Chapitre 6

Le trio marchait dans un couloir depuis 20 minutes, complètement perdus ils tournaient en rond.

« Mais c'est où le sous-sol ? Ça fait une heure qu'on cherche ! S'énerva Nowell

-Le proviseur nous aime pas...il aurait pu nous donner un plan ! Rétorqua Coraline

-Ou il veut qu'on se perde pour l'éternité...

-Ou il veut juste se débarrasser de nous...

-Ou...tiens c'est pas là bas le sous-sol ?

-Peut-être...c'est pas marqué ? Y'a une pancarte pourtant...

-Attends...je vais voir ! »

Coraline se précipita vers le panneau de métal accroché au mur. Elle essaya de se concentrer sur les fines lettres. Elle n'y comprit rien, les lettres, les mots et les phrases se confondaient, se transformaient, changeaient.

Nowell s'approcha.

« Alors ? On est au bon endroit ?

-Euh...

-On est perdus ou pas ? »

Io lut la pancarte.

« Non on est pas au bon endroit. Selon ce qui est écrit il faut continuer tout droit.

-Roh ! J'en ai marre de marcher ! J'ai mal aux pieds ! Et pourquoi ce sous-sol est si loin ? Et pourquoi...

-Tais-toi Nowell et marche. T'économiseras de l'énergie,

-Eh ! T'as pas à me dire quoi faire ! Je fais bien ce que je veux !

-Selon toi. Parce que selon moi tu devrais juste te taire et marcher en silence. Comme ça on aurait une chance de trouver ce sous-sol

-C'est...oh et zut à la fin ! »

Nowell partit en courant tout en suivant les indications des différents panneaux disposés le long du couloir. Quelques mètres plus tard elle s'arrêta, à bout de souffle.

« Ah ! Mais il est long ce couloir...murmura-elle

-Nowell !! Tu fais quoi ? Ça va pas de partir comme ça ! S'exclama Coraline

-C'est Io...il...avait pas à me vexer...comme ça...

-Mais tu peux pas réagir comme ça dès que quelqu'un te vexe ! Tu imagines plus tard ? »

Nowell se crispa. Plus tard ? Elle ne voulait pas être « plus tard », elle voulait simplement et sans prétentions être au moment présent. Elle qui ne savait pas de quoi serait fait son avenir, elle qui ne savait ce qu'elle ferait plus tard (au plus grand désespoir de ses professeurs), elle qui associait le mot « avenir » avec « flou », « brumeux », « incertain » et « je sais pas ». Elle qui ne savait même pas si elle pourrait vivre ce futur tant espéré et attendu par d'autres.

Elle se tut, ne voulant pas révéler ses pensées à Coraline. Cette dernière la dévisagea longuement comme si elle ne l'avait jamais vue, ce qui n'était pas faux. Elles ne se connaissaient que depuis quelques heures. Sa camarade la détailla lentement pendant de longues secondes puis s'écria :

« Mais Nowell ! T'as les yeux bleus !! T'as trop de chance !

-Ah...ouais...de la chance...

-Tu n'as pas l'air convaincue...tu devrais !

-Hein ? Ouais bien sûr... »

En réalité Nowell détestait ses yeux bleus et sa chevelure blonde, elle aurait largement préféré être rousse et avoir les yeux d'un vert saisissant comme Coraline, ou les cheveux d'un brun profond et les yeux gris anthracite comme Io. Tout le monde disait qu'elle ressemblait à un ange. Mais Nowell ne voulait pas être un ange, elle voulait être elle-même, Nowell simple élève de l'académie Roselle, simple humaine en définitive. Pourquoi les gens voulaient-ils être spéciaux et vouloir se faire remarquer à tout prix ? Pourquoi les gens voulaient-ils être connus ? Pourquoi ont-ils soif d'être vus mais ne sont jamais pleinement abreuvés ? Et personne ne répond à ces questions, ils préfèrent répondre à des questions plus futiles évidemment.

Io arriva devant les deux jeunes filles, à bout de souffle lui aussi. Ses mains tremblaient, comme tout son être. Il était blême et peinait à respirer.

« Ça va Io ? Demanda Coraline

-Ou...ouais...

-T'es sûr ?

-Non ça va...ça va...ça va »

Le jeune homme répéta ces deux mots comme si ils étaient une formule magique, un sage mantra, une inspirante pensée, une ancienne devise. Mais non. Ce n'étaient que de simples mots formés avec de simples lettres et placés dans une simple phrase.

Coraline l'observa longuement puis s'approcha et tendit ses mains devant elle.

« Eh. Tu fais quoi ? Questionna Nowell

-Ça se voit pas ?

-Si ça se voyait je poserais pas la question parce que je comprendrait ce que tu fais Coraline...

-Comment t'arrives à faire ça ?

-A faire quoi ? Et au passage explique ce que tu fais,

-De 1 pourquoi tu me donnes des ordres ? De 2 comment t'arrives à sortir des réparties cinglantes comme ça ? De 3 j'essaye de sonder l'organisme de Io pour voir pourquoi il ne va pas bien,

-Hein ? T'as crû que tu allais voir chaque molécule de Io ? Franchement, tu veux savoir ce que j'en pense?

-Oui je vais voir son organisme et alors ? Et non je ne veux pas savoir ce que tu en penses. »

Coraline coupa cours à la discussion son regard devient fuyant, ne pouvant s'accrocher à rien. Nowell se recula, surprise par les mots durs de la jeune fille. Elle qui détestait les conversations qui tournait mal. Elle finit donc par se retirer dans un coin tapi dans l'ombre.

C'est là qu'elle l'aperçut, une forme floue la toisait de loin. La température chuta d'une dizaine de degrés, l'air s'électrisa. Nowell voulut hurler, bouger mais elle était paralysée, elle fit un effort surhumain pour regarder dans la direction de ses deux autres amis.

Une silhouette encapuchonnée se planta entre l'entité mystérieuse et les jeunes gens.

« Fuyez si vous tenez à la vie ! » 

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