Bonus VI : Paula
Janvier 1990 :
Les deux adultes coururent hors de village. L'adrénaline dans leurs sangs leur donnait l'énergie nécessaire afin de partir. Alors que l'homme préparait les dragons, la jeune femme calmait le bébé qui pleurait dans ses bras. Quand l'homme eut fini, elle grimpa sur son dragon et installa le bébé pour que ce soit sans danger, en l'attachant. Par la suite, son mari monta sur son dragon.
– Estelle ! Fabrice Amaro ! REVENEZ ICI IMMÉDIATEMENT ! VOUS NE POUVEZ PAS PARTIR ! PAS MAINTENANT ! Et votre fille ?
Mais les deux Dresseurs n'écoutèrent plus et s'envolèrent déjà. Leurs dragons tout aussi stressés, redoublèrent d'efforts afin d'augmenter leur vitesse de vol. Impressionné, le bébé se tut. Les deux parents évitèrent les attaques de leurs compatriotes tant bien que mal. Les dragons bougeaient si vites et si vivement que le bébé pleurait à chaude larmes pendant tout le trajet. Heureusement pour les deux parents, ils réussirent à les semer avec brio. Après plusieurs heures de vol, ils se posèrent dans le sud de la France. Estelle Amaro prit le bébé dans ses bras pour essayer de le calmer, mais c'était compliqué, le père ouvrit la porte de la petite maison et rejoint sa femme. Il déposa un baiser sur le front de sa fille et caressa la tête.
– Paula, murmura-t-il. Calme toi, bébé. Calme-toi.
– Fabrice, on va faire comment ? Pour elle ? Pour son avenir ?
– La cacher d'eux. Ainsi que des dragons. On doit réussir à la tenir à l'écart de tout cela. C'est comme cela qu'elle aura une meilleure vie.
– J'ai si peur pour elle. Et pour son avenir. Il faut tout faire pour qu'ils ne nous retrouvent pas. On peut demander peut-être de l'aide au gouvernement ? Tu ne penses pas ?
– Estelle, on fait partie des ennemis. Jamais, au grand jamais ils accepteront de nous aider, encore moins en prenant un risque d'engendrer une Liée qui plus est. On ne peut compter que sur nous même pour la protéger. Et on en est capable.
Octobre 1997 :
À 8 ans, Paula Amaro semblait être une jeune fille totalement épanouie. Elle avait des amies, et ses parents la choyaient, même la surprotégeait, ce qui ne lui posa pas de problème pour autant. N'aillant pas d'autres familles qu'eux, les trois restaient très unis. La jeune fille destinée dans un premier temps à être Dresseuse n'avait encore jamais vu un dragon, même pas ceux de ses parents, et ces derniers, ne lui avaient pas expliqué. Elle ne connaissait rien du monde qu'ils avaient fui. Paula brillait aussi par son intelligence, en effet, elle se retrouvait déjà en sixième alors que les enfants de son âge allait en CM1. Elle était particulièrement perspicace.
Un soir, alors qu'elle jouait dans le jardin, elle aperçut de grands animaux volés dans les airs. C'était des dragons, mais la petite fille qui ne savait pas, paniqua. Paula se sentait très en danger en les voyant. Elle contempla les animaux s'approcher avant de partir en courant en criant en voyant des hommes dessus.
– PAPA ! MAMAN ! IL Y A DES HOMMES AVEC DES BÊTES ÉTRANGES !ILS FONT PEUR.
Les deux adultes se regardèrent inquiets. Estelle embrassa la petite fille sur la joue pendant que son père la porta jusqu'à dans sa chambre. Il la posa sur le lit et la regarda avec un sérieux que la petite fille ne lui avait jamais vu. Paula ne connaissait pas la gravité de la situation, néanmoins, elle avait confiance en ses parents, elle savait que quoiqu'il arrive, ils resteraient tout trois unis. Paula prit les mains de son père pour les serrer.
– Hey ma grande, murmura-t-il. Je vais aller aider maman à parlementer avec ces messieurs. Surtout, tu ne sors pas d'ici tant qu'on ne vient pas te chercher. D'accord ma chérie ? Tu me promets de rester ici ?
– D'accord papa. Je te le promets.
– Une promesse est une promesse, tu dois la tenir jusqu'au bout, d'accord ?
– D'accord.
