Chapitre 20 : Le serpent des marais
Je me débattais comme je pouvais, retenant l'algue de m'étrangler. Mon cœur battait à la chamade, je l'entendais même battre à mes tempes. Milles pensés fusèrent dans mon esprit. Le temps semblait ralentir autour de moi. L'eau avait un gout qui me donnait envie de vomir.
Soudain deux pieds se plantèrent de part et d'autre de mon buste. De puissante main m'agrippèrent les épaules et me sortir de l'eau. Je crachai tout le liquide répugnant resté dans ma bouche et pris une grande inspiration, enfin j'essayai. Les plantes visqueuses ne me lâchaient pas. J'étais aveuglée par l'eau qui s'était infiltrée dans mes yeux. Mon sauveur sortit un couteau et trancha la plante, je sentis son emprise se déchirer et je l'arrachai de mon cou. Je chassai l'eau verdâtre de mes yeux et vis Kuro au-dessus de moi. Il me fit un petit sourire fier de lui. Il coupa d'un geste vif et précis les deux autres algues qui s'attachaient à moi désespérément. Je m'accrochai à lui et sentis quelque chose nous tirer hors de ce lac camouflant des sables mouvants.
Kuro était attaché par la liane qu'il avait ramené et Yanfei tirait depuis la terre ferme. Comme le jeune chevalier n'était pas resté longtemps dans l'eau, il ne s'était pas enfoncé trop profondément et avait pu se libérer des marais plus facilement. Yanfei suait à grosses gouttes, peinant à nous sortir de ce pétrin. Lorsque je fus totalement sortie du sol, ce fut plus facile pour le jeune elfe de nous soulever. Il avait usé de toute sa force pour nous sauver.
Arrivé à la branche basse, je m'assis dessus. Je toussai quelques fois et remercia Kuro du regard. Mon cou me faisait encore atrocement mal pour parler. À présent, j'étais toute crasseuse, recouverte de l'eau du marécage. Mais j'étais en vie. Kuro descendit sur la terre ferme en un joli bond et je le rejoignis encore tremblotante. Je me réceptionnai au sol beaucoup plus maladroitement, mais Yanfei se rua sur moi pour me serrer dans ses bras, m'empêchant ainsi de m'effondrer.
"On l'a échappé belle ! se réjouit-il. Je suis désolée j'aurai dû être plus prudent, ne pas arrêter.
- Je ne pense pas que ça aurait changé grand-chose Yanfei.
- Non, mais j'avais senti une aura noire entourant cette zone, j'aurais dû me méfier...
- Ah oui, moi aussi... Je crois l'avoir sentis, articulai-je avec une voie cassée.
- Bon, évitons ces zones dégageant cette... aura et continuons notre chemin, conclus Kuro en haussant les épaule, la mine triste d'être le seul à ne pas avoir remarqué."
Nous repartions d'un même pas. Nous essayâmes de rester sur les petits bouts de terre, mais dans un marécage, se mouiller les pattes était inévitable. Nous restions tout de même prudent, décelant les zones aux auras noires pour les éviter un maximum. L'air putride du marais nous brulait les poumons, nous commencions à toussoter comme pour essayer de recracher cet air contaminé. Pour ma part, chaque toux m'arrachait un petit gémissement de douleur.
Soudain, j'entendis un bruissement derrière nous. En me retournant, je ne vis rien. Je scrutai le buisson que j'avais cru entendre bouger, mais il n'y avait rien qui me paraissait dangereux. Un autre craquement de bois attira mon attention que notre droite. Les têtes relevées de Yanfei et Kuro me confirmèrent qu'ils avaient, eux aussi, entendu du bruit. Nous échangions des regards inquiets et repartions, le pas plus rapide. Je jetais des regards furtifs derrière nous de temps en temps tandis que Kuro regardait intensivement le paysage. Aucun de nous n'osait parler. Nous nous faisions petits et discrets tout en restant sur nos gardes. J'avais cette sensation horrible d'être observée par quelque chose, mais je n'arrivais pas déterminer quoi.
