Chapitre 21 - Un dernier tour sur la route
C'est avec émotion que je vous poste aujourd'hui - et avec un jour d'avance parce que demain c'est la reprise de LHDI - le dernier chapitre de cette fanfiction ! Ne vous inquiétez pas, il y aura quand même l'épilogue la semaine prochaine haha !
J'espère que celui-ci vous plaira ! Après les points de vue de Will et Nico dans le dernier, vous retrouverez cette fois Lou Ellen et Connor une dernière fois comme narrateurs.
Bonne lecture !
Chapitre 21 : Un dernier tour sur la route
Lou Ellen ne savait plus où poser les yeux. Depuis son arrivée ce matin au Camp Jupiter, elle s'extasiait devant le moindre détail du camp romain. C'était à la fois si semblable et si différent de la Colonie par tous les aspects. Pour commencer, les romains étaient beaucoup plus organisés. Leurs bâtiments étaient bâtis dans des proportions que la Colonie n'avait jamais atteintes, à part peut-être pour la Grande Maison uniquement, et tout semblait si... organisé. La grandeur du lieu ajoutait à cette impression de gloire et de splendeur rayonnante. Le plus impressionnant était sans doute la Nouvelle Rome que Reyna leur avait fait visiter il y a quelques minutes. Elle était restée bouche-bée devant l'université et ses marches blanches sur lesquelles des dizaines d'étudiants profitaient de leur pause. Des demi-dieux plus âgés, même des adultes... Il n'y en avait jamais à la Colonie. La raison était simple : la Colonie ne faisait que former ses jeunes pour ensuite les lancer dans le monde. Les romains avaient visiblement une approche différente : ils laissaient la possibilité aux demi-dieux de rester entre eux dans un système autonome et clos qui les protégeaient du monde extérieur tant qu'ils aidaient à faire fonctionner la large machine qu'était le Camp Jupiter. Lou Ellen ne pouvait s'empêcher de trouver ça ingénieux, même si les deux modèles avaient évidemment des défauts et des qualités. Celui romain offrait sans doute simplement plus de perspectives.
Assise sur un banc au milieu d'un jardin qui faisait face à ce qui semblait être une bibliothèque, elle aurait pu continuer à compléter le Camp Jupiter encore longtemps si quelqu'un ne s'était pas laissé tomber à côté d'elle. Elle sursauta.
- C'est juste moi ! s'empressa de la rassurer Connor, mains en l'air. Je croyais que tu m'avais entendu arriver.
- Non, j'étais perdue dans mes pensées... Désolée. (Elle joua avec son collier en triple croissant de lunes). Où est-ce que t'étais passé ?
- Reyna m'a laissé utiliser le téléphone du Camp. J'ai juste... passé un coup de fil.
- A qui ?
- Tu le verras assez vite si j'ai réussi à... être convaincant. Avec un peu de chance, on n'aura pas à traverser le pays à vol d'ombre ni à reprendre le Labyrinthe pour rentrer à New York.
A cette annonce, elle leva instinctivement les yeux vers le ciel et pria :
- Oh pitié ! Que les dieux t'entendent... J'en ai assez. Je veux retourner à la Colonie et m'écrouler dans mon lit, revoir mes frères et mes sœurs. Je suis même prête à subir les remontrances de Monsieur D s'il faut.
Connor eut un sourire en coin.
- Ouais, acquiesça-t-il. Rien de mieux que la maison. Même si j'avoue que je commençais à m'habituer à tout ça. Tu sais, être sur la route, voyager un peu partout...
- Moi aussi j'aime bien ça. C'est la partie combattre des déesses et des monstres ou courir après une date butoir stressante que j'apprécie moins ! (Elle sourit). Mais t'as raison, j'ai aimé voyager. Je n'avais jamais été autre part que New York et Chicago. Et regarde-moi ! Je suis à Sans Francisco après être allée en Italie et en Croatie !
- Après avoir créé une entrée de Labyrinthe pour aller en Italie et en Croatie, corrigea Connor, l'air fier.
Elle sentit en écho une fierté mal dissimulée gonfler dans son ventre et elle n'arriva pas à réprimer un sourire. En voyant le regard moqueur de Connor, elle nuança quand même ses exploits :
- L'entrée de Labyrinthe m'a bien fichu un coup, lui rappela-t-elle. J'ai vomi et manqué de m'évanouir. Heureusement que Will était là.
- Tout ça après avoir été poignardée. Non, moi j'appelle ça être encore plus bad-ass !
- Si tu le dis.
Elle sourit à nouveau pour adoucir ses paroles qui – elle en avait bien conscience – coupaient court à leur joute verbale habituelle. C'était juste qu'elle n'avait plus envie de jouer avec Connor, elle voulait qu'ils parlent. Et elle savait que si ce n'était pas elle qui abordait le sujet, il pouvait continuer à l'éviter longtemps tel le fils d'Hermès qu'il était : insaisissable et fuyant. Il dût percevoir son changement d'humeur car il carra les épaules et se redressa, l'air nerveux.
- Lou... Pour ce qui s'est passé pendant la bataille... Hum...
