbement mes cris après lui.




Ne plus jamais oublier de fermer cette porte à clé : Leçon apprise.




Je prends une profonde inspiration, tentant de rester calme alors que je leurs ordonne en russe de sortir tout de suite.



L'effet douche froide est garanti et les deux monstres semblent saisir qu'il est temps de décamper avant que je ne m'énerves.




Ouais ils savaient déjà que le russe chez Maman c'était mauvais signe.




Les deux monstres sortent en courant, se remettant à rire quelques secondes après. Le problème devenant le planqué continuant de rire sous l'oreiller.



Parce qu'il semble incapable de se calmer.



Non. Il repars en fous rire aussi vite qu'il tente de se redresser. Ne faisant que s'excuser alors que je l'insulte de tout les noms pour qu'il me détache.



C'est Jo qui viens me détacher alors que Peter est toujours hilare. Se disant que pour sa survie... Il vaut mieux qu'il parte lui aussi en courant de la chambre.



Cela aurait pus en rester là n'est-ce-pas ?


Oui.

Mais on parles de nous. Alors forcément....




Lorsque je descends enfin dans la cuisine, beaucoup de monde est présent. Et j'espère pouvoir prendre mon café tranquillement.




- ... Même que maman était attachée ! S'écrit Mila.




Je fermes les yeux en tentant de garder un semblant de calme. Semblant de calme explosant en morceaux alors que j'entends le rire de Peter qui s'éloigne aussi vite.



- Pap... C'est mes enfants n'est ce pas ?

- Heu oui... Me réponds d'une voix méfiante Angelo.

- Alors j'ai le droit de les noyer. C'est mes enfants je fais ce que je veux, on est d'accord ?




Je me lèche doucement les lèvres, plantant mon regard sérieux dans celui d'Angelo qui semble vraiment espérer que je ne sois pas sérieuse.



- Ok les enfants. On doit parler. Décide subitement Angelo en embarquant les enfants.



Bonne idée.

Vraiment une bonne idée.



- Maintenant j'ai plus qu'à trouver Peter pour le noyer. Expliquais-je en posant ma tasse.



Je sors de la cuisine, remerciant mentalement le self-control des personnes présentes de parvenir à ne pas rire en ma présence. Même si je les connais assez pour savoir que quand je ne saurais plus dans leurs champs de visions cela ne manquera pas.




Des rires me font grommeler alors que je me diriges vers la terrasse, et je m'allume aussi vite une cigarette. Un plateau venant se poser devant moi me fait tourner le regard pour croiser l'expression amusée de Salomon.



- Oh ta gueule hein. Marmonnais-je

- Je n'ai rien dis! Objecte t-il



J'arque un sourcil en le fixant, voyant sa bouche tressauter nerveusement. Signe que cet enfoiré se retient de rire.



- Ose rire devant moi et je te balance par delà la rambarde. Suis-je claire ?

- Je crois... qu'on m'appelle. Bégaye t-il d'une voix amusée




Putain sérieux... Faites des gosses tiens.




Je finis par m'asseoir, fumant ma cigarette tout en buvant mon café. Je vois les deux monstres arriver devant moi un moment après et je plisses les yeux, méfiantes.



- Pardon Maman. S'excusent en coeur les deux.

- Pardon pour ? Relançais-je impassible.

- Pour être venu dans la chambre... Sans demander. Commence Aylan

- On demandera maintenant... Jurent les deux

- Mais Maman... Tu vas pas nous noyer hein ? Me demande Mila avec les larmes aux yeux



Je soupire en écrasant ma cigarette, les attirants sur moi en les embrassant sur le front.



J'hésite encore sur les noyer ou pas quand j'entends les rires dans la demeure. Mais bon... Le reniflage de Mila finit de faire céder mon instinct de mère.



- Maman ne laisserait personne vous faire du mal. Murmurais-je. C'est pas pour vous noyer. Faudra qu'on vous apprennes à nager d'ailleurs..



