CHAPITRE 8: DÉPART

-Pfffff...

Jehd se frotta les yeux, fatigué. Il se trouvait de nouveau devant ces étranges statues hiboux, éparpillées par delà Hyrule.
Cela faisait des mois qu'il les étudiait, persuadé qu'elles avaient un lien avec les Célestiens. Cependant, malgré tous ses efforts, il n'avait jamais rien trouvé.
À croire qu'il n'y avait rien à trouver.
Le jeune historien s'écroula dans l'herbe, un sentiment d'impuissance lui broyant l'estomac. Il voulait trouver cette cité des cieux. Il devait la trouver. Pour son père.
Le jeune homme rouvrit pour une énième fois le livre contenant les notes de son paternel décédé et parcourut du regard quelques pages.
Au bout de quelques minutes, Jehd le referma d'un coup sec, ses yeux le piquant atrocement.
Ash avait peut-être raison. Ce n'était peut-être qu'une perte de temps.

-N'IMPORTE QUOI! cria Jehd pour lui-même.

Il ne pouvait pas abandonner! Il n'en avait pas le droit! Son père était mort avant d'avoir pu finir ses recherches, c'était désormais à lui de les terminer! Quoiqu'il arrive, Jehd s'était promis de découvrir la vérité sur le peuple de la cité de Célestia.
Le jeune historien se releva et s'approcha de nouveau de la statue, qu'il tâta, à la recherche d'un indice, de quelque chose d'un tant soi peu intéressant. De quelque chose qui l'aiderait à avancer dans ses investigations.
Ne trouvant comme à son habitude rien, le jeune historien leva les yeux vers le ciel, qu'il scruta.

Telma, le Zora et la jeune fille, escortés du jeune homme en vert, étaient partis quelques heures plus tôt. Jehd avait commencé à les suivre mais à peine avait-il vu le Roi Bublin, sur le pont, qu'il avait hâtivement fait demi-tour en tremblant.
Les combats n'étaient vraiment pas son domaine. Il n'était qu'un lâche.
Cette pensée lui arracha un sanglot.
À quoi servait-il au sein de la résistance? Ash passait son temps à le traiter d'incapable et en cet instant de doute, il la croyait.
Il se disait que d'où il était, son père devait le mépriser et le trouver plus que médiocre.
Jehd retira ses lunettes et s'essuya les yeux en soupirant.

À quoi bon.

-Jehd?

Le jeune homme sursauta et tourna ses yeux embués vers la voix qu'il venait d'entendre:

-Ash? Qu'est ce que tu fais là?

La jeune guerrière arqua un sourire et s'assit lourdement près de lui avant de lui lancer un pâle sourire:

-Les Pics sont inaccessibles. J'ai donc passé la matinée au lac Hylia avec Lafrel et là je rentrais à la taverne. Et toi? Qu'est ce que tu fabriques ici, à sangloter comme un saule pleureur?

Jehd eut un petit rire devant cette comparaison idiote:

-Je... Je faisais quelques recherches mais...

Il se tut et se frotta de nouveau les yeux avant de poursuivre:

-... Mais je pense que tu as raison quand tu dis que je ne suis qu'un abruti bon à rien...

La jeune femme écarquilla ses yeux noirs et leva la main, comme pour le frapper, avant de se ressaisir et secouer la tête.

-Un abruti, ça c'est clair comme de l'eau roche que tu l'es! grogna-t-elle en arrachant quelques brins d'herbes, qu'elle se mit à déchirer en petits morceaux, Mais un bon à rien, ça non!

-Mais tu as toi-même dit que...

-Ferme la! Tu ne sais même pas reconnaître de l'humour quand tu en vois ou quoi? Je sais que je ne suis pas la fille la plus drôle du royaume mais de là à prendre toutes les méchancetés que je dis au sérieux, c'est consternant! Tu n'as rien d'un bon à rien. Je ne connais même pas la moitié de ce que tu sais, je suis incapable de lire les bouquins écrits en je-ne-sais quelles langues que tu dévores! Alors cesse donc de te torturer l'esprit avec ce que je dis!

Un lourd silence s'abattit sur le duo. Jehd regardait Ash droit dans les yeux, la bouche ouverte de stupéfaction, et la jeune femme lui lançait pour la première fois de sa vie un regard compatissant.

-Ash... finit par murmurer le jeune historien, Qu'est ce qu'il t'est arrivé?