- Oui ?
- Enfin... C'était assez clair, non ?
Perplexe, elle cligna des yeux.
- Assez clair ? répéta-t-elle. Quoi ? De m'embrasser et de repartir te battre juste après sans qu'on en reparle ?
- Ok, dit comme ça... Mais à ma décharge, on n'a juste pas eu le temps d'en parler jusqu'à maintenant.
- Et justement, maintenant qu'on en parle... T'as réfléchi à ce que je t'ai dit ? Chez les Dactyles ?
Elle se força à rester immobile pour ne pas se mordre les ongles en un tic nerveux alors que Connor déglutissait. Elle repensa à ce moment qui lui paraissait avoir eu lieu il y a une éternité maintenant : elle avec sa perfusion dans le bras et lui qui la rassurait pendant qu'elle lui avouait ses sentiments devenus trop lourds à porter. Ce secret lui avait rongé l'esprit des mois et elle ne regrettait pas de l'avoir enfin fait éclater au grand jour.
- Oui, oui, j'y ai réfléchi, avoua Connor en se passant une main derrière la nuque. Plutôt pas mal réfléchi même.
- Oh...
- Fais pas cette tête, on dirait que je viens de t'annoncer que j'avais tué ta grand-mère.
- Désolée, désolée... C'est toi, tu me stress à ne rien dire ! Parle, par les dieux !
Il parut gêné.
- Je sais, excuse-moi. C'est juste que... c'est encore un peu flou dans ma tête. Toi et moi, je veux dire.
- Tu m'as embrassé, Connor.
- Je sais ! Et je ne le regrette pas, sérieusement. Mais... Bon sang, Lou, tu me connais. Je ne sais pas si je suis fait pour ça.
Essayant d'avaler la boule qui s'était soudain glissée dans sa gorge, Lou Ellen se mordit l'intérieur de la joue et tenta de maîtriser sa voix tremblante.
- Pour ça ? dit-elle, perplexe. Pour ça quoi ?
- Pour être en couple, pour être à deux... J'ai vu ce que l'amour peut faire à beaucoup de gens. Travis est complètement à la ramasse depuis que Dylan s'est barrée, mes parents n'ont pas tenu longtemps...
- Tu ne peux pas prendre que le côté négatif des relations...
- Mais même avec les autres je ne suis pas sûr... Le côté absolu de Percy et Annabeth, de Will et Nico... Je ne sais pas si je peux arriver à faire ça. A aimer comme ça.
- Parce que tu crois qu'il n'y a qu'une seule façon d'aimer ? rétorqua-t-elle, une pointe de colère dans la voix. Que c'est seulement la façade que tu vois de l'extérieur ? Connor, je sais que je suis biaisée dans cette conversation, mais je pense que tu te trompes. Aimer ce n'est pas pareil pour tout le monde et une forme n'est pas moins valable qu'une autre. Toutes les relations se construisent avec des individus différents. Ce qui fonctionne pour certaines ne fonctionnent pas pour d'autres.
- Et où ça nous place dans tout ça ?
Lou Ellen inspira une bouffée d'air, crispée, avant de se jeter à l'eau à nouveau. Si elle devait faire prendre conscience à Connor de ce qu'elle ressentait pour lui montrer que ses sentiments étaient sincères, elle n'était plus à une potentielle humiliation près.
- Ca peut nous placer où on veut, dit-elle avec conviction. Si tu as peur de ne pas réussir à être à deux comme « il faudrait », peut-être que si je te dis ce que je ressens tu vas comprendre... (Elle déglutit à son tour). Pour être honnête, je n'étais pas sûre de moi avant de tout t'avouer. Ça m'a paru juste, libérateur... C'est un signe qui ne trompe pas. Le courant est juste bien passé entre deux depuis le début, mais j'ai eu l'impression que quelque chose avait changé cet été. L'absolu dont tu parles, c'est une fausse idée. C'est juste comme ça que les gens sont quand ils ont trouvé la personne qui sait les aimer sans cesser d'être leur meilleur ami.
- Tu penses vraiment ? souffla-t-il.
- Oui, vraiment... Je veux dire, ce n'est jamais difficile d'être avec toi ou de te parler. Même maintenant. J'aime être avec toi, c'est tout. Et c'est différent de ce que je ressens pour d'autres de mes amis. Je n'ai jamais été jalouse de Will ni de Cecil.
Connor eut l'audace de sourire, goguenard.
- Mais tu l'étais pour moi ? dit-il d'une voix chantante.
- Disons que si tu me reparles de Leah ou de Drew, je ne serais pas ravie là toute de suite.
Il éclata de rire. L'air plus détendu, il joua avec ses mains sur ses genoux et elle le laissa rassembler ses idées, nerveuse.
- Peut-être que l'idée que tu sois avec quelqu'un d'autre m'a agacé aussi un peu... reconnut-il alors sans rencontrer son regard. Et que je trouve aussi que c'est facile d'être avec toi. Il y a quelque chose entre nous sans doute...
- Hum...
- J'ai peut-être eu envie de te réembrasser plusieurs fois aussi.
