Chapitre 32. Point de vue Natan H.
Note de l'auteur : Il vous avait manqué ?
À moi oui.
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Cela faisait quelques jours que j'étais de retour, et j'avais finis par me décider à prendre ma moto pour aller le voir. Je poussais la porte de son bar, prenant place au comptoir en ignorant les regards. Tapotant le bois en gueulant.
- Hé patron, un cocktail maison s'il vous plaît.
Je l'observe se redresser, se tournant lentement vers moi depuis l'arrière de son bar. Pablo semble vraiment se demander s'il n'est pas victime d'une hallucination vue son temps de réaction. Ou peut-être est ce que j'ai un peu changé d'allure ? Sûrement. J'ai vu le même étonnement dans le regard d'Aaron.
- Nat' ?
- Ouais. T'as arrêté les cocktails ?
Il secoue la tête, se mettant à la préparation tout en se posant devant moi.
- T'as laissé ta...
- Me parle pas d'elle. Le coupais-je
Il arque un sourcil, penchant la tête en suspendant ses gestes.
- Si elle passe je dis quoi alors ?
- Oh elle risque pas de passer. Ricanais-je. Si ça arrives, appelle un exorciste.
Il fit la moue en haussant les épaules, se remettant à préparer sa mixture.
- Alors ce séjour dans la grosse pomme ?
- Toujours pareil. Des emmerdes et des surprises dont on se passerait. Répondis-je en prenant le verre qu'il me tendait.
Je fis tournoyer le mélange en repensant à la plus grande surprise de tout de ce séjour. Finissant par boire le verre cul sec pour enlever cette sensation. Reposant le verre en relevant mon regard vers lui.
- T'as pas l'air d'y avoir pris ton pieds en tout cas. Constata t-il
Je m'appuyais sur mes coudes en réfléchissant, repensant à tout ça.
- Non. Mais c'était instructif, et nécessaire. Comme quand t'es paumé et que tu sais pas que tu l'es, mais qu'on vient t'en foutre une, puis une deuxième, puis une troisième.. Et que tu réveille. Tu réalise la merde étalé autour de toi, et qu'il est temps d'arrêter de jouer le caniche.
Il hocha la tête, venant s'appuyer sur le bar en face de moi.
- Et maintenant ?
- Maintenant ? Commençais-je. Eh bien maintenant, je reste là. Je vais voir ce que je vais faire.
- Tu cherche un boulot ? Du genre dans un bureau ?
Je me mis à ricaner, me léchant les lèvres en secouant lentement la tête.
- Pitié nan, j'ai ma dose des bureaux. Le seul bureau que je veux, c'est ma moto.
- Mais tu sais faire quoi au juste ?
Un sourire en coin s'étira sur mes lèvres et je me redressais en sortant mes billets. Les posant sur le comptoir tout en me penchant à son oreille.
- Ne demande pas des choses comme ça. Et le boulot que je veux, c'est pas un que tu pourras m'offrir Pablo. Ça fait bien longtemps que la légalité et moi, on est plus amis. Mais tu sais où me trouver si t'as un souci.
Je me redressais lentement, allant pour sortir avant d'être rattrapé par sa voix.
- Hé.. T'as pas de nouvelle du petit roux ?
Je me mis à ricaner, soupirant en levant les yeux au ciel.
- Tu serais découpé en des millions de morceaux rien que si tu posais de nouveau ton regard sur lui Pablo. Et ce n'est pas une façon de parler. Quoi que... Je suis même certains qu'ils te réserveraient bien pire si tu retentais. Oublis le rouquin, il appartient à des rois que tu veux pas connaître.
- Les mecs qui m'ont coursé ? C'était qui ?
- Pose pas tant de questions. Oublie c'est tout. Mais si tu veux crever, je peux toujours abréger ta vie.
Vouloir baiser le mec de Hakane Leon... Faut vraiment être suicidaire putain. Je sais même pas comment ce mec fait pour être encore en vie...
- C'est con... Il était mignon. Soupire t-il. Il va bien ?
Je lève les bras en grognant, m'énervant ouvertement.
- Putain mais qu'est ce que j'en sais ? Je m'en branle merde ! Plus ces dingues sont loin de moi, mieux je me porte. Mais continue si tu veux, qu'on vienne pas me faire chier après parce que t'es mort c'est tout.
