Ca semble absurde mais me confier à Harry me fait un bien fou. J'ai très peu évoqué l'accident et quand je l'ai fait c'était principalement auprès des médecins. Le manque d'empathie pour se concentrer uniquement sur les blessures et la guérison est déstabilisant quand j'avais juste besoin d'un soutien, d'un sourire compatissant.

La chaleur des mains d'Harry autour de la mienne, son regard sur moi rempli de bienveillance me rassérène. Et...

"Lorsque j'étais bloqué entre les quatre murs de ma chambre, je t'apercevais sur le chemin. Tous les jours, à heures régulières. Tu m'intriguais. Quand Elin m'a bousculé pour que je prenne à bras le corps ma rééducation, tu es devenu... comment dire, mon objectif..."

Je sens mes joues s'échauffer à mesure que je me confie à Harry. Un petit sourire étire ses lèvres.

"Tu dois me prendre pour un déséquilibré, je ris en secouant la tête.

- Non... Je suis ravi de participer à ton rétablissement."

J'ancre mon regard au sien. Nos mains sont toujours liées. Harry a repris la petite caresse sur ma peau, dessinant des cercles avec son pouce.

"Je peux te confier quelque chose, enchaîne-t-il.

- Bien sûr !

- Nos petites conversations m'apportent beaucoup également."

Ca fait des semaines que je me languis dans ce centre, ma famille, mes amis me manquent. J'ai eu peu de visites parce que je suis à près de trois cent kilomètres de chez moi et encore bien plus de ma famille. Rencontrer Harry, le découvrir, c'est une bulle d'oxygène. Apprendre que pour lui aussi nos échanges contribuent à alléger le quotidien me bouleverse.

Nos regards ne se sont pas quittés. Il mordille sa lèvre inférieure en souriant, creusant cette fossette adorable dans le creux de sa joue gauche. Je quitte ses yeux verts limpides et dévie vers ses lèvres charnues.

Harry finit par me lâcher, mais juste pour quelques secondes. Sa main s'accroche à ma joue mal rasée. Délicatement, il y dépose un baiser, juste à l'endroit de ma cicatrice.

Son geste m'électrise.

Ma main libre rejoint la sienne sur ma joue et je presse ses doigts en fermant les yeux. J'ai envie que cet instant s'étire. Assis sur ce banc avec juste le bruit des vagues qui s'écrasent sur le sable, j'oublie.

J'oublie les jours de solitude. J'oublie les jours de douleurs, de peurs et de désillusions.

A cet instant, je retrouve le Louis au fond de moi, vivant, heureux. Insouciant. Alors, j'incline légèrement mon visage dans la paume d'Harry. Ses lèvres sont à un souffle des miennes. La chaleur de sa peau sur la mienne, nos mains liées, mon cœur bat rapidement dans ma poitrine. Mes yeux s'ouvrent et tombent dans son regard si vert, si... déstabilisant. J'y vois une étincelle, celle qui allume le feu entre nos deux cœurs.

Nos lèvres se capturent. Une myriade de petits baisers déposés avant de laisser place à la fougue d'un premier baiser.

Mon corps frissonne. Cette sensation tellement agréable, grisante, s'empare de moi et s'épanouie dans chaque parcelle de mon corps, de mon cœur. Harry mordille ma lèvre inférieure avant de prolonger notre baiser quelques secondes puis s'écarte de moi, ses doigts serrant les miens sur ma cuisse, sa main caressant ma joue avant de glisser sur mon épaule puis sur le dossier du banc.

Nos regards se captent et nos sourires se répondent.

"C'était vraiment une bonne idée de changer de banc... je dis en souriant.

- Je trouve aussi !"

Harry répond en riant avant de souffler légèrement. Sa main caresse nonchalamment mon épaule à travers mon sweat. Nous restons ainsi, le regard tourné vers la mer à regarder la valse des vagues et l'arrivée des kitesurfeurs.

Nous reprenons une conversation badine jusqu'à ce que je commence à me tortiller sur moi-même. La posture assise sur le banc devient inconfortable. Elle commence à m'engourdir et raidir les muscles de mon dos. Harry s'en aperçoit et sans faire de commentaire, me propose de nous remettre en route vers le centre. J'acquiesce et me redresse pour me lever. Harry se tient debout près de moi, me présentant mes béquilles. Je m'en empare et me lève, le bras d'Harry prêt à me soutenir. Je prends mes appuis et détends mes jambes en les secouant un peu avant que nous nous mettions en route tranquillement. Je jette un dernier regard vers la mer, heureux de cette promenade, me faisant la promesse que ce ne sera pas la dernière.

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*  *

Aaaah je n'ai pas résisté !

Et puis vos réactions méritaient d'avoir la suite, surtout Cette suite, n'est-ce pas ? (Même si elle est toute petite)

Mimi 🦋