Chapitre 4

Le garde dégaine son sabre avec une rapidité effrayante. La lame scintille sous les derniers rayons du soleil, prête à m'entailler. Je suis désarmé, pris au piège entre le sabre et le regard brûlant de Satan. Une aura de menace palpable émane de lui, son sourire cruel ne faisant qu'accentuer ma panique, comme une lame froide appuyée contre ma gorge. Je me retrouve acculé, ma respiration s'accélérant alors que je cherche désespérément une échappatoire.

Je tente de reculer, mais mes pieds glissent sur le sol meuble de la pente, m'empêchant de trouver un appui stable. Le terrain, traître et instable, semble vouloir m'abandonner aux mains du garde. Chaque pas en arrière s'accompagne d'un nuage de poussière, d'un craquement de brindilles, comme si la nature elle-même se liguait contre moi. Le garde avance, implacable, son sabre siffle dans l'air, promettant la mort. Je sens l'acier s'approcher, la mort palpable. Mon cœur tambourine dans ma poitrine comme un animal en cage, et chaque fibre de mon être hurle à la fuite. D'instinct, je lève les bras pour me protéger, ressentant immédiatement une douleur cuisante lorsque la lame m'effleure, ouvrant une profonde entaille sur mon avant-bras.

Le sang jaillit, chaud et visqueux, couvrant mon bras et imbibant mes vêtements. L'odeur métallique envahit mes narines, me ramenant brutalement à la réalité de ma situation. La panique me submerge, comme une marée noire qui engloutit tout sur son passage, mais je sais que perdre mon sang-froid serait fatal. Je recule encore, chaque pas me coûtant un effort immense, tant physiquement que mentalement. Le sol meuble sous mes pieds semble aspirer toute tentative de fuite, transformant chaque mouvement en une lutte acharnée. Le garde ne me laisse aucun répit. Il lance une nouvelle attaque, cette fois visant mon torse. Je me jette sur le côté, évitant de justesse la lame mortelle. Le vent de son passage me frôle, si proche que je peux sentir la menace palpable de la mort. Cette proximité avec la fin me glace, chaque souffle d'air qui me touche est un rappel cruel de la fragilité de ma situation.

À chaque mouvement, je sens la douleur de ma blessure s'intensifier, une brûlure constante, dévorante, qui s'étend de mon bras à tout mon être. Mon esprit tourne à plein régime, cherchant une issue dans un dédale de peurs et de désespoirs. Aucun miracle ne viendra à mon secours, je le sais. Je dois trouver une solution rationnelle pour survivre, mais les pensées se bousculent, éparpillées comme des fragments de verre brisé. Une idée germe dans mon esprit, douloureusement lente à se former. Utiliser la magie que j'ai apprise. Pourtant, une voix intérieure me rappelle que vu mon état, j'ai plus de chances de sombrer dans l'inconscience au moindre sort. Si cela arrive, je serais à leur merci, et pire encore, à celle de Satan. Nyala, elle, ne va pas m'aider, je le sais. Elle observe seulement, curieuse de savoir si je vais survivre, comme une spectatrice devant un drame qui se déroule sous ses yeux. Sa froideur me glace plus que le sabre du garde.

Le garde lance une nouvelle attaque et, dans un élan désespéré, je saisis sa lame entre mes mains. L'acier mord profondément dans ma chair, tranchant les tendons et les muscles. La douleur est vive, un feu brûlant qui remonte le long de mes bras, mais elle est supportable, alimentée par l'adrénaline. Mon esprit, flou de douleur, se concentre uniquement sur l'idée de survie. Il me regarde, l'étonnement d'abord visible dans ses yeux, comme s'il ne pouvait concevoir qu'un être aussi désemparé puisse tenter une telle folie. Mais cet étonnement se transforme rapidement en rage, une haine pure et glaciale. Il essaie de dégager sa lame, mais je la retiens de toutes mes forces, sentant la lame bouger et déchirer davantage la chair de mes mains. Mon sang coule abondamment, teintant la terre d'un rouge profond, mais je ne relâche pas ma prise. C'est ma seule chance. Le monde autour de moi se réduit à ce moment, cet affrontement entre la vie et la mort.

