Chapitre 30 - Harry

Le soleil commence à s'élever derrière les pins, donnant de beaux reflets orangés sur le flanc de la montagne. Nous n'avons pas fermé les volets en nous couchant hier soir et le spectacle de la nature ce matin est saisissant. 

Accoudé à la petite balustrade de la fenêtre, j'observe le paysage face à moi, les couleurs. J'écoute le chant des oiseaux, le clapotis de la rivière et les premiers bêlement des brebis dans le pré derrière la maison.

Nous sommes arrivés depuis trois jours à la maison de campagne des parents de Louis. Je ne connaissais pas cette région de France et, même si la montagne n'est pas la destination que je choisirai peu importe la saison, je dois reconnaître que l'endroit est apaisant et vraiment beau. Nous sommes partis en balade hier et avons pique-niqué au bord du lac de Bethmale avec les parents de Louis, Zayn, ses parents et l'une de ses sœurs. Ils m'ont raconté quelques anecdotes sur mon amant durant son enfance, les facéties que son meilleur ami et lui ont pu faire. C'était une bonne journée. Louis est à l'aise entouré de ses proches. Il n'a aucune retenue envers moi, dans ses gestes, ses regards, ses paroles. Je l'avais déjà constaté lorsque j'ai fait la connaissance de sa sœur. Je pensais, à tort, qu'il serait plus timide devant ses parents. Mais non. Et c'est vraiment agréable de ne pas se sentir jugé, simplement accepté tel que l'on est, pour ce que l'on est.


Je me tourne légèrement lorsque j'entends le bruissement du drap derrière moi. Louis rabat l'étoffe sur ses épaules, sûrement surpris par l'air frais qui entre par la fenêtre ouverte et niche son visage dans mon oreiller. Je peux deviner les courbes de son corps alangui sur le matelas. Sa main me cherche. Je souris. Il ouvre un œil et m'aperçoit, se redresse faisant glisser le drap sur son torse dénudé. Il tend son bras vers moi, invitation silencieuse à le rejoindre. Je recule d'un pas, ferme la fenêtre après avoir entrebâillé les volets et le rejoins.


Il glisse ses lèvres sur ma joue et son bras autour de ma taille, emprisonne mes jambes des siennes. Pris au piège de son corps chaud, je lui rends son baiser caressant ses lèvres de ma bouche que j'entrouvre lorsque sa langue cherche à s'immiscer contre la mienne. Louis bascule son bassin contre ma hanche. Je peux sentir son sexe gonflé à travers le fin tissu de son boxer. Je glisse mes doigts sur son épaule, remonte sur son cou, sa nuque. Je le plaque un peu plus contre moi, me tournant entre nos membres enchevêtrés. La chaleur augmente dans la chambre d'adolescent de Louis et d'un coup, je percute que nous ne pouvons pas nous laisser aller.


A regret, je mets un terme à notre baiser et m'écarte de lui. Ma respiration est saccadée, ses pommettes sont rougies et son regard voilé de désir, sûrement autant que le mien. Mais... je ne peux pas. Le jeune homme tente de me voler un autre baiser mais je l'esquive.


"On peut pas Louis... Tes parents...

- Mes parents ? m'interroge-t-il incrédule.

- Reprend tes esprits... On est dans ta chambre d'ado... Chez tes parents.

- Oui. Et ?

- Bah, on peut pas faire ça ici !

- Nous aimer ?

- Louis... je geins. Ne joue pas à celui qui ne comprend pas. Tes parents pourraient nous entendre."


Louis se détache totalement de mon corps et bascule sur le dos, les deux mains sur son visage. Je crains de l'avoir blessé en le repoussant de la sorte mais je ne peux pas décemment laisser aller mon plaisir et nos gémissements, et risquer de nous faire surprendre. J'imagine déjà la gêne autour du petit-déjeuner.


"Louis, s'il te plait, compr..."


Son rire m'interrompt. Ce rire cristallin que j'aime tant entendre. Ce rire tellement sincère.

Il enlève ses mains de son visage qu'il tourne vers moi, son regard pétillant de malice. Il reprend sa place contre mon corps, laisse ses mains parcourir ma peau et passer bien trop dangereusement près de mon sexe qui réclame son attention.


"On n'est pas obligé de faire du bruit... commence-t-il en appuyant sa phrase d'un clin d'œil. Et ensuite, mes parents ne pourront pas nous entendre.

- Tu as déjà testé ? je demande curieux et déjà déçu s'il m'annonçait que je ne suis pas le premier à venir partager ce lit.

