Chapitre 1, Helena.

— Ça me fait penser à la Russie.

Le ton larmoyant qu'elle utilise irrite mes nerfs. C'est de la comédie, rien d'autre. Je lève les yeux au ciel bien que Nadya ne puisse pas me voir.

— Tu es trop loin de moi. Je t'ai laissé vivre en Californie pour ne pas être dans ce milieu, mais tu me manques. Et je ne connais aucune de tes relations, c'est stressant. De plus, ce n'est plus l'hiver, on est en avril bientôt.

— Mes amis aiment bien sortir, ils m'emmènent souvent en boîte et sur la plage. Tu n'as pas à t'inquiéter. J'apprends le mexicain et je collectionne les bikinis.

— Tu veux me rendre jalouse avec ton bronzage quand tu viendras pendant les vacances ? Tu es une petite peste.

— Mais tu m'aimes quand même, hein ?

— Ça dépend des jours, je marmonne. Bon je te laisse, j'ai du travail.

— Avec des menottes ou un fouet cette fois ?

Je raccroche sans lui répondre, je ris tout bas de cette gamine qui parle de BDSM au lieu de son groupe préféré.

Il me faut réfléchir à comment demander à mon ancien amant, s'il est possible de garder Nadya près de moi au 7 Péchés Capitaux pendant la trêve de Noël. Mon appartement se trouve dans le bâtiment, à côté de celui d'Anton. Il m'a suggéré de façon appuyée, disons plutôt m'a ordonné, de rester vivre ici. Le chef de ce clan préfère m'avoir sous la main à tous moments pour les problèmes éventuels avec les clients. De plus, notre séparation n'est pas officielle, et me permettre de partir habiter hors de ces murs le montrerait avec une faiblesse. Il veut sauver la face.

Je lui ai demandé pourquoi cacher que nous ne sommes plus amants, surtout que nous ne sommes ni l'un ni l'autre fâché. Sa réponse a été de me dire que ma présence même virtuelle lui laissait le champ libre pour repousser les avances des clientes. Mais je suspecte que la mainmise sur ma personne le réjouit. Cet homme est un manipulateur. Ou m'a-t-il donné cette explication foireuse pour ne pas admettre qu'il veut me protéger ? J'ai mon tatouage comme tous ceux qui ont fait allégeance à son autorité. Anton n'est pas un homme qui oublie son clan, même une femme avec qui il ne baise plus.

Dans la sallede l'Envie et de la Luxure, j'apprends qu'Anton n'est pas là.Sorti du club pour une rencontre avec des politiciens. Je soupire en pensant àla perte de temps. Pour une fois, je me sentais courageuse. Demander un serviceà mon ex n'est pas de tout repos pour mes nerfs. Il aime avoir une contrepartiepour tout. Chaque demande, chaque cadeau n'est pour lui qu'un moyen decontrôler ses subordonnés. En attendant qu'il revienne, je meuble l'attente endonnant des instructions au personnel, en souriant aux clients et en jouant monrôle d'hôtesse. Mon masque est en place. Je me cache derrière une façade deglace et d'indifférence pour ignorer ma conscience. Mes rêves d'adolescentessont morts depuis longtemps. Maman avait raison. L'Amérique n'était qu'unmirage. La mafyya est restée mon univers malgré les kilomètres etl'océan traversé. Les liens du sang et de la bratva sont puissants. Ilsne permettent pas l'indépendance. Seule la mort nous libère.

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