La petite fille resta docilement assise. Son père lui embrassa le front et referma la porte derrière lui. La petite fille resta un long moment, un très long moment seul. Elle entendait les cris, les hurlements de rages, de peur, de tristesses. Mais aussi des ''boums'' et des cris encore plus effroyables qu'elle n'avait jamais entendu de sa vie. La petite fille pleura de peurs et sécha ses larmes lorsqu'elle n'entendit plus rien. Elle voulait se lever, ouvrir la porte et rejoindre ses parents. Néanmoins, elle obéit à l'ordre de son papa, elle resta assise. Puis elle vit la poignet se descendre et elle sauta du lit tout contente. Mais ce n'était pas son papa. L'homme qu'elle voyait semblait rude et lui faisait peur. Elle se recroquevilla dans son lit apeurée.
– Allez viens ! aboya-t-il. On doit remonter dans le nord de la France, un long trajet nous attend.
– Papa m'a dit de sortir que quand il sera là, répondit la jeune fille d'une voix fluette.
– Ton papa part avec nous. Alors maintenant, bouge-toi !
Cependant la jeune fille refusa de partir. Elle avait fait une promesse à son père, et elle devait la tenir. L'adulte grogna et la balança tel un sac à patate dans son dos. En passant dans le salon, la petite fille vit des flaques rouges mais aucune trace de ses parents. Elle se rappela des prises de sang qu'elle avait dû faire quelques fois, et elle hurla. Paula se souvint du danger de perdre trop de sang. Et si c'était ceux de ses parents ? Pourtant le monsieur lui avait dit qu'ils partiraient avec eux ! Et si... non, non, ces parents allaient revenir avec eux. Ils n'étaient donc pas mort. Pourtant, lorsqu'elle sortit de la maison, elle aperçut ses parents allongés. Dans un premier temps, Paula se demandait pourquoi ils dormaient dans l'herbe au lieu de leur lit puis elle remarqua l'herbes imprégnés de rouge. De sang. Paula hurla mais on la fit taire. De toute façon, c'était trop tard.
Début Octobre 1998 :
Paula ne les aimait pas. Elle les détestait. À maintenant 9 ans, la petite fille restait intenable, au grand damne des ennemis qui regrettaient d'avoir récupéré quelqu'un dans leur troupe. La petite fille bougeait tout le temps, et se faufilait dans n'importe quel endroit ce qui posait des problèmes : elle voyait des choses qu'elle ne devait pas voir. C'était pour cela qu'elle était en colère. Quelques jours après son enlèvement, elle les avait vu brûlés le corps de ses parents. Elle les avait vu se transformer en cendres. Elle avait pleuré silencieusement toutes les larmes de son corps sans qu'il la voit, et depuis, elle nourrissait une haine profonde chaque jour. Une haine qui lui servirait plus tard, à se venger. Car cela restait la seule chose qu'elle pouvait faire : se venger.
On était le 9 Octobre, et la petite fille s'était encore échappée de la vigilance de famille adoptive avec qui elle ne faisait aucun effort. Elle se balada avec un petit garçon qui tentait de faire ami-ami avec elle depuis quelques mois. Elle vit furtivement les médecins s'attrouper vers un bâtiment alors qu'elle entendait des cris de douleurs d'une jeune femme. Elle se tourna choquée vers son ami. Âgé d'un an de plus, il ne semblait pas aussi bouleversé qu'elle.
– C'est l'autre débile qui est en train d'accouché, l'informa-t-il avec le sourire. Elle n'a rien voulu dire et là elle a perdu les eaux, crois-moi, qu'elle ne reverra jamais son bébé.
Il disait cela dans le plus grand des calmes, et cela effrayait Paula. Alors qu'il partait, elle prétexta un oubli et se faufila dans la salle. Les médecins ne la virent pas, mais elle observa tout ce qu'ils passaient, les traits de la jeune fille déformées par la douleur qui criait ''Nicolas''. La petite fille se glissa sous le lit et resta là. Au bout d'un moment, elle prit la main de la jeune fille et la serra. Cette dernière lui broyait la main tellement elle avait mal. Puis elle entendit des pleurs et la jeune fille hurler :
– S'il-vous-plaît ! Laissez-moi lui donner le nom ! Laissez-moi cela !
– Seule la première lettre, déclara sèchement l'homme qui avait tué les parents de Paula.
– L. L comme Luc je vous en supplie !