Des oiseaux s'envolèrent d'un arbre et Yanfei sursauta, trébucha sur une racine et s'étala par terre, sur Kuro. Je rigolai de la maladresse de mon ami et Kuro pesta. Yanfei se noya dans ses excuses lorsque le chevalier lui ordonna de se taire, ses oreilles rougies d'embarras mais le visage sérieux. Un autre bruit suspect était venu briser le silence des marais. Mes deux compagnons se relevèrent rapidement. Yanfei s'accrocha au bras de Kuro. Nous en étions sûr à présent, quelque chose nous épiait dans l'ombre, ou peut-être nous chassait-il ?
"On ne devrait pas trainer et sortir de ces marécages au plus vite, j'ai un mauvais pressentiment
- Oh tiens ? Pourquoi donc, serait-ce ces bruits bizarres qui te ferait dire ça Arwen ?
- Kuro, c'est pas le moment de faire de l'ironie, allons-nous-en d'ici, maintenant !
- Il ne faut pas baisser notre garde pour autant ! Qui sait combien d'autres sables mouvants se cachent sous les lacs ?
- J'hésite entre préférer mourir engloutis par le sol ou par une bestiole, ricana Kuro.
- Kuro ! Criions Yanfei et moi.
- Oh ça va, ça va"
Derrière le chevalier, je vis quelque chose bouger. Je me figeai sur place. Quelle autre créature allions-nous rencontrer ? De nouveaux bruissements venant d'ailleurs nous interpelèrent. Qu'est-ce qui se cachait dans l'ombre ? Combien y en avait-il ?
Yanfei arma son arc et resta à l'affut. Kuro dégaina lui aussi son arme. L'elfe décocha une flèche avec rapidité et habilité au premier petit mouvement.
"Je l'ai touché, je crois."
Sur ces mots, il s'aventura dans la végétation. Il ressortit, sa flèche dans la main. Il nous adressa un regard désolé.
"Elle n'a fait que ricocher sur sa carapace.
- On a donc affaire à quelque chose de solidement Protégé, détermina Kuro.
- Avant que l'un de vous n'ai la bonne idée d'affronter ce truc, allons-nous-en ! supplia Yanfei en tirant le bras du chevalier.
- Il n'a pas tort.
- Bien allons-y alors, fit Kuro en rangeant son épée."
Alors que nous nous apprêtions à partir, un arbre sur notre gauche grinça et nous tomba dessus. Nous l'évitions chacun a notre manière. Une créature longue et recouverte d'écaille se présenta alors à nous. Elle avait des yeux menaçants dorés et quatre crocs acérés pointaient de ses gencives. Une sorte de liquide opaque semblait couler le long de ces canines. Ses écailles étaient d'un bleu-gris qui se camouflait merveilleusement bien dans le paysage. L'énorme serpent, dont la taille nous avait tous surpris, tira sa longue langue fourchue rouge émettant un sifflement qui nous vrilla les tympans.
"Je vous l'avais dit ! s'époumona Yanfei. Mais vous ne m'écoutez jamais ! Voilà, maintenant on va tous mourir !
- Oui enfin, je te rappelle que c'est toi qui lui as tiré une flèche dessus, rétorqua Kuro
- J-j'avais espéré que ce soit un simple petit animal, voilà tout !
- Et finalement, on se retrouve contre un énorme serpent, qui déracine des arbres et qui ne semble pas vraiment content, youpi, ironisa le chevalier
- Allons nous en !
- Nous sommes entourés, il est tellement long, il a dû nous tourner autour pour nous emprisonner, remarquai-je en cherchant une échappatoire.
- Bon, on a plus qu'à découper ce reptile en rondelle et à sortir de cet endroit.