- Leur chambre est au rez-de-chaussée et à l'opposé de la mienne... Alors, sauf si tu ne peux pas contenir tes râles de plaisir, dit-il en pressant sa main sur mon entrejambe, il y a peu de chance qu'on se fasse surprendre. Et ne me dis pas que tu n'as pas envie... Ton corps parle pour toi. Ton regard parle pour toi."


Je ne me le fais pas dire deux fois. Je me redresse en emportant le corps de Louis avec moi. J'embrasse ses lèvres avec avidité alors que je le sens sourire contre ma bouche, ses mains caressant mon dos jusqu'à ma chute de reins, avant d'empoigner avec force mes fesses.

Tant pis pour la gêne au petit-déjeuner...


***


Installé sous la tonnelle, un verre de thé glacé sur la table, je travaille à la traduction d'un chapitre du roman confié depuis trop longtemps par la maison d'édition et pour lequel Bérénice m'a gentiment relancé ce matin. Il y a pire comme endroit pour travailler et la maman de Louis est aux petits soins pour moi, remplissant mon verre dès qu'elle s'aperçoit qu'il est vide, me proposant de petites collations.


L'ambiance qui règne au sein de cette famille me fait forcément penser à la mienne et à laquelle je n'ai donné aucune nouvelle depuis mon départ. Je ne parle pas de ma sœur, je pense qu'à ce stade de la relation, nous pouvons dire que nous n'en aurons plus. Même si son comportement et ses paroles m'ont blessé, je pense à elle régulièrement. On n'efface pas quelqu'un de sa vie aussi facilement. Je regrette nos conversations d'avant, nos moments de partage et de complicité. Le temps fera son travail mais pour l'instant, je suis incapable de pardonner et de passer à autre chose, incapable de tenter de faire le premier pas quand je sais d'avance que je me retrouverai face à un mur. Je n'ai plus la force de prendre sur moi.


Je recule la chaise en métal blanc et prends mon téléphone sur la table. Je traverse le jardin et m'assieds au pied du marronnier. La brise fait danser les feuilles dans les rayons de soleil. Ma mère décroche à la deuxième tonalité.


"Harry, mon chéri...

- Bonjour Maman, je réponds doucement, mes doigts jouant dans mes mèches de cheveux.

- Comment vas-tu ?

- Ca va. Je suis chez les parents de Louis dans l'Ariège. C'est dépaysant.

- Est-ce que ça te fait du bien ? demande-t-elle soucieuse.

- Oui. J'avais vraiment besoin de cet éloignement, tu sais.

- Je sais, j'ai fini par le comprendre. Je n'ai pas été assez à l'écoute de mon fils... souffle-t-elle, alors que je hausse les épaules comme si elle pouvait me voir. La région te plait ?

- C'est joli, oui. Très relaxant et calme. Idéal pour me concentrer sur le travail.

- Tu as repris ?

- Oui. Je suis allé voir Bérénice à Bordeaux. On a fait le point. Elle a compris mon besoin de changer d'air et de routine. Mais j'ai des obligations professionnelles à respecter et je ne dois pas l'oublier.

- Vous restez combien de temps ?

- Je ne sais pas exactement. Louis est en arrêt pour un mois encore. Mais on remontera avant.

- D'accord. Tu passeras nous voir ? Enfin vous êtes tous les deux les bienvenus, bien sûr, ajoute-t-elle hésitante.

- Je te tiendrai au courant..."


Nous poursuivons la conversation jusqu'à ce que j'aperçoive une paire de Vans plantée devant moi, et un Louis en appui sur sa canne. Je relève mon regard vers lui, les sourcils froncés, inquiet de le savoir douloureux.


Je mets un terme à la conversation, promettant à ma mère de lui donner d'autres nouvelles, puis me mets debout. Je lève ma main vers le visage de Louis, caressant doucement sa joue avant de déposer un baiser sur ses lèvres.


"Est-ce que tout va bien ? je l'interroge en avisant sa canne.

- Oui, j'suis juste un peu fatigué.

- Ahah, ça t'apprendra à vouloir faire des galipettes de bon matin, je dis à l'orée de son oreille, mordillant la peau de son cou alors qu'il glisse son bras autour de ma taille.

- Tu t'en plains ?

- Absolument pas.

- Je préfère ça ! J'espère même que tu vas me fatiguer encore.

- Insatiable... je murmure, déclenchant le rire de Louis.

