Partie 1 - Chapitre 4


Arvel, les sourcils froncés, souffla longuement en tentant de refermer sa valise. Son téléphone portable était coincé entre son épaule et son oreille.


- Quand tu me disais que je changeais de lycée, je ne pensais pas que nous déménagions également dans un autre PAYS ! s'énerva Arvel.

- Calme-toi... soupira Wilfrid à l'autre bout du fil.

- Que je me calme ? Que je me calme ?!


Arvel se massa l'arête du nez, les yeux fermés. Il posa son téléphone sur son lit le temps de fermer sa valise pour de bon. Elle était tellement remplie que c'en était presque impossible. Elle n'allait jamais passer à l'aéroport...

Il reprit son portable.


- D'accord, excuse-moi. C'est juste que vous auriez pu me prévenir avant. Qu'est-ce que je dis à mes amis, maintenant ?

- Vous pourrez rester en contact.


Arvel leva les yeux au ciel, tout en se retenant de faire la moindre autre remarque. Il quittait l'Angleterre pour la France et cela était loin de lui faire plaisir. Il échangea encore quelques phrases avec son père, avant de raccrocher. Il s'empressa d'envoyer un message à Thomas pour lui demander de venir le chercher.

Arvel se rendit dans sa salle de bains pour commencer à ranger les affaires qui ne lui serviraient plus. Quelques coups furent frappés contre la porte. Arvel n'eut pas besoin de se demander de qu'il pouvait bien s'agir, seules trois personnes connaissaient le code de son immeuble. Ses parents et Thomas. Il lui cria que c'était ouvert.


- Où es-tu ?

- En haut.


Arvel jeta quelques tee-shirts sur le sol ; il ne les voulait plus. Thomas se pencha pour en récupérer un. Il le déplia correctement, une moue boudeuse sur le visage.


- Je le garde celui-ci, je l'aime trop.

- Fais ce que tu veux, répondit Arvel.


Il haussa les épaules, trop occupé par ses valises. Thomas sembla soudainement se rendre compte du bazar qui régnait dans le loft.


- Qu'est-ce qui se passe ? interrogea-t-il, les yeux écarquillés.

- Je déménage. En France, précisa Arvel.


Thomas marqua un temps d'arrêt. Il s'approcha d'Arvel.


- Tu comptais me le dire quand ?

- Thomas, ne commence pas, s'agaça l'autre.

- Si, Arvel. On sort ensemble depuis quatre ans, tu pourrais faire un effort ! s'énerva Thomas.


Arvel souffla d'exaspération. Il secoua la tête, tout en se tournant vers Thomas.


- On couche ensemble depuis quatre ans, rectifia-t-il.


Thomas posa ses mains sur ses hanches. Ses sourcils étaient froncés.


- Et on est amis depuis bien plus longtemps.


Arvel passa une main sur son visage, exaspéré. Il décida de ne pas poursuivre cette conversation et de continuer à ranger ses affaires. Thomas, derrière lui, le regardait faire sans un mot. Il n'avait pas besoin de demander davantage d'explications ; il n'obtiendrait rien.


- Pourquoi tu m'as appelé ? Ce n'était pas pour me voir ? reprit-il tout de même.

- J'ai besoin d'un chauffeur, répondit Arvel.


Il fit un aller-retour au rez-de-chaussée pour récupérer d'autres affaires.


- Pourquoi faire ?

- Il faut que je récupère Pouki chez le vétérinaire.

- Elle est malade ? s'inquiéta immédiatement Thomas.


Arvel secoua la tête. Il récupéra sa veste et ils rejoignirent le rez-de-chaussée.


- Elle a eu des chiots, mais cela s'est compliqué et on a dû l'emmener en urgence chez le véto.


Les deux garçons quittèrent le loft sans un mot de plus. Ils se rendirent à la voiture de Thomas et montèrent à l'intérieur. Le trajet se déroula dans le plus grand des calmes. Arvel voyait bien que Thomas hésitait à lui parler à plusieurs reprises, mais il n'en fit rien.

Quinze minutes plus tard, Thomas se gara devant le cabinet. Arvel lui donna une couverture qu'il avait prise en lui disant de l'étendre sur la banquette arrière. Après quoi, il sortit de la voiture.

La petite clochette du cabinet tinta quand il entra. Il salua la quadragénaire en souriant poliment. Il donna son nom et le prénom de sa mère – c'était Cherie qui avait déposé Pouki ici – et attendit qu'elle lui ramène son chien. Quelle ne fut pas sa surprise de la revoir venir avec son assistante qui tenait deux chiots dans ses bras. Pouki était dans ceux de sa vétérinaire.


- Nous avons pu sauver deux des cinq chiots, annonça-t-elle, Pouki va bien.


Arvel la remercia. Il régla le coût des soins que cela avait pris et attrapa Pouki. L'assistante vétérinaire l'accompagna jusqu'à sa voiture pour y déposer les chiots. Arvel remonta à l'avant et Thomas démarra.


- Ils sont adorables, dit-il en désignant les chiots du menton à travers le rétroviseur. Tu vas les appeler comment ?

- Je ne sais pas. Je n'ai plus donné de nom à un chien depuis mes treize ans. Fais un crochet par chez toi.

- Pourquoi ?


Arvel ne lui répondit pas. Il s'était penché sur son téléphone.


***


- Je quitte l'Angleterre donc je te laisse les chiots de Pouki.


Thomas écarquilla les yeux en coupant le contact de la voiture. Il se tourna vers Arvel qui quittait tranquillement le véhicule pour récupérer les chiots. Thomas l'imita et alla ouvrir la porte du hall de l'immeuble. Ils montèrent à son étage et s'engouffrèrent chez lui.

Arvel déposa les chiots par terre. Son regard balaya la pièce une dernière fois.


- Tu vas me manquer...


Arvel se tourna vers Thomas qui affichait une moue triste. Il avait baissé la tête. Arvel soupira. Il s'approcha de lui et l'enlaça. Thomas appuya son front contre l'épaule de son ami qui était à peine plus grand que lui.


- Toi aussi tu me manqueras, répondit Arvel, mais on gardera contact. J'ai déjà changé plusieurs fois de lycée sans que tu ne fasses de même, cela n'a rien modifié dans notre relation.


Thomas acquiesça faiblement. Il resserra un peu plus fortement ses bras autour de la taille d'Arvel. Ce dernier respira son odeur si familière.

Doucement, Arvel le mena vers le lit de Thomas où il l'allongea dessus. Il déposa ses lèvres sur les siennes pour échanger un lent baiser. A leur manière, ils se dirent au revoir, le corps emmêlé à celui de l'autre.

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