Chapitre dix

 J'ouvre les yeux en sentant la brûlure du soleil percer à travers ma toison blanche. Je me juche sur mes quatre pattes et me dirige vers le groupe de canidés arborants des poils de mille et une couleurs. Plus je m'approche de l'amas de poils, plus le chahut me vrille les tympans. Je m'avance vers Lion pour avoir une explication à cette agitation subite. Sans même avoir à lui poser une quelconque question, il me répond très simplement.

-Nous parlons de l'attaque. 

-Sans moi ? m'insurgé-je

-On a bien essayé de t'éveiller ! Tu dormais comme un ours en pleine phase d'hibernation ! se défend-t-il sur un ton de reproche tout en essayant de cacher un sourire moqueur.

-N'importe quoi ! crié-je m'attirant plusieurs regards désapprobateurs m'intimant de me taire.

-Si ! clama-t-il.

-Non. répondis-je cette fois d'un ton plus contrôlé et empli de détermination.

-Cessez donc vos enfantillages et épargnez moi cette dispute inutile ! s'écrie Flamme. Sur le moment, nous avons des problèmes plus compliqués à régler ! Nous n'avons pas que ça à faire d'interrompre notre discussion sérieuse pour de telles gamineries qui n'en valent sûrement pas la peine ! Aurai-je tort ?

 Lion et moi honteux, nous taisons, et la "discussion sérieuse" reprend son cours, non sans recevoir les foudres de certains.

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 La nef est encadrée de colonnes en marbre noir à bases larges dont le chapiteau est harmonieusement sculpté et décoré de motifs hivernaux. Le plafond est couvert de calligraphie ancienne et de flocons de neige, peints à l'encre de Nécrolie. Un bassin hexagonal en marbre blanc, cette fois-ci, se dresse au bout de la nef. Dans la sorte de piscine se trouvait Un liquide blanc étrange très épais projetant des lumières bleutées; de la Stella Aqua, se trouve dans le bassin ressemblant à un énorme bénitier.

 J'extirpe une broche de ma poche de veste. L'objet valeureux est en or, en forme de tête de lion gueule ouverte, une couronne criblée d'éclats d'onyx coiffe la crinière luxuriante du fauve et ses yeux rouges sont représentées par deux petits rubis brillant encastrés dans la broche. Je trempe cette dernière dans le liquide pendant quelque temps et la restitue à sa place initiale; dans mon blouson. Je regarde à l'intérieur du bassin et le liquide devenu tumultueux forme des vagues et des minuscules geysers. Puis, la Stella Aqua restaure le calme à première vue imperturbable de sa surface et un lion s'y peint à l'encre noire. Les bords du bassin s'enflamment et la lumière que produit la Stella Aqua commence à m'éblouir. Alors sans plus tarder, je quitte le temple pour ne pas risquer de perdre la vue.

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 Nous avons décidé que Soleil et Gerbe de Feu iront rencontrer les loups haut placés dans la hiérarchie de la tribu adverse pour débattre sur le sujet de la guerre. Nous espérons parvenir à un semblant de paix ou, au mieux, à la reconstitution, des Temps Lupins, de la Paix-Sans-Trêve, elle-même. Mais, cela serait un véritable miracle.

 Le monde d'aujourd'hui s'appelle les Temps Lupins; le monde d'hier s'appelle les Temps de l'Avant ou l'Avant -son diminutif. Nous avons, malheureusement, oublié beaucoup de choses de l'Avant. Ma mère m'a raconté une histoire à propos d'un loup très intelligent qui souhaitait redécouvrir le monde de l'Avant, retracer son histoire.Je vais vous expliquer:

 Cela remontait à l'époque où je n'était qu'un louveteau effarouché à l'idée de devoir quitter le lit douillet que je partageaient avec ma mère et ma sœur. Tout les jours avant de dormir, ma mère me contait une histoire et ce soir-là ne fit pas exception à la règle.

 «Maman ! Maman, raconte moi une histoire ! S'il te plaît ! » la suppliais-je avec une moue de louveteau maltraité.

 «Évidemment Lune ! Ne t'en fais pas ! ricana-t-elle.

-Ouais ! m'écriais-je en chœur avec ma sœur. »

 Ma mère éclata de son rire cristallin qui me manque maintenant tant, et entame son récit d'antan.

 «C'était quand je venais de devenir une représentante de la tribu à part entière. Un loup solitaire nommé Clair-de-Lune a décidé d'avoir un but précis dans sa vie trouvant que servir sa tribu comme tous le font n'en était sûrement pas un, ou, du moins, pas un d'assez palpitant. Il a choisi de découvrir ce qu'il se passait au temps de l'Avant. Gaïa, Bûcher et Soleil lui ont dit que c'était complètement improbable et impossible et que cela ne l'avancerait en rien dans sa vie, que c'était pour eux inutile. Clair-de-Lune a insisté sur le fait que savoir ce qui se tramait à l'Avant pourrait nous permettre de découvrir plein de choses mais en vain.» ma mère, Céleste inspire un grand coup avant de continuer son récit. «Clair-de-Lune avait au moins réussi à imposer une de ses idées; étendre le territoire vers le Grand Nord pour éviter d'empiéter sur le territoire des voisins -la tribu de l'eau et de l'air. Mais, au plus grand malheur de notre tribu, ces territoires étaient habités de Loups Noirs. Des loups réputés pour ne pas avoir d'Âme ni de cœur. Ils ont un étrange pelage noir et rouge, de longues oreilles et queue, un poitrail doté d'une grosse épaisseur de poils et un collier hérissé de griffes en fer. Nous avons tout de même mené une guerre sans merci pour récupérer un territoire plus nordique, évidemment nous sommes encore loin du Grand Nord ! Nous avons gagné la guerre; étrangement il n'y a pas eu de morts, que des blessés. Les Loups Noirs ont disparus nous en avons perdu la trace.» elle soupire avant de reprendre; «Clair-de-Lune et les chefs ont exploré notre nouveau terrain de fond en comble sans pour autant trouver plus de traces des Temps de l'Avant. Comme les loups les plus hautement hiérarchisés de notre tribu refusait toujours de chercher des indices et des vestiges du passé de nos lointains ancêtres, Clair-de-Lune est parti et n'est jamais revenu...». Elle nous fait un grand sourire triste avant de nous souhaiter une bonne nuit, on se roule en boule les uns contre les autres et nous endormons.


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