- Je pars avec Zayn faire des courses. Ca ne t'ennuie pas de rester seul avec mes parents ?

- Pas du tout. Ta mère est aux petits soins et je bosse.

- Tu as besoin de quelque chose ?

- Non... J'ai tout ce qu'il me faut."


Je ponctue ma phrase d'un baiser sur le sourire de Louis. Zayn arrive à cet instant et ne manque pas de klaxonner pour nous interrompre. Louis se recule mais reste enlacé à moi jusqu'à ce que son ami vienne me saluer et me voler mon amant.


"Maman va sûrement nous appeler pour compléter sa liste longue comme le bras. Donc, si tu changes d'avis et que tu veux quelque chose, n'hésite pas ! me dit Louis en embrassant ma joue. On fait vite.

- On prend notre temps, oui, précise Zayn, heureux de retrouver son meilleur ami et de l'avoir juste pour lui.

- Prenez votre temps."


Je regarde les deux amis partir, un fin sourire aux lèvres, puis je retourne me mettre au travail. Mon verre de thé glacé est de nouveau plein. Je m'installe et me concentre pour poursuivre ma traduction.


L'après-midi file sans que je m'en rende vraiment compte, absorbé par le texte du roman, concentré sur le choix des mots pour coller au mieux à l'atmosphère voulue par l'auteur. Le plus complexe reste les jeux de mots et les traits d'humour.

Le bruit d'un moteur me fait lever les yeux de mon écran d'ordinateur. La maman de Louis sort sur la terrasse et vient se placer près de moi, une main sur mon épaule.


"Allez Harry, tu as assez travaillé pour aujourd'hui. Range-moi tout ça et vient avec moi accueillir mon petit-fils."


Je m'exécute et ferme l'ordinateur, dépose mes deux manuels dessus et rentre le tout dans la maison. Je rejoins rapidement Joséphine qui trépigne devant la portière arrière ouverte et Lewis qui sort le petit William de son cosy. La grand-mère a le regard brillant d'émotion. Trop de semaines semblent s'être écoulées depuis qu'elle a pu tenir contre elle le petit bébé. William lové au creux de son bras, elle enlace Charlotte avec force et embrasse sa tempe. Je m'avance, salue Lewis et l'aide à sortir leurs affaires du coffre de la voiture.


"Harry !!! Comment tu vas ?

- Bonjour Charlotte, je salue la jeune femme. Ca va bien, je te remercie. Vous avez fait bonne route ?

- C'a été un peu long. William a pas mal pleuré sur le début du trajet, le temps de quitter l'Ile de France, puis après il a dormi et ne s'est réveillé que pour manger. Mais je suis bien contente d'être arrivée. Mamie va prendre le relai, sourit-elle. Je suis contente de te voir parmi nous, ajoute–t-elle.

- Merci. Je suis ravi aussi d'être là.

- Qu'est-ce que tu as fait de mon frère pour qu'il ne vienne pas m'accueillir ?

- Il est parti au supermarché avec Zayn. Ils ne devraient plus tarder."


Lottie récupère l'un des sacs que je porte puis glisse son bras sous le mien et ensemble nous rejoignons la maison. Le père de Louis s'active à servir des boissons fraîches à tout le monde puis serre sa fille dans ses bras et salue Lewis d'une accolade. Le petit William toujours dans les bras de Joséphine, nous nous installons autour de la table.


J'observe cette jolie famille et j'imagine comme ça a dû être difficile pour Joséphine et Mark de voir leurs enfants quitter la région et encore plus aujourd'hui qu'un petit-enfant est né.

Je me sens bien au milieu de ces personnes que je connais si peu. Leur gentillesse et toutes leurs attentions depuis notre rencontre me touchent tellement. Ca fait du bien de sentir qu'une place nous est réservée.


"Oï Oï Oï !!!!"


Je reconnais la voix de Louis dans mon dos. Charlotte se lève rapidement et rejoint son frère. Ils échangent une étreinte comme s'ils ne s'étaient pas vus depuis des mois, alors que nous avons partagé un dîner il y a un peu plus d'une semaine. Mais après l'inquiétude causée par l'accident de Louis et les semaines de séparation, je crois qu'il leur faudra du temps pour assimiler qu'ils sont désormais réunis.


Tout le monde se salue, Zayn et Louis trinquent avec nous à ces retrouvailles, avant de demander de l'aide pour décharger la voiture. Mark, Lewis et moi nous levons pour descendre jusqu'au véhicule mais je suis coupé dans mon élan par la main de Louis autour de mon poignet.


