Chapitre onze

 Je n'ai jamais su qui était réellement Clair-de-Lune aux yeux de ma mère; à vrai dire dès que ma sœur, Violine, ou moi tentions d'aborder le sujet, Céleste esquivait le sujet. Elle était presque devenue maîtresse dans l'art d'éviter certains sujets... Peut-être que Clair-de-Lune l'a blessée ou peut-être que non... Â mon avis, il vaudrait mieux rester dans l'ignorance de certaines choses.

 Par exemple; Qui est mon père ? Qu'est-il arrivé à ma mère et où est-elle ? Pourquoi ai-je fait un rêve des plus étranges ? Pourquoi nous battons nous contre la tribu du sud ? Que se passait-il de si important à l'Avant ? Qui est Clair-de-Lune ? Pourquoi est-il parti ? Bref... La liste est longue ! Mince ! J'ai failli oublier ! Le plus étrange; que faisait cette espèce de temple au milieu de notre territoire ? J'imagine que ce n'est qu'un mystère de plus qui s'empile inexorablement aux autres.

 Mais, je pense que les réponses à ses questions ne pourrait me mener qu'à d'autres interrogations plus farfelues les unes que les autres. Je préfère donc m'abstenir de poser des questions. Non, je ne suis pas très curieuse même si dans ma tête ces énigmes ne cessent de me tourmenter.

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 Flamme, Fournaise, Éclair, Topaze, Lune et moi partons en patrouille vers la rivière infinie à l'ouest. Nous appelons cette rivière infinie la Mer des Lourôdeurs. Ne me demandez pas ce qu'est ou qui sont ces Lourôdeurs; je n'en sais rien.

 Les bourrasques de vent courbent les cimes des arbres,  jouent avec nos poils et fouettent nos museaux. Le vent augmente toujours brutalement en approchant de la mer, la température chute et l'air se charge d'humidité. Mes pattes commencent à s'enfoncer plus considérablement dans le sable imbibé d'eau. L'étendue d'eau salée apparait s'étendant à perte de vue; les vagues se déchainent et les rugissements du tonnerre résonnent autour de notre petit groupe de poils, serrés les uns contre les autres pour vaincre la morsure glacée du froid. Nous longeons la Mer vers le nord jusqu'aux confins du territoire. Une fois revenus vers le sud, la Mer redevient d'huile et le croissant de la Lune Silencieuse -une des six lunes de Myliria- frôle la surface liquide à l'horizon. Je ne peut m'empêcher de penser à Clair-de-Lune, ce chat dont on vous raconte l'histoire avant de somnoler. Avant de partir, je dessine un soleil et une lune dans le sable avec des dizaines d'étoiles; vous direz que c'est un comportement de louveteau mais je m'en fiche.

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 Arrivés au camp sans aucun problèmes nous rentrons directement dans la grotte des Loups-d'Âge-Mûr c'est le titre des loups Guerriers et des loups Chasseurs réunis. Nous les Chasseurs, partageons notre humble abri avec les Guerriers, tandis que les Louves-Mères, les louveteaux, les Loups-Novices ou Apprenti-Machintrucbidulechouette et les aînés partagent une deuxième tanière -enfin... grotte. Gerbe de Feu a la chance d'être seul. Les Chefs, les Élus et les Chamans, eux, dorment dans une énième grotte.

 J'essaye de m'enfoncer au plus profond des méandres du sommeil sans pour autant y parvenir. Lassé de me tourner et me retourner sur ma litière, je m'extirpe de la grotte en m'étirant et en me frottant les yeux du bout de la queue. Je me couche au centre du camp; laissant le vent jouer dans ma fourrure, les odeurs variées provenant des alentours s'engouffrer dans ma truffe et la morsure du froid s'incruster entre mes poils. Je finis par sombrer dans les abysses les plus reculés de mon esprit. J'enchaine rêves et cauchemars qui partent aussi précipitamment qu'ils sont venus, effacés de ma mémoire jusqu'à la nuit des temps.

«Lion ! Lion... Lion !»

Je me précipite vers cette voix familière et je vois ma mère aux prises avec une énorme bête sauvage, faisant le double de sa taille.

 «Je t'aime Lion ! Je reviendrais... je te retrouverais  mon fils. Ne me cherche pas; ils sont venus pour moi. Ils ne me feront aucun mal si je me laisse capturer.

-Mais maman... Moi ze veux pas que tu partes ! Crié-je avec ma petite voix de louveteau. Bats-toi, maman, bats-toi !»

Elle résiste encore à la créature sans sortir les griffes, il est évident que les deux individus ne cherchent pas à se blesser.

«Non je ne peux pas il est plus fort que moi... On se reverra, je te le promets.»

La bête la pose le plus doucement possible sur son dos et démarre au quart de tour. Je hurle de toutes mes forces. Je veux suivre le monstre qui m'a enlevé ma mère mais je suis paralysé par le choc psychologique que je viens de vivre. Pour la première fois de son humble vie, ma mère ne s'est pas battu pour rester avec moi. Ce n'est pas la première fois qu'on a tenté de me l'enlever.

«Qu'est-ce qu'il se passe Lion ? me demande ma grande sœur, née quelques minutes avant moi car d'après ma mère; j'étais un bébé réticent à sortir du ventre douillet de cette dernière.

-Maman...soufflais-je les larmes aux yeux.»

J'avais été tellement absorbé par mes pensées que je ne l'avais pas sentie arriver.

Elle commence à me regarder sans comprendre. Elle finit par humer l'air et comprend. Elle se sert contre moi et se met à pleurer toute les larmes de son corps qui parait si frêle. Nous sommes si jeunes; pas plus hauts que trois pommes.

 Je me réveille en hurlant à la mort. Je pensais que ce mauvais souvenir avait fini de me hanter toute les nuits. Mais a priori ma conscience en a décidé autrement. Je me frotte les yeux et lève la tête; ma sœur -enfin ma grande sœur car elle s'est toujours comportée comme telle- me regarde tristement.

 «Encore ce cauchemar ?

-Oui... Il est revenu, je pensais que ça avait cessé.

-Moi aussi à vrai dire.»

 Sans plus parler elle vient se blottir contre moi; c'est ce qu'elle fait à chaque fois que je fais le cauchemar. Je m'endors vite, bercé par les respirations profondes qui émanent de chaque loup.

NDA:

Ouais ! Mille et un mots (sans la NDA bien sûr) !




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