Je lui fis signe en partant, et je fus à peine dehors que mon bras balaya violemment devant moi. Prenant à la gorge une pétasse bien trop près de ma beauté. Elle vola contre le mur et je m'approchais de ma moto, inspectant voir si elle n'avait rien.
- Mais il est malade lui ! Hurla une voix me donnant envie de la faire taire définitivement.
J'enjambais ma moto, laissant Pablo venir relever le déchet alors que je la mettais en route, démarrant sans même prendre la peine d'écouter ce qu'il me disait.
- Dresse mieux tes chiennes Pablo. La prochaine elle va repeindre le sol. Personne touche à ma moto.
Je partis aussi vite, grommelant du manque de savoir vivre de certaines personnes.
« - T'aimes les gros engins ?
- Oh il est pas si gros que ça ton engin, ça pourrait s'améliorer.. Genre avec... »
Je me souviens comme si c'était hier de la première fois que je t'avais croisé. Toi tu avais une distance de respect avec ma moto, la détaillant avec sérieux. Et je m'étais perdu à te regarder toi.. Toi te mordant la lèvre alors que ton regard pétillait d'intérêt.. Ce regard avec cette lueur si sauvage. Et j'avais bandé sévère aussi vite que tu t'étais mise à me parler mécanique de pointe pour mon bébé.. Alors que dire quand j'avais aperçu ton bébé à toi... De toutes ces fois où j'avais croisé la fusée que tu étais sur la route. De cette conduite sans pareille..
Je secoue la tête en soufflant, accélérant pour sentir le vent encore plus. Finissant par rouvrir les yeux alors que le bruit d'un klaxon de camion se fait entendre, et cela doit encore se jouer à quelques secondes pour éviter la mort.
Je me gare sur le côté, observant autour de moi en ôtant mon casque. Mes mains venant frotter frénétiquement mon visage alors que je hurle de rage.
- Oublie putain... Oublie ça. Sois pas une de ces merdes à courir après cette chimère merde ! M'énervais-je
« Villyyyyy »
Toujours ce foutu frisson, toujours cette sensation. Toujours mon être qui s'arrête entièrement en te regardant. C'était terrifiant, vraiment. De me dire qu'après tout ce temps, toutes ces années où je t'avais pensé morte... J'avais recommencé à respirer en te voyant entrer. Mais le jeu était terminé pour toi, ta sentence était irrévocable. Ce regard, indifférent, froid... Terrifiant. Même pas de pitié, même pas du mépris, rien.
J'avais observé ton monde que je connaissais pourtant, j'avais observé ces personnes que je connaissais maintenant. Et j'avais perdu ensuite le compte des coups de poings venant s'abattre sur moi. Ces même coups que j'avais donné bien plus tard à Jade avant de m'écrouler.
Le plus ironique c'est que je croyais vraiment que ce serait toi qui me tuerait. Toi, la plus grande garce de cette planète. Mais même pas. Même pas putain.
Non. Je n'avais pas vu que la pire de toute était celle avec qui j'avais grandis. Pourtant j'aurais dû savoir les repérer les folles avec toi non ?
C'était quoi nous deux au juste ? Un putain de gâchis innommable.
Mais je le reconnais, tu avais raison depuis le départ. Nous étions un feu nous consumant bien trop vite, et voilà où cela nous a menés. Les coups infligés des deux côtés, et les Herrero préféraient se noyer dans la noirceur maintenant plus que jamais.
Tu m'as toujours pris pour l'agneau comparé à mon jumeau, et c'était tellement facile de te le laisser croire. De mieux masquer ma noirceur que lui. Parce que c'était notre deal depuis toujours. Logan avait toujours espéré mieux pour moi que ça. Parce que perdre son jumeau dans toutes ces conneries, il le refusait. Mais nous avions failli nous perdre tout court tout de même. Alors voilà...
Ton nouveau chien de garde favori a raison, je ne te connais plus. Je ne sais rien de toi.
Mais, tu ne sais pas le plus amusant ?
Tu ne sais rien de moi toi non plus.
Tu crois tellement me connaître que te connaissant, tu te diras que je vais continuer ma petite vie à New-York. Tu te diras que les jumeaux feront parler d'eux de là-bas n'est ce pas ?