Je me dois d'être près de lui, de le maintenir immobile pour que le sort me soit le moins fatal possible. Chaque instant que je passe à retenir cette lame me coûte une énergie précieuse, chaque goutte de sang qui s'échappe de mes mains est un rappel cruel de la fragilité de ma situation. Pourtant, je ferme les yeux, mes lèvres se mettent à chuchoter l'incantation. Les mots de la langue satanique roulent sur ma langue, chaque syllabe comme un éclat de verre dans ma gorge, douloureux et déchirant. Ils résonnent dans l'air, lourds de puissance, tandis que je rassemble toute l'énergie qu'il me reste.

Un cri strident me brise les tympans, une douleur aiguë qui résonne dans mon crâne, déchirant le monde autour de moi. La pression monte dans mon esprit, comme si mon cerveau était sur le point d'exploser. Puis le sabre tombe, frappant le sol dans un bruit sourd, étouffé par le vacarme dans ma tête. J'ouvre les yeux, et ce que je vois me glace le sang. Face à moi, le garde a été réduit en morceaux de chair et de sang. Des lambeaux de peau et des éclats d'os jonchent le sol, ses viscères répandus dans une scène macabre. C'est comme si un démon l'avait dévoré de l'intérieur, ne laissant derrière lui que des fragments de ce qu'il était. Le sang éclabousse le sol et même moi, ses éclats écarlates imprégnant l'air d'une odeur métallique, suffocante.

Je vacille, mes jambes tremblantes sous l'effet de l'épuisement et de la perte de sang. Chaque mouvement me coûte un effort surhumain. Le silence qui suit est assourdissant, seulement perturbé par le martèlement de mon cœur et ma respiration haletante. Ce silence est pire que le cri strident, car il est rempli des échos de ce que je viens de faire. Je viens de tuer pour la première fois de ma vie, et l'acte a été d'une violence inouïe, une brutalité qui me dépasse, qui m'effraie. Mon esprit, engourdi par l'horreur et la fatigue, peine à comprendre l'étendue de ce qui vient de se produire.

Je m'effondre sur le sol, le froid de la terre se mêlant à la chaleur de mon sang qui s'écoule encore. Mes mains, trempées et souillées, tremblent sans que je puisse les contrôler. Un vertige s'empare de moi, le monde autour de moi tournant et vacillant comme un rêve fiévreux. Je ferme les yeux un instant, essayant de rassembler mes pensées, mais les ténèbres m'engloutissent.


**

Ma tête me fait atrocement mal. Une douleur lancinante qui pulse à chaque battement de cœur, irradiant de mon crâne jusqu'à mes tempes. J'essaie d'ouvrir les yeux, mais il fait noir, si noir que c'en est oppressant. Pas une once de lumière ne filtre dans cet endroit. Je cligne des yeux plusieurs fois, espérant que mon regard s'habitue à l'obscurité, mais rien. Je suis plongé dans un abîme sans fond, où le noir absolu engloutit tout. Mon corps repose lourdement sur un sol froid et humide, une surface rugueuse et inégale sous ma peau. J'ai l'impression que le froid pénètre mes os, chaque parcelle de mon être se raidit, comme si je devenais moi-même une partie de ce sol glacé.

Je tente de bouger, de me redresser, mais un cliquetis métallique brise le silence oppressant. Le son résonne étrangement dans cet espace confiné, un écho qui semble se répercuter à l'infini, amplifiant ma solitude. Des chaînes. Je suis enchaîné. La réalité s'impose avec la brutalité d'une claque.

Bordel. Satan.

Je suis un déserteur. Il m'a attrapé.

Mon esprit tourmenté se débat, cherchant désespérément à comprendre ce qui m'a conduit ici, dans ce lieu où la lumière n'existe pas, où l'espoir semble s'être évaporé. Les souvenirs remontent à la surface, fragmentés, comme des éclats de verre tranchants : la fuite, la terreur...

Si mes souvenirs de jeunesse sont justes, Satan punit les déserteurs en exploitant les faiblesses de leur espèce ou race. Il connaît chaque être inscrit dans l'encyclopédie du monde. J'ai intégré cette école infernale en me faisant passer pour un Pyrothéon. Mais bien sûr, chaque ruse à son prix. Les Pyrothéons, êtres liés au feu, ont une faiblesse évidente : l'eau. Une seule goutte peut les brûler aussi sûrement que l'acide, une immersion prolongée leur serait fatale. Et bien sûr, si Satan croit que je suis réellement un Pyrothéon, il n'hésitera pas à exploiter cette faiblesse.

