CHAPITRE 5: LA JEUNE INCONNUE
Quand Jehd se décida enfin à se lever le lendemain matin, il ne trouva que Lafrel, attablé à la même place qu'à son habitude.
-Onze heures? Tu bats tous les records, jeune homme. le taquina le doyen.
-J'ai très mal dormi... avoua Jehd en se frottant les yeux.
Le jeune historien n'avait même pas prit la peine de s'habiller: il était pieds nus et portait simplement une chemise blanche à manches courtes ainsi qu'un large caleçon écru.
Lafrel sourit intérieurement mais ne prit pas la peine de souligner le "léger" détail qu'avait oublié le jeune homme.
Oublier de s'habiller.
Il n'y avait bien que l'étourdi Jehd pour faire cela.
-Tu n'aurais pas vu mes lunettes?
-Il me semble que tu les as laissé sur le bar, hier soir. Ainsi que ta tête.
-Ma tête?
Mais avant que Lafrel n'ait eut le temps de répondre, la porte de la taverne s'ouvrit.
-Excusez moi mon garçon, déclara le doyen en parlant fort afin de ce faite entendre d'où il était, la taverne est fermée. La gérante sera sûrement rentré d'ici le début de l'après-midi. Repassez à ce moment.
L'inconnu hocha la tête et s'apprêtait à refermer la porte lorsque Jehd l'interpella:
-Hey, sympa tes vêtements! C'est légèrement excentrique mais la couleur verte n'est pas si mal.
Le jeune visiteur aux cheveux dorés foncés lui sourit et s'en alla.
-Mais qui es-tu pour juger les habits des gens? s'esclaffa Lafrel.
-Disons que je m'y connais en accord de couleurs.
-Ça se voit! répondit Lafrel qui riait de plus en plus fort.
Interloqué, Jehd finit par baisser les yeux sur ses propres habits.... Et remarqua enfin dans quelle tenue il était. Il devint aussitôt rouge pivoine et courut jusqu'à l'escalier sous le rire du doyen.
-Tu aurais pu me le dire avant!! J'ai eu l'air de quoi moi devant ce garçon?!
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Cela faisait quelques heures que Telma tournait en rond sur la place du marché. Elle avait déjà commandé à divers marchants de quoi largement remplumer son stock mais, elle ignorait pourquoi, elle avait l'impression d'oublier quelque chose...
-Du poisson peut-être... murmura-t-elle en appuyant machinalement sur son nez.
Soudain une voix aigue l'interpela:
-Non monsieur! Ce n'est pas une blague... Je vous en pris... Non, ce n'est pour vous voler de l'argent... Monsieur... Ne partez pas...
Madame? S'il vous... Non madame c'est pour payer un médecin à ce garçon... Madame! .... Par pitié, y'a t'il ici quelqu'un de compatissant pour m'aider?!
Interpellée, Telma tenta de se rapprocher de la jeune fille qui suppliait ainsi. La tavernière bouscula quelques personnes et joua des coudes pour se glisser hors de la foule et enfin voir apparaitre à ses yeux la petite suppliante, à genoux au milieu de la rue. C'était une humaine qui devait avoisiner les dix-sept ans. Elle avait les cheveux courts et châtains clairs. Vu ses habits et son air perdu, elle n'était pas d'ici. Elle portait à bout de bras un enfant. Un enfant Zora. Telma écarquilla les yeux devant les nageoires luisantes et bleutés, l'air pur et innocent qu'il dégageait malgré ses yeux résolument clos.
Telma commençait à doucement s'avancer vers eux lorsque deux hommes lui passèrent devant. Ils se plantèrent tout deux face à la jeune fille, un sourire aux lèvres:
-Bah alors ma p'tite? T'es perdue?
La jeune fille entrouvrit la bouche et secoua la tête avant de répondre:
-N... Non! Je cherche de l'argent! C'est pour payer le médecin là-bas, un certain monsieur Borville. Il refuse de nous prendre gratuitement mais... Mais cet enfant ne va pas tenir s'il ne reçoit pas rapidement des soins!
Ses yeux étaient désormais tout embués de larmes.