Son corps me percute. Ses bras enlacent ma taille. Ses mains remontent de mes reins à mes épaules, provoquant un délicieux frisson le long de ma colonne vertébrale. Ses lèvres finissent par rencontrer les miennes. Le baiser s'intensifie lorsque je rapproche son corps du mien.


Un léger raclement de gorge nous surprend.

"Il y a un bébé ici ! nous charrie Charlotte.

- Eh ! Les amoureux ! Un coup de main ?!" nous interpelle Zayn.


Louis et moi nous sourions. Je marmonne des excuses à l'attention de Joséphine dont le sourire ne quitte pas ses lèvres. Un petit hochement de tête me confirme sa bénédiction sur ma relation avec son fils.


Depuis des mois, mon cœur n'a jamais été aussi léger qu'à cet instant.


***


Je me suis un peu isolé dans la chambre que je partage avec Louis pour travailler un peu. Les jours passent et Bérénice se fait un peu plus insistante. Je dois lui prouver que peu importe l'endroit d'où je travaille, je suis tout aussi productif. Et depuis l'arrivée de Charlotte et Lewis, les journées semblent passer plus vite.


Je suis en train de relire les pages traduites lorsqu'un petit coup est frappé contre la porte. Je devine que ce n'est pas Louis, car il se permet de rentrer doucement, de glisser sa main sur mes épaules et un baiser sur ma joue avant de me demander si j'avance comme je veux.


Je relève donc les yeux de mon écran d'ordinateur et réponds au visiteur. C'est la petite tête de Charlotte qui passe par l'entrebâillement de la porte.


"Je peux te déranger un peu ? demande-t-elle doucement.

- Bien sûr, entre. Ca me fera du bien de faire une petite pause."


La sœur de Louis avance dans la chambre après avoir refermé la porte. Elle traverse la pièce et se place devant la fenêtre ouverte, appréciant la vue qui s'offre à elle, cette vue que je contemple chaque matin en attendant le réveil de son frère.


Je l'observe un instant avant d'engager la conversation.


"Tu as besoin de quelque chose, Charlotte ? je l'interroge un peu confus.

- Je voulais juste savoir comment tu allais. Tu passes du temps seul, je voulais m'assurer que tu allais bien.

- Oui. Je vais même très bien. Mais le boulot se rappelle à moi, je réponds frustré.

- C'est ce que Louis m'a dit.

- Tu en doutais ?"


Charlotte hausse les épaules. Je suis surpris par ses inquiétudes vis-à-vis de moi. A moins qu'elle ne s'inquiète de notre relation à Louis et moi, de la rapidité de nos sentiments.


"Vous nous avez un peu expliqué les raisons de ton départ en Normandie. Je me dis que peut-être, te retrouver au milieu de notre famille, de celle de Zayn, c'est...

- Trop ?

- Ouais, répond-elle, gênée.

- Je t'assure que tout va bien et que je préfèrerai être avec vous tous plutôt que seul enfermé ici. Mais justement, mon départ inopiné a laissé mon travail en plan et j'ai maintenant des comptes à rendre et surtout un manuscrit à terminer.

- OK... Tu avances bien ?

- Oui. Je suis sur une relecture. Je vais pouvoir envoyer le fichier à ma correctrice.

- Super. Alors... Tu ne serais pas contre de venir prendre le goûter avec nous ?"


Je ris à sa proposition. Toutes les occasions sont bonnes dans cette famille pour se réunir autour d'une table. Je consulte l'heure sur mon téléphone. Il est un peu plus de seize heures.


"Donne-moi encore une trentaine de minutes et je vous rejoins. Ca te va ?

- C'est parfait !" sourit-elle avant de quitter la chambre.


Je m'active à la relecture. Tout semble assez cohérent. J'envoie le fichier en m'excusant d'avance s'il y a trop de fautes et promets de repasser dessus.


Je descends et me dirige vers la cuisine où j'entends du bruit. La mère de Louis et Charlotte s'activent  à empaqueter des boissons et divers gâteaux, brioches, fruits dans deux sacs isothermes.


"Aaah ! Harry, te voilà ! Nous n'attendions que toi pour aller goûter au bord de la rivière, m'informe Joséphine. Est-ce que tu peux prendre les couvertures sur la malle dans le couloir, s'il te plaît ?

- Oui, bien sûr."


