XV-4 : La Fédération zyssienne
Il était désormais trop tard pour monter une armée, et Zyx s'enfonça dans des négociations stériles. Sans autre alternative, la Fédération prêta alors à Zawhyk plusieurs vaisseaux spatiaux. Le Shawnien put ensuite appeler à la va-vite tous les volontaires de sa planète afin de mener une opération sur Oriale.
Sa stratégie était plus qu'audacieuse : suite à un empoisonnement, le Général du Neelhan était mourant. Zawhyk avait alors réussi à prendre contact avec l'un de ses fils, Fermal Eclarian, destiné à lui succéder. Une fois le Général mort, son successeur put déclarer la guerre à l'alliance orialienne, encouragé par les renforts shawniens.
Zawhyk et ses troupes débarquèrent non loin de Sif, la capitale du Neelhan. Les technologies zyssiennes leur permirent de décoder les communications orialienne, et de connaître l'emplacement du Général Chef. Cachés dans la forêt proche, ils eurent plusieurs jours disponibles afin de préparer leur opération.
Le jour de l'assaut, Galaniel utilisa un appareil de manufacture zyssienne pour transmettre un message au Général Chef, dans son propre code. Il se fit passer pour un garde noir et avertit qu'un espion aurait réussi à saboter son vaisseau personnel, l'Araignée Noire. L'appareil aurait ainsi dû s'écraser peu après son envol, et des troupes étrangères se préparaient à achever le Général, s'il survivait.
Le message était bien évidemment faux, et la surveillance drastique empêchait tout accès au vaisseau. Toujours est-il que le Général Chef préféra ne pas prendre de risques inutiles. Il resta au sol, alors que ses subordonnées partaient prendre d'assaut la capitale.
« C'est à ce moment précis que nous avons donné l'assaut, conclut Galaniel. Le seul moment où il était vulnérable. »
S'était alors ensuivie la mort de Zawhyk puis celle du Général Chef, qui avait permis au jeune homme d'obtenir sa Pierre d'Origine.
« Eh bien, quelle histoire ! Siffla Césape. Je fais pâle figure, maintenant, avec mon dragon. C'est dommage que ça puisse être résumé trop simplement, ça perd de la profondeur : « Y'avait un dragon, l'était méchant, je lui ai éclaté la tronche. Fin ». Encore que c'est aussi une question de narration.
— En somme, reprit Alyne, perplexe, vous êtes partis au secours d'une planète que vous connaissiez à peine alors que vous n'étiez pas directement concerné. »
Galaniel nia de la tête.
« Nous aurions été concernés tôt ou tard. Si le Général Chef avait envahi Zyx, il n'aurait eu aucune raison de s'arrêter là. Notre monde aurait été le suivant sur sa liste. Sauf que ce jour-là, nul n'aurait été en mesure de l'arrêter. »
Alyne fut contrainte d'acquiescer. Après tout, n'était-ce pas aussi le rôle des Voyageurs, que d'intervenir au plus tôt, avant qu'un problème ne prenne de l'ampleur ? Quel que soit le monde concerné, il fallait parfois une intervention extérieure afin d'éviter une catastrophe.
« D'après ce que m'ont dit quelques Salvens, reprit Césape, Zyx est un monde important pour les Voyageurs, notamment sur un plan stratégique. »
Sa réplique lui valut de devenir le centre d'intérêt soudain de ses compagnons.
« Ne me regardez pas comme ça, je n'en sais pas plus. »
Son regard, ainsi que celui de Galaniel, se portèrent alors vers Alyne.
« Je ne connais pas tous les mondes habités, expliqua-t-elle. Tout ce que je savais, c'était que beaucoup d'humains habitaient cette planète, et qu'elle était plutôt éloignée des zones frontalières. Donc relativement à l'abri des combats contre les Itinérants.
— Il n'empêche que l'un d'entre eux n'a pas été loin d'en prendre possession, fit remarquer Galaniel.
— Le front n'est pas parfaitement hermétique, et les Voyageurs font ce qu'ils peuvent, défendit Alyne.
— Dites, je vais peut-être dire une bêtise, mais vous êtes sûrs qu'ils ont l'avantage ? »
Alyne le gratifia d'un regard proche de la consternation.
« Bien évidemment, daigna-t-elle répondre. Les Voyageurs sont deux fois plus nombreux que les Itinérants, et protègent deux fois plus de mondes. Cela n'empêche toutefois pas nos ennemis de lancer des offensives aussi risquées que désespérées.
— Ouais, sans doute. Et il y a combien de Voyageurs, ou de mondes, comme tu dis ?
— Environ quatre-vingt Voyageurs, pour une cinquantaine de mondes. »
Césape eut un soupir.
