La fille aux écouteurs

Les gens vont et viennent sans qu’aucun ne me prête attention. Qui suis-je d'ailleurs pour réclamer une telle chose ?
Personne….

Un fredonnement me sortit de mes pensées. Étonné, j’aperçu la personne qui approchait: des lunettes rondes cerclaient ses yeux, les cheveux roux noués en une coiffure serré - je me demandai comment elle pouvait supporter d’avoir ainsi la tête tirée en arrière.
Elle s’assit finalement, sans un regard à mon égard, mais non sans arrêter de chantonner…
Intrigué, je ne pus m'empêcher d’écouter.

“– Mi, si, sol, si, mi, si, sol, si, ré, si, sol, si… *

Je ne comprenais pas grand-chose à ces mots mais j’aimais la sonorité qu’il en ressortait, si mélodieuse et douce à la fois. Je me sentais emporté dans cette autre réalité qu'était le monde de l'imagination.

– Quelques notes, quelques mots prononcés. C’est si simple, il suffit de s’en souvenir, de s’en rappeler...

Elle murmurait à présent, à qui étaient destinées ces phrases ? Sûrement elle même…

– Je vais y arriver… Je le dois, pour lui, pour elle, pour moi. “

Elle paraissait si paniquée… Ses mains ne cessaient de jouer avec le tissu sombre de son vêtement, tandis qu’elle se mordillait la lèvre à présent gercée de tout point. Par respect, je ne bougeais point.
Immobile je continuais de la fixer essayant de comprendre ce qui pouvait la mettre dans un tel état.
La jeune fille soufflait doucement : Inspiration. Expiration. Elle se trouvait visiblement en situation de stress. Tremblante, une larme roula sur sa joue.
Mais que pouvais-je y faire, moi, pauvre être ?
Elle réussit tout de même à plonger sa paume dans sa poche et à en sortir de un long fil blanc, coupé en deux au milieu et se terminant par des sortes de petites boules.
Des écouteurs, ainsi se nommaient ces objets. Précautionneusement, elle les plaça dans ses oreilles et fixa l’embout sur le précieux téléphone.
À mon plus grand bonheur, elle repartie sur son air de musique, un si bel air qui s’échappait de sa bouche, j’aimais ce son, j’en étais amoureux, fasciné…
Je priais intérieurement pour que cet instant dure éternellement, des heures… Mais chaque chose a une fin, rien ne perdure bien longtemps...
En cet après-midi d’été, j'avais découvert la seconde raison d’être de l’humain : la passion.

*Sauf erreur de la part de l'auteure ceci est le début de la mélodie "Comptine d'une nuit d'été" de l'artiste Yann Tiersen.

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