Sans prévenir, Lou Ellen sentit son estomac et son cœur faire un salto en même temps, se cognant au passage. La sensation était si déstabilisante qu'elle se mit à rougir en laissant échapper un pauvre « oh » révélateur et Connor se mit à rire.
- Lou, je ne vais pas le dire souvent, mais... je crois que t'as raison et que j'avais tort.
- Sur... ?
- Sur nous. Sur moi incapable d'être en couple. Je ne promets pas d'être parfait, ni d'arriver à réussir tout ce qu'il faut, mais je veux bien tenter... avec toi.
Cette fois, elle fut certaine de sourire si fort que ses joues rougies s'étirèrent sous l'effet de la joie.
- Tenter, ça me va, accepta-t-elle. C'est même très bien... je n'ai jamais vraiment été avec quelqu'un avant alors...
- Alors on y va à notre rythme ? compléta-t-il.
- Voilà...
- Mais est-ce que je peux au moins t'embrasser à nouveau sans monstre autour de nous ?
A nouveau, son cœur s'emballa. Avec l'adrénaline de la bataille, Lou Ellen n'avait pas vraiment eu le temps d'y réfléchir la première fois, mais elle avait horriblement conscience de chaque centimètre de son corps à cet instant. Il n'y avait qu'un faible espace qui les séparaient et elle sentait l'impatience et la nervosité courir sous sa peau. Pour toute réponse, elle hocha alors la tête.
- Oui, tu peux... murmura-t-elle. Mais je ne sais pas vraiment... Enfin, je n'ai jamais embrassé réellement et...
Ses doutes moururent contre les lèvres de Connor qui s'était penché pour la taire. Pendant une seconde, la sensation peu familière prit le dessus, et elle se retrouva prise au dépourvu en sentant leur bouche se mouvoir l'une contre l'autre. Puis, la réalisation qu'elle embrassait Connor comme elle l'avait imaginé fit disparaître la gêne et elle se mit sourire, heureuse, presque ivre de la sensation. Le baiser ne dura pas longtemps, mais elle tenta de retenir chaque seconde, incapable de mettre son cerveau en pause. Elle supposait que réussir à se détendre viendrait avec le temps.
Connor la regarda, un léger sourire aux lèvres.
- Pas mal, non ? jugea-t-il.
- Plutôt oui...
En vérité, elle avait l'impression qu'elle n'arrivait plus à articuler un mot, trop prise par ses émotions qui lui tiraillaient la poitrine et elle se retrouva à rire nerveusement avant de se cacher le visage entre les mains. Connor éclata de rire.
- Allez viens, dit-il en passant son bras autour de ses épaules pour l'entraîner avec lui. On pourra toujours parler plus tard. (Il agita les sourcils). Ou ne pas parler même.
- Ça me va, assura-t-elle dans un élan de courage.
Il haussa un sourcil, s'attendant sûrement à ce qu'elle le traite d'idiot, mais elle les surprit tous les deux en se hissant sur la pointe des pieds pour faire bonne mesure et déposer un léger baiser sur ses lèvres. Elle aurait eu envie de le refaire dix fois d'affilée, juste pour l'effet grisant que ça avait sur elle. Connor la serra un peu plus contre lui. Ensemble, ils retraversèrent le Camp Jupiter en sens inverse et Lou Ellen ne fit plus du tout attention aux alentours. Elle n'avait conscience que de leur proximité et de la bulle d'excitation qui pesait dans sa poitrine, l'empêchant d'arrêter de sourire.
Au-dessus de leur tête, le soleil arrivait à son zénith et elle se rendit compte seulement à cet instant à quel point les heures avaient défilé depuis leur arrivée. Il devait être proche de treize heures maintenant. Son ventre gronda comme pour lui donner raison.
- Eh, on va manger ? suggéra-t-elle. Les autres doivent être partis au réfectoire, non ?
- Sûrement... Hum, laisse-moi me souvenir de la route...
- Fils du dieu des voyages et des chemins non ? Tu devrais y arriver ?
Face à son ton moqueur, il lui pinça l'épaule avec espièglerie et elle ravala un cri indigné.
- Les carrefours c'est pas censé être ton truc ? lui rappela-t-il. C'est toi qui devrait nous guider !
- Par-là alors !
Elle indiqua une direction vague et, faute de mieux, ils se mirent à marcher sans conviction. Heureusement pour eux, les romains aussi devaient commencer à avoir faim car ils croisèrent plusieurs demi-dieux qui se dirigeaient tous dans la même direction et ils décidèrent de les suivre sans se concerter. Cinq minutes plus tard, ils arrivèrent au Réfectoire situé dans un grand bâtiment où tout le monde était rassemblé dans un bruit bourdonnant. Lou Ellen plissa les yeux.
- Tu vois les autres ? demanda-t-elle.
- Attends, je cherche un gamin gothique avec un autre habillé d'un t-shirt orange vif... ça devrait se repérer facilement.
- C'est une façon de faire... (elle promena son regard à travers la pièce). Là ! Je vois Reyna !
Connor suivit des yeux son doigt tendu.