Mon attention se concentre sur une seule chose lorsque j'entends, au loin, un bruit sourd, d'abord imperceptible, mais qui s'intensifie à mesure qu'il se rapproche. C'est un murmure au début, comme le chuchotement de la mort elle-même, qui se transforme en un grondement sourd. Puis, je comprends. C'est de l'eau. Une menace liquide et implacable, avançant lentement mais sûrement vers moi.

L'eau s'infiltre goutte à goutte, perfide, traîtresse, serpentante comme un être vivant, glissant dans chaque fissure, chaque crevasse, se rapprochant inexorablement. Le sol sous moi devient encore plus glacial, l'humidité s'imprègne dans mes vêtements, s'insinue dans ma peau, dans mon âme même. Une sueur froide coule le long de ma nuque, se mêlant à l'humidité ambiante. C'est comme si le lieu entier conspirait contre moi, chaque goutte de cette eau devenant le reflet de ma peur la plus profonde qui est la mort.

Il veut que je me noie.

Je le sais. Un Diable ordinaire peut survivre trois minutes sans air, mais un Pyrothéon, si l'eau le touche, meurt en une seconde sous son emprise. Heureusement pour moi, je n'en suis pas un. Mais ça, Satan l'ignore, du moins, je l'espère. Mais comment être sûr ? Le doute s'infiltre en moi, aussi sournois que l'eau qui monte lentement dans cette cellule. Et si, malgré ma ruse, il savait ? Si tout cela n'était qu'un jeu, une mise en scène macabre pour m'amener à révéler ma véritable nature ?

Je serre les poings, sentant mes ongles s'enfoncer dans la chair de mes paumes. Je dois sortir d'ici, maintenant. L'instinct de survie, plus fort que toute peur, prend le dessus. Je tire sur mes chaînes avec une rage désespérée. Le métal est froid, cruel, et creuse profondément ma chair, mais je n'en ai cure. Chaque mouvement est un effort titanesque, une bataille acharnée contre ce qui semble être une force inébranlable. Les chaînes sont lourdes, ancrées dans le sol comme si elles faisaient partie de moi, un fardeau impossible à briser, une condamnation à une mort certaine.

Le bruit de l'eau devient un torrent dans mes oreilles, chaque goutte résonne comme un coup de marteau, un coup de plus porté à ma volonté. Elle monte, inexorable, froide et implacable, un ennemi que je ne peux combattre. Elle lèche d'abord mes pieds, une caresse glaciale qui m'arrache un frisson, puis s'enroule autour de mes chevilles, insidieuse. La peur s'installe dans mes entrailles, s'accroche à mes tripes, me glace plus sûrement que l'eau elle-même. Mourir ici, noyé comme un rat dans un trou sombre et humide... Je ne peux pas, je ne le veux pas. Mais mes efforts semblent vains, chaque seconde qui passe me rapproche un peu plus de la fin.

Je tire de toutes mes forces, la peau de mes poignets se déchire sous la pression, le sang coule, chaud et poisseux, contrastant avec la froideur de l'eau qui monte toujours. La douleur est insoutenable, mais je continue, animé par une rage qui dépasse la simple survie. C'est une lutte pour ma dignité, pour ne pas succomber sans avoir tout tenté. Mon souffle devient erratique, saccadé, ma gorge brûle, chaque inspiration est un supplice, chaque expiration un gémissement étouffé.

Les minutes s'étirent en une éternité, une lente agonie. L'épuisement s'installe, impitoyable, alourdissant mes membres, me clouant au sol. Mon corps tremble, mes muscles se contractent douloureusement, une protestation contre l'effort surhumain que je leur impose. L'eau monte, imperturbable, elle atteint maintenant ma taille. Sa froideur me transperce, gelant jusqu'à l'âme. Un cri de frustration jaillit de mes lèvres, un cri qui se perd dans l'obscurité, un écho qui me renvoie ma propre désespérance. Personne ne viendra. Personne pour m'entendre, pour me sauver. Je suis seul, condamné à cette fin ignoble.