« C'est quand même incroyable que sur ces quatre-vingt Voyageurs, il n'y en ait eu qu'un seul pour venir s'occuper du méchant. »
Alyne se contenta de hausser les épaules. Puis Césape s'immobilisa, les oreilles aux aguets.
« Qu'est-ce qu'il y a ? » S'enquit Galaniel.
Le gigan lui fit signe de se taire. Il huma l'air ambiant, circonspect.
À son tour, Alyne scrutait les fourrés, à la rechercher d'un danger. Galaniel dégaina son arme. Seul le bruissement des branches sous la brise légère se faisait entendre. La forêt était calme, beaucoup trop calme.
Un craquement sourd se fit entendre. Galaniel se retourna, aussi vif que l'éclair. Il n'eut que le temps d'entrevoir un animal multicolore aussi grand qu'un homme bondir toutes griffes sorties sur Césape.
« Attention ! »
Le gigan ne put éviter le choc. Il perdit sa hache, alors que le fauve l'envoyait rouler à terre. Indécise, Alyne hésita à lancer un sort, par peur de le blesser. Finalement, une grande bulle d'eau se matérialisa au-dessus des protagonistes avant d'éclater en une pluie glacée.
Sans doute espérait-elle que l'animal redoute le liquide. Néanmoins, cela ne fut pas le cas, ou alors était-il trop affamé pour rompre le combat aussi facilement. Césape et la bête continuèrent de lutter à terre, maugréèrent, griffèrent, se débattirent de plus belle dans une tornade rouge, or et verte.
À son tour, Galaniel essaya d'utiliser son A.O.M. pour attaquer l'esprit du fauve. Le mental rudimentaire de la créature s'avéra cependant beaucoup trop différent pour espérer quoi que ce soit de concluant. Césape parvint enfin à immobiliser la mâchoire de la bête avant qu'elle ne l'égorge, puis la repoussa d'un coup de pied. Elle poussa un cri plaintif, puis le gigan l'empoigna de ses pattes griffues, pour la projeter contre un arbre. Sous la violence du choc, une pluie de fruits épais s'abattit, et acheva toute velléité du monstre.
Le combat n'avait pas duré plus de quelques secondes.
« Ah ! Ah ! Victoire ! » Triompha Césape.
S'il avait subi quelques griffures sans gravité, il était sain et sauf.
« Un adepte des méthodes subtiles et délicates, à ce que je vois, ironisa Alyne.
— J'aime ce qui est simple et efficace, rétorqua Césape. D'ailleurs, l'utilité de la magie a clairement montré ses limites, ici. Je ne suis pas sûr que ma douche glacée était nécessaire. »
Il s'ébroua sans prévenir. Alyne n'eut que le temps de faire un pas sur le côté pour ne pas être aspergée à son tour.
« On ne m'avait pas dit qu'il y aurait des prédateurs dans cette forêt. Certes, ce n'est pas que je ne m'en sois pas douté, mais on aurait pu peut-être nous mettre en garde, comme une pancarte avec "Attention, tigres méchants". Il y a d'autres surprises de ce genre, dans ce bled ?
— À vrai dire, répondit Alyne, il existe des créatures autrement plus dangereuses, mais nous les éviterons.
— Comment font ceux qui n'ont pas une elfine pour les guider ? Demanda Galaniel.
— Certains passent quand même. Traverser cette forêt n'est pas si difficile, comparé aux épreuves que nous avons eu à subir pour obtenir nos Pierres d'Origines.
— Parlons-en de ces cailloux ! S'emporta Césape. Si j'avais su tout ce qui m'attendait, je suis sûr que j'aurais réfléchi à deux fois avant de m'en approcher. Je ne sais pas pour vous, mais je n'ai pas envie de laisser ma peau ici, après avoir réchappé de justesse à mon dragon.
— La mort n'a pas sa place dans le Sanctuaire, répondit Alyne. Quoiqu'il advienne, les prétendants Voyageurs ne peuvent mourir ici.
— Comment ça, pas mourir ?
— Selon la légende, la Grande Déesse relève chaque nuit les âmes de ceux qui se sont égarés dans cette forêt. Elle leur donne alors l'occasion de devenir des Salvens, pour continuer de La servir et de veiller sur le Sanctuaire.
— Les Salvens ? Les villageois aux armures d'or ? Remarqua Galaniel.
— Oui. Leur armure est un don de la Grande Déesse. Les Salvens sont les prétendants ayant échoué lors de la dernière étape de leur initiation. Ce sont les gardiens de ce monde.
— Ça a l'air super, mais on va quand même essayer de ne pas traîner, proposa Césape. C'est qu'on n'est pas encore arrivés. »
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