Chapitre 20.
Je fixe le ciel alors que le vent vient balayer mes cheveux, m'apportant le bruit pourtant léger de ses pas derrière moi. Et je ne peux empêcher un sourire de s'étirer sur mes lèvres alors que sa voix s'élève.
— Quand les étoiles cesseront de scintiller dans mon ciel,
Et que mon monde cessera de tourner comme sur un carrousel,
Alors je sais que mes pas me mèneront à toi.
Et qu'alors je te ferais mien.
— Quand la neige tombera rouge,
Et que le sablier aura finit de couler.
Alors je viendrais te chercher,
Et tu deviendra mien. Continuais-je en me retournant.
Je sais bien que de toute façon nous sommes destinés.
Qu'importe l'allure que prennent nos âmes lasses.
C'est là dans le feu de l'infini, qu'est notre place.
Dans ce lieu pour nous retrouver.
— Alors, je laisserai la neige tomber. Je veillerais le ciel en attendant la fin de ce sablier.
Je te laisserais observer mon monde avec toute ses curiosités.
Je te laisserais venir cueillir mon âme de la façon qu'il te plaira.
Parce qu'entre tes doigts, tu pourra voir l'immensité de l'univers que renferme mon âme.
Parce que sous ton souffle, je sais que tu l'observera trembler.
Parce que sous ce regard, hôte des ténèbres, je sais que brûle mon dernier et éternel amant.
Parce que sous tes lèvres, je sais que tu va te repaître du goût de mon âme.
— Et dans le tourbillon d'une neige vermeille, dans un battement d'aile, me voilà devant toi.
L'univers sera mon lit, ma volonté une immuable loi.
Ton feu venant tenter de me consumer, L'éternité pour parvenir à nous rassasier.
Alors dans la caresses de ton feu, nous continuerons de nous faire face.
Devenant un simple conte à narrer.
Devenant un nouvel astre à vénérer.
Dans l'infini du temps, nous apprendrons que le jeu est infini, et que nos vies n'étaient que des préfaces.
— Je reste là, assise à contempler l'astre de la nuit, attendant qu'il rougisse de mes provocations.
Et quand il sera suffisamment gêné de m'observer ainsi, il me laissera le rejoindre.
Me guidant dans la nuit pour que je rejoignes ses bras, mon souffle de vie en coloration sur son paysage.
M'offrant enfin ma pleine liberté de dragon. Je m'envolerais.
— Alors quand tu me verra, regarder le ciel étoilé, entendras tu les secrets que je lui conte ?
Entendras tu la demande silencieuse d'un dragon dans une cage encore trop petite en fin de compte ?
Quand tu m'observeras dans le silence de l'instant, Te laissera tu le temps de te demander...
Qu'est ce que cela allait donner... L'équation toi et moi dans les cieux ?
Il me sourit, penchant la tête tout en m'observant alors que je m'allume une cigarette.
— Une boite, contenant juste un parchemin et un sablier. Voilà comment tu as tout fait débuter. Dit-il doucement. Un simple parchemin vieilli de ta main, écrite à l'ancienne.. Par toi encore une fois ?
Je hoche la tête en souriant, haussant les épaules avant de fixer le ciel.
— Je me suis bien amusé à la faire... Répondis-je dans un sourire. Cette lettre là. Je l'ai même écrite avec une plume d'oie. Parce que je trouvais que cela allait bien avec ces vers qui t'étais destiné.
— Et quel vers...
— C'est amusant.. J'ai repensé à ces vers justement cette fois là. Cette soirée là sous les cerisiers.
— Une proposition de contrat par le biais d'un poème... Il n'y a bien que toi pour oser un truc pareil. Mais sans comprendre son sens profond... C'est juste de jolis vers. Même si je dois bien l'avouer... Autant la forme de la proposition que tes mots m'ont beaucoup plu.
Il se retourne pour observer mes hommes plus bas, et je continue de fumer sans bouger. L'observant attentivement alors qu'un sourire en coin se forme sur mes lèvres.
— Pourquoi tes hommes ont cette tête là ?
— Une tête d'abrutis ?
Il ricane en secouant la tête, me faisant non du doigt.
— Nan ils ont l'air... Inquiet et excité.
Sûrement parce qu'ils me connaissent bien.
Il se retourne vers moi, haussant les épaules en m'observant de nouveau. Plissant les yeux en me voyant reculer un sourire sur les lèvres.
— Mon délice... Qu'est ce que tu fais ?