Et ils partirent, la laissant seule, attachée au lit, en ne pouvant que les regarder lui retirer son bébé. Elle cria, hurla, pleura. Sauf qu'elle savait qu'elle ne reverrait jamais son fils. Tout comme Paula avec ses parents. La petite fille lâcha sa main, s'assura qu'il n'y avait personne et s'extirpa de sa cachette. Elle faisait face à une adolescente quasiment majeur à la chevelure auburn. Elle paraissait épuisée et blessée. Sûrement les habitants de ce village avait du leur faire ça car Paula les trouvait méchant.
– Hey, souffla-t-elle en la regardant. Comment tu t'appelles ?
– Paula, croassa la jeune fille. Paula Amaro.
– Je suis Clothilde. Tu es avec eux ?
– On peut dire ça comme cela.
– Tu vas rester ici ?
– Je suppose oui. Mes parents sont morts.
Clothilde désarçonnée par cette franchise ne sut que répondre. Paula la regarda avec des grands yeux. Elle devait partir avant d'être repérée et de récolter encore une punition. Son poignet gauche se souvenait encore des milles lignes qu'elle avait du copier. Elle ne voulait plus revivre cela pour le moment.
– Je... Paula, tu peux me faire une promesse s'il-te-plaît ?
Paula serra la lèvre, son papa disait toujours qu'une promesse devait s'honorer et se respecter jusqu'au bout. La petite fille avait peur de s'engager là-dedans, mais cette jeune fille lui faisait tellement de peine. Le cœur de Paula se pinça, malgré ses réticences elle s'avança et lui prit la main.
– OK.
– Merci ma puce ! Tu as entendu le bébé sortir. Je ne sais pas s'ils vont le garder ici, mais s'ils le gardent ici, s'ils l'élèvent. Promets-moi de le protéger. Protège-le des pires sentences qu'il pourrait avoir. Je t'en supplie, promets-le moi. Promets-moi de protéger mon enfant.
– Je vous le promets.
Paula comprenait bien que ce n'était pas elle qui abandonnait son bébé, mais le chef de ce village qui le lui retirait violemment. Du haut de ses 9 ans, elle saisissait cela. Cependant, elle n'avait pas saisi toute la difficulté de sa promesse. Cela ne sera que bien plus tard qu'elle le comprendra, lorsqu'elle devra œuvrer pour le sauver car son papa lui avait toujours appris qu'il fallait tenir sa parole.
Juillet 2003 :
Paula avait l'habitude de grandir sans ses parents et sa famille adoptive ne les remplacerait jamais. Alors à chaque fois qu'elle voyait les parents fiers de leurs enfants, elle ne pouvait que ressentir de la tristesse. Jamais ses parents ne seraient fiers d'elle pour ce qu'elle faisait. Elle devait en plus de cela, faire ce qu'ils ne voulaient pas qu'elle fasse. Elle avait vite appris les bases de cette société en écoutant pour pouvoir se fondre dans la marche. Intelligente comme elle l'était, elle avait su cacher le fait qu'elle n'y connaissait rien. Paula avait donc étudié la religion, s'était renseignée sur chaque catégorie. Néanmoins, la catégorie des Liés restait toujours un mystère puisqu'ils ne savaient pas ce qu'ils étaient vraiment. Juste qu'ils possédaient des pouvoirs.
À 14 ans, Paula faisait partie des meilleurs de sa classe. Elle battait pratiquement tout le monde en duel, gardait une condition physique bonne et surtout réfléchissait avec logique. Il y a deux ans, on l'avait lié à un dragon, estimant comme tout les enfants de deux ans, qu'elle était prête. Mais ce fut que cette année qu'elle comprit la chose la plus importante de sa vie : contrairement à tout ses camarades, elle n'était pas Dresseuse. Non, elle était tout ce qu'ils voulaient savoir. Heureusement, lorsque le partage apparut, le dragon de Paula l'aida vite à maîtriser pour ne pas être vue. Néanmoins la jeune fille le savait, elle ne pouvait pas rester plus longtemps ici. Elle ne savait pas comment, mais elle devait trouver un moyen de partir.