-Oh mais on peut te payer ta consultation nous! Pas vrai?
Son acolyte hocha la tête en gloussant.
-Vraiment? s'exclama naïvement la jeune fille.
-Ben ouai! Faudra juste faire deux, trois trucs pour nous...
Tout en parlant, il avait posé sa grosse main sur la fine épaule de la fille, un répugnant sourire aux lèvres.
N'y tenant plus, Telma, les bouscula tout deux et prit dans ses bras le jeune Zora.
-JE paye la consultation de ces jeunes gens, navrée messieurs! grommela-t-elle en les fusillant du regard.
Elle posa ensuite un regard compatissant sur la jeune fille et lui fit signe de la suivre.
Elle s'exécuta.
L'enfant Zora était extrêmement léger, s'en était incroyable. Telma le porta jusqu'à la taverne. D'un coup de pied, elle ouvrit la porte et étendit le petit sur la table.
-Oh par tous les sages! s'écria Jehd, un Zora!
Le jeune historien rehaussa ses lunettes et courut jusqu'au petit.
Telma, les joues rouges, était pliée en deux pour reprendre son souffle:
-Où est Lafrel?
-Parti dans le désert! Depuis un quart d'heure à peine, mais que s'est-il passé?
-Je les ai trouvé dehors...
Telma se tourna vers la jeune inconnue:
-Que lui est-il arrivé?
-J... Je l'ignore. Je l'ai trouvé étendu dans la plaine...
-La plaine? l'interrompit Jehd, Que faisiez-vous seule dans la plaine?
-Là n'est pas la question! coupa la jeune fille en paniquant, le pouls de ce petit est très faible! Il a besoin de soins immédiat!
-Comment s'appelle t'il? souffla Telma en épongeant le front du petit garçon des eaux.
-Je... Je l'ignore...
-Et toi? Ton prénom?
-Mon... Je suis désolée, je ne m'en souviens plus...
-Qu... Mais pourquoi? s'étonna le jeune homme.
-Jehd! s'exclama Telma qui jugeait qu'ils avaient suffisamment perdu de temps, On verra ça plus tard, accompagne cette jeune fille chercher Borville! Et ramène le par la peau des fesses s'il refuse de se bouger!
-Entendu!
L'historien courut jusqu'à la porte et l'ouvrit:
-Vous venez?
La fille regarda la tavernière, qui lui sourit, et hocha la tête avant de se lancer à la suite de Jehd.
Tout en courant l'historien ne put s'empêcher de demander:
-Mais comment vous êtes vous retrouvée ici?
-Je... Je ne me rappelle de rien. Aussi loin que remontent mes souvenirs, j'étais étendue dans la plaine! J'ai suivi un chemin qui menait jusqu'ici et en route, j'ai vu cet enfant, mort de fatigue. Voilà tout.
-Et vous l'avez aidé sans même le connaitre?
-Ce... Cela m'a parut normal...
-C'est très courageux! Et je...
Jehd s'interrompit alors que deux hommes leur barraient le passage, dans la ruelle à quelques mètres à peine du cabinet du médecin.
-Tiens, tiens, tiens! Regarde qui voilà.
-Ce serait pas la jolie petite de tout à l'heure?
La jeune fille se cacha derrière Jehd, qui n'en menait pas large.
-Vous... Vous les connaissez?
-Ce sont les deux hommes que votre amie a chassé tout à l'heure...
-Mon amie? Telma?
Sachant comment pouvait être Telma avec les gens, le jeune homme déglutit.
-B... Bonjour messieurs! Belle journée n'est-il pas?
-Ouais! Journée très sympa! Par contre tu peux te pousser, on aimerait bien parler à ta petite copine.
-Ma...? Ah, mais messieurs, vous n'y êtes pas du tout!
-On s'en moque. Va voir ailleurs si on y est.
L'historien sentit la jeune fille se crisper dans son dos.
Il était vrai que ces deux hommes n'avaient rien de rassurant.
-Messieurs, savez-vous que la délinquance ne sert à rien? C'est même interdit par les lois de la famille royale d'Hyru...
-On s'en moque! Pousse toi le nabot! Tu la vois où ta famille royale, là?
