Partie 1 - Chapitre 3


Arvel tordit nerveusement ses doigts entre eux. Il releva les yeux vers sa mère qui lui souriait avec tendresse. Ils se trouvaient devant l'école maternelle d'Arvel. Ce dernier entrait en grande section en cours d'année et c'était ce qui le stressait le plus. Il attrapa la main de Cherie dans la sienne.


- J'ai peur... murmura-t-il.


Cherie attrapa son fils par les aisselles pour le hisser dans ses bras. Elle lui caressa doucement les cheveux.


- Je ne vais pas comprendre les autres... dit Arvel en baissant les yeux.


En effet, à la maison ils ne parlaient qu'en norvégien et n'utilisaient que quelques mots d'anglais. Cela faisait une semaine qu'Arvel était arrivé. Néanmoins, il avait fait une crise chaque jour pour ne pas aller à l'école. Aujourd'hui c'était lundi, Cherie et Wilfrid n'avaient pas cédé.


- Ne t'inquiète pas, mon cœur. Tu es dans une école parlant plusieurs langues, rassura Cherie. Ils te parleront anglais, mais tu auras un tuteur spécialisé.


Arvel hocha doucement la tête. Il blottit sa tête dans le cou de sa mère en respirant son odeur déjà devenue si rassurante.

Cherie câlina Arvel encore un moment, avant de le faire descendre. Ils se rendirent ensemble devant la classe d'Arvel. L'école allait de la maternelle jusqu'au primaire. Il y avait une classe par niveau, comportant chacune d'elles au maximum dix élèves. Ayant souvent un tuteur pour une ou deux personnes, cela rendait les choses moins compliquées.

Arrivés devant la classe, Arvel déglutit. Il avait mal à son ventre. Cherie toqua à la porte déjà ouverte. La maîtresse interrompit l'explication de son activité, tandis que les regards des élèves convergèrent vers eux. Arvel se raccrocha un peu plus à sa mère. L'ASEM chargée de s'occuper de la classe prit le relais. Elle frappa dans ses mains pour que les Grandes Sections reprennent leur travail. La maîtresse, quant à elle, s'approcha d'eux. Elle sourit à Arvel.


- Bonjour. Je suis Penny, c'est moi qui m'occupe de cette classe. Tu es Arvel, c'est ça ? Je suis enchantée de te connaître.


Cherie fit la traduction à son fils, avant de s'entretenir un instant avec l'autre femme, en anglais. Arvel, quant à lui, s'avança timidement dans la salle. Un petit garçon aux yeux aussi marron que ses cheveux était occupé à colorier sans dépasser des traits, sa langue coincée entre ses dents.

Arvel souffla pour se donner du courage. Il s'approcha du garçonnet.


- Bonjour, dit-il en anglais.


L'autre releva la tête vers lui. Il lui sourit grandement.


- Salut ! Je m'appelle Niamh et toi ?


Un peu intimidé, Arvel mit quelques secondes avant de répondre.


- A-Arvel... balbutia-t-il.

- Assis-toi, proposa Niamh.


Arvel n'était pas certain de comprendre. Niamh s'exprimait dans un anglais parfait et il ne connaissait pas encore assez de vocabulaire pour parler. Aussi, il se détourna pour rejoindre sa mère. Il s'agrippa à sa jambe sans quitter Niamh des yeux. Celui-ci était déjà retourné à son dessin.

Quelques minutes plus tard, Cherie demanda à Arvel de la lâcher. Cependant, ce dernier refusa fermement et s'y raccrocha un peu plus. Il allait se mettre à pleurer, mais sa mère s'accroupit en face de lui. Elle lui caressa doucement le visage.


- Je reviens te chercher ce soir, d'accord ? Je t'aime fort, mon ange.


Arvel secoua frénétiquement la tête. De ses petits poings, il frappait son visage. Cherie lui attrapa les bras pour le forcer à se calmer.


- Tu vas m'abandonner... pleurnicha Arvel.

- Jamais de la vie, mon cœur. Ton père et moi t'aimons bien trop pour cela.


Plusieurs larmes roulèrent le long des joues d'Arvel. Il se blottit contre Cherie, nichant son visage contre sa poitrine. Cherie lui caressa le dos encore un instant. Arvel finit par se reculer et rejoindre Penny à contrecœur. Il dit au revoir à sa mère après un dernier signe de la main. Penny emmena son nouvel élève devant la classe où il se présenta, timidement, en norvégien. La maîtresse fit la traduction en anglais et l'autorisa à s'asseoir où il voulait. Arvel décida de ne pas se remettre près de Niamh. N'ayant pas été très agréable avec lui, il avait peur de se faire rejeter.


***


La journée d'Arvel était passée plutôt lentement. N'étant pas encore assez à l'aise avec l'anglais, il ne s'était fait aucun ami. Seul Niamh semblait être originaire d'Angleterre. Le reste des élèves non, mais la plupart pouvait déjà parler. Aussi, ce fut peiné qu'il retourna à la maison avec Wilfrid. Sa gaité revint quand il passa à table avec ses parents. Il les écouta discuter avec légèreté.

Après le repas, Arvel alla se doucher et se mit au lit. Ses parents le bordèrent et Arvel réclama immédiatement une histoire. Cherie et Wilfrid échangèrent un regard complice. Cherie se leva et se dirigea vers la petite bibliothèque. Elle récupéra un livre écrit en norvégien et retourna s'asseoir au bord du lit. Etant un livre à images, Arvel repoussa la couverture. Wilfrid s'était assis contre le mur, Cherie à ses côtés. Arvel se hissa sur les jambes de son père pour se retrouver entre ses parents, le livre devant lui.


- Il était une fois, un petit garçon doté de dons exceptionnels.


Arvel montra la première image.


- Là !

- Il n'était au courant de rien et ce fut après avoir manqué de mourir qu'il découvrit tout.


Arvel suivit attentivement toute l'histoire racontée tantôt par Cherie, tantôt par Wilfrid. Il regardait avec soin chacune des images qui défilaient sous ses yeux.

Arvel ne tarda pas à s'endormir, des rêves plein la tête. Ses parents le câlinèrent et l'embrassèrent, avant de le coucher. Ils lui laissèrent sa peluche et quittèrent la chambre.

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