Elle haussa les épaules, légèrement vexée par sa remarque. Pourquoi le fait qu'elle soit un tant soit peu gentille l'étonnait-il?

-Ash?

-L... Lafrel m'a passé un espèce de savon qui n'en était d'après lui pas un. finit-elle par murmurer en regardant ailleurs, Hyrule court à sa perte et moi... Et moi je ne pense qu'à ma petite personne, à croire que rien d'autre n'a d'importance. Tu te rends comptes que j'ai mentalement maudit Moï alors qu'il voulait simplement sauver son petit garçon?

Jehd resta à la fixer, ne sachant que répondre. Ce n'était tellement pas dans les habitudes de cette femme d'exprimer des remords... Ashei soupira, secouant la tête, et finit par se relever et lui tendre la main, un sourire carnassier aux lèvres:

-C'est vrai quoi! s'écria-t-elle en feignant la bonne humeur, J'aurai tout le temps de lui déglinguer sa sale tronche de bretteur vertueux quand la guerre sera finit! En attendant, il faut la gagner! Alors debout espèce de fainéant pleurnichard! On a du pain sur la planche!

****************

Moï embrassa une dernière fois le front de Colin, qui ouvrit légèrement de petits yeux fatigués:

-P...Papa... Tu t'en vas déjà...?

-Oui, mon fils. Je ne le fais pas de gaité de coeur, crois-moi. Mais j'ai des obligations à la citadelle. Et puis, je dois prévenir ta mère. Elle est si inquiète pour toi, tu sais.

Il se força à sourire pour le rassurer et lui caressa les cheveux.

-Au revoir fiston. Je suis très fier de toi.

-Je t'aime papa...

-Moi aussi je t'aime.

Moï tourna les talons à contre-cœur tandis que son fils commençait à sangloter silencieusement.
Colin, qui se remettait à peine, avait l'impression qu'un vide s'insinuait en lui, que quelque chose disparaissait.

-Je vous promets de prendre soin de ces quatre enfants. déclara le père Reynald alors que Moï fermait la porte de la chambre du petit blessé.

-Toute ma confiance va vers vous. N'hésitez pas à m'écrire en cas de problème. Je répliquerai sans tarder.

Ils se serrèrent la main sous les adieux larmoyants de Fénir, Anaïs et Balder puis le bretteur dévala les marches, le cœur serré. Il aurait aimé ramener les enfants au village de Toal mais le père Reynald lui avait fait entendre raison: il était bien trop dangereux de traverser la plaine avec une troupe de gamins bruyants.

En sortant de l'hôtel "Dort-Dîne", Moï croisa le vendeur de bombes, Crahmé:

-Vous partez m'sieur Moï? demanda le marchand en s'étirant nonchalamment.

-Oui. Je vous laisse les enfants, ils sont à l'abri ici. Je reviendrais lorsque la guerre serra finit.

-Et bien bonne chance alors!

le bretteur lui sourit et traversa le village jusqu'à la source, où il avait laissé son fidèle équidé.
Un léger vent traversait Cocorico et, il n'y avait pas à dire, cela lui faisait un bien fou.

-Tu t'en vas? l'interpella une petite voix alors qu'il se préparait à monter en scelle.

Moï se tourna vers Louda, debout devant lui.

-Affirmatif, jeune fille.

-C'est triste.

Moï s'immobilisa, sourcils froncés:

-En quoi est-ce triste, miss?

-Tu abandonnes ces enfants. C'est triste.

Moï roula des yeux. Depuis son arrivé à Cocorico, deux jours plus tôt, elle passait son temps à le chercher, comme si elle le testait.
Elle le regardait de ses grands yeux marrons, qui paraissaient si innocents.

-Ce n'est pas triste, miss Louda, grogna le bretteur en montant à cheval, J'ai des choses à faire que tu ne peux pas comprendre.

-Des choses plus importantes que ton enfant?

Il crispa la mâchoire et ferma les yeux, retenant une terrible envie de lui lancer une pierre dans la figure. Le pire dans tout ça, c'est qu'elle ressemblait à un petit ange.

-À la revoyure miss casse-pieds! riposta-t-il enfin en lui lançant un large sourire ironique à la figure, à défaut d'une pierre.

D'abord surprise, Louda écarquilla les yeux puis, dans une expression amusée, elle ne put s'empêcher de sourire à son tour.

Et le cheval partit au galop.

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