Je ricane, haussant les épaules à mon tour alors que mon sourire s'agrandit.
— À ton avis mon diable ? Que vais-je faire ? Le narguais-je
— Tu n'oserais pas ? Gronde t-il
— Ah oui ? Alors empêche moi.
Je me recule d'un pas à nouveau, me laissant tomber en arrière en écartant les bras, riant en l'entendant hurler de rage.
— Putain de dingue ! Fais chier !
La dernière fois que j'avais fait cela, Cole aussi avait juré comme pas possible. Et il était resté comme un con à m'observer chuter.
Lequel de nous deux est le plus fou Iblis ?
Moi me jetant dans le vide ?
Ou toi, sautant pour m'y rattraper ?
Et je ne sais comment il m'attrape en effet, un sourire fier sur les lèvres.
— Je te tiens mon délice. Souffle t-il.
Je fermes les yeux en souriant, sentant bien vite le choc avec l'eau. Remontant à la surface avant de l'y trouver. Nageant pour m'agripper de nouveau alors que j'enroule mes bras autour de son cou.
Et je sais que je serais prête à sauter de nouveau juste pour le voir sauter aussi vite. Ne réfléchissant même pas. Juste pour cette seconde hallucinante, où je l'ai vu quitter la falaise en courant, sautant pour m'y rejoindre.
Parvenant lui aussi à me surprendre sans aucun conteste.
— Tu as sauté.. Murmurais-je en le fixant
— Évidemment. Tu as vraiment cru m'échapper ? Rit-il
— Tu es complètement dingue...
— Oui. Mais c'est inscrit sur mon cv... Non ? S'étonne t-il faussement.
Je pose mon front contre le sien, soupirant en fermant les yeux.
— Si je savais aimer comme avant.. Je serais dingue de toi tu sais ?
— Si on savait aimer normalement... On serait complètement dingue tous le deux. Nous serions comme ces amants maudits des contes, comme ces dieux s'aimant et se tuant. On créerait des guerres dévastant le monde juste à cause de l'autre... Nous serions les fléaux de ce monde juste pour plaire à l'autre... Imagines donc la catastrophe... Que ce serait si on s'aimait.
— Encore heureux que nous ne savons pas le faire alors... Je n'imagines même pas le bordel que cela serait... Ricanais-je
En une seconde, le voilà à attraper mes lèvres. À faire cesser de tourner le monde, dans cet instant hors du temps. J'en oublie totalement où nous sommes, l'eau nous entourant avec toutes ces falaises nous surplombant, nous surveillant, nous protégeant. Et je sais bien oui, que si j'avais été une de ces filles comme j'avais tant pus en croiser, je sais bien que cela ressemblerait à ça l'homme qui symbolisait ma perfection.
Mais je ne savais pas ce qu'était cet homme là pour moi. Je ne savais pas le définir, poser des mots sur cette évidence si profonde qui semblait nous lier sans qu'aucune chaîne ne vienne nous attacher pourtant. Il était simplement « Mon Diable ». L'évidence même d'avoir enfin trouvé après tant d'années de recherches, un partenaire à notre hauteur pour des parties de jeux sans limites. Nous semblions être le parfait reflet l'un de l'autre, deux ombres courant à la même vitesse dans ce monde dingue. Deux ombres capable de tout détruire juste par caprice. Par jeu. Par envie.
La destruction, la vie, l'envie, le sang, l'honneur. Un regard, un mot ou même un geste pouvait trouver écho chez l'autre sans même comprendre comment cela fut possible.
Oui si mon coeur ne s'était pas consumé entièrement avec les trois, je sais bien que de lui j'en serais encore plus dingue. Sans aucune comparaison possible pour tout ce que nous pouvions faire. Pour ses silences, ses gestes invisibles me poussant lentement. Pour ce vent qu'il était afin de permettre à mes ailes de se déployer. Capable de tout les extrêmes, de tout les caprices. Juste dans ces instants où il les devinait dans mon regard.
Même si nous étions devenu ennemis, je ne doute pas du plaisir que nous y aurions pris à nous affronter. Qu'importe les routes choisis, les possibilités qui s'étaient offertes à l'instant de notre rencontre, en un regard tout était scellé. Mon âme rouge de tout ce sang versé faisait écho à la sienne, mon instinct de prédatrice était aussi aiguisé que le sien. Tant d'ennuis dans nos vies passés à ne pas trouver de défi suffisamment grand pour nous, et l'autre était apparu sur notre route.