- Ah oui, Nico est à côté d'elle. Je reconnais son aura de noirceur.
- Connor, réprimanda-t-elle en lui donnant un coup de coude.
- Eh, je trouve ça cool moi !
Il lui attrapa la main pour ne pas la perdre et elle s'engagea dans son sillage, slalomant entre les romains en train de déjeuner. Elle prit soin de fixer ses pieds pour ne pas trébucher et ne releva les yeux qu'en approchant de la table de leurs amis. Là, elle manqua de s'arrêter net. Ils étaient tous rassemblés, mais une personne s'était ajoutée au groupe. Une personne qu'elle ne s'était pas attendu à voir aujourd'hui.
- Travis ! s'exclama-t-elle, incrédule.
Son air d'enfant terrible vissé aux lèvres, Travis Alatir en personne lui sourit et écarta les bras en guise de bonjour.
- Alors ? lança-t-il d'une voix enjouée. A ce qui parait on a besoin d'un chauffeur ?
- Di immortales, t'es vraiment venu ! dit Connor, mi-surpris mi extatique.
Lou Ellen cligna des yeux, encore sous le choc. En une seconde, Connor lui lâcha la main pour se jeter sur son frère et Travis n'eut le temps que de se relever à moitié avant d'être englouti dans une étreinte. Il n'hésita pourtant pas à refermer ses bras autour de lui et à lui donner des tapes dans le dos, l'air ému aussi. Lou Ellen se mit à sourire, attendrie. Elle n'était d'ailleurs pas la seule. Lacy rayonnait littéralement devant le spectacle et Will semblait prêt à soupirer d'émotion. A côté de lui, Nico contrebalançait le sentimentalisme ambiant en piochant distraitement des raisins qu'il gobait, l'air peu impressionné.
Quand Travis et Connor s'écartèrent finalement l'un de l'autre, ils échangèrent un long regard équivoque, ce genre de regard que Lou Ellen n'avait jamais bien compris mais qu'elle avait toujours trouvé fascinant entre les deux frères. Face à face, elle pouvait observer leur ressemblance : leurs cheveux châtains en boucles folles que Travis portait plus courts, leur nez droit, leurs traits de visage et sourcils en accent circonflexe. Pourtant, avec l'âge, elle percevait aussi les différences. Connor était plus large d'épaule, plus trapu, et Travis plus élancé ; la forme de leurs yeux n'étaient pas exactement la même non plus ; et Connor avait un grain de beauté au-dessus de la joue que son frère n'avait pas. En vérité, ils étaient comme des miroirs déformés l'un de l'autre, si semblables et différents à la fois... Complémentaires en somme.
- Evidemment que je suis venu ! s'exclama Travis en souriant. Tu m'as appelé sans me donner de détails. J'ai seulement capté que vous étiez au Camp Jupiter, que vous aviez besoin d'un chauffeur, que la situation était tendue, et un truc sur Hécate... ?
- C'est assez bien résumé en vérité.
- Mais le truc d'Hécate, c'est en rapport avec votre quête ou... autre chose ?
Personne ne pouvait s'y tromper, le ton suggestif de Travis et son haussement de sourcil équivoque étaient dirigés vers elle. Lou Ellen piqua un fard. Evidemment, il les avait vu arriver main dans la main. Will émit un ricanement étouffé qu'il essaya de camoufler en prenant une gorgée d'eau et elle le fusilla du regard.
- Oh... marmonna Connor en rougissant lui aussi. Hum, drôle d'histoire. On va te raconter pour les torches et...
- Désolée pour le retard ! lança soudain Hazel en arrivant, son casque de cavalière sous le bras. J'ai enfin pu aller le récupérer à l'armurerie.
Lou Ellen la remercia intérieurement pour ce sauvetage improvisé. En la voyant arriver, Will perdit d'ailleurs son sourire et ses yeux firent la navette entre Nico et elle, incertain, et elle se rappela soudain qu'il avait prévu de parler à sa sœur au sujet de leur relation. Elle se demanda s'il l'avait déjà fait, mais le regard rassurant que Nico envoya à Will était déjà un bon indice.
- T'arrives pile à l'heure pour manger, assura Reyna. Venez, asseyez-vous tous. Hazel, voici Travis, le frère de Connor.
- Oh oui, on s'est déjà vus cet été. C'était toi qui avait essayé de remplacer ma spatha par un poulet en caoutchouc, non ?
- Moi ? fit semblant de s'indigner Travis.
- T'inquiète pas, Hazel, intervint Connor alors qu'ils prenaient place côte à côte tous les deux, il est repenti maintenant. Il va à la fac et est devenu responsable.
- Contrairement à toi, marmonna-t-elle.
- Je t'ai sonné, Blackstone ?
Pour toute réponse, elle lui redonna un coup de coude avant de se servir à manger. En face d'eux, elle sentait le regard de Travis peser sur eux et elle se força à ne pas relever la tête, mal à l'aise. Etrangement, elle avait presque l'impression de passer un test. Un test important. Elle le savait, Travis était sûrement la personne la plus importante dans la vie de Connor et son jugement avait du poids. Elle tenta de réfréner son stress. Ce n'était pas comme si elle rencontrait Travis. Elle le connaissait depuis des années, même si elle avait toujours été moins proche de lui, et ce qui importait c'était Connor.