Ce fut en plein milieu de ce mois qu'elle obtint l'occasion. En effet, ils cherchaient une personne de son âge afin d'infiltrer un campus. Heureusement pour Paula, personne ne semblait enclin à effectuer cette mission et son enthousiasme plut énormément à ses instructeurs qui la recommandèrent au responsables des missions. Pendant une semaine, elle fut formée intensément avant d'être envoyée dans un village lambda avec sa famille adoptive. Ils mirent toute une mise ens scène ou elle se retrouva à chercher de l'aide et à trouver le centre d'aide dans une ville. Lorsqu'elle y arriva, elle expliqua tout, étant Liée, elle comprenait ce qu'il fallait dire. Si la plupart des gens échouaient dans leur justificatif, elle, n'avait pas ce problème. Elle retourna donc à la maison avec des adultes qui la prirent en charge directement. L'adolescente se retrouva donc à monter un dragon avec un jeune homme d'une vingtaine d'année. Il paraissait tout fatigué.
– Bonjour ! Je suis Sébastien Gomez, et toi ? Comment t'appelles-tu ?
– Paula. Je suis Paula.
– Très bien Paula, je vais t'aider à monter, prend ma main.
– Vous êtes sûr que vous allez tenir le voyage ? Vous semblez fatigués.
– Oui tout va bien. Ma fille, Clara elle s'appelle, est née il y a seulement quelques mois donc forcément mes nuits ne sont pas complètes. Mais j'ai vu pire. Je vais t'emmener à bon port.
C'est comme cela qu'elle commença à se sociabiliser avec les personnes de la société. Avec les personnes dites du bon côté. Paula ne s'en faisait pas spécialement une joie, mais au moins, elle restait à l'écart des autres. À l'écart des meurtriers de ses parents, même si elle leur resterait à jamais liée. Mais elle tenait une possibilité de se libérer, de décider elle-même maintenant.
Novembre 2003 :
Il y avait un hommage aujourd'hui. Ne connaissant personne, étant seule pour le moment chez les Liés, Paula se sentait mal à l'aise de venir. Sauf qu'ils lui rendaient hommage pour les 5 ans de sa mort. Des années plus tard, cela serait oublié, mais 5 ans, c'était encore trop récent pour eux. Et lorsque la photo apparut sur le mur du sanctuaire, Paula crut s'arrêter de respirer. C'était elle, la mère de Luc, Clothilde ! Comment avait-elle pu tomber dans le campus de la fille à qui elle avait scellé une promesse ? Le poids de la promesse appuyait encore plus contre elle, comme un devoir. Oui, elle se sentait oppressée dans cette endroit imprégnée du souvenir de la jeune fille décédée. Cela la rendait malade.
Paula s'isola en haut de la falaise. Elle observa la mer au loin. Pour le moment, tout se passait bien. Ils ne la découvraient pas et en plus de cela, elle impressionnait ses professeurs. Bien évidemment que l'adolescente maîtrisait déjà tout, mais elle jouait la débutante pour après prouver encore plus sa puissance. Et elle adorait cela. Surtout, en tant qu'enfant, elle avait hâte de pouvoir déclarer le partage dans les temps et de faire des débordements sans être punie puisqu'elle n'était pas censée le contrôler. Cela l'amusait, parfois, elle prenait cela pour un jeu. Sauf que ce n'était pas tout à fait cela.
Février 2004 :
Après quelques mois de solitudes, un adolescent avait débarqué en Janvier. Il avait seulement 1 mois de moins qu'elle, et au début, Paula avait eu peur de se faire découvert. Puis Paula se rappela qu'elle faisait vraiment partie de ses semblables, qu'elle était une Liée. Il s'appelait Mathieu Gneiss. Et étrangement, elle, qui avait toujours mis un point d'honneur à ne pas tisser de relation solide et profonde, c'était très bien entendu avec. Elle ne voulait pas que cela fasse comme les autres, comme M. Gomez à qui elle parlait peu. Paula souhaitait qu'il reste avec elle, qu'elle puisse lui parler. Rester en contact. La jeune fille allait passer plus de deux ans avec lui et cela lui réchauffait son cœur depuis des années. Après des années de solitudes, passées avec des gens qu'elle vouait une haine pour avoir tué ses parents, elle tombait sur quelqu'un qu'elle avait l'impression de comprendre, et qui la comprenait. Et cela lui faisait tellement du bien ! Il était otut ce dont elle avait besoin sur le moment.
Paula s'affala sur le canapé des Liés, à moitié sur Mathieu qui ne protesta pas. Néanmoins il parut agacé de ne pas avoir pu continuer son livre correctement. Il le referma d'une manière sec et regarda Paula avant de sourire. Il se trouvait chanceux d'avoir une camarade. Paula lui avait tout montré. Elle se posait un peu comme un nouveau pilier. Il savait qu'ils resteraient proches pendant très longtemps.
