Chapitre 2. Point de vue Naëlle.


Je reste assise sur le sol alors qu'il part en courant. Je suis incapable de parler, incapable de bouger. Je reste juste là à fixer l'endroit par lequel il a fuit.


Ses mots tournant en boucle dans ma tête encore et encore, comme une élégie infernale. Un chant de la mort impitoyable.


Je relève lentement le regard, une masse me barrant la vue. Elle s'avance pour venir à ma hauteur. Passant ses bras autour de mon corps pour me porter, et mon regard retournes au loin. Aucun mot ne parvenant à sortir de ma bouche.


J'entends des voix, sans en comprendre les mots et le sens. Seul sa voix à lui tournes dans ma tête, seul ses sanglots sont la bande sonore dans mon cerveau.


Je fixe la personne devant moi avant de reporter mon regard au loin et la personne me portant s'avance, sortant de mon bureau et s'enfonçant dans les couloirs de la demeure. Rapidement on arrive dans mon appartement, et on s'assoit dans le canapé. Je sens une main entourer mon visage, me forçant à regarder la personne.


Me forçant à reprendre contact avec la réalité que je fais tout pour fuir à l'instant présent.


J'entends la porte claquer, entendant parler avant de voir Ritchi dans mon champ de vision. Une vive douleur à la joue me fait cligner des yeux et je le fixe ahuris.



Il vient vraiment d'oser me gifler ?



— Oh bordel... Murmure Ritchi en reculant face à mon regard.

— Cours.. Marmonne Angelo en serrant son étreinte.



Je me débats pour aller en foutre une à Ritchi qui ne se fait pas prier pour détaler, et je pars aussi vite alors qu'Angelo défait sa prise. Il se contente de hurler que j'arrive et je  distingue un cri absolument pas masculin de la part de Ritchi.



Ritchi allant s'enfermer dans son bureau.



Je me mets à retourner toute la demeure, demandant où se trouve Peter. M'énervant encore plus quand j'apprends qu'il est partis en moto. Je décroche mon téléphone aussi vite, faisant le tour de mes hommes avant de raccrocher. Lançant mon téléphone contre le mur de rage.


— Pa...Patronne



Je me retournes vers l'homme alors que je continue de tout faire voler dans la maison, un vase dans la main que je m'apprêtais à lancer.



— Quoi ?

— Monsieur Leon. On pense qu'il est chez lui... Bégaye l'homme de l'équipe de Ritchi avant de détaler pour éviter le vase qui s'éclate au sol.



Je passe prendre mes armes avant d'enfourcher ma moto, redescendant pour mettre un casque en grommelant. Remontant aussi vite sur la moto pour prendre la route. Je pense débarquer chez Hakane en un temps records, y trouvant bien une moto garée.


Ma colère ne se calme absolument pas alors que je me rappelle très bien que ce connard a prétendu ne rien savoir, et c'est à coup de pieds dans sa porte que je débarque. Dégainant une de mes armes aussi vite alors que Grey se cache derrière Hakane en m'apercevant.



— Chérie... Quelle surprise !

— Il est où ?

— Qui ça ?


Je tire sur le vase à côté de lui, le cri de peur de Grey venant raisonner dans la maison. Hakane soupire en levant les yeux au ciel, écartant les bras pour me faire signe de chercher moi-même.


Je ne me fais pas prier deux fois, fouillant sa maison de bas en haut avant de le trouver enfin.


De le trouver complètement endormis et impossible à réveiller.



Je hurle de rage, me laissant glisser contre le mur alors que Hakane entre dans la pièce. S'appuyant contre le mur à côté de moi.



— C'est inutile... Je lui ai injecté un des somnifères que je gardais pour toi. Il va pioncer un moment... Si ta crise d'hormone est calmée... On peut aller discuter ailleurs ? Genre autour d'un verre ?


Je hoche doucement la tête, me relevant avant de le suivre. Il m'entraîne sur sa terrasse, sortant une bouteille de vodka avant de servir deux verres. Il me tends l'un des verres, et je le remercie avant d'en boire une grande gorgée. Reposant le verre en gardant le regard au loin.