Tu ne m'as jamais compris. Je fus celui que tu ne comprenais pas malgré tout tes efforts n'est-ce pas beauté ?
Finis de jouer selon tes règles biaisées. Finis de plaisanter maintenant. J'ai bien assez perdu de temps. J'en ai finis de jouer les idiots, de laisser croire qu'un des deux est plus con que l'autre. Tu prends Logan pour le démon de nous deux. Tu le prends pour le plus affûté.
- T'es en panne ?
Je tourne le visage, n'ayant même pas fait gaffe au bruit de sa moto se garant. Je secoue la tête, regardant le paysage et il soupire.
- J'ai peut-être des potes qui te plairont. Suis-moi, mais je te garantie rien.
Je hausse les épaules, remettant mon casque. Le suivant sans sourciller dans les fin fond de ce pays, roulant quelques kilomètres avant d'arriver sur un petit chemin, y trouvant finalement au bout une maison devant laquelle sont stationnés plusieurs motos.
Je me gare à côté de lui, ôtant mon casque avant de remettre mes cheveux en arrière. Descendant de moto. Il vient à côté de moi, et je ne retiens pas une grimace alors que deux gonzesses sortent de la maison. Il se met à ricaner, me faisant signe de le suivre. Nous traversons la maison, et j'ai largement le temps d'étudier la maison avant d'arriver devant une porte. Il me fait signe d'attendre, y entrant et disparaissant plusieurs minutes. Quand enfin il en ressort, il me fait signe d'entrer et je soupire en me décollant du mur. Gardant mes mains enfoncés dans les poches de mon manteau.
J'observe le mec se trouvant appuyé sur le bureau, d'une bonne cinquantaine d'années. Un vieux cliché motard par excellence, bien loin de l'image de grand chef dont j'ai l'habitude.
- Laisse nous Pablo. Exige l'homme.
- Chef il est...
- Je sais qui il est. Sors.
Un sourire narquois s'étire sur mes lèvres alors que je ne lâche pas du regard l'homme. Et Pablo vient poser sa main sur mon épaule.
- Fais pas le con, c'est mon père.
Ouais ouais. J'attendrais pour le tuer s'il est gentil. Sois mignon mec, laisse jouer les adultes maintenant.
Quelque chose me dis que ça va m'amuser cet échange là.
- Ta copine n'est pas venu cette fois ?
- Je l'ai tué. Répondis-je avec nonchalance. Je me suis un peu trop énervé sur elle.
- Et l'autre alors ?
- Quelle autre ? M'étonnais-je
- La femme au dragon.
- Je suis un de ses ex dans l'immense liste de ses ex. Rien de plus.
- C'est marrant... Commence t-il
Il se redresse, s'approchant de moi en me fixant avec sérieux.
- ... On m'as toujours dit qu'on ne quitte ce clan que mort.
- Bah je suis juste banni perso. T'as qu'à les appeler. Mais s'ils pouvaient éviter de savoir où je suis... Ça nous éviterait des emmerdes tu sais.
- T'as fait quoi pour te faire bannir ?
- J'ai rompu avec la gonzesse qu'il fallait pas. Ricanais-je
- Et pourquoi Pablo t'as emmené ici ?
- C'est à moi que vous demandez ça ? Vous venez de le faire sortir, fallait lui demander. Soupirais-je. Je lui ai juste dis que je cherchais de quoi m'occuper et m'amuser.
- Dans le même genre que ton passif ?
T'as l'air d'un vieux crétin mais t'es bien renseigné. Ne pas se fier aux apparences.
- Ouais. Les gonzesses en moins.
- Et j'aurais quoi comme avantage de te proposer un boulot ? T'es peut-être une taupe de ce clan.
Je ne peux me retenir de rire, complètement dépassé de cette supposition foireuse.
- Putain vous vivez vraiment au fin fond du trou du cul du monde hein. Me moquais-je. Le monde du crime est au courant et pas vous ? Tu m'étonne que vous faites peur à personne. C'est un secret pour personne pourtant, je suis plutôt dans le rang des ennemis des dragons que dans leurs rangs. Et j'ai plus d'ennemis que n'importe qui dans ce pays. À vrai dire, m'intégrer te causerait sûrement plus d'emmerdes qu'autre chose. Mais d'un autre sens... Être trop timoré te ferait stagner à ce même stade pour ton gang... Après, ça te plaît sûrement de barboter dans la bouse qui sait ?
