CHAPITRE 15: GRABUGE AU BAR


Le garçon en vert s'épongea une nouvelle fois le front avec le dos de sa manche. Quelle chaleur! Le désert Gerudo n'avait en rien volé sa réputation! 

Partout autour de lui, il n'y avait que du sable, du sable et encore du sable. On ne distinguait qu'à peine la haute tour qui trônait au loin, derrière les dunes. C'était pourtant leur destination...

-Hydrate toi bien, mon garçon. Il ne manquerait plus que tu me fasses un malaise. Conseilla la voix grave de Lafrel.

Link lui sourit et prit la gourde que le vieillard lui tendait. L'eau était chaude, tout simplement écœurante, mais pourtant, le jeune homme ne put s'empêcher de la boire goulument tant sa gorge le brulait. C'était un réel supplice. Cela faisait deux jours qu'ils marchaient dans le sable, avec très peu d'arrêts, pour rejoindre la tristement célèbre Tour du Jugement, lieu où s'étaient terminées les vies de tant de criminels.

Leurs bottes s'enfonçant dans le sable, celui-ci s'infiltrait à l'intérieur, les grattant atrocement. Et si les journées étaient des plus chaudes, les nuits étaient si glaciales que Link ne parvenait pas à dormir tant il tremblait.

Il en était donc arrivé à cette conclusion: ce désert chargé de mystères était l'enfer sur Terre. Même la mine Goron était à ses yeux plus accueillante!

Il savait que ce qui l'attendait serait difficile. Mais lorsqu'il avait reçu la lettre de Telma, le priant de rejoindre la taverne, et que Moï et ce groupe appelé "Résistants" lui avaient demandé son aide, il n'avait pas imaginé à quel point ce serait dur.

-La nuit va tomber. Mais nous y serons demain. Dit alors le vieillard, tirant le héros de ses pensées.

-Pas trop tôt! 

Lafrel, qui marchait devant, se tourna brusquement vers son compagnon de route, qui sentit le bout de ses oreilles rougir. C'est que la voix qui venait de s'élever n'avait rien à voir avec la sienne.

-Je... Je disais, improvisa Link en se raclant la gorge, Pas trop tôt! J'ai tellement mal à la gorge que je ne reconnais même plus ma propre voix!

Mais Lafrel n'était pas dupe. Ses sourcils se froncèrent légèrement et il regarda autour de Link, comme s'il cherchait quelque chose:

-Tu es bien le premier homme que je rencontre à avoir une voix de femme lorsqu'il est enroué...

Le garçon se contenta de hausser les épaules et entreprit de monter le camp pour changer de sujet. Mais il ne put s'empêcher de sourire en entendant ce petit rire, une fois Lafrel plus loin:

-Ksh ksh ksh!

*************

-JE VOUS SOMME DE ME RENDRE MES EFFETS PERSONNELS IMMÉDIATEMENT !! S'écria Ikäd en se ruant vers la voleuse.

Mais à peine fut-il près d'elle qu'elle esquiva d'un bond en avant.
Le capitaine se cogna lourdement la tête contre le bar.

La jeune femme se tourna vers lui, sourcils froncés, moue boudeuse:

-Qui es-tu, toi? Je ne vois absolument pas de quoi tu parles. J'ai trouvé tout ça dans la plaine! Et puis, je ne vois ton nom nul part. Donc tu vas me faire le plaisir de débarrasser le plancher. On n'aime pas trop les soldats par ici.

Ikäd lui fit face, l'air vraiment énervé. La fille ne bougea pas malgré le regard courroucé. Au contraire, on décelait même une pointe d'amusement dans son regard méprisant.

-Vous savez très bien qui je suis, voleuse! fulminait le gradé.

S'il avait pu la tuer avec son regard, il l'aurait fait. Mais malheureusement, la magie n'était pas quelque chose qu'il maitrisait. Aussi, se contenta-t-il d'avancer de nouveau vers sa cible, la pointant furieusement du doigt. Mais bien sûr, plus il avançait, plus elle reculait, ce détestable sourire aux lèvres. Agacé, Ikäd tenta le tout pour le tout. D'un bond, il voulu l'attraper. Mais il n'avait pas prévu qu'une telle voleuse, qui semblait si frêle et fragile, soit adepte de l'art du combat. Elle leva sa jambe si haut et si rapidement qu'il ne comprit qu'elle l'avait frappé qu'une fois à terre. Son nez le brula atrocement et, en y portant sa main, il comprit qu'il saignait abondamment. Cela faisait très longtemps qu'il ne s'était pas senti si idiot. Le capitaine prévoyait de se relever pour lui rendre la pareille lorsqu'il reçu un nouveau coup. Sauf que cette fois-ci, la botte de la voleuse resta écrasée contre sa joue.

-Reste par terre, soldat. Grogna-t-elle le plus sérieusement du monde. Tu vois, le problème avec vous, c'est que sans votre cure-dents qui vous sert d'épée, vous êtes incapables de vous défendre. 

Elle déferla la lame accrochée à sa ceinture, sous la cape, et la colla contre la gorge d'Ikäd, qui lui jeta un regard assassin.

-Maintenant soldat, tu vas mourir. Tu m'en vois navrée, n'y vois rien de personnel.

Et elle leva son arme, prête à l'abattre.

Le militaire ferma les yeux. Quel idiot. Encore une fois, son impatience et son impulsivité lui causaient du tort... Et c'était bien possible que cette fois-ci, ce soit sa dernière bourde. Mourir tué par une ridicule femme. Voilà qui allait faire jaser à la citadelle. Le grand Ikäd, capitaine de la garde, tueur de monstres, défenseur de la veuve et de l'orphelin... Tué par une petite voleuse, une dangereuse jouvencelle, une demoiselle intraitable, une...

Mais un bruit de choc lui fit rouvrir ses yeux dorés. La jeune femme venait de s'effondrer sur lui. Inconsciente. Ikäd fut surpris. Mais il se releva bien rapidement, frissonnant, comme dégouté d'avoir un contact physique avec cet être abominable. 

-Personne ne touche à mon Capitaine! s'écria alors une voix ridiculement déterminée.

Alibert venait d'assommer la femme avec un tonneau. Son supérieur le regarda quelques instants avec un air reconnaissant et admirateur avant que le masque d'orgueil ne réapparaisse:

-Vous avez été long, Alibert. Cependant, je suppose que je dois vous remercier. Donc... Merci.

Le Capitaine se racla la gorge, jetant un regard circulaire dans la pièce. Aucun des forbans n'osaient bouger. La majorité était d'ailleurs bien trop occupée à regarder au fond de son verre.

-Il n'y a pas de quoi Capitaine! C'est un plaisir de vous aider!

-Vous voulez m'aider, fidèle soldat? Et bien prenez cette chose répugnante, cette raclure de bas-étage, cette... Voleuse sur votre dos. Et ficelez-la bien avant. Nous la ramenons à la Citadelle. On verra bien si elle continue de faire la maligne lorsqu'elle sera jugée pour vols, trafiques et tentative de meurtre!

Et sur ces mots, Ikäd alla vers le bar à grandes enjambées. Il récupéra ses effets -non sans un regard suspicieux, ponctué d'un "je reviendrai pour vous!", à l'adresse du gérant, et il quitta ce sinistre endroit, bien vite suivi d'un Alibert qui peinait à transporter le corps inconscient de la fameuse voleuse.  

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Quoi? Un nouveau chapitre ? ^^'
Mais oui, vous ne rêvez pas!
Alors, des avis ?

Non? Bon, tant pis.

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