— Il veut partir Naëlle. Il veut tout lâcher. Vraiment. Commence Hakane. Il a dit qu'il voulait pas vivre cette vie là. Que son serment était terminé depuis trois ans.



Oui je la sens cette fissure qui grandit en moi, et je me recroqueville sur moi-même. Posant mon menton sur mes genoux. Je ne sais pas quoi faire. Je ne sais absolument pas.



— Putain mais réagit bordel ! Arrêtes d'être passive ! C'est tes conneries tout ça ! Hurle t-il en se levant. C'est tes putains de conneries tout ça ! C'est de ta faute son état ! Tu es la seule responsable de son état bordel ! Tu sais le mal que tu as fait en te foutant de notre gueule ainsi ? En prétendant être morte ? Tu sais à quel point tu l'a brisé lui ? Non tu sais pas ! Tu sais rien putain ! Tu étais pas là toi pour le voir s'effondrer ! Tu étais pas là quand il est devenu fou de rage, quand il passait ses journées à taper dans des murs, à tout détruire ! Tu étais pas là quand Luc et Johns ne passaient pas une minute sans se couvrir de sang ! Arrêtes de faire celle qui est la putain de victime de l'histoire ! Tu es celle qui nous a poignardé ! Et pourquoi ? Parce que madame était en cloque ! Tu croyais quoi ? Qu'on allait les tuer ?! Qu'est ce qui justifie ce que tu as fait putain ?! Rien ! Rien ne justifie toute ta merde ! J'ai dû le surveiller en permanence, aller le chercher dans les pires endroits possibles... J'ai dû le garder ici pour le sevrer de merde qu'il prenait ! Il était de ceux qui était persuadé que tu étais en vie ! Il a tout fait pour toi ! Il t'a toujours obéis aveuglément putain ! Et toi tu reviens.. Et tu l'ignore ? Mais c'est quoi ton putain de problème Naëlle ! Je te comprends plus ! Réponds moi !



Je le fixe alors qu'il me hurle dessus. Grey venant tenter de le calmer mais abandonnant en croisant le visage fous de rage de Hakane.


— Je t'interdis de pleurer ! Hurle t-il de plus belle. Je te l'interdis ! Ça fait plus de trois ans que lui il pleure chaque nuit ! Ça fait plus de trois ans qu'il veut mourir parce qu'il croit que tout ce qu'il a fait n'a servis à rien ! J'ai jamais jugé tes choix , tes manipulations et tes petits jeux pervers avec les personnes. Jamais. Mais tu avais pas le droit de faire ça avec lui ! Tu avais pas le droit putain ! Pas avec le seul mec qui s'éclaterait la tête si ça te ferait plaisir ! Pas avec lui putain ! Tu es la pire garce de l'univers ! Je t'interdis de pleurer ! J'ai dû être là quand toi tu l'as abandonné ! J'ai passé ces trois dernières années à prendre soin de lui ! Et toi, tu reviens... Et en quelques semaines tu parviens à le dégoûter de tout ça ? Ah mais non ma grande ! Ça va pas se passer comme ça ! Tu va ouvrir tes putains d'oreilles parce qu'il est hors de question que je te laisse continuer de le briser ! Brise autant de mec qu'il te plaira, mais lui c'est hors de question ! Je te laisserais plus faire du mal à mon ami ! Je refuse de le perdre à cause de tes conneries ma grande ! Je me contre fous du pourquoi de ta rancune, mais laisse moi te dire... C'est de la merde à côté de ce que tu as fait, toi ! Tu nous a fait croire à ta mort putain ! Pendant trois ans ! Trois putain d'années ! Et là tu crois pouvoir te payer le luxe de faire ta rancunière ? Nan mais tu rêves ! Tu vas arrêter de te chercher des excuses comme une putain de gosse ! Je sais pas ce que c'est votre problème à vous deux... Mais là, tu vas régler ça ! Tu vas assumer tes conneries et aller t'excuser ma grande ! Parce que Peter est autant incapable de vivre sans toi que moi sans Grey ! Alors tu vas réparer tes putains de conneries Naëlle Gomorra ! Parce que crois moi que cette fois, je ne te le pardonnerais pas ! Et il n'y aura pas que lui que tu vas perdre crois moi !



