Chapitre 13 - Helena.
15 mai, 7 Péchés Capitaux.
Quand j'ouvre la porte de mon appartement, mon pied butte sur un paquet. Encore un ! Je lève les yeux au ciel et soupire. Je ramasse la boîte et me retiens de l'ouvrir tout de suite. Je connais l'expéditeur, Elias est têtu dans son genre. Me rendant comme prévu dans la salle de repos des filles, toutes les possibilités de contenu défilent dans mon esprit. Qu'a-t-il pu encore bien inventer ?
Krystal et Sofia sont en grande conversation devant une émission de télé-réalité. Celle-là, je la connais, Top Model USA avec Tyra Banks, elle met en concurrence des mannequins pour devenir la prochaine star des podiums. Dès que j'entre, les deux commères stoppent leur discussion et me font signe de me rapprocher.
— Alors, c'est quoi ? me questionne sans une once de discrétion la stripteaseuse.
— De quoi tu parles ? demandés-je, sans vraiment croire qu'elles sont suffisamment bien éduquées pour ne pas mettre leur nez dans mes affaires.
— Ne fais pas l'innocente ! Nous avons toutes vu le cadeau d'aujourd'hui devant ta porte. Pas moyen que tu te défiles.
Je m'installe sur le grand canapé beige en retirant mes escarpins. Autant être à l'aise. Les filles se rapprochent avec leur verre.
— En fait, tu voulais déballer le carton devant nous pour avoir des témoins. Au cas où Elias t'offrirait des plantes carnivores, se moque Krystal.
— Ou un cactus bien piquant !
— Mais pourquoi m'enverrait-il ça ? je réplique en riant.
— Tu lui as retourné ces autres cadeaux, il pense peut-être que tu préfères des plantes plus en rapport avec ta personnalité ?
Sa taquinerie me donne un pincement au cœur, puis je relativise. J'ai élevé un mur pour repousser ses tentatives de conciliation. Elle a raison, je dois paraître froide aux yeux de mon entourage, mais je ne peux me permettre de croire qu'Elias ne veut rien d'autre que mon pardon pour son comportement. Non, il cherche à m'acheter parce qu'il veut me mettre dans son lit, comme les autres hommes que j'ai connus.
— Pourquoi as-tu refusé ces cadeaux ? La robe était magnifique et les places de concert étaient introuvables !
Sofia surjoue l'incompréhension de mes choix, la main sur le front, les yeux écarquillés. Nous éclatons de rire et le moment me fait un bien fou. Toute la tension qui s'est logée entre mes épaules disparaît. Je secoue la tête et lui tire la langue comme une gamine. Je n'ai pas ri d'aussi bon cœur depuis bien trop longtemps. J'accepte leurs petites taquineries, notre relation amour - haine amuse le personnel depuis le premier geste d'Elias envers moi pour se faire pardonner. Il dépose un cadeau, je l'ouvre, je le renvoie. Au grand amusement des filles qui parient et comptent les points. Je ne devrais pas regarder ce qu'il y a dans les paquets, ma curiosité me perdra.
— Bon, allez ! Plus d'excuses, ouvre ça avant que j'explose. Le suspense est trop fort, je veux savoir ce qu'il y a là-dedans.
Krystal me tend une paire de ciseaux pointus pour que je m'en serve. Je la tiens comme une arme et la plante violemment dans le carton au niveau du papier collant qui retient les rabats.
— Attention, c'est peut-être vivant ! s'exclame Sofia inquiète. Un petit chat ou une perruche ?
— Mais non, tu es trop sensible ma minette, intervient Krystal. Il y aurait des trous d'aération pour qu'il respire.
Même si elle a raison, j'ouvre le reste avec beaucoup plus de minutie. je n'avais pas pensé que le cadeau pourrait être fragile ou vivant.
Dans le carton, je trouve un papier de soie rose fuchsia que je retire les doigts tremblants. Mon visage est impassible au contraire des filles qui sautillent comme des midinettes autour de moi. Elles sont tellement enthousiastes que même si je montrais mon trouble, je ne pense pas qu'elles pourraient le remarquer.
Mon cœur manque un battement quand je découvre une superbe paire de sandales à talons hauts. L'éclat doré du cuir égale le scintillement des brillants qui soulignent les lanières. Un soupir collectif rend hommage à ces merveilles.
— Ce sont des Valentino ? N'ose même pas penser les rendre Helena!
— Pour une fois, je suis d'accord, mais je ne veux pas qu'il pense avoir gagné. Elles sont si belles.
— Il a trouvé ton talon d'Achille ! ricane Krystal en soulevant la chaussure gauche.
— Je l'admets, c'est mon péché mignon, je collectionne les talons hauts.
— Le mec doit bander en t'imaginant nue avec juste cette paire.
— Mais comment a-t-il su ?
— Il n'est pas stupide, tu crois qu'il serait si haut placé s'il ne pouvait pas remarquer un truc aussi basique qu'une accro aux chaussures ?
— Ou alors, il a un indic dans la place. Qui m'a balancée ?
— On n'oserait pas s'immiscer entre vous. La solidarité féminine, tu connais. Il n'a qu'à se débrouiller seul, réplique Krystal. Tu les gardes, n'est-ce pas ?
Je range l'escarpin à côté de son jumeau inversé dans le papier de soie après l'avoir récupéré des mains avides de Krystal. Je me lève sans répondre.
— Tu vas le remercier cette fois ? me lance Sofia, en prenant une gorgée de son verre de vin. Si tu ne le fais pas, je me propose, je suis volontaire.
— Ce n'est pas ta pointure, je réplique plus mordante que je ne le souhaite.
— Pas besoin de ces chaussures, je peux juste aller lui dire combien ce présent t'a plu.
Je me retourne vers elle sans me contrôler. Pour constater dans ses yeux qu'elle me provoque.
— Ce n'est pas de toi qu'il attend un rapprochement. Alors, pas touche !
Je la pointe du doigt, la menaçant de ma manucure effilée. Je viens de révéler mes sentiments et je m'en fous. La brûlure dans mon ventre ne disparaîtra que si cette gourde arrête de lui tourner autour.
— Je plaisante ! rit -elle en levant les mains. Ce n'est qu'une taquinerie. Elias est tout à toi, on le sait.
— OK, excuse-moi. Je ne devrais pas être si susceptible.
Krystal me prend le carton des mains, l'ouvre et me tend les petites merveilles.
— Met-les tout de suite. Et va le titiller, ce soir c'est toi qui le mène par le bout du nez. Tu as le droit d'avoir des sentiments Helena, les mecs aiment les filles avec du tempérament.
J'ai toujours suivi les préceptes de ma mère malgré ce que je m'étais promis, il y a des années. Toujours accéder aux désirs de celui qui m'apporte protection et sécurité financière. Peut-être que mon amie a raison, je peux répliquer et rendre les choses compliquées à Elias. Il a même l'air d'apprécier ça vu son insistance à me poursuivre de ses intentions. Ma décision étant prise, j'enfile mes escarpins, noue les lanières diamantées autour de mes chevilles et de mes mollets puis remercie d'un regard Krystal. Il ne reste plus qu'à trouver Eliaspour le remercier.
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