Je les serre contre moi, fermant les yeux alors qu'ils me font un câlin. Me créant cette bulle qu'ils semblent les seuls à faire.



- Et si on jouait de la musique ?




Les deux sautent de mes genoux aussi vite, tapant dans leurs mains en criant de joies. Ils me suivent comme deux dingues à travers le rez-de-chaussée, s'étonnant que j'aille dans le salon. Me demandant « c'est quoi ce que tu prends ».



Ouais à leurs âges j'ai encore du mal à les faire bien parler. Je suis un génie pas une magicienne sorry.


Y'avait pas l'option « parler correctement direct » dans le kit d'installation de ces monstres là.




Je ricane en leurs faisant signe de se taire, et je soupire en fermant les yeux. Posant mon violon et me mettant en position. Ma main guide l'archer, comme si nous ne nous étions jamais quitté et je sens chaque note me parcourir comme une drogue que je reprendrais après un sevrage de plusieurs années.



Je sais bien que je me déplace, et je me stoppe au milieu du hall. Entendant les deux me frôler alors que leurs rires et le bruit de leurs pas me font savoir qu'ils tournent autour de moi. J'ouvre les yeux, lançant mon corps tout en jouant. Ne les lâchant pas regard alors que je continue de jouer. Apercevant bien vite les autres gamins qui se joignent à la danse. Je ris doucement alors que mes jumeaux semblent se questionner silencieusement avant de céder. Finissant par danser avec les autres sous mon sourire ravis.



N'est ce pas là le plus beau chant de l'univers ?



Le rire de ses enfants ?



Aucune musique, aucune note ne pourrait l'égaler. Seul le son de ce violon pour accompagner l'instant tout en douceur.



Et je sens mon être entier se remplir de tout cet amour qu'ils me procurent.



Une larme s'échappe alors que le son d'un second violon se joint finalement au mien, et je ne lâche pas du regard mon frère qui me rejoins. Parvenant à éviter les enfants qui courent partout, me souriant en suspendant ses gestes. Je me rends comptes que je l'ai fait aussi, le rire et les cris des enfants venant emplir l'air.




Et comme une respiration avant une apnée infinie, nous nous coordonnons sans nous lâcher du regard. Nos corps semblant être le reflet l'un de l'autre alors que nos notes se répandent dans la demeure. Nos corps ne semblent être voués qu'à l'instrument que nous tenons, nos regards ne se lâchant aucunement. Je peux sentir ce tourbillon d'émotions si violent, je peux sentir mon corps frissonner alors que je ne sais pas si je veux hurler ou rire. Alors que je ne sais plus si je suis heureuse ou blessée.



Ma bouche s'ouvre en un cri silencieux, et nos corps semblent se tendre encore plus avant que nous ne cédions finalement. Nous mouvant en nous tournant autour, les notes devenant un guerre que nous nous faisons. Contraste magistral avec ce sourire qui pourtant ne quitte pas nos visages.



Oui.



Oui nous le sentons.



Cette vie qui renaît en nous.



Et cela semble exploser en nous, alors que nous fermons les yeux. Relançant une mélodie différentes, nous renouvelant encore.




Nos corps ne semblent plus nous appartenir, et nos regards se replongent l'un dans l'autre. Occultant le monde alors qu'il n'y a plus que lui et moi. Le même sang coulant dans nos veines. Nos coeurs battant la même musique éternellement.



Et nos cris surgissent en même temps sans que nous ne sachions si c'est un cri de rage ou d'amour.



Oui c'est un tout. Un tourbillon que nous gardions en nous.



C'est une flamme. Une flamme immense.



C'est notre hurlement.



Un hurlement de dragon.




Puis le calme, juste nos respirations saccadées qui font échos dans cet immense hall. Et nos visages qui se détendent alors que nous restons droit à nous défier.



Encore.