Elle était en train de mâchonner consciencieusement un bout de poulet lorsque Travis dut arriver au bout de sa – maigre – patience.
- Mais du coup, vous êtes ensemble ? dit-il en les désignant du bout de sa fourchette.
Elle manqua d'avaler de travers. Ni elle ni Connor n'eurent de toute façon le temps de répondre, car Hazel réagit immédiatement et de la manière la plus inattendue qui soit :
- C'est le moment où on peut interroger le copain ou la copine, c'est ça ? demanda-t-elle avant de se tourner pour regarder Will droit dans les yeux. C'est quoi exactement tes intentions envers mon frère ?
- Hazel ! s'étrangla Nico.
Will, lui, avait l'air d'un lapin pris dans les fards d'une voiture. Ce fut plus fort qu'elle, Lou Ellen éclata de rire.
**
*
Le tête posée contre la vitre, Travis regarda le paysage défiler. Il devait le reconnaître : Connor avait une conduite apaisante. Il n'avait presque pas vu la première heure de route passée depuis qu'ils avaient quitté le Camp Jupiter. Leur départ avait été moins difficile qu'il ne l'aurait cru. Ils avaient promis à Reyna, Frank et Hazel de revenir les voir au plus vite – tout en précisant qu'ils étaient le bienvenu à la Colonie quand ils voulaient – et Nico avait été le dernier à se détacher des bras de sa sœur avant de monter en voiture. Ou plutôt en camionnette. Visiblement, Travis avait été un chauffeur dévoué : il avait pris le train depuis Sacramento où il était pour assister à une conférence jusqu'à Harmony pour récupérer la camionnette laissée sur le bord de la route avant leur entrée de Labyrinthe et avait traversé le pays en roulant près d'une journée jusqu'à San Francisco. Inutile de dire qu'il n'avait pas vraiment pu parler à son frère hier soir : il s'était écroulé de fatigue et avait dormi douze heures d'affilée, prêt à reprendre la route au réveil. Connor avait bien tenté de proposer de prendre un peu le volant, mais Will lui avait jeté un regard si sévère qu'il avait battu en retraite.
A présent, ils devaient être encore à plusieurs heures de New York et tout le monde dormait à moitié. Serrés à quatre à l'arrière – heureusement qu'ils avaient des petits gabarits dans ce groupe – Lacy, Lou Ellen, Nico et Will ne faisaient pas un bruit. Quand Connor se retourna, il constata que la situation n'avait pas songé depuis la dernière fois qu'il avait regardé. Lacy dormait, bouche entre-ouverte ; Lou Ellen griffonnait dans son espèce de grimoire, écouteurs vissés sur les oreilles ; et Will et Nico étaient épaule contre épaule à jouer avec une vieille game-boy que Will avait retrouvé au fond de son sac à dos.
A côté de lui, Travis lui coula un regard en biais avant de se reconcentrer sur la route.
- C'est le groupe le plus étrange que j'ai jamais vu, commenta-t-il d'un ton léger.
- Je suis sûr qu'on a fait pire. Rien que le nôtre pour descendre aux Enfers et retrouver Alice devait être tout aussi étrange.
- Pitié, grommela Travis, ne mentionne plus ça. (Il jeta un coup d'œil nerveux dans le rétroviseur vers la banquette arrière avant de reprendre en chuchotant). Will m'a déjà passé un savon pour avoir embarqué Nico là-dedans sans le prévenir. Comment je pouvais deviner, moi, qu'il s'inquiéterait ?
Connor retint un rictus.
- T'aurais pu avec un peu de jugeotte. Je veux dire, prends-toi en exemple. T'es inquiet là non ?
- Quoi ?
- De pas savoir où est Dylan, précisa-t-il d'un air entendu.
Immédiatement, il vit les épaules de son frère se tendre et changer la position de ses mains sur le volant. Il laissa son rictus percer la commissure de ses lèvres.
- Connor... dit-il sur un ton de mise en garde.
- Je dis juste la vérité. Toujours pas de nouvelles ?
Travis soupira.
- Non, aucune... Des brides de rêves parfois, mais c'est tellement confus. Je crois qu'elle est toujours avec la Cour et Clopin...
- C'est tordu.
- Je sais, mais c'est son choix. Tu voulais que je fasse quoi ?
- Rien, rien... Ce n'était pas un reproche. (Il joua avec le bouton de la station radio, histoire de s'occuper les mains). Bref, je voulais juste faire un parallèle avec Will.
- T'aurais pu juste faire un parallèle avec Lou Ellen, glissa Travis, retrouvant soudain un sourire amusé.
Connor grogna. Il aurait dû le voir venir. Il s'était jeté dans le piège tout seul. Anxieux, il jeta à son tour un coup d'œil dans le rétroviseur mais personne ne paraissait écouter leur conversation.
- Tais-toi, grommela-t-il malgré tout.