– Je suis content que tu sois là, fit-elle. J'avais peur d'être seule ici...
– Ouais, être avec quelqu'un ici, comme moi, c'est rassurant ! Et, j'ai une idée !
– Vas-y, dit moi, renchérit Paula en se redressant plus sérieuse.
– Et si on faisait une promesse !
– Quel genre de promesse ?
Paula devait déjà tenir la promesse qu'elle avait fait à Clothilde. Elle n'était pas sûre de pouvoir tenir une seconde promesse. Cela serait compliqué. Mais comment dire non à Matthieu ? Il était si gentil avec elle, comme un pilier. Elle ne pouvait pas le perdre pour des doutes.
– On pourrait se promettre de rester toujours ensemble. Et de ne jamais se laisser tomber. De toujours se serrer les coudes. OK ? fit-il en lui tendant son petit doigt.
Malgré tout, elle ne se voyait pas refuser. Cela briserait le coeur de Matthieu. Elle serra son petit doigt avec le sien.
– Je promets que je resterai toujours à tes côtés, Matthieu.
– Moi aussi je te le promets, Paula. On restera toujours ensemble.
Et même si elle appréhendait cette promesse, elle ressentait comme un sentiment de plénitude. Comme si enfin, elle allait pouvoir se reposer sur quelqu'un. Mais pouvait-elle vraiment se donner ce luxe ? Car elle ne souhaitait pas entraîner Matthieu dans ses problèmes. Elle se devait de le protéger d'eux.
Décembre 2008 :
Paula avait été très frustrée de savoir qu'elle n'était pas l'élue. La jeune fille ne souhaitait pas spécialement cette place sauf qu'elle n'avait personne à part Matthieu qui comptait sur elle. Cela aurait été plus simple qu'une autre personne. Si elle mourait, personne ne la pleurait et tout irait bien. En plus, elle connaissait les ennemis, elle les dupait, elle manipulait tout le monde. Elle aurait fait l'élue parfaite pour sauver tout le monde au détriment d'elle. Sauf que Paula n'avait pas une prophétie de l'élue, mais selon la voyante, une prophétie intéressante qui contribuait à la grande prophétie. Et Paula se demandait en quoi ! Matthieu ne parlait jamais de sa prophétie personnelle, mais elle intriguait aussi.
Comme chaque vacances d'hiver même si maintenant elle était diplômée, elle partit chez ses ''parents''. Ses parents adoptifs avec qui elle entretenait des liens cordiaux mêle s'ils avaient essayé de se rapprocher d'elle. Elle se posa juste à l'entrée de son village et continua le chemin à pied. La jeune femme retrouva le doyen, assis sur un banc de la place.
– Comment vas-tu ma chère Paula ? As-tu des nouvelles intéressantes ?
– Bien... je n'en ai pas vraiment. Matthieu n'est pas l'élu et il n'y a pas de nouveaux Liés pour le moment. Et si cela avait été dans un autre campus, j'aurais été prévenue.
– Cela sera donc une question de temps... te sens-tu prête à rester avec eux pendant un moment ?
– Cela fait 5 ans que je suis avec eux, j'ai une bonne place là-bas, ils ont confiance en moi, ils ne me soupçonnent pas. Je peux rester autant de temps qu'il le faudra. Je suis prête pour cela, je peux le faire.
– Tu sais que ta mission ne se limitera plus à simplement chercher l'élu parmi les nouveaux Liés ?
– Je sais, et je peux le faire. Ne vous inquiétez pas.
– Merci... tes parents auraient été fiers de toi.
C'était faux. Totalement faux même et cela énerva profondément Paula. Elle lui rendit juste un sourire crispé avant de se lever. Près du cimetière des Liés, Guérisseurs et Formatés, elle aperçut un petit garçon de dix ans aux cheveux d'auburn. C'était son endroit favoris, et Paula trouvait cela étrange que son lieu favoris soit à côté de la tombe de sa mère chez les ennemis. La Liée s'avança doucement avant de se poser à ses côtés. Elle ébouriffa ses cheveux en souriant.
– Pourquoi tu n'es pas avec tes amis à cette heure ?
– Je n'ai pas d'amis, déclara le garçon en tournant la tête vers elle. Dis-moi Paula, pourquoi on me déteste ? Pourquoi je ne suis pas comme les autres ?