- Eh bah tu le bats tout seul Kuro, débrouille-toi sans moi, je vais chercher un abri ! pleura Yanfei en partant
- Non tu restes là, l'attrapa Kuro."
Le serpent siffla une nouvelle fois et se jeta sur notre petit groupe la gueule grande ouverte. Kuro lâcha Yanfei, qui prit ses jambes à son cou et esquiva la mâchoire du reptile. Quant à moi, je me décalai légèrement, dégainant mon épée à la lame noire et trancha le coin de la bouche de la créature. Un filet de sang pourpre tacha mon arme.
L'imposant serpent ferma sa gueule en grognant et souleva sa tête ainsi qu'une partie de son cou (ou corps, il n'y a pas vraiment de différence) à quelques centimètres parallèlement au-dessus du sol. Il se déplaça sur le côté en donnant un grand coup. Je me pris son corps plus épais que moi. Il me poussa violemment sur un arbre qui se déracina tellement le coup était puissant. Une vive douleur se propagea dans mon dos et je sentis mes côtes craquer sous ma peau. Mon souffle se coupa le temps d'une seconde. Je crachai un filet de sans et laissai échapper un gémissement de douleur. Le serpent géant se détacha de l'arbre releva tout son "buste". Ses yeux perçants à la recherche de mes compagnons. Lorsqu'il les repéra enfin, il s'éleva comme un pic et se laissa tomber sur Yanfei. Ce dernier sauta sur le côté pour esquiver l'attaque. L'elfe se releva tout mouillé et sortit rapidement de l'eau. Kuro le rejoignit. Le chevalier demanda à Yanfei de s'occuper de moi en me pointant du doigt et l'elfe accourut à mon aide.
L'énorme reptile secoua sa tête, légèrement sonné de sa chute. Kuro en profita pour grimper sur une branche basse d'un arbre à proximité et sauta sur le serpent. Il faillit louper son saut et se réceptionna en planta son épée entre deux écailles. Il se hissa et courut vers la tête de la créature. Cette dernière sentie le parasite sur son dos et se secoua violemment de droite à gauche. Kuro fut éjecté et fit un vol plané. Il réatterrit près de nous en amortissant sa chute par une roulade.
Pendant ce temps, Yanfei était venu à mon aide. L'elfe m'avait fait avaler une graine bleue, qui devait geler mes os et les forcer à se réparer. Je m'étais relevée, prête à en découdre de nouveau, malgré mon mal de dos. J'observai l'environnement à la recherche d'un point en hauteur. Je vis un arbre, plus haut que les autres, seulement, je ne parviendrais jamais à grimper si haut comme ça, il me fallait un escalier. Les autres arbres allaient me servir de passerelle. Je partis en courant vers les petits arbres entourant mon objectif, volant deux flèches dans le carquois de l'elfe au passage. Je grimpai sur les branches basses facilement et, de branche en branche, parvint à la cime d'un arbre à quelque mètre de ma destination. De là, je fis un saut, le plus haut et le plus loin que mon corps me le permettait. Je me réceptionnai avec une flèche et planta l'autre plus haut. Je continuai de monter ainsi, forçant sur mes bras pour me hisser toujours plus haut. J'arrivai finalement sur une première branche. Je dégainai mon épée et la leva au ciel, des symboles violets s'allumèrent sur mon bras tandis que le ciel se chargeait de nuages noirs.