Encore.



Fais moi revivre encore.



Encore une impulsion.



Tu le sens toi aussi non ?



- Encore ! Hurlons nous en coeur sans nous lâcher du regard.



Oui.



Encore.



Et nous recommençons à jouer, une musique nerveuse. Des notes se complétant en une harmonie parfaite.



Entends.



Écoute le son de l'âme des dragons.



Sens cela.



Nos pieds viennent taper un tempo sourd alors que nous jouons, ne semblant plus parvenir à retenir toute cette énergie qui semble affluer en nous.


Cette énergie cumulée de ces dernières années de tout un clan que nous renfermions éclate à présent sur le son de nos violons.



Si nos notes pouvaient être visible, elles seraient un tourbillon incroyable, nous entourant. Nous isolant du reste du monde sans que personne ne puisse cependant en ignorer son ampleur.



Entendez.



Entendez tous.



Entendez le dragon renaître au son du battement de nos cœurs.



Regardez.



Comment avais-je pus vivre sans eux ? Comment ?



Je ne vivais pas. Je survivais. Je m'étais moi-même mise en sommeil, ne survivant que pour mes deux enfants.



Regardez mes amours.



Regardez.



Découvrez et apprenez.



Voilà l'âme de votre mère révélée.




C'était un sentiment incroyable. Le meilleur shoot d'adrénaline de toute ma vie. Comme si je m'éveillais enfin. Prenant conscience de chaque chose, ouvrant réellement les yeux en cet instant. Je sentais chaque chose revenir en moi, chaque morceaux reprendre sa place alors que mon instrument continuait de le mettre en une mélodie que tous pouvaient entendre.



Et je pouvais lire dans le regard de mon petit frère le torrent d'émotions qui l'assaillait. Les notes venaient s'incruster en lui en des mots bien trop puissant pour qu'ils les ignore. Le battement de nos coeurs synchronisés sur un tapement de pieds ayant pris de l'ampleur.



Oui.



C'était ça.



Un instant où l'ensemble de nos coeurs battaient ce même rythme.



Une impulsion. Puis une autre. Et encore une.



Et mon hurlement qui vient fendre la musique avant que nous ne remettions à jouer comme deux enragés. Accélérant et nous perdant dans un rythme infernal.



- Encore ! Hurle Luc. Encore !



Oui.



Encore.



Là voilà.



Et ils semblent tous le sentir.



Les notes de mon instruments partant dans des tons plus sombres avant de repartir vers une envolée plus douces. Et il me suit. Imperturbable. Créant un nouveau tourbillon d'émotions.



Je fermes les yeux, laissant mon corps partir dans sa propre symphonie. Laissant l'énergie se répandre alors que chaque chose me reviens. Chaque instant. Chaque promesses. Chaque mot. Chaque douleurs. Chaque blessures. Chaque joies.




C'est ça.



Je le sentais.



Je revenais à la vie.



Réellement.



Je reprenais vie en cet instant sous l'impulsion de nos notes. Sous l'impulsions du son de nos violons. Grace à lui.



Enfin.


Enfin je revenais.



Un sourire s'étira sur mes lèvres et je rouvris les yeux. Il se stoppa, ramenant le violon le long de son corps alors que des larmes coulaient sur son visage.



C'était indescriptible. Aucun mot ne pouvait nous suffire.



Alors je me remis à jouer. Mes notes, ma posture, mon regard... Tout le trahissait.




J'étais sortie du sommeil dans lequel j'avais plongé une partie de mon être. Et le battement repris. Ma respiration s'emballant alors qu'un sourire carnassier ne quittait pas mon visage.



Entendez. Entendez le.



Écoutez le son qui vous parvient.





La femme au dragon est de retour.




Angelina est de retour.



Naëlle est de retour.



Entendez le son qui précède votre perte.





Le dragon renaît de ses cendres. Et il est plus affamé que jamais.

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