Elle était retenue captive dans son propre palais. La jeune femme passait la majeure partie de la journée devant la fenêtre, observant les sombres nuages qui avaient envahit son royaume, Hyrule.
Le Crépuscule avait tout engloutit.
Vraiment tout. De Latouane à Lannelle, d'Ordinn à Firone. Toutes les régions du pays étaient infestées de monstres démoniaques, d'Ombres sans cœur, de créatures difformes.
La jeune princesse craignait pour son peuple, dont elle ignorait le sort. Elle avait juste ouï dire qu'une troupe de résistants se battait pour le retour de la paix. Et paraît-il, ils étaient menés par cinq personnes connus de la princesse. Le sage Lafrel, le courageux Moï, l'impulsive Ash, l'intelligent Jehd et la brave Telma. Les trois premiers avaient déjà combattu pour la princesse, le quatrième était historien et la dernière gérait la taverne de la citadelle.
Et puis, elle gardait espoir. Elle savait qu'IL viendrait.
Soudain, la princesse Zelda fut arrachée à ses pensées par le bruit d'une porte qui s'ouvre.
Derrière elle apparut une Ombre.
Dans tous les sens du terme. Le chef des troupes ennemies, leur seigneur, leur roi. Xanto.
Le roi des Ombres s'approcha de la princesse. Il marchait doucement, prouvant ainsi à la jeune femme qu'il était desormais chez lui.
Zelda déglutit.
Xanto portait un masque recouvrant tout son visage. Un masque grotesque, ressemblant à la tête d'un caméléon.

-Votre altesse. s'inclina t'il, un soupson d'ironie dans la voix.

Zelda releva la tête. Malgré son masque, elle savait qu'au fond de lui, il jubilait et se moquait d'elle. Maudit Twili.
Elle ne répondit pas, ne parla pas.
Xanto esquissa un sourire sous son masque et se redressa.

-Comment trouvez-vous votre royaume? s'intéressa t'il en s'approchant de la fenêtre.

Zelda eut un froncement de sourcils:

-Vous l'avez défiguré.

-Non. Je l'ai embellit.

Elle retint ses larmes avec peine:

-Arrêtez... glapit la princesse d'une voix blanche.

Dehors, la pluie commencait à tomber. Elle martelait la fenêtre d'un cliquetis léger alors que le vent crépusculaire faisait valser les nuages noirs du Crépuscule.
Xanto trouvait cela magnifique.
Zelda hideux.
Elle grimaça devant ce spectacle; son interlocuteur l'aperçu et soupira:

-Je ne comprendrai jamais les habitants de la lumière.

-Et moi je ne vous comprendrai jamais vous! répliqua la princesse d'Hyrule d'une voix sourde.

Xanto se tourna vers la jeune femme:

-J'estime m'être bien comporté avec vous!

-Vous avez pris mon royaume... riposta Zelda.

Xanto ne répondit pas. Il se remit à regarder à l'extérieur.

-Vous avez tort votre altesse, finit-il par dire, Je ne l'ai pas pris, je l'ai conquis en tout bien tout honneur. Ce sont deux choses très différentes.

Zelda pâlit. Mais que voulait-il?

-Quel est votre but?

Xanto, le regard toujours perdu dans le vague, eut comme une sorte de soupir:

-Réunir l'Ombre et la Lumière.

La princesse sentit ses jambes défaillirent sous elle, mais elle resta debout. Elle s'attendait à cette réponse mais fut tout de même choquée de l'entendre de la bouche de son ennemi. De son côté, Xanto continuait de parler:

-Vous voyez princesse, l'Ombre et la Lumière ne font qu'un. C'est comme l'endroit et l'envers d'une même feuille. Vous, vous êtes au dessus, à la Lumière, au soleil, adorés et connus de tous, nous, nous ne sommes que l'envers, tapis dans l'Ombre, inconnus de vous et envoyés dans la case "mythe","légende","conte pour enfants". C'était insupportable.

-Pardonnez mon peuple si par mégarde nous vous avons offensé mais...

Elle fut interrompu. La claque était parti toute seule.

-SILENCE! hurla le roi des Ombres, Je ne vous ai pas donné la parole!!

La princesse d'Hyrule se retrouvait à terre, à genoux, impuissante face à cet homme qui se proclamait roi. Elle avait de plus en plus de mal à retenir ses larmes. Mais Zelda était combative et fière. Hors de question qu'il la voit pleurer. Elle détourna la tête, de façon qu'il ne pouvait plus voir son visage puis se releva doucement, péniblement, la joue en feu.

-Soyez sage. ne put s'empêcher de dire le roi des Ombres avant de disparaître.

Elle se retrouvait de nouveau seule, abandonnée de tous.
Pourtant, l'espoir subsistait dans son cœur. Le héros viendrait.