Je sors de la pièce et retrouve Louis qui nous rejoint. Immédiatement, nos corps se retrouvent. Je dépose un baiser chaste sur ses lèvres avant de m'avancer dans le couloir pour récupérer les couvertures.


Un joyeux brouhaha résonne dans la maison jusque dans le jardin. Mark et Lewis récupèrent les deux sacs, Charlotte la poussette et le petit William. La mère de Louis passe un sac sur son épaule et un chapeau sur sa tête.


"Les garçons, crème solaire et casquettes !"


Louis sourit et acquiesce en me tendant l'une de ses casquettes et mes lunettes de soleil.


"Et la crème solaire ? relance sa mère.

- Dans ton sac ! répond Louis sur un petit ton plein d'espièglerie.

- Alors, on y va. C'est parti !!"


Joséphine rejoint son mari. Lewis passe son bras autour de la taille de Charlotte alors qu'elle abaisse la capote du landau pour protéger le bébé. Quant à moi, j'entrelace mes doigts à ceux de Louis après lui avoir donner un baiser. Ses traits sont plus détendus depuis quelques jours. Son sommeil est plus profond et les journées à lézarder à l'ombre de la tonnelle semblent lui profiter. Sans compter sur l'amour de sa famille et nos parties de jambes en l'air dans l'intimité de sa chambre.


"Pourquoi tu souris comme ça ? me surprend-il.

- Je me disais que tu avais l'air reposé...

- Et ça te fait rire ?

- Je pensais à comment nous allions nous retrouver ce soir, j'explique avec un clin d'œil.

- J'ai hâte."


Nous marchons pendant moins de vingt minutes, dans les hauteurs du village qui bordent la rivière. Avec précaution, nous traversons la rive en cailloux avant d'atteindre un petit ponton ombragé par quelques arbres. Charlotte s'installe en priorité à l'ombre avec William puis nous nous asseyons. Les chaussures se retrouvent rapidement sur le côté et nos pieds finissent dans l'eau fraîche de la rivière.

Je laisse mon dos basculer sur le bois, rejoint par Louis qui se colle à moi, sa tête contre mon torse, nos respirations accordées. Je savoure cet instant calme. La nature autour de nous prend ses droits. On entend les oiseaux, le clapotis de l'eau, le vent. Les conversations sont calmes. Je pourrais me laisser aller au sommeil.


"Les garçons, chuchote Lottie, ça vous ennuie pas de garder William ? Lewis et moi, on va se baigner.

- On arrive, répond Louis.

- Merci. S'il se réveille, il y a un petit biberon prêt dans son sac.

- OK !"


Louis se redresse. Je me lève et lui tends la main pour l'aider à se relever. Je profite de notre proximité pour l'embrasser.


Evidemment, ça ne fait pas dix minutes que ses parents sont partis que William s'agite dans son landau. Louis le berce doucement mais rien n'y fait. Joséphine semble partie pour une sieste et ne se préoccupe pas de son petit-fils. Louis, quant à lui, semble un peu démuni face aux pleurs du bébé.


"Allez, trouve le biberon, je m'occupe de William, je dis en riant.

- Mon sauveur !"


Louis ponctue sa phrase d'un baiser sur ma joue et fouille dans le sac de son neveu. J'extirpe le petit de son landau, lui parle doucement et embrasse ses petites joues potelées. Je ne sais pas pourquoi, mais je me suis toujours senti à l'aise avec les tous petits. Je demande à Louis de sortir un coton et du lait de toilette ainsi qu'une couche.


"On n'est pas censé juste le nourrir ? m'interroge-t-il.

- A mon avis, il n'y a pas que la faim qui contrarie ce bébé !"


D'un geste assuré mais doux, je change William avant de l'installer au creux de mon bras pour lui donner son biberon. Louis le mitraille de photos et en profite pour en prendre de moi. De William et moi. De nous trois. Je souris.


Décidément, tout ici est apaisant.


Je bénis sincèrement ce voyage en Normandie, ma rencontre avec Louis et peut-être un peu aussi son accident. Il va bien. Il va mieux. Il me semble même que je ne l'avais pas encore vu aussi heureux et épanoui.


"Je t'aime..."


Son sourire s'élargit. Il enlace mes épaules et cale son visage sur mon épaule, son regard rivé sur son neveu. Il embrasse ma joue.


"Moi aussi, je t'aime."


*

*   *


Je ne sais pas pour vous, mais moi ça me donne envie de partir en vacances cette ambiance.

J'espère que ce chapitre vous aura plu.




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