Il part de la terrasse aussi vite, et je prends le verre, le vidant avant de m'en reverser un autre. La main de Grey venant se poser sur la mienne pour me stopper. Je tournes le regard pour le poser dans le sien, l'esprit complètement vide.



— Je ne sais pas ce que vous reprochez à Peter, mais je ne doutes pas qu'il est l'une des raisons réelles de votre départ il y a trois ans. Et qu'il était celui que vous aviez peur de revoir... Murmure t-il doucement en s'agenouillant face à moi. Je sais qu'il est très important pour vous vu depuis quand vous le connaissez. Et je sais que vous avez écouté attentivement la colère d'Hakane. Hm... Écoutez.. C'est vous qui m'avez amené là... Alors si je peux être franc avec vous... Si vous avez peur de sa réaction face à ce que vous avez à dire... Pourquoi ne pas profiter qu'il dorme ? Je pourrais par erreur enregistrer ça et lui faire écouter à son réveil quand vous aurez fuis... Je sais pas quoi vous dire.. Mais... Cette situation est en train de vous tuer tout les deux.. Et c'est à vous de faire le premier pas. Je comprends que vous aviez peur, mais si l'homme là haut ne peut pas tout entendre sur vous... qui le pourras ?



Je cache mon visage dans mes jambes, sanglotant en serrant mes jambes contre moi. Je l'entends s'éloigner avant qu'un bruit de pas ne se fasse entendre quelques minutes plus tard. Quelque chose venant se glisser dans ma main. Je relève le regard, fixant l'objet en comprenant que c'est un enregistreur d'Hakane.



— Je vais essayer de calmer Hakane. Je vous laisse décider.



Je me frottes le visage, rangeant l'objet dans ma poche avant de poser mes deux armes sur la table. Embarquant la bouteille et le paquet de cigarette avec le cendrier en échange. Marchant dans la maison avant de m'enfermer dans cette foutu chambre. Je fermes à clés, allant m'asseoir à l'opposé. Posant le tout en m'allumant une cigarette, débouchant la bouteille pour en boire une grande gorgée. Je sors de ma poche l'objet, le tournant quelques minutes entre mes doigts avant de l'enclencher. Le posant à terre en soufflant ma fumée. Je bois une nouvelle gorgée, fixant la bouteille alors que les mots de Hakane me reviennent en mémoire, se mélangeant avec ceux de Peter.



— Je me souviens comme si c'était hier de toi qui apparaissait dans ma vie. Je m'en souviens... J'avais peur de tout.. Et toi.. de rien. Je passais mon temps à me griffer à sang, voulant me défaire de tout ça... Je voulais juste mourir, me déchirant continuellement avec tout ce que j'avais en tête. J'avais peur des hommes.. Peur que ça recommence encore... Pourtant... Y'a eu toi...



Je sens les larmes rouler sur mes joues alors que la douleur est insupportable, que l'envie de hurler me déchire. Et j'écrase la cigarette avant de boire une gorgée de vodka, posant ma tête contre la bouteille.