Si nous avions été capable d'être raisonnable, de nous tenir loin de l'autre pour ne pas chuter. À l'instant même où j'étais redevenu moi-même, nous avions compris sans même nous revoir qu'à présent, cela n'arriverait plus. Nous avions tenté de jouer selon les règles de ce monde, mais maintenant c'est selon nos règles que nous jouerons.
Calculant toute choses, consumant chaque âme sur notre passage.
Oui je le savais, j'avais beaucoup changé. C'est un monstre qui avait soigné les blessures laissés par un autre monstre. C'est le Diable qui m'avait reconstruite, me laissant tout le temps pour arriver à mon éclosion. Je n'étais plus juste un monstre, j'en étais la reine. Et c'était pire de se dire que l'homme se tenant là contre moi, pouvait me suivre dans chacun de mes choix et caprices, qu'importe sa destination. Dans le sang ou le sexe, dans les conneries ou mes ténèbres. Qu'importe où je voulais plonger, j'avais moi même choisis de lier mon âme à la sienne. J'avais moi-même choisis de lui graver qui j'étais sur la peau.
Inutile était les déclarations ou mots doux susurrés au creux de l'oreille qui pourront s'envoler à la première brise venue, l'encre parlait assez.
J'étais morte et ressuscitée tellement de fois que j'avais finis par ne plus savoir quand j'étais vivante. Seule toute mes douleurs pour me le prouver. Seule toute mes peurs pour me servir de repère. Pourtant j'étais là à présent. À danser sur le monde, la mélodie des cris de douleurs de nos ennemis pour symphonie. J'étais là, chaque parcelle de ma peau scintillant de la fidélité d'un clan entier. En un mois, j'avais fait plier tout un pays. J'avais soumis le monde à notre volonté.
J'avais tenu ma promesse. Le monde ne parvenait plus à ignorer le cri du Dragon. Le monde de l'ombre était le nôtre, et nos ennemis, de simple âmes damnées se consumant dans le feu de l'enfer.
Ce monde qui avait tenté de me détruire, est le même que je venais de dévorer sans la moindre pitié.
— Tu brûle... Tu brûle de verser le sang... Je te sens palpitante contre moi.. Ronronne t-il. Et si nous allions donc tester ce que c'est de tuer en baisant ?
Bien vite, nous sommes hors de l'eau. Nous séchant à peine avant de remonter en voiture, nous dirigeant vers notre cible. Et lorsque enfin je me positionne du haut de ce toit, mon arme prête alors que mon regard s'appuie de la lunette de visée, mon corps ne peut s'empêcher de s'embraser d'impatience.
— Concentre toi mon délice... Murmure t-il. Montre moi donc.. Comment on tue tout en baisant.
Un soupir de plaisir s'échappe de mes lèvres alors que mon corps vient se glisser sur le sien. Veillant à ce que le haut de nos corps ne bougent pas alors qu'il entame son assaut lent, laissant son feu se répandre lentement dans l'ensemble de mon corps.
Et je dois lutter contre moi-même, contre mon propre feu alors que je fixe la fenêtre de ma proie. Lutter pour ne pas me laisser submerger alors qu'il semble prendre un plaisir dingue à tenter de me faire sombrer.
Enfin pourtant je l'aperçois, le suivant avant d'appuyer sur la gâchette. Mon sourire s'étirant en voyant la balle se loger dans sa tête avant qu'il ne s'écroule contre ce mur couvert de son sang.
Laissant mon corps se crisper alors que j'appuie sur le bouton déclenchant la bombe. Ne lâchant rien du spectacle alors que je pose le fusil sur le côté. Me redressant contre lui en continuant la danse de nos corps face aux feux consumant la ville à présent.
Jouissant tout en entendant les sirènes des secours, sentant ses lèvres enflammer ma peau alors que notre propre feu dévore tant de vies plus bas.
Nous laissant à peine le temps de nous rhabiller que nous partons en riant de là, nous envolant et disparaissant de nouveau.
Admirez donc le feu d'un Dragon consumer le monde.
C'est nos rires que vous porte le vent. C'est notre sourire de satisfaction que vous apercevez en mourant.
Je ne suis pas le diable. Je suis bien pire. Je suis la Femme au Dragon.
Même le Diable a décidé de jouer la partie à mes côtés.
Admirez donc le monde sombrer par ma simple volonté.
Je vous ferais plier, et bientôt c'est nos lois que vous suivrez.
Observez donc le monstre que vous avez créés. Il est bien trop tard pour regretter.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top