– Je ne sais pas Luc, murmura Paula. Je sais juste que les enfants sont naturellement méchants c'est les pires. Mais garde en tête qu'il vaut mieux être seul que mal accompagné. Ils ne te méritent pas alors, tu mérites mieux. Et un jour, tu trouveras de vrais amis pour t'épauler, c'est juste une question de temps.
– Mais combien de temps dois-je attendre ? Tu sais, la dernière fois... Ils m'ont enfermé dans la douche des vestiaires et m'ont laisser sous l'eau froide tout habillé et... et... ils sont revenus et ils m'ont frappé.
– Qui a fait ça ? grogna Paula en se levant. Montre les moi.
Luc ne se vit pas refuser. Il la mena à un groupe d'enfant qui rigolait entre eux. Se fichant du regard des adultes ou même du doyen, la jeune femme les mit au sol tous, en moi de deux. Les pré-adolescents n'osaient plus rien peur. Paula Amaro faisait très peur en colère, encore plus pour des enfants aussi jeune.
– C'est la dernière fois que je vous préviens, si vous embêtez encore Luc à l'avenir, je vous réserve une sentence beaucoup plus douloureuse que cela. Compris ?
Suite à cela, même si Luc restait toujours sans amis, à l'écart, il ne se fit plus jamais embêter de la sorte. Et il garda en tête tout les conseilles de la jeune femme qu'il appliqua. Elle l'avait formé en combat, formé mentalement, il lui devait toute la force qu'il avait acquise.
Mai 2010 :
À presque 21 ans, Paula Amaro commençait à être fatiguée par tout les rôles qu'elle jouait. Jouer sur les deux tableaux la fatiguait plus qu'elle l'avait pensé. Elle dormait peu, et faisait toujours l'effort de ne pas se trahir des deux côtés. Cela l'épuisait tellement qu'elle en avait fait un malaise. Après s'être permise un jour de repos, elle s'activait déjà.
– Hey, ménage toi un peu. Je m'occupe de ça, assura Matthieu en lui prenant la main pour l'empêcher de prendre le dossier. Les Soigneurs ont dit que tu avais besoin de repos. Alors repose-toi. Pose-toi quelques parts et ne bouge plus.
Paula n'osa même pas contredire son ami, elle savait qu'il avait raison. Elle se posa sur le canapé, frustrée. Matthieu et Paula ne cessaient jamais d'être proche. Ils étaient un tandem inséparable, on les appelait tic et tac lorsqu'ils se faisaient former. Paula se demandait toujours si elle pouvait lui faire confiance, elle savait bien que oui, mais pas les limites. Si elle lui parlait, resterait-il toujours avec elle ? La jeune femme ne voulait le perdre.
– Qu'est-ce qui ne va pas, Paula ? s'enquit Matthieu en s'installant à ses côtés. Tu peux tout me dire, tu le sais cela ?
– Je... tu crois que tu peux me promettre de quand même rester ? déclara-t-elle d'une voix brisée.
– Bien-sûr que oui. Paula, tu me fais peur, que se passe-t-il ?
La Liée finit par craquer. Elle supportait tout depuis trop longtemps. Depuis la mort de ses parents, rien n'allait vraiment. Tout ça à cause des ennemis, et un jour, elle parviendrait à leur faire payer tout cela. Mais pour le moment, elle craquait face à Matthieu. Elle lui raconta tout de A à Z. Tout. Désemparé face à sa douleur de son amie, il ne put que la serrer dans ses bras dans un premier temps. Il la serra fort et lui chochota que cela irait.
– Tu ne me vois pas comme un monstre ? Hoqueta Paula.
– Hey... tu te rends pas compte, mais tu as juste activé ton mode survie. C'était dangereux de rester si longtemps là-bas. C'est impossible de rester en vie face à eux, et tu as réussi. Tu es une battante Paula et une guerrière. Et tu n'es plus seule.
– Vraiment ?
– Oui, vraiment. Je serai toujours avec toi, quoiqu'il arrive. Je te le promets. Et on fait quoi maintenant ?
– On récolte toutes les informations possible, et on influencera au mieux la prophétie, pour pêcher le retour de l'Imposteur. On fait partie de la prophétie, je ne sais pas de quelle manière, mais on sera obligé de prendre part.
– Aidons l'élu. Il ou elle finira par arriver, et il ou elle aura besoin de soutient.
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