- Me taire ? Oh non ! J'attends ce jour depuis des années ! Je vais enfin pouvoir me moquer de toi.
- Comment ça « enfin » ? T'as déjà eu pleins d'occasions !
- Non, Leah et Drew ne comptaient pas. Enfin, Leah un peu plus quand même, mais ça n'a jamais vraiment marché entre vous.
- Et qui te dit que ça marchera cette fois ? Ca ne fait même pas une journée.
- Parce que c'est le premier truc que tu m'as dit quand t'as appelé, répondit Travis sans hésiter. « Je suis en quête avec Lou, s'il te plait viens me chercher ». T'as même pas réfléchi.
Avec horreur, Connor se sentit rougir. Il ne se rappelait absolument pas de cette phrase, mais il avait voulu faire le plus vite possible pour ne pas abuser de la générosité du Camp Jupiter qui le laissait utiliser son téléphone. Il n'osa même pas se retourner à nouveau pour être sûr qu'aucun de ses amis à l'arrière n'écoutait, même s'il aurait juré entendre Nico étouffer un rire.
- Si tu le dis, marmonna-t-il pour essayer de garder la face.
- Oh je l'affirme même !
- Travis...
- Désolé, désolé, rit-il avec bonne humeur. Bon sinon raconte. Qu'est-ce qui s'est passé ?
- Drôle d'histoire, vraiment. Hécate a envoyé un rêve à Lou pour lui demander de récupérer ses torches volées. On est partis en camionnette un peu au hasard sans savoir où on allait.
Travis haussa un sourcil.
- En camionnette ? répéta-t-il. Qui a conduit ?
- Oh, moi.
- Mais... t'as pas ton permis !
Connor roula des yeux.
- Oh allez, tu ne vas pas me faire la morale, pas toi. Tu m'as appris à conduire ! On s'est entraînés sur des parkings vides et à la ferme chez papy.
Il n'arrivait pas à croire que son frère lui reproche d'avoir enfreint la loi. Il y a quelques années, ils en auraient ri tous les deux. C'était ce genre de moments qui lui rappelaient que Travis avait grandi – tout comme lui-même – et qu'il était désormais à la fac en train d'apprendre à ne plus brûler la vie par les deux bouts.
- Oui, on s'est entraînés pour que tu puisses passer ton permis sans stresser, poursuivit Travis même si son ton n'était plus si moralisateur, mais plutôt inquiet. Pas pour que tu conduises illégalement. Si maman l'apprend...
-... je me prends un coup de casserole, je sais, soupira-t-il avant de se souvenir brusquement de la rencontre marquante de cette quête. Oh par les dieux, Travis ! J'ai vu papa !
Surpris, son frère manqua de piler net. Heureusement, il avait une conduite moins heurté que la sienne et il réussit à continuer à rouler sans qu'aucun de leurs amis ne paraissent rien remarquer à l'arrière. Seul Nico jura, déstabilisé pour jouer à la gameboy.
- Sérieusement ? s'exclama Travis. Quand ? Où ?
- En Colchide. Enfin, l'équivalent de la Colchide de nos jours. Je venais de terminer de me battre quand il a débarqué. Juste comme ça !
- Bien son genre... Et alors ? Comment ça s'est passé ?
Dans la question de son frère, Connor entendit une certaine prudence peu familière chez lui mais il le comprenait. Une rencontre avec un dieu olympien était toujours aléatoire, surtout quand le dieu en question s'avérait être votre paternel absent à qui vous aviez envie de parler depuis des années.
- Plutôt bien, je crois, répondit-il après une courte hésitation. Il ne m'en voulait pas trop pour le vol du caducée, je m'estime déjà heureux pour ça.
Travis grimaça.
- J'arrive toujours pas à croire qu'on ait fait ça...
- Moi non plus. Mais je le regrette pas.
- Vraiment ?
- Ouais, affirma-t-il, réalisant soudain qu'il le pensait depuis un moment. Ça lui apprendra à nous manipuler, même si c'était pour la bonne cause. Il le retrouvera son caducée. L'important, c'est que Camille ait retrouvé sa sœur. Si le vol du caducée était le prix à payer pour réunir une famille, ça me va. J'aurais volé bien pire pour te retrouver toi.
Le dernier aveu, imprévu, lui avait échappé. Il réalisa qu'il le pensait vraiment. Si quelqu'un lui avait enlevé Travis, fut-ce la reine des Enfers en personne, il n'aurait laissé aucune barrière l'arrêter. Il aurait été défoncer les portes de l'Olympe s'il le fallait. Parfois, quand il repensait aux images du Tartare que Deimos lui avait montrer, il se disait que seul la foi et la volonté pouvaient donner la force à une personne de sortir d'un lieu pareil. Percy et Annabeth avaient eu l'un l'autre pour avancer, Nico avait eu pour objectif d'arrêter une guerre destructrice. Et alors il se demandait comment il s'en serait sorti lui-même. La réponse lui semblait tellement évidente qu'il n'avait pas à y réfléchir : il aurait voulu revoir son frère. Parce que même si leur chemin commençait à diverger, il savait qu'il lui suffirait toujours de revenir au carrefour pour le retrouver.