-Je... Savez-vous que je suis ami avec le précepteur de la princesse Zelda en personne?
-Mais bien sûr! Et mon père c'est Xanto! ironisa l'un des hommes.
-Vraiment? Cela explique bien des choses...
Le délinquant attrapa brusquement Jehd et le plaqua contre l'un des murs de la ruelle déserte.
La jeune fille ne put retenir un petit cri.
-Ma... Mademoiselle, je... Je les retiens, courez! glapit l'historien.
-Mais vous ne les retenez absolument pas! Lâchez le espèce de brute!
Le deuxième homme l'attrapa par le poignet.
-Mais c'est qu'elle s'énerve la demoiselle!
-Messieurs! Ce n'est pas très polie de s'en prendre à une dame! glapit Jehd, qui étouffait.
-Je ne suis pas d'accord. grogna une voix terrible derrière les deux hommes.
Une lame froide se colla au cou de celui qui tenait Jehd. Le délinquant se raidit.
-Une femme devrait être traité de la même manière qu'un homme. Je vous laisse deux secondes pour partir d'ici. Exécution.
-À... À vos ordres!
Et sans même se retourner, il partit en courant, suivi de son acolyte.
Jehd reprit son souffle en se frottant la gorge tandis que la jeune fille regardait avec méfiance leur sauveur. Ou plutôt leur sauveuse.
-Ash, je n'ai jamais été aussi heureux de te voir... souffla l'historien d'une voix rendue rauque par le manque d'air et la pression de la main de l'homme contre sa gorge.
-C'est qui elle? grogna la guerrière dans un froncement de sourcil.
-Je ne sais pas...
-Tu ne sais pas?!
-Elle ne s'en rappelle plus elle-même...
-Ah ouais? Et qui te dis que ce n'est pas une arnaqueuse? Qui te dit qu'elle ne te prépare pas une entourloupe?
-Telma lui fait confiance. Et moi aussi. Excuse nous Ash mais on doit vite se rendre chez le médecin.
-Qu...
Mais avant que la jeune guerrière ne puisse continuer, Jehd avait déjà entrainé la jeune fille dans le cabinet.
Celle-ci replaça l'une de ses courtes mèches chatains clairs derrière son oreille.
-Docteur! s'écria Jehd, Docteur! C'est pour une urgence!
Un grommèlement mécontent lui répondit et un pas lourd résonna dans le corridor.
-Quoi encore? grogna une voix sèche.
Un petit homme à l'air revêche et aux grosses lunettes rondes apparût.
-Docteur Borville! Dame Telma vous demande de toute urgence à la taverne pour...
-Taratata! s'écria le médecin, coupant court à la tirade de l'historien, si elle t'envoie pour que je paie les factures de la taverne, tu peux lui dire que je le ferai le mois prochain!
-Non monsieur, ça n'a rien à voir! Il y a un blessé à la taverne. intervint la jeune fille, mal à l'aise. Dame... Telma aurait besoin de votre assistance.
Le docteur rehaussa ses lunettes et la fixa de ses gros yeux:
-Je te reconnais toi! Tu es la gamine de tout à l'heure! La pauvrette qui n'avait pas de quoi payer!
-Mais maintenant elle a assez! déclara Jehd. Et Telma vous demande immédiatement!
-Telma, Telma! Toujours Telma! Ne peut-elle donc pas me laisser en paix cinq minutes!
-Monsieur... S'il vous plaît... Le temps presse... supplia la jeune fille.
-Et si vous ne venez pas, Telma sera dans l'obligation de vous faire payer toutes vos factures impayées. D'un coup. Pour payer un autre médecin, naturellement.
-Trrrrès bien, j'ai compris, j'arrive! bougonna Borville avec mauvaise humeur.
Il attrapa une mallette qui trainait sur un bureau sertit de paperasse et emboita le pas aux deux jeunes gens avec disgrâce.
Durant le chemin vers la taverne, Jehd jeta un oeil vers la jeune fille.
Elle avait perdu la mémoire et pourtant, elle se souciait plus du sort d'un inconnu que du sien. C'était une réelle preuve d'altruisme.