D'un ultime effort, je me concentre, rassemblant les dernières forces qui me restent. Je tire une fois de plus sur mes chaînes, y mettant tout ce qu'il me reste de volonté. Un craquement résonne, un son qui, pour un instant, ravive l'espoir. Mais ce n'est pas le métal qui cède. C'est mon poignet. La douleur explose dans mon esprit, insupportable, mais je ne m'arrête pas. La terreur de l'eau qui monte, qui me recouvre, est bien plus forte que la douleur. Je serre les dents, m'acharnant avec l'énergie du désespoir, tirant jusqu'à ce que l'un des anneaux finisse par céder, ou que mon poignet se disloque complètement. Peu importe la cause, l'essentiel est que je suis libre d'une main.

Mais c'est trop tard.

L'eau, comme si elle avait été libérée d'une contrainte invisible, s'infiltre plus vite maintenant, déferlant dans la cellule, atteignant ma poitrine en quelques instants. La réalité s'impose à moi avec une clarté brutale : il sait. Il me surveille, il a accéléré le flot, il joue avec moi comme un chat avec une souris, savourant chaque instant de ma souffrance. Il veut m'achever avant que je n'aie une chance de m'en sortir. La panique monte, une vague imparable, plus puissante que l'eau elle-même. Je continue à tirer sur mes chaînes, mais mon corps est déjà épuisé, mes forces m'abandonnent.

Puis l'eau atteint ma gorge, une morsure glaciale qui s'enroule autour de moi, implacable. Le froid mordant se referme sur mon cou, comme une main invisible qui resserre son emprise. Mes poumons se contractent violemment, réclamant frénétiquement l'air qui se fait de plus en plus rare. Chaque respiration devient un supplice, un combat acharné contre cette marée montante qui ne montre aucun signe de ralentissement.

Je lève la tête, dans un geste désespéré, cherchant à garder ma bouche hors de l'eau. Je me tends vers le haut, mes muscles raides et douloureux, essayant de gagner ne serait-ce qu'une fraction de seconde de répit. Mais l'eau continue à monter inexorablement, sans relâche. Elle me talonne, m'encercle, grimpe lentement mais sûrement. Le souffle me manque, mes inspirations se transforment en halètements erratiques, chaque bouffée d'air se fait plus courte, plus difficile, comme si l'eau elle-même s'emparait de l'oxygène, me le dérobant cruellement.

L'eau atteint mes lèvres, puis mon nez. Le monde se réduit alors à cette sensation, l'angoisse pure d'une noyade imminente. Je tente de me hisser, de me libérer de ce piège humide et impitoyable, mais mes forces m'abandonnent, mon corps, épuisé, refuse d'obéir. Je suis à bout, physiquement et mentalement. Mes membres sont lourds, engourdis par le froid et l'épuisement. L'eau, sombre et glaciale, me recouvre totalement, s'enroulant autour de moi comme un linceul.

Je lutte encore, par réflexe, mais c'est inutile. Chaque mouvement est plus faible que le précédent, chaque geste plus lent. L'air me manque cruellement, mes poumons se contractent douloureusement dans un dernier effort pour trouver une once d'oxygène. Je me débats faiblement, essayant de chasser l'eau de mes voies respiratoires, mais la réalité est implacable : je suis noyé, englouti par cette prison liquide.

Mes poumons brûlent avec une intensité insupportable, une douleur vive et poignante qui irradie dans tout mon corps. Je suffoque, la panique me gagne tandis que mes poumons tentent désespérément de se remplir d'air, mais c'est de l'eau que j'avale. L'horreur s'insinue dans chaque fibre de mon être, une terreur viscérale, animale, qui dépasse toute rationalité. C'est la peur de la fin, celle qui annihile toute pensée cohérente, ne laissant que l'instinct brut, désespéré.

Les ténèbres se resserrent autour de moi, envahissant mon esprit avec la même froideur que l'eau qui a envahi mes poumons. Je sens la vie quitter mon corps, un souffle après l'autre, une lente dérive vers l'obscurité totale. Ma conscience se dérobe, glisse dans un abîme profond, inéluctable. Les derniers battements de mon cœur résonnent comme un écho lointain, de plus en plus faible, jusqu'à ce qu'ils s'éteignent, laissant place à un silence lourd, oppressant.

Puis, il n'y a plus rien. Seulement le silence. Et l'obscurité.



À suivre ...

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