A côté de lui, il ne manqua pas le sourire qui se glissa sur le visage de Travis et il grogna.
- Ne te monte pas la tête, maugréa-t-il, je t'aurais aussi échangé à six ans contre des cartes Pokémon.
Cette fois, Travis éclata de rire.
- Ca me touche, vraiment, dit-il en secouant la tête. Bon, sinon, à part le caducée ?
- Oh... Hum, pas mal de choses. On a parlé de... mon avenir en quelque sorte.
- De ton avenir ? Quoi, il a joué les conseillers d'orientation ?
- Quelque chose comme ça, oui. Il va bien falloir que je décide de ce que je veux faire l'année prochaine si j'ai mon diplôme.
- Quand tu auras ton diplôme, corrigea Travis d'un air entendu.
Connor eut un rictus.
- Oui, si tu veux. Je vais vraiment essayer de l'avoir, mais je me suis rendu compte que ce n'était pas grave non plus si je le loupais. Je pourrais toujours retenter de le passer.
- C'est ça que papa t'a dit ? Parce que maman va pas apprécier, laisse-moi te le dire.
- Non, il n'a pas dit ça. Enfin, pas comme ça. C'est juste que... je pense qu'il m'a fait comprendre que je n'avais pas besoin d'emprunter une voie classique si j'en avais pas envie. Je n'ai pas besoin d'aller à la fac tout de suite si je veux faire autre chose. Voyager par exemple.
Le visage neutre, Travis hocha la tête.
- Il a raison, tu n'es pas obligé d'aller à la fac. En fait, tu n'es obligé de rien, pas même d'être comme moi. C'est ça qu'il t'a dit non ? Parce qu'il a raison et peut-être que tu avais besoin de l'entendre.
A nouveau, Connor se sentit rougir. Il se demanda depuis quand il était devenu aussi prévisible et si tout le monde avait compris la crainte qui le rongeait depuis des mois. Plus que tout, cette crainte l'avait pris au dépourvu. Toute sa vie, il avait voulu être comme Travis. Il avait voulu lui ressembler et faire comme lui. Il avait été ce petit frère agaçant toujours dans les jambes de son aîné jusqu'à ce que Travis et lui deviennent indissociables. Les jumeaux Alatir. Et pendant un temps, il avait embrassé cette identité. Il l'avait aimé parce que ça voulait dire ne jamais affronter le monde seul. C'était l'assurance de pouvoir se cacher dans ce duo, d'en tirer de la force, de faire les meilleures blagues. Mais la fin de l'enfance signifiait aussi la fin de cette manie de tout faire en regard de son frère. Ils n'en resteraient pas moins proches pour autant et Connor commençait tout juste à s'en persuader. Ils étaient juste les deux face d'une même pièce : l'orateur et le voyageur, le justicier et l'aventurier, le rusé et le fonceur. Sur une inspiration soudaine, il tourna la tête vers Travis qui soutint son regard immédiatement en souriant.
- Je sais, dit-il, j'ai fini par le comprendre je crois... Et c'est pour ça que je pense prendre une année sabbatique après mon diplôme. Pour faire un tour d'Amérique du Sud pendant quelques mois.
- En Amérique du Sud ? répéta Travis, l'air surpris.
- Ouais ! J'ai toujours voulu y aller, ça reste sur le continent mais c'est assez loin pour me donner vraiment l'impression de partir et de découvrir des choses. Et puis ça améliorera mon espagnol.
- Tu sais qu'on parle plusieurs langues en Amérique du Sud ? Pas juste l'espagnol ?
- Tu m'as compris.
- Hum...
Surpris par le manque de répartie soudaine de son frère, Connor se détourna du paysage pour le regarder. Il avait les yeux fixés sur la route qui défilait, mais il put distinguer l'expression sur son visage : c'était la même qu'il faisait petit quand il refusait de payer au Monopoly.
- Quoi « hum » ? lança-t-il. Qu'est-ce qu'il y a ?
- Rien, assura Travis un peu trop vite.
- Oh allez, pas à moi. Qu'est-ce que t'as ? T'aimes pas l'idée de l'année sabbatique, c'est ça ? Franchement, je croyais que toi au moins tu comprendrais que je...
Travis secoua la tête.
- Non, c'est pas ça, c'est pas ça ! s'empressa-t-il de nier. Tu fais ce que tu veux et je comprends que tu n'aies pas envie d'aller à la fac. Crois-moi, je comprends. Ce n'est juste pas fait pour le monde et chacun peut trouver sa voie où il veut, mais... (il soupira, l'air ennuyé). L'Amérique du Sud, Connor, sérieux ? Tu crois pas que c'est un peu... loin ?
- Loin ? C'est le principe justement !
- Non mais je veux dire... Tu veux vraiment partir à des milliers de kilomètres, hors du pays ? Et s'il t'arrivait un truc ?
- Après avoir affronté deux guerres, des monstres en tout genre, et même trois magiciennes en colère, crois-moi je pense pouvoir gérer un voyage.
