-Mais maman !

-Non c'est non, pas un soir d'école voyons ! déclare-t-elle

...

Elle n'a pas fini d'empiéter sur ma vie comme ça. Elle n'a pas le droit de m'enlever mes libertés !

Plus que deux petites années et je suis libre ! Plus que deux ans et j'ai la majorité !

Je boude intérieurement et lâche un soupir avant de quitter la table. Je dépose mon assiette et mes couverts dans l'évier. Elle m'a coupé l'appétit pourtant qu'est-ce-que j'adore le sucré. Je m'apprête à monter les escaliers quand elle intervient.

-Ecoute, ne le prends pas mal. Comprends moi...me dit-elle d'une voix douce et attentionnée

C'est ça le problème maman, c'est que je ne te comprends pas, je ne te comprends plus.

Je ne suis plus une enfant, j'ai grandi depuis. Tu me considère encore comme un objet fragile que tu dois protéger à tous prix. Mais j'ai évolué, je suis autonome désormais et j'ai besoin d'être libre pour m'épanouir. Mais ça tu te ne veux pas le voir.

L'amour rend aveugle

Je gravis les marches plus déterminée que jamais exaspérée par ses belles paroles. Je reprends le début de la dissertation. Je laisse tomber pour aujourd'hui et m'allonge sur mon lit. Je pourrais dormir mais avec mon agenda overbooké  de choses à faire mais que par flemme je repousse sans arrêt, impossible de s'endormir et gâcher toute une après-midi.

Message reçu à 13h 21 de JUJU

Une petite virée ? ça te tente ?

Message envoyé à 13h22 à JUJU

Au parc ?

Message reçu à 13h22 de JUJU

Oui on se rejoint là-bas dans 30 mn !

Je lui réponds positivement. Je dois prendre l'air et me détendre.

J'enfile rapidement mes chaussures et mon manteau, prends mes clefs puis claque la porte. L'air se rafraîchit de plus en plus avec l'hiver venant. Je combats la fraîcheur de midi comme je peux. Le parc n'est plus qu'à quelques dizaines de mètres, courir me réchaufferais mais mon corps manque remarquablement d'énergie. Les rues sont vides, seuls quelques enfants jouent dehors tant qu'il est encore temps.

On ne se rend pas compte mais les chewing-gums sont partout sur le trottoir, je n'ai jamais vu une seule rue sans tâches de chewing-gum. Incr...

Une masse percute violemment mon épaule, je détache mes yeux du sol pour regarder ce corps étranger. C'est un homme ou plutôt garçon approchant de la majorité plus grand que moi qui se tient devant moi. Nous nous lâchons un pardon puis reprenons notre route.

Je vais l'attendre sur notre banc, celui à côté du peuplier. Elle va encore être en retard ! Où est mon portable ?! Apparemment sur mon lit, pratique. Je me lève et arrache une feuille du peuplier puis reviens m'asseoir. J'analyse la feuille pour passer le temps, j'essaie de nouer la tige mais elle se rompt. Je la déchiquette en confettis et laisse voltiger les petits bouts dans le vent. Les morceaux retombent délicatement vers le sol amortis par le vent d'automne. En levant les yeux, le dernier fragment est encore en suspens, il rencontre une bourrasque et est propulsé vers le ciel. Il est poussé si loin que je le perds du regard.

-Tu regardes quoi ?

J'aperçois Julia me fixant d'un air interrogateur.

-Oh rien, répondis-je

Elle me sourie et me rejoint sur le banc.

-Les cours et tout ça, ça va ?

-On fait avec et toi ? lui répondis-je

-Oui