Il va pour me frapper et je me contente de l'éviter, le frappant dans le dos pour l'éloigner. Secouant la tête en soupirant.
Tellement lent putain...
- Me prends pas pour un de tes abrutis le vieux. Crois pas me connaître parce que tu sais deux trois trucs sur moi. Je suis pas venu là pour faire du tourisme et perdre mon temps. Je cherche des mecs qui ont des crocs, pas des roquets. Maintenant si tu veux qu'on parle sérieusement, on peut. Mais ça va rester entre nous deux.
Il me fixe, fermant la porte à clé avant de croiser les bras sur son torse.
- Je t'écoute. Me répond-il.
Nous ne ressortons de son bureau que quelques heures plus tard, et il me demande de le suivre jusqu'au salon. Demandant à tous le monde de se rassembler. Et je me contente de m'appuyer sur le mur en observant les personnes arrivant.
Le vieux finit par prendre la parole alors qu'une douzaine de personne a pris place. L'ensemble me fixant avec méfiance.
- Bien, gamin je te présente les membres des Red's Skull. Dans l'ordre nous avons Faiz, Liz, Fire, Tiago, Gun, Max, Alvin, Paquito, Sue, BigBear, Pablo, et Le Siffleur. Les gamins, voici un nouveau copain de jeu.
- Et comment il s'appelle le nouveau ? Grogne l'un des mecs.
Un sourire froid se dessine sur mes lèvres alors que je me redresse pendant que le vieux me présente.
Tu me prends pour un agneau Naëlle. Tu me prends pour un pauvre petit être. Tu n'as jamais compris n'est-ce-pas ? Que des deux jumeaux, c'est bel et bien de moi dont tu devais te méfier le plus.
Tu n'as toujours pas compris.
C'est à mon tour de te donner une leçon Madame la Femme au Dragon.
Aucun doute que notre prochaine rencontre sera vraiment très amusante.
- Et il a une copine le ptit nouveau ? Demande l'une des gonzesses.
Je la fixe froidement, mon visage ne trahissant aucune émotion.
- Une femme ça se baise mais ça s'aime pas. Quand j'aurais besoin d'amour, je me prendrais un chien. Alors restes loin de moi. J'ai vraiment horreur des chiennes, qu'elles soient bien dressés ou pas. La première qui me touche, votre chef est déjà prévenu de son sort. Et non les mecs c'est pas non plus mon truc.
- Eh bah... Si sa queue est aussi grosse que son égo... Ça promet d'être amusant. Ricane une autre.
- Et il sait se battre ? Se renseigne un mec
Un sourire carnassier s'étire sur mes lèvres sans que je ne puisse le retenir.
- Et si on vérifiait ça ? Le provoquais-je.
Le mec hausse les épaules en se levant, le vieux se contentant de soupirer avant de me conduire au sous-sol, me présentant un ring. J'enlève mon blouson, attrapant les bandes que me tend Pablo. Protégeant mes mains en fixant le mec. L'observant bouger avec attention.
Le vieux vient se mettre devant moi, me forçant à le regarder.
- Évite de le tuer.
- J'essayerais. Dis lui de pas retenir ses coups parce que je le ferais pas.
Je monte sur le ring, attendant sagement le mec. Faisant rouler doucement mes muscles, m'échauffant lentement.
- C'est quoi ton nom déjà ? Me renseignais-je
- Gun.
Un sourire froid s'étire sur mes lèvres alors que je hoche la tête, me mettant en position.
- Eh bien Gun... Voyons si toi tu sais vraiment te battre alors. Te retiens pas parce que moi, je vais pas te caresser. Et tu vas vite comprendre mon surnom.
Si tu savais à quel point tu t'es plantée Naëlle.
Ce n'est pas moi qui m'approcherais de toi. La prochaine fois, c'est toi qui viendra me trouver.
Et crois moi, je serais prêt cette fois. La prochaine fois, la leçon viendra de moi.
Je te forcerais à jouer selon mes règles.
Même si cela doit me prendre des années.
Tu viendras me trouver en personne.
Tu le sais n'est-ce-pas ? La partie a déjà commencé.
- Voyons donc qui de nous deux plieras à présent...
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