- Mais si t'avais un problème...
- Oh arrête.
-... je ne serai même pas là pour venir t'aider.
Sa prochaine protestation mourut sur ses lèvres. Il n'avait pas anticipé ça. Soudain, il prit conscience de ce qui dérangeait Travis. Partir en quête de l'autre côté du pays ou en Europe avec un groupe de demi-dieux entraînés n'était pas la même chose que partir seul à l'aventure pendant plusieurs mois. Et surtout, ça voulait dire qu'ils ne pourraient compter l'un sur l'autre si besoin. Il était là le problème. De toute sa vie, Connor n'avait jamais affronté une situation difficile sans l'assurance que, s'il en avait besoin, Travis serait là immédiatement.
- Oh... murmura-t-il.
- Ouais « oh »...
- Travis...
- Ecoute, je ne dis pas ça pour te dissuader, d'accord ? Il va bien falloir que ça arrive un jour. Juste... promets-moi d'être prudent si tu décides de partir. Et de m'envoyer des messages Iris.
- Evidemment ! T'en auras même marre de moi à la fin !
- Qui te dit que j'en ai déjà pas marre ? railla son frère.
- Eh !
Si Travis ne conduisait pas, il lui aurait donné un coup de poing dans l'épaule. Au lieu de ça, il fit mine de bouder en regardant par la fenêtre.
- Oh allez, fais pas la tête ! Dis-moi un truc sur tes plans de voyage. Je sais qu'il reste plusieurs mois avant ton diplôme mais qu'est-ce que tu feras pour Lou Ellen ?
Intérieurement, Connor remercia son frère d'avoir baissé la voix sur la fin de sa question. De toute façon, personne dans la voiture ne leur prêtait attention. Il joua avec son mousqueton, nerveux.
- Je ne sais pas trop... J'y ai pensé un peu, mais c'est assez récent.
- Elle n'aura pas son diplôme tout de suite.
Connor le savait bien. Avec leur un an et demi de différence, les prochaines années allaient se vivre en décalé pour eux.
- Je pense que je partirais quand même, déclara-t-il finalement. Ça sera seulement quelques mois et on pourra s'envoyer des messages. Elle sera occupée avec la Colonie et les cours... Je ne dis pas que ça sera simple, mais ça passera vite. Elle comprendra.
Il prononça les derniers mots avec conviction, persuadé de leur vérité. C'était aussi pour ça que ses sentiments pour Lou Ellen s'étaient développés : elle le comprenait. Elle accepterait ce grand voyage initiatique, même si ça signifiait être séparés un temps. Et il était prêt à en faire autant pour elle si à son retour ça signifiait faire des marathon Harry Potter et se laisser traîner à un concert des One Direction. Ça s'appelait faire des concessions. Il n'en aurait sûrement pas eu la maturité à une époque, mais il fallait croire que Travis n'était pas le seul à changer.
- C'est bien, dit celui-ci. Franchement, c'est même génial cette idée de voyage !
Devant l'approbation de son frère, il sourit, soulagé.
- Ouais, ça fera des vacances à tout le monde, s'amusa-t-il. Moi le premier évidemment, mais aussi maman, Chiron, la Colonie ! Il est temps que quelqu'un prenne le relais de chahuteur en chef.
- Oh je suis pas inquiet sur ça. Julia et Alice vont très bien se débrouiller.
- Sans doute. Et puis, si je ne suis pas là, elles ne pourront pas mettre de poules dans mon lit par surprise. (Il se redressa brusquement). Oh par les dieux, Travis ! On a dû affronter une poule !
- Pendant la quête ? s'étonna-t-il.
- Mais oui !
Hilare, Travis éclata encore une fois de rire et Will se pencha soudain entre les deux sièges, l'air malicieux.
- Et Connor a crié comme un gamin de trois ans, dénonça-t-il sans vergogne.
- C'est faux !
- C'est vrai, chantonna Lacy à l'arrière.
Indigné, il se retourna pour la fusiller du regard alors que son frère riait toujours. Il se rendit compte que tout le monde écoutait, dérangé par l'agitation soudaine. Lou Ellen se mordait visiblement la lèvre pour éviter de se moquer.
- Eh ! On a demandé aucun avis de votre part !
- On ne fait que raconter à Travis, clama Nico d'un faux air innocent.
- Ouais bah évitez de raconter. Il doit se concentrer sur la route.
- Je peux faire plusieurs choses en même temps !
- Toi, conduis !
- Non mais sérieusement, c'était une vraie poule et il a fait un bond de trois mètres, continua Will avec de grands gestes.
- Bon, Solace, retourne dans les bras de Di Angelo et tais-toi maintenant.
Et ce fut dans un éclat de rire général qu'ils continuèrent leur route, dépassant le premier panneau qui indiquait enfin New York.
*******************
Et voilà ! Alors verdict ?
Petite précision au cas où je le redis mais toutes les références à une quête précédente aux Enfers pour aller chercher Alice + l'histoire en Travis et Dylan vient de La Cour des Miracles de Perri ^^
A la semaine prochaine pour la fin de cette fanfic !
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