Capuche sur la tête, une femme courait à en perdre haleine. Ses pieds martelaient le sol et les flaques d'eau dans lesquelles elle passait. Son visage n'exprimait qu'une intense terreur, alors qu'elle ne cessait de jeter des coups d'œil derrière elle. Ses poursuivants parlaient allemand et elle ne comprenait pas le moindre mot de ce qu'ils disaient.

Au détour d'une ruelle, des pleurs de bébé s'élevèrent du manteau de la femme. Celle-ci s'arrêta derrière une benne à ordure et ouvrit son long trench-coat. Deux nourrissons étaient collés à sa poitrine. Elle les berça doucement contre elles en leur murmurant de se calmer et de se taire. Une fois fait, elle reprit sa route.

Ce ne fut qu'une fois devant un immense bâtiment légèrement délabré par endroit, qu'elle cessa sa course. Elle avait réussi à semer ses poursuivants. Elle entra dans le bâtiment.

La femme s'avança vers un canapé, situé dans l'accueil. Elle délia ses bras pour déposer ses deux enfants sur le fauteuil. Elle embrassa à tour de rôle leur front encore fripé. En se reculant, elle constata qu'une de leur main était liée, ce qui lui arracha un tendre sourire. Elle approcha également la sienne pour les toucher une dernière fois. Immédiatement, ils s'accrochèrent à son doigt.

Quand elle se recula pour s'en aller, les deux nourrissons se mirent à pleurer. Son cœur se brisait à chaque pas, mais elle n'avait pas le choix. Elle quitta le bâtiment.

Le lendemain, à quelques rues de là, son cadavre fut retrouvé baignant dans une mare de sang. Si elle n'avait pas eu la chance de pouvoir se sauver, elle avait au moins permis à ses enfants de rester en vie.