"Mais qui est-elle?" Se demandait l'historien.
Telma fit tout son possible pour ne pas accueillir l'irritant médecin avec froideur. En s'approchant de son patient, Borville écarquilla les yeux:
-Un Zora! Mais qui vous a dit que j'étais capable de m'occuper d'un Zora?!
-Pardon? souffla Telma. Vous êtes médecin, Borville! Vous êtes censé savoir soigner les gens!
-Les gens, oui. Les Zoras, non.
-Navré de vous contredire, interrompit Jehd, mais les Zoras sont des gens.
-Nan. C'est des poissons.
Telma, qui commençait à devenir rouge de rage, ouvrit les yeux grands comme des soucoupes:
-Et en plus d'être un ivrogne incompétent, vous êtes raciste?! Mais sortez de chez moi tout de suite! Et je veux vos factures impayées demain! Sortez d'ici!!
Et tout en parlant, elle le poussa jusqu'à la porte.
-Non, Telma ne le prenez pas comme ça!
Telma! Je n'ai pas l'argent! Telm...
La dernière syllabe fut étouffée par le son de la porte qui claqua.
-Je hais cet homme!
La jeune fille, assise près du jeune Zora, releva ses yeux embués vers la gérante:
-Et que fait-on maintenant?
Jehd sentit un pincement au coeur devant la détresse de la jeune amnésique.
-Tu as bien dit que Cocorico avait été libéré du mal? tenta Telma.
-D'après Ash, oui! s'exclama l'historien, qui reprenait espoir, Pourquoi?
-J'ai entendu dire que le prêtre de ce village possédait le don de soigner différents peuples. Dont les Zoras...
-Qu'attendons nous pour nous y rendre alors? s'exclama la jeune fille.
-La route pullule de monstres en tout genre. On raconte même que le roi Bublin en personne s'y trouve. On n'arrivera jamais à traverser sans Ash, Moï ou même Lafrel. Et aucun n'est là.
Devant l'énumération de la tavernière, Jehd se sentit incroyablement inutile.
La jeune fille s'écroula sur le lit improvisé de l'enfant. Elle ne le connaissait pas, et pourtant son cas la touchait plus que tout au monde. Elle ne se souvenait de rien à part d'avoir prit ce petit sous son aile.
Ce Zora était la seule chose qui la rattachait à la vie.
À supposer qu'elle avait eu une vie avant.
Peut-être avait-elle eut une famille... Ils s'inquiétaient peut-être...
Rien que l'idée qu'elle avait potentiellement une famille quelque part lui remonta le moral. Ce Zora aussi avait peut-être une maman qui l'attendait quelque part. Qui s'inquiétait.
-Il faut tout de même essayer! s'écria-t-elle, Et je le ferai avec ou sans vous! Merci pour votre hospitalité dame Telma, mais je ferai tout pour ramener cet enfant à ses parents!
La tavernière ouvrit d'abord de grands yeux étonnés puis un sourire éclaira son visage si sympathique:
-La garde royale ne devrait pas tarder à venir boire un coup! On leur demandera de nous escorter!
-Vraiment? s'écria la jeune fille.
-Si je te le dis!
-Et Ash n'est pas rentrée? coupa Jehd, Nous l'avons pourtant croisé....
-Bah! répondit la tavernière, Tu sais comment elle est quant elle est de mauvaise humeur! Elle a dû aller s'isoler je-ne-sais-où pour se calmer!
L'historien acquiesça et s'assit près de la jeune amnésique afin d'essuyer le front brûlant et trempé de sueur du petit Zora.
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Booonjour! J'ignore pourquoi mais j'ai beaucoup aimé écrire ce chapitre! 😁
D'habitude je ne laisse pas de message à la fin mais si vous avez deux minutes, j'aimerais bien avoir vos avis sur cette fanfic. Alors? Comment la trouvez-vous?
Ah oui, aussi... Je sais qu'on est lundi et qu'habituellement je sors un chapitre le dimanche... Mais pour tout vous avouer, j'ai eu un dimanche chargé et j'ai oublié de poster... J'en suis vraiment navrée...😅
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