Kuro et Yanfei détournèrent l'attention du serpent en me voyant partir en courant. Yanfei tirait des flèches qui ricochaient sur l'armure écailleuse de la créature. Lorsqu'une des flèches réussie à se planter entre deux écailles, le serpent géant foudroya Yanfei du regard. L'elfe tomba à la renverse, pétrifié par la peur. Kuro partit à l'assaut. Il sauta, pris appuis sur le tronc marron foncé d'un arbre pour se propulser sur le serpent. Celui-ci le balaya d'un rapide ondulation du corps. L'énorme créature siffla et fondit sur l'elfe paralysé par la peur, la mâchoire grande ouverte. Kuro rejoint Yanfei, plus rapide que l'éclair. Il se plaça entre l'elfe et le serpent son épée pointée devant lui. Lorsque le serpent fut assez proche, Kuro sauta sans réfléchir dans la gueule de l'ennemi et transperça le palais du reptile. Ce dernier hurla de douleur et Kuro en profita pour sauter à terre. Il se plaça à côté de Yanfei, une main posé sur son épaule. Dans la précipitation, il avait oublié de retirer son épée et se retrouvait désarmer. De là où ils étaient, Yanfei et Kuro pouvaient voir le boute de la lame du chevalier dépasser sur le haut du museau du serpent géant. Kuro esquissa un sourire satisfait.
L'air se chargea d'électricité. Le tranchant de mon épée s'illumina d'un violet pourpre et quelques décharges électriques émanèrent de la lame obscure. J'abaissai d'un geste vif mon épée vers le serpent qui secouait sa tête activement pour se débarrasser de l'épée de Kuro. Les nuages noirs formèrent un tourbillon et la foudre s'abattit sur le serpent. Ce dernier poussa un tel rugissement que l'arbre sur lequel je me tenais en trembla. Je faillis tomber, mais réussis à me réceptionner, mon corps se balançant dans le vide, retenu par mes bras encore accrochés à la branche. L'énorme serpent s'écrasa au sol, de la fumée s'échappant de son corps grillé par la foudre. J'entendis les cris victorieux et joyeux de mes coéquipiers qui sautèrent sur place.
Je me hissai de nouveau sur la branche lorsque le contre-coup de mon attaque me transperça. Je sentis mes muscles se raidir et un mini éclair s'abattit sur moi. Je hurlai de douleur et finis par tomber de mon perchoir. J'étais totalement paralysée, incapable de penser à un moyen de m'en sortir. J'entendis mes compagnons hurler mon nom. Mes muscles se relâchèrent et je pus à nouveau bouger. Alors que le sol se rapprochait dangereusement je fis une roulade dans l'air et plantai mon épée dans le tronc de l'arbre. Je descendis, une main sur le tronc, l'autre tenant mon arme qui ralentissait ma chute. Je calais mes pieds sur le tronc et glissa ainsi jusqu'au sol ou je m'écrasai. Mon épée avait, certes, ralentit ma chute, mais l'atterrissage était resté douloureux. Je restai sur le sol, essoufflée, suant par tous les pores de ma peau, les cheveux emmêlés et encore électriques, la fatigue s'accrochant à tous mes muscles. Je ne voulais et ne pouvait pas me lever.
Mes yeux se fermèrent et une sensation de vide m'envahit. Je sentis comme si mon âme se détachait de mon corps pour se perdre parmi l'obscurité la plus intense qu'il soit. Un son parvint à mes oreilles, un bip, régulier. Comme celui que j'avais entendu lorsque je m'étais évanouie la première fois. Je refaisais le même rêve ? Non, cette fois-ci, j'arrivais à discerner des voix, celle d'un homme, un vieil homme, une voix abîmée par le temps. L'autre voix était celle d'une femme, je pouvais dêmeler de l'inquiétude dans le ton de sa voix. Je me concentrai pour distinguer les mots, comprendre le sens de leurs phrases, mais je n'y parvins pas. Je retrouvais la sensation du sol herbeux et boueux dans mon dos, ainsi que tout mon corps douloureux.
Que pouvais bien signifier ces pertes de connaissances ? Avaient-elles un lien avec le fait je ne sois pas de cette dimension ?
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Coucou !
Il est possible que les prochain chapitre soit un peu désordonnés, faîtes attention au numéro du chapitre !
Désolée pour ce petit désagrément... Je fais mon possible pour les remettre dans l'ordre !
Merci de votre patience :3
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