— Toi.. Mon ange de l'enfer. À moi seule. Qui s'est mis à tout endurer juste pour apaiser mes peurs. Et avec toi, j'avais plus peur de rien... Je pouvais bien défier le monde tant que je te savais à mes côtés. Je savais... Je savais que je t'aimais par delà la folie... Et ça me consumait de peur que je puisse un jour te faire du mal... Alors j'ai tenté... Je te jure que j'ai tenté... De rester une femme qui te ferait pas de mal. De rester dans les bonnes limites, dans le cadre qui ne nous ferait jamais souffrir tout les deux... Je gardais secret toutes mes peurs, je gardais toutes mes terreurs... Je me sentais me déliter... Mais tant que toi tu allais bien ça m'allait. Tant que qu'il y avait toi... Je m'en foutais. J'avais une foi aveugle en toi... Je t'excusais tout... Tes mensonges.. Tes secrets... Parce que je t'aimais à en crever... Parce que ton sourire me rassurait... Mais j'ai commencé à ne plus comprendre... Pourquoi toi... Tu me cachais des choses... Pourquoi Christopher...Tu avais tout fait pour l'éloigner.. Pourquoi c'était le seul que t'attaquait quand d'autres me trahissait... Et ce fut ça... Qui finit de me tuer tu sais ? Ce gala... Alors que je savais que les Herrero m'avaient mentis tout les deux... Que Cole se tapait ses groupies... Toi tu n'avais vus que Christopher.. Et tu m'avais menti pour l'éloigner... Et c'est ce mensonge qui fut de trop... Parce que c'était toi putain... Tu étais la personne en qui j'avais une foi aveugle... Et je me suis sentis seule de nouveau... Dans un monde où plus rien ne m'était familier... J'ai tenté de rester debout même si je me sentais mourir. J'ai tenté de me convaincre... Mais cette vie sans toi... Je n'en voulais plus... Alors j'ai validé le contrat avec Iblis... Je voulais mourir en laissant l'image d'une femme forte... Une image aussi fausse que tout mes masques qui allaient s'effriter... Mais j'ai appris ma grossesse... Et le calcul fut rapide à faire... L'un de vous pouvait être le père... Et j'ai pas pus... j'ai pas pus me résoudre à tuer la vie en moi s'il y avait une part de toi.... Mais toute ces trahisons... Même si je faisais croire que j'avais tout prévus... Ça me faisait si mal... Je pouvais plus... Je pouvais pas garder ce rôle de grande Patronne alors que je passais mes nuits à hurler de douleur... Ils ont tout fait pour tenter de me garder debout... Mais je ne pouvais plus.. Chaque nouvelle épreuve me tuait... Et je ne savais plus où était ma route si je ne pouvais plus compter sur toi... Si je pouvais pas avoir confiance en toi... En qui pouvais-je avoir confiance ? Je me suis effondrée quand je suis allée voir papa... Je ne parvenais plus à garder mes masques... Et je n'étais même pas capable d'être une bonne mère... Alors il m'a convaincu de réfléchir.. Que si je voulais disparaître, il me suivrais.. De te laisser une chance.. Alors j'ai monté tout ça... En me disant que tu comprendrais vite... Que tu me connaissais... Tu relèverais ce défis sans mal... Mais le temps s'est écoulé... Et j'ai finis par comprendre... Que tu voulais pas résoudre ça... Parce que c'était toi.. Tu pouvais pas mettre des années à résoudre une énigme aussi simple que mes codes... Et j'ai finis par me convaincre que ma mort était peut-être mieux pour tout le monde... Que peut-être tu n'attendais que cela... D'être libéré de moi... Et quand tout a été révélé... Que je suis revenue.. Je t'ai laissé être loin.. Même si ça me donnait envie de crever, même si je devais passer mes nuits à hurler dans ma chambre... Même si papa me ramassait dans les pires états... Je me disais que toi tu étais heureux.... Qu'au moins l'un de nous l'était... Et c'était ça l'important au fond... Alors c'est quoi... C'est quoi que j'ai pas compris ?




Je m'allume une cigarette, la fumant tout en reprenant des gorgées de vodka. M'essuyant les yeux tout en reniflant.



— J'ai pas passée une seule putain de journée ou de nuit sans hurler ton nom. Sans sentir ce vide immense de vous... De toi... À tenter de rester debout parce que j'avais décidée de garder mes enfants. Je croyais vraiment que si être avec vous vous faisait souffrir... Alors être loin de moi était la solution. Parce que je suis bonne qu'à ça...Détruire et faire souffrir... Je suis désolé... Tellement désolé d'avoir détruit ta vie par ma présence...





Je coupe l'appareil, vidant finalement la bouteille avant de me rallumer une cigarette. M'aidant du mur pour me relever, je clignes des yeux avant de tenter de rejoindre la porte. J'y parviens enfin, l'ouvrant difficilement avant de faire quelques pas. Mes jambes me lâchent et je m'écroule au sol, fermant les yeux en sentant le monde tourner bien trop rapidement à mon goût.




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Cela faisait longtemps qu'on avait pas vu son vrai visage n'est-ce-pas?

Une vrai mise à nue